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EAN : 9782729119911
255 pages
Editions de La Différence (27/09/2012)
3.82/5   11 notes
Résumé :
« À moins d’être un fervent des horreurs du Golem et des trafics de Nosferatu, le lecteur devrait être prévenu des abominations qui l’attendent s’il se risque à seulement entrebâiller la tombe du prince Sternenhoch… On peut aussi supposer qu’à moins de s’enfuir loin du livre en priant pour son âme, à peine franchies les premières pages, il se laissera glisser avec une affreuse délectation tout au fond de ce trou à démons. Car ce livre n’est pas innocent. Tout est em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
" le lecteur sait déjà que je suis fou... "

Au moins, Hellmut Sternenhoch ne sous-estime pas son lecteur.
Et le lecteur ne devrait pas sous-estimer Ladislav Klima. Certains appellent cet auteur décadent "le seul véritable philosophe tchèque" - hmm... il y a bien quelque chose ! En tout cas, c'est le seul qui a essayé de mettre la philosophie nietzschéenne en pratique; mais contrairement à Nietzsche, Klima n'avait pas les moyens nécessaires, et il a souvent géré les obstacles dans sa quête de l'absolu par des litres de rhum et d'alcool à 100%.

le sous-titre des "Souffrances" est "Romaneto gotesque". le terme "romaneto" était inventé à la "belle époque" par un autre écrivain tchèque qui tombe lentement dans les oubliettes - Jakub Arbes - et il désigne une courte nouvelle avec des éléments fantastiques et mystérieux, qui sont expliqués à la fin d'une façon tout à fait naturelle.
Mais je pense que Klima se fichait éperdument que l'on qualifie son roman d'un romaneto ou d'autre chose. Je pense qu'il s'en fichait, si cette histoire aberrante, hilarante, immonde et terrifiante - sur un fond pesant de la philosophie nihiliste de Nietzsche et de Schopenhauer - choque le lecteur bourgeois, et le fait recracher son petit cognac après son oie rôtie dominicale.

Certes, c'est monstrueux et ça sent la putréfaction; mais c'est aussi monstrueusement drôle...
"Les souffrances..." sont un journal fictif d'Hellmut Sternenhoch, l'un des nobles les plus puissants du pays, qui aurait pu "sans doute devenir le successeur de Bismarck"... si le destin n'avait pas placé sur son chemin le personnage démoniaque d'Helga, la Reine des Enfers.
Helga, moche et bête, est l'un des caractères féminins les plus répugnants qui existent dans le monde littéraire. Elle réussit à envoûter Hellmut, et après leur mariage elle se transforme en magnifique et cruelle créature empreinte de la doctrine nihiliste. Devenir d'abord Rien pour devenir le Tout ! La vie devient alors une suite des débauches, de la haine mutuelle et d'abhorration totale de ce qui est humain.

Mais Hellmut craque, et il La tue... du moins, il pense de l'avoir tuée, parce que couard comme il est, il manque de courage pour aller vérifier dans le cachot où il a jeté le corps.
Et Helga revient pour le hanter - la nuit, assise sur l'armoire, au milieu d'une fête, lors des promenades dans le parc - elle raconte à Hellmut les mille souffrances qu'elle est en train de subir en Enfer, et qui ne font que la rendre encore plus forte.
Hellmut donnerait tout pour se débarrasser des ces hallucinations; mais sont-ce les symptômes de la folie, ou Helga a-t-elle vraiment réussi à sortir de son cachot, comme elle l'affirme ?
Les doutes sont infernaux !

Klima distille l'humour noir à petites doses, mais les consultations des éminents médecins de Vienne, ou sa visite chez la voyante Kuhmist qui lui confie une "noix magique", le bien nommé "Podex Romanus" accompagné d'une formule (et quelle formule !) pour conjurer ses visions - tout ça arrive à l'improviste, et vous arrache le diaphragme ! Tout comme la visite d'Hellmut chez l'Empereur Wilhelm.
Jusqu'au bout, on n'a pas la moindre idée ce qui se passe vraiment - hallucinations ou réalité ?
Vous ne devinerez jamais ce qui est arrivé dans ce cachot du sombre et gothique château de Rattentempl; et je mets quiconque au défi de me dire ce qui contenait vraiment le "Podex Romanus" !

Malheureusement, je ne sais pas ce qui vaut la traduction française. J'ai lu le livre dans sa version originale, qui reprend pieusement la syntaxe spéciale de Klima et ses participes archaïsants, ce qui fait en grosse partie le charme du roman. Les grossièretés résolument modernes ponctuent ce "noble langage", et l'ensemble en devient d'autant plus... comique ?
Un peu de folie de ce gabarit ne peut faire que du bien.
J'enlève cependant une étoile; je n'ai jamais pu m'identifier aux longues logorrhées nihilistes d'Helga, j'ai toujours trouvé ça fatigant...
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Je dois avouer qu'il était difficile d'écrire un résumé qui n'en dévoile pas trop mais qui tente de donner envie. Je suis pas sur d'avoir réussi .
C'est le premier livre de Klima que j'ai lu malgré le fait que j'ai l'intégralité de son oeuvre, je ne sais pourquoi celui-là mais après lecture et relecture et re-re-lecture je suis toujours scotché au point de me demander si un livre m'a déjà laissé pareille impression.
C'est un roman tout simplement génial mais je préviens tout de suite assez dérangeant. Klima instille petit à petit une atmosphère malsaine, supplantant un humour noir tout de même croustillant. Les personnages sont complexes, extrêmement bien décrits et la "belle" si je puis dire est angoissante à souhait. A notre époque c'est un livre qu'on peut accepter, à l'époque de Klima certaines "images" sont tout bonnement monstrueuses d'immoralité.
Ce n'est pas Sade, il n'y a pas de vulgarité à proprement parler et le sexe n'est pas mis en avant de la même manière. Il s'agit plutôt d'un récit de domination psychologique.
Le style est complexe mais pas déroutant et le récit est facile à suivre. C'est un mélange entre langage soutenu et langage familier qui créé un rythme assez singulier puisqu'ils s'enchevêtrent avec une égale importance.
Toute l'intention de Klima est de nous déséquilibrer en créant un récit dérangeant, anarchique par moment, harmonieux par d'autres en nous laissant au final totalement soumis au récit sans même pouvoir se poser la moindre question sur le comment du pourquoi. A nous lecteurs d'être soumis au récit comme les personnages se dominent mutuellement. J'ai adoré, peu de livres me donnent le sentiment d'être totalement ailleurs, d'être surpris à ce point.
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Pour qui ne connaît pas Ladislav Klima, voilà un livre qui peut être une bonne introduction. Il n'est pas trop touffu et l'histoire est un pied de nez au livre de Goethe, les souffrances du jeune Werther.
On peut y découvrir le solipsisme de l'auteur et les théories qu'il a pu dévoiler dans ses essais.
L'histoire est tordante, les épanchements baroques et la folie permanente.
A lire en une soirée avant de se pencher sur les oeuvres plus consistantes de l'auteur.
Ps : A noter, que la traduction est excellente (je n'ai pas lu dans le texte mais le français de Erika Abrams est stupéfiant)
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Un roman et sans doute le seul roman "GOTHESQUE" (qualifié comme tel par l'auteur)
Un roman GOTHIQUE avec ses revenants, ses tueries barbares, ses paillardises et Picaresque dont le "héro" n'est pas un gueux mais un prince dégénéré qui donnera également au roman sa part GROTESQUE de par sa couardise, ses mensonges, sa veulerie..........
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Elle alla à l'autel comme l'agneau du sacrifice. (25)
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Vidéo de Ladislav Klíma
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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