C'est mon deuxième Indépanda lu, et je le trouve assez inégal, mais toujours pas davantage que la plupart des anthos "professionnelles" et payantes. Celui-ci a tendance à aborder, directement ou indirectement, des sujets de société souvent peu évoqués en littérature, et c'est pas de refus, ma foi.
- "Möbius" de
Khalysta Farall : pas mal cette histoire de persécution répétée de vie en vie, de réincarnation en réincarnation, mais le problème, c'est qu'on voit venir la fin dès les premières pages.
- "Le sourieur" de
Valéry Bonneau : une chouette histoire, émouvante et vraie, derrière laquelle on sent le vécu d'un arpenteur de métro habitué à observer ses congénères.
- "Les androïdes fantasment-ils d'orgasmes électriques ?" de Bouffanges : j'ai adoré. Probablement la meilleure de l'antho. Cette nouvelle a réussi à me faire tolérer une scène de cul alors que je déteste ça... Les arguments marketing en italique sont à mourir de rire. Excellent texte pour rire et réfléchir à la fois.
- "La Princesse P.125"... : à oublier.
- "Baume au coeur" : texte très actuel sur le harcèlement dans l'espace public (en l'occurrence un bus).
- "Fleur des pois, saison 73" de
Nicolas Chevolleau : l'histoire d'une grossesse pas ordinaire, qui commence de façon logique et s'enfonce progressivement dans le loufoque en gardant toujours son ton sage et docte. On comprend assez vite qu'il y a du symbolisme là-dessous et on ne s'étonne guère de voir l'auteur le dédier à sa mère. Un texte étonnant et divergent, qu'il faut lire.
- "Éternité" : comment gérer un voyage interstellaire dont on ne connaît pas la destination, ni surtout quand on va l'atteindre ? le sujet était intéressant, mais l'auteur se perd assez rapidement dans son histoire de psys et d'extra-terrestres qui m'a finalement laissé perplexe. Dommage.
- "Le rendez-vous" : mon Dieu que c'est mièvre. C'est quand même pas souvent qu'on réussit à voir "le coeur qui bat la chamade" et "les petits papillons dans le ventre" dans la même phrase.
- "Au bout du silence" : une bonne histoire qui traite un sujet peu abordé mais bien réel, à savoir l'isolement progressif des personnes âgées en perte d'audition... et surtout leur refus de l'admettre ! J'ai espéré jusqu'au bout que l'auteure prendrait le contrepied de la chute qu'on devine très (trop) rapidement. Hélas, non.
- "Avis de passage" de Émilie Trévalet : un texte touchant qui parle de la maladie chez une jeune patiente, de la difficulté du médecin à s'y faire, mais surtout d'une réalité assez bien connue mais peu évoquée dans la littérature, à savoir le traitement très dur et parfois inhumain auquel les internes sont parfois soumis par les tout puissants professeurs de médecine, ceux qui savent. Personnellement, je me serais contenté de la narration de l'interne, la narration secondaire alourdit inutilement le texte, et gâche même la chute.
- "Lundi matin" : très courte nouvelle dont le début éveille adroitement la curiosité... et puis patatras, je n'ai pas compris grand-chose à la fin.
- "Un minimum d'humanité" de
Céline Saint-Charle : c'est la 2ème nouvelle que je lis de cette auteure, elle confirme son aisance et son style très affirmé. Dans cette dystopie "futur proche presque présent", elle évoque avec une certaine expertise un sujet assez peu abordé, à savoir la manière dont certains "médias" peu scrupuleux se font du pognon sur le web grâce au voyeurisme du quidam moyen. Petit bémol : je trouve qu'elle a un peu raté sa chute.