Toscane 1960. Rocca al Sole, une petite bourgade perchée dans la montagne et soudainement coupée du monde par un orage ayant conduit à un éboulement. Plus de routes, plus de téléphone. Un huis clos en pleine nature.
Les personnages... Amanda, une américaine veuve, plutôt séduisante et disponible. Eduardo, un noble toscan veuf toujours fort vert et disponible. Sa soeur, folle et agressive. Un gros Allemand imbu de lui-même (non ce n'est pas un pléonasme), gras et vindicatif, se comportant comme un seigneur de guerre en territoire conquis. Lisa, 7 ans, fille d'Amanda. Et quelques rôles secondaires, plus ou moins lâches, plus ou moins mous, plus ou moins effacés et par conséquent tout à fait secondaires... d'où leur rôle... secondaire...
En 1945, en représaille aux actions de la résistance italienne (eh oui, ils n'ont pas fait que se mettre à 300 pour décapiter Mussolini), les Allemands en déroute font un dernier "coup d'éclat" et fusillent des femmes et des enfants. Dont, version officielle, la femme d'Eduardo qui fut même torturée. Depuis 15 années ont passé, mais les blessures restent vives. du moins, c'est ce que nous dit
Kressmann Taylor, car cela se sent assez peu.
Mais un jour, pile avant l'orage qui coupera le village du reste du monde, ne voilà-t-il pas que les villageois reconnaissent dans ce touriste allemand qui se pavane avec sa famille et ses amis, le capitaine des nazis qui oeuvra en 1945 de triste mémoire. S'immisce alors dans l'esprit de certains un sourd désir de vengeance.
En 240 pages,
Kressmann Taylor nous fournit plein de choses. Une love story assez superficielle, rapide et digne des romans photos que lisait ma grand-mère. Un roman sur la Toscane, car la nature est un personnage à part entière (y compris les vieilles pierres que Kresmann Taylor semble fort aimer). Un roman sur la guerre. Un roman sur le pardon et le cours de l'Histoire. A mon avis, seul le roman sur la Toscane est réussi. Il donne envie d'aller en Toscane visiter ces petits villages accrochés à la montagne et adossés à un couvent ou un monastère.
Pour le reste. L'histoire d'amour est plate. La guerre est fort mal rendue. J'ai imaginé le Vieux Fusil tout au long de ma lecture... mais
Jours d'orage n'est qu'une bien pâle copie. Et quant au pardon, il est fort mal abordé. Il y a un très beau dialogue entre Eduardo et les partisans de la vengeance, aux alentours de la page 100, de mémoire. Mais à part cela, rien qui m'ait vraiment transporté. On a des caricatures de personnages. Américains, Allemands, Italiens... tout cela relève du domaine de l'image d'Epinal, du cliché rapide et ne m'a pas satisfait du tout.
Le roman non terminé (selon une bonne source) date de 1978, mais n'a été publié qu'en 2002, soit à titre posthume. Cela me paraît crédible. On n'a pas le sentiment d'un livre terminé. Je n'ai pas été convaincu et je ne pense pas que la façon d'aborder le pardon soit la meilleure manière de traiter un tel sujet. le pardon devrait être le thème central. Ici, le thème, c'est une romance à deux balles (sans mauvais jeu de mot pour la vengeance orchestrée vis-à-vis de l'Allemand), à mon avis.