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La Princesse de Clèves » publié anonymement en 1678 connut le succès dès sa première édition. En cette fin du XVIIe siècle, il était déjà ce qu'on appelle aujourd'hui un «best-seller» mais c'est au XXIe siècle, en pleine campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2007, que «
La Princesse de Clèves » connaît une nouvelle jeunesse. le candidat
Nicolas Sarkozy lui donne un sacré coup de pouce médiatique en se moquant du fait que le roman se trouve au programme de l'oral du concours d'attaché d'administration. Levée de boucliers. Réactions en chaîne contre cette «attaque» envers le patrimoine culturel national. Lors du Salon du livre de Paris en 2009, un badge fait fureur: «Je lis
La Princesse de Clèves». Les ventes en édition de poche du livre s'envolent et aujourd'hui cette oeuvre est devenue un classique incontestable, consacrée en 2014 en entrant dans la Pléiade.
Élevée dans la rigueur et la vertu, Mlle de Chartres, 16 ans, est introduite au palais du Louvre à la cour du roi Henri II. Peu après son entrée à la cour, elle épouse le Prince de Clèves - dont elle n'éprouve qu'une grande estime - tout aussi jeune et inexpérimenté qu'elle, mais passionnément amoureux d'elle. Fraîchement mariée donc, elle s'éprend d'un homme mûr de la cour : le Duc de Nemours. Passion partagée par ce dernier, séducteur notoire. Et voilà que commence une lutte intérieure de tous les instants entre son attachement sincère à son mari, sa conscience morale et son amour pour cet homme.
Elle ne cédera jamais à cette passion et va même jusqu'à l'avouer à son mari pour tenter en vain de s'en protéger ; cet aveu tuera ce dernier. Une fois veuve, elle a enfin la possibilité d'épouser le Duc de Nemours en toute bienséance mais elle se refuse à lui, pleine de culpabilité. de plus, elle se convainc que s'il l'aime encore c'est justement parce qu'elle s'est toujours refusée à lui ("les obstacles ont fait votre constance") et que si elle l'épousait, cet amour s'étiolerait. Elle se retire alors de la cour et meurt recluse dans un couvent.
S'il est vrai qu'une certaine maturité est requise pour bien saisir ce classique de la littérature, il existe désormais des oeuvres de vulgarisation très bien faites, dont notamment l'adaptation graphique de
Claire Bouilhac et Catel Muller aux éditions Dargaud ou encore les vidéos youtube hilarantes de Lucie Bertrand-Luthereau, agrégée et Docteure en Lettres.
C'est toujours assez fascinant de se plonger dans un classique comme «
La Princesse de Clèves » quand on est adulte, bien après les années lycée où c'est le genre de lecture que l'on trouve éloignée de ses préoccupations quotidiennes.
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La Princesse de Clèves » traite pourtant de thèmes plutôt intemporels : le fait de tomber amoureux d'une personne sans pouvoir concrétiser cet amour. Cela peut arriver à tout le monde, à toutes les époques, dans tous les milieux sociaux. On peut vivre un amour impossible à cause d'une différence d'âge, d'une différence de culture, d'une différence d'éducation, d'une situation familiale particulière ou même à cause de sentiments qui ne sont pas partagés.
Dans le roman de Madame de la Fayette, il est question d'une jeune femme qui éprouve ce que l'on pourrait qualifier de coup de foudre pour un homme. Problème : elle est déjà mariée à un autre. À notre époque, face à une passion d'une telle violence et une telle beauté, Madame déciderait peut-être de divorcer de son mari pour vivre l'histoire d'amour digne d'un conte de fées qui lui tend les bras. Mais «
La Princesse de Clèves » est un roman publié en 1678, qui raconte une histoire dont l'action a lieu au XVIe siècle… alors autant vous dire que la situation et les possibilités étaient bien différentes à l'époque !
Impossible pour une femme de quitter son mari sans risquer un déshonneur profond et irréversible. Difficile de le tromper quand on a été élevée dans une vertu incommensurable, quand on a pour lui un respect profond et que l'on ne veut pas risquer de ternir à jamais sa réputation. Alors il faut supporter l'idée de vivre dans un terrible déchirement entre l'amour que l'on ressent et l'impossibilité de le vivre au grand jour.
Bien entendu, pour comprendre et pour apprécier ce roman, il faut se plonger dans son style et dans une époque révolue. On ne s'exprimait pas de la même manière, on ne séduisait pas de la même manière… même si, au fond, beaucoup de choses ressemblent à ce qu'elles sont aujourd'hui.
En résumé,
la princesse de Clèves est un classique de la littérature française dans laquelle il est loisible de se (re)plonger ne serait-ce que pour en apprécier l'intemporelle subtilité.
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