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EAN : 9782757816547
192 pages
Points (04/02/2010)
3.59/5   64 notes
Résumé :
Au cœur de la saison sèche, sans prévenir, le fleuve Niger entre en furie, laissant sans vie le chef Kouata et son épouse. Ils étaient tous deux des Bozos, une ethnie réputée pour sa connaissance des mystères du monde aquatique. En dépit des preuves apportées par le commissaire Habib, les villageois croient à une mort surnaturelle : c'est le Lamantin, le génie du fleuve, qui s'est vengé. Mais de quoi ?
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 64 notes
Ma critique de la malédiction du lamentin risque de ressembler à celle de L'empreinte du renard : le roman est trop court. Certes, Moussa Konaté met en scène une mort horrible : le chef d'une tribu de Bozos et son épouse sont retrouvés sans vie. Évidemment, les locaux croient à une malédiction, à une intervention divine. Leurs actions sont tournées vers la prière. Mais Habib croit plutôt à une intervention humaine, à un crime. Encore une fois, il doit se démener pour trouver le coupable tout en ménageant les traditions de ce peuple ancien. C'est une histoire originale, qui me dépayse beaucoup, mais…

En effet, il y a tellement plus que j'aurais souhaité apprendre. D'abord, de quoi a l'air l'inspecteur Habib ? On sait qu'il n'est plus très jeune mais quoi d'autre ? Rien. Est-il grand ? Bedonnant ? Grisonnant ? Porte-t-il une barbiche, at-t-il une cicatrice quelque part ? Et que fait-il de ses temps libres ? Beaucoup de questions qui permettraient de le faire ressortir du lot de tous ces enquêteurs qui pullulent dans les romans. Je ne m'attends pas à ce qu'il joue du violon comme Sherlock Holmes, qu'il aille à l'opéra comme Kurt Wallander ou qu'il consulte son dictionnaire comme Kostas Charitos, mais au moins qu'il ait ce petit quelque chose.

Ensuite, ces Bozos, à quoi ressemblent-ils ? Ont-ils des traits physiques particuliers qui les distinguent des Maliens ou des autres groupes ethniques, par exemple les Dogons ? Sont-ils plus grands, plus petits, plus trapus, ont-ils les lèvres plus épaisses, la peau plus sombres ? Et qu'en est-il de leurs attributs ? Portent-ils des signes particuliers, des vêtements plus traditionnels ? Bref, beaucoup de questions, peu de réponses. Les seules informations auxquelles on a droit se rapportent à leur culture. Sur ce point, en tous cas, c'est réussi. Konaté s'est visiblement bien renseigné sur la culture des Bozos, leur culture, leurs traditions, etc. Et il le rend bien.

L'enquête elle-même avance bonnement. En fait, je ne peux pas dire que l'inspecteur Habib y soit pour grand chose. J'ai l'impression que le dénouement s'est déroulé de lui-même, un peu par chance – voire beaucoup. Éventuellement, j'aimerais lire un de ses enquêtes qui se déroule à Bamako, son territoire, et qui ne met pas en scène un énième groupe ethnique de son pays. Il y a tellement d'autres sujets à aborder comme l'avancée du désert, la préservation du patrimoine, l'approvisionnement en eau des quartiers défavorisés, etc. Surtout, je souhaiterais qu'il nous démontre l'étendue son talent. À suivre.
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Si vous ne craignez pas de sortir des sentiers battus, n'hésitez pas à partir à la rencontre de Moussa Konaté, écrivain malien décédé en 2013 à l'âge de 62 ans.
Auteur protéiforme (oeuvres théâtrales, essais, romans et nouvelles) il se frotte également au roman policier au travers d'un cycle littéraire intitulé "Les enquêtes du commissaire Habib Keïta".
Puis-je cependant me permettre une petite mise en garde ?
En effet, si vous êtes adeptes d'investigations haletantes accumulant la viande froide, multipliant courses poursuites, échanges de tirs ou scènes gores ce livre n'est manifestement pas fait pour vous.
Si par contre, l'horizon de vos attentes coïncide avec :
- mise en perspective sans concession des contradictions d'une société écartelée entre "modernité" importée d'occident et traditions millénaires indigènes ;
- immersion dans un Mali aux multiples visages ethniques et culturels ;
- respect, bienveillance et empathie plutôt que condescendance, mépris et déni des origines ;
vous pourrez alors ici pleinement satisfaire votre curiosité.
Vous plongerez ainsi dans un petit polar ethnologique (200 pages) appréhendant le complexe labyrinthe de la mythologie des Bozos "Les maîtres du fleuve Niger" en suivant pas à pas un commissaire Habib (accompagné du jeune inspecteur Sosso, son fidèle adjoint et fils spirituel) qui, formé à l'école de la rationalité occidentale, a bien du mal à accepter que des meurtres puissent avoir une origine mystérieuse.
Pour conclure, je m'autorise, par cette modeste recension, à saluer la mémoire d'un ardent et infatigable ambassadeur des cultures, traditions et de l'histoire maliennes.
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Le chef des Bozos, Aliou Kouata, ainsi que sa seconde épouse, Nassoumba, sont retrouvés morts à Kokrini, îlot à proximité de Bamako sur lequel s'installe l'ethnie pendant la saison sèche, et sur lequel, pendant la nuit précédente, un violent orage inattendu s'est abattu. Pour tous, le responsable est Maa, ou le Lamantin, divinité légendaire protectrice des Bozos, peuple de l'eau, qui a depuis peu décidé de les maudire suite à des méfaits de la part de certains d'entre eux - tout ceci nous est expliqué au fil du récit.
Mais le commissaire Habib ne voit pas les choses ainsi : aidé de Sosso, inspecteur qu'il a formé et qu'il considère comme son propre fils, il est de son devoir d'enquêter avant de tirer la moindre conclusion sur cette mort punitive.

Roman policier somme toute plutôt classique, dans le genre que j'apprécie, à l'ancienne, qui prend le temps de décrire une ambiance, qui ne s'appesantit pas à faire de la violence pour de la violence, La malédiction du Lamantin fut d'une lecture agréable, alternant bien entre moments d'enquête et moments de description d'un commissaire pris entre deux feux, celui de son éducation de Blanc, et celui de sa tradition malienne, qu'il doit concilier tant bien que mal pour trouver les raisons qui ont causé la mort des deux victimes.

Le dénouement, et la résolution de l'enquête, sont malgré tout un peu précipités, et l'enquête reste finalement parfois trop invisible derrière le protagoniste et l'histoire du Mali qui nous est proposée par son intermédiaire.

Une lecture intéressante, mais en demi-teinte : l'ensemble aurait à mon sens gagné en profondeur par une enquête davantage développée.
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Première enquête du commissaire Habib, ce roman est l'occasion de découvrir la structure sociale du Mali, organisée autour des sachants (ceux qui sont allés à l'école) et des ethnies encore gouvernées par des croyances d'un autre âge.
Ce sont dans ces conditions que le commissaire Habib et son assistant Sosso vont enquêter sur le décès d'un couple dont lui n'est autre que le chef des Bozos et elle, sa seconde épouse. Les Bozos ne croient pas en Dieu mais en Mâa, la divinité des eaux qui se présente sous la forme d'un lamantin (Les lamantins sont un genre de gros mammifères aquatiques herbivores, au corps fuselé, vivant en eaux littorales peu profondes, dans les lagunes ou l'embouchure des fleuves et les marais côtiers de la zone tropicale de l'Atlantique. Merci Wikipédia).
Le commissaire sera victime de menaces car tous croient que ces décès sont la juste vengeance de Mâa et que ce dernier n'hésitera pas à jeter des sorts à ceux qui viendraient mettre leurs nez impies dans les décisions de la divinité.
Les nombreuses pages sur la légende qui unit les Bozos au lamentin n'ont pas trouvé d'échos dans mon esprit cartésien. J'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce roman et j'ai trouvé que le dénouement, rationnel celui-là, était trop facile, l'enquête ayant à peine eu lieu.
Malgré tout, le style était agréable, j'essayerai donc un autre titre de cet auteur.
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La malédiction du lamantin est le second roman que je lis de cet auteur mais il se situe auparavant dans la série. Je l'ai préféré à L'empreinte du Renard, l'autre roman en question, surtout parce que la fin est mieux construite je trouve, mais cela n'empêche pas quelques défauts...
Plus qu'un roman policier, c'est un roman d'atmosphère et tous les lecteurs qui auront envie d'un roman policier changeant un peu de décor, dans un genre littéralement envahi par les auteurs britanniques et américains, se délecteront de ce portrait de la société malienne. J'avoue que mes connaissances sur ce pays sont proches de zéro, mais cela peut être découvert sans la moindre difficulté pour autant et les complications de relations entre ethnies, entre tenants de la modernité et de la tradition, sont vraiment intéressantes et en même temps accessibles.
Et j'avoue de la tendresse pour ce personnage de commissaire vieillissant mais resté profondément humain, honnête et luttant pour ce qu'il estime juste. Comment ne pas être de son côté, attaché à cet homme qui cherche la vérité et qui se trouve à tout bout de champs confronté à des obstacles incompréhensibles pour lui, qui croit à la science et aux coupables, sûrement pas aux esprits?
Pas de grands effets de manches, non, juste des flics besogneux dans un pays compliqué, obligés de démêler les légendes ancestrales et les cadavres très actuels, le tout avec la constante opposition de tous ceux qui veulent stopper l'enquête car pour eux, c'est un blasphème d'enquêter sur la mort de personnes certainement tuées par l'esprit du lamantin!

Un roman à la fin un peu rapide mais qui se lit avec plaisir
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
En fait, c'est comme si tu me disais : "Fais comme font les autres, rentre dans le rang et ne cherche pas plus loin."
Si tu le monde courbait la tête, avalait sa conscience, tu imagines dans quel état serait notre pays ?
Je ne veux pas être une exception, je veux être honnête, c'est tout.
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De quel droit des gens n'ayant aucun lien avec la police pouvaient-ils se donner l'autorité d'imposer au chef de la brigade criminelle d'abandonner une enquête ordonnée par le procureur de la République ? Était-ce la république ou la gérontocratie ? Certes, on pouvait comprendre l'attachement des personnes âgées aux traditions ancestrales, mais elles n'étaient ni élues ni nommées. À supposer qu'on leur cédât une fois, ne faudrait-il pas céder toujours ? Ne deviendraient-elles pas les vrais maîtres du pays, qu'elles gouverneraient strictement selon les traditions millénaires ? À quoi cela pourrait-il mener, sinon au chaos ? (pages 108-109)
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- Kouata, que la foi ne quitte pas ton âme, dit le devin. Ce qui doit advenir adviendra : ni les rires ni les larmes n'y pourront rien. Souviens-toi qu'on ne meurt pas deux fois et que nul sur terre n'a de remède contre la mort. Ressaisis-toi.
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[...] Le Mali est un pays bien complexe. Il n’y a pas que les Dogons. Les Bozos sont tout aussi étranges. Tu as remarqué qu’il y avait côte à côte l’imam et le devin, c’est-à-dire l’islam et l’animisme, sans que ça gêne personne ? Au contraire, ça leur paraît tout naturel que l’un s’adresse à Allah et l’autre aux esprits.
[...] D’un côté, ils soutiennent que c’est Allah qui a foudroyé le chef Kouata et son épouse, de l’autre ils présentent leurs excuses à Maa le Lamantin, une divinité des eaux.
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Si tu me demandes s'il y a un pouvoir, je te répondrai qu'il y en a en fait deux. Il y a ceux qui sont au pouvoir par la grâce de la colonisation, et ceux qui s'estiment les héritiers du pouvoir ancestral.
Au sommet même de l'état, on reconnaît cette dualité. Une autre m'a trouvé au bureau sans rendez-vous; ils pourront rencontrer n'importe quel ministre, n'importe quel président de la République de la même façon.
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