L'Injure faite à l'enfance

je dois tout d'abord remercier l'éditeur et l'équipe de Babelio grâce auxquels j'ai lu ce livre.
Il n'est pas très facile d'en faire une critique littéraire parce que ce n'est pas un ouvrage littéraire. L'auteur le présente comme une pièce de théâtre, mais cette pièce serait injouable telle quelle; la scène d'exposition est très maladroite, les personnages sont de pures allégories, les dialogues inconsistants, la situation est artificielle, mais il serait injuste de le juger en tant que tel parce qu'il s'agit en fait d'un schéma de psychodrame comparable à ceux que l'auteur joue avec ses patients, dont il déclare d'ailleurs avoir tiré des éléments pour le livre.
Et l'ouvrage parle d'un sujet important puisqu'il s'agit de l'inceste; en dehors d'exprimer le dégoût qu'il m'inspire, je ne suis pas légitime pour en parler.
je dirai cependant que certains récits de victimes de l'inceste,, traités de manière plus littéraire, me parlent davantage;
Je me suis pourtant amusé à relever quelques pépites freudiennes: ainsi le conte du petit Chaperon rouge comme métaphore de l'inceste, ici ce n'est pas le loup qui montre le bout de l'oreille, mais Bettelheim (*); et encore le jeu de mot lacanien: la victime de l'inceste change son prénom d'Irénée en Renée (Re-née...), cette renaissance due à sa compagne; à ce sujet on peut être choqué de voir son homosexualité présentée comme séquelle de l'inceste, ce qui est peut-être un peu simpliste et légèrement homophobe (il est vrai que Freud l'était)
En revanche, on doit louer l'auteur d'écorner l'image d'une icône du freudisme,en reproduisant en annexe des extraits des scandaleux propos de Dolto sur l'inceste publiée en 1979 dans la revue Choisir où elle déclare que dans l'inceste père-fille il n'y a jamais de viol, que l'enfant est non seulement consentante mais demandeuse, que le père incestueux s'arrête si sa fille dit non; de tels propos vaudraient aujourd'hui à leur auteur des poursuites judiciaires; Et l'on est effaré quand on se souvient que cette dame a influencé l'éducation de générations d'enfants.
Par ailleurs je ne sais pas trop ce qu'il faut faire de la micro-pièce "La mère de Valentin", paraphrase du film le Lauréat
En relisant cette chronique, je me reproche d'être trop méchant à l'égard de ce livre, oeuvre d'un homme bon et bien intentionné, qui fait certainement du bien à ses patients.
il devrait seulement ne pas se mêler de littérature.

(*) Je me permets de renvoyer à ma critique (dans tous les sens du terme de sa Psychanalyse des contes de fées, qui voit des métaphores là où il n'y a que mise en garde contre des dangers bien réels qui existaient à l'époque, comme l'a démontre l'historien Robert Darnton dans un article publié dans le recueil "Le grand massacre des chats"

J'ai été ravie de découvrir cette pièce de théâtre de Jean-Pierre Klein que je connaissais déjà pour ses écrits passionnants sur l'art-thérapie.

Les thème de l'inceste et des violences intrafamiliales y sont évoqués au travers du personnages d'Irenée qui vient confronter sa famille avec ce qu'elle a subi étant enfant.
C'est difficile et puissant, mais tellement intéressant de voir combien le fonctionnement familial peut être défaillant en protégeant l'agresseur et en rejetant la faute sur la victime.

Cette lecture éclaire la grande force des mots, du jeu et de la représentation théâtrale. La pièce est suivie d'une note qui explique comment Jean-Pierre Klein pratique la dramathérapie avec ses patients. Ce livre est une belle illustration de ce qui peut se jouer dans un atelier art-thérapeutique.

Belle découverte, je recommande !

Livre reçu dans le cadre d'une masse critique.
J'ai candidaté pour recevoir ce livre car la démarche d'écriture m'intéressait. Un médecin qui se nourrit de son expérience professionnelle pour écrire.
La première pièce est violente. le thème est dur et les propos insupportable. Mais il s'agit d'échanges qui existent dans la réalité. Des personnes victimes se voient mettre sur le dos la responsabilité de l'agression qu'elles ont subie, elles ne sont pas crues, pas comprises, pas accompagnées.
Je ne saurai pas définir la qualité de l'écriture, je ne lis du théâtre que très rarement. Par contre, la première pièce choque et réussit a soulevé beaucoup de problématiques liées à l'inceste.
La seconde est beaucoup plus courte et m'a semblé inaboutie. Je n'ai pas compris l' entièreté du message. J'ai vu le problème que voulait évoquer l'auteur mais pas où il voulait en venir.
En tout cas, je remercie Babelio pour m'avoir fait découvrir cette oeuvre qui m'a remuée.