Marie-Hélène Lafon
EAN : 9782492920097
Lamaindonne (29/09/2023)
/5
11 notes
Lamaindonne (29/09/2023)
Résumé :
Mon père fut paysan dans le Cantal, comme toutes les générations qui l'ont précédé. Après sa mort, j'ai retrouvé des photos prises entre 1956 et 1959 pendant son service militaire au Maroc. Mon père sur la plage, en maillot de bain , en uniforme dans la chambrée , déguisé en femme dans le jardin du colonel , torse nu au milieu d'un groupe d'enfants. À la fin du service militaire, il rentre dans le Cantal et dans sa vie de paysan. Il se marie avec ma mère le 31 décem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6)
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Le père de Marie Hélène Lafon est mort en 2021.
Elle lui adresse ici son hommage.
Convoquant les photos
de son service militaire à Casablanca ,
elle les met en mots, nous les décrit par le menu,
brode et extrapole quand elle en a besoin.
Nous les découvrirons ensuite sur la page suivante.
Ce père qui n'en est pas encore un et
qui ressemble si peu à celui qu'elle a connu .
Un homme qui sourit, rit, se dandine,
joue avec un chien, sur un vélo torse nu en short,
Il lui semble très dénudé et extraverti cet homme
qu'elle a connu frileux, plutôt taciturne,
habité par la peur, "amputé de la joie".
Une belle découverte, toute en nuances.
Une merveilleuse édition aveyronnaise
"lamaindonne" d'une élégance absolue
Elle lui adresse ici son hommage.
Convoquant les photos
de son service militaire à Casablanca ,
elle les met en mots, nous les décrit par le menu,
brode et extrapole quand elle en a besoin.
Nous les découvrirons ensuite sur la page suivante.
Ce père qui n'en est pas encore un et
qui ressemble si peu à celui qu'elle a connu .
Un homme qui sourit, rit, se dandine,
joue avec un chien, sur un vélo torse nu en short,
Il lui semble très dénudé et extraverti cet homme
qu'elle a connu frileux, plutôt taciturne,
habité par la peur, "amputé de la joie".
Une belle découverte, toute en nuances.
Une merveilleuse édition aveyronnaise
"lamaindonne" d'une élégance absolue
Marie-Hélène Lafon choisit de commenter quelques photos de son père qu'elle a rassemblées après sa mort et qui témoignent d'une parenthèse vécue par ce jeune homme que l'écrivaine ne connaissait pas.
De cet autre homme, Marie-Hélène Lafon dévoile ses interrogations, ces différences accumulées qu'elle énumère avec l'homme qu'elle a connu. Elle révèle le trouble ressenti comme lorsqu'on surprend une scène qu'on ne devrait pas avoir vue. de ces quelques photos étudiées soigneusement, Marie-Hélène Lafon en déduit un univers dont sa famille a été complètement exclue, puisque rien n'a été dit.
Avec beaucoup d'intensité, les mots posés par l'écrivaine décrivent parfaitement le trouble et la culpabilité à s'introduire dans un univers dont on aurait dû nous cacher l'accès. Et pourtant, c'est aussi une façon de comprendre cet autre si proche, si aimé et pourtant en tant que père, si distant.
Un bien bel hommage à partir du pouvoir de quelques photos retrouvées que nous offre Marie-Hélène Lafon. Et, puis, les mots posés par l'écrivaine sont si intenses qu'ils nous obligent à noter ce qui devait nous être caché !
La collection poursuites et ricochets est née à partir de la citation de Denis Roche :“Ne rêvons pas…Laissons aux photos d'être des ricochets et aux phrases d'être des poursuites.” Car au-delà de l'image, il faut que les mots aident à explorer les marges.
Un petit fascicule, joliment conçu, d'une maison d'édition aveyronnaise à offrir, ou à s'offrir, pour les fêtes ! Une façon de se replonger dans les photographies du passé, ensemble.
Et, pourquoi pas ?
Lien : https://vagabondageautourdes..
De cet autre homme, Marie-Hélène Lafon dévoile ses interrogations, ces différences accumulées qu'elle énumère avec l'homme qu'elle a connu. Elle révèle le trouble ressenti comme lorsqu'on surprend une scène qu'on ne devrait pas avoir vue. de ces quelques photos étudiées soigneusement, Marie-Hélène Lafon en déduit un univers dont sa famille a été complètement exclue, puisque rien n'a été dit.
Avec beaucoup d'intensité, les mots posés par l'écrivaine décrivent parfaitement le trouble et la culpabilité à s'introduire dans un univers dont on aurait dû nous cacher l'accès. Et pourtant, c'est aussi une façon de comprendre cet autre si proche, si aimé et pourtant en tant que père, si distant.
Un bien bel hommage à partir du pouvoir de quelques photos retrouvées que nous offre Marie-Hélène Lafon. Et, puis, les mots posés par l'écrivaine sont si intenses qu'ils nous obligent à noter ce qui devait nous être caché !
La collection poursuites et ricochets est née à partir de la citation de Denis Roche :“Ne rêvons pas…Laissons aux photos d'être des ricochets et aux phrases d'être des poursuites.” Car au-delà de l'image, il faut que les mots aident à explorer les marges.
Un petit fascicule, joliment conçu, d'une maison d'édition aveyronnaise à offrir, ou à s'offrir, pour les fêtes ! Une façon de se replonger dans les photographies du passé, ensemble.
Et, pourquoi pas ?
Lien : https://vagabondageautourdes..
Pour la collection "Poursuites et Ricochets", Marie-Hélène Lafon a accepté de publier des photos de son père prises durant son service militaire au Maroc de 1957à 1959. Des photos où elle découvre dit-elle "un autre père, un autre corps, une autre vie".
Il est intéressant, émouvant de constater combien le service militaire était important dans la vie d'un jeune homme à l'époque, une parenthèse, ici heureuse, dans la vie de tâcherons, de pères de familles peu souriants et taiseux.
Elle qui n'a pas de photos de son père avec sa famille, avec ses enfants, découvre deux clichés où il pose avec des enfants blancs dans le parc de la maison du Colonel pour l'une et pour l'autre avec des enfants arabes ceux-là, une absurdité à l'époque.
Le livre est très court malheureusement, j'aurais aimé plus de photos pour apprécier encore plus de textes de l'auteur.
Je suis sûre que nous avons tous des photos de nos parents tels que l'on ne les a jamais vu, de quoi s'interroger, de quoi les interroger avant qu'il ne soit trop tard.
Il est intéressant, émouvant de constater combien le service militaire était important dans la vie d'un jeune homme à l'époque, une parenthèse, ici heureuse, dans la vie de tâcherons, de pères de familles peu souriants et taiseux.
Elle qui n'a pas de photos de son père avec sa famille, avec ses enfants, découvre deux clichés où il pose avec des enfants blancs dans le parc de la maison du Colonel pour l'une et pour l'autre avec des enfants arabes ceux-là, une absurdité à l'époque.
Le livre est très court malheureusement, j'aurais aimé plus de photos pour apprécier encore plus de textes de l'auteur.
Je suis sûre que nous avons tous des photos de nos parents tels que l'on ne les a jamais vu, de quoi s'interroger, de quoi les interroger avant qu'il ne soit trop tard.
« Un autre père, un autre corps, une autre vie »
Après son décès, Marie-Hélène Lafon a retrouvé des photos de son père, prises à Casablanca alors qu'il y effectuait son service militaire, entre 1957 et 1959.
C'est un homme « inconnu » qu'elle découvre sur ces clichés, jeune, souriant, à la plage ou attablé avec des amis de son âge. Un homme qui ne ressemble en rien, ou si peu, à ce père, devenu un être taciturne et autoritaire jusqu'à en devenir violent. Face à ce jeune soldat, l'autrice tente de reconstituer ces années passées sous le soleil marocain et d'imaginer ce qu'il a pu vivre, ceux qu'il a pu côtoyer et aimer, avant de rentrer en France et de se marier quelques semaines plus tard.
Comme d'habitude j'ai été très touchée par la plume de l'autrice qui nous permet de comprendre, avec beaucoup de pudeur, combien il a dû être émouvant et perturbant peut-être aussi, de découvrir une partie de l'existence de cet homme, avant qu'il ne devienne son père. Et même si ces images retrouvées laissent supposer qu'il fut heureux et sut profiter de cette parenthèse ensoleillée, tant de questions demeurent au sujet de celui qu'il est devenu après avoir retrouvé sa vie de paysan dans ce Cantal qui l'a vu naître et mourrir. Une belle lecture!
Après son décès, Marie-Hélène Lafon a retrouvé des photos de son père, prises à Casablanca alors qu'il y effectuait son service militaire, entre 1957 et 1959.
C'est un homme « inconnu » qu'elle découvre sur ces clichés, jeune, souriant, à la plage ou attablé avec des amis de son âge. Un homme qui ne ressemble en rien, ou si peu, à ce père, devenu un être taciturne et autoritaire jusqu'à en devenir violent. Face à ce jeune soldat, l'autrice tente de reconstituer ces années passées sous le soleil marocain et d'imaginer ce qu'il a pu vivre, ceux qu'il a pu côtoyer et aimer, avant de rentrer en France et de se marier quelques semaines plus tard.
Comme d'habitude j'ai été très touchée par la plume de l'autrice qui nous permet de comprendre, avec beaucoup de pudeur, combien il a dû être émouvant et perturbant peut-être aussi, de découvrir une partie de l'existence de cet homme, avant qu'il ne devienne son père. Et même si ces images retrouvées laissent supposer qu'il fut heureux et sut profiter de cette parenthèse ensoleillée, tant de questions demeurent au sujet de celui qu'il est devenu après avoir retrouvé sa vie de paysan dans ce Cantal qui l'a vu naître et mourrir. Une belle lecture!
Son père est décédé en 2021. David Fourré, des éditions Lamaindonne, lui a proposé ce projet de livre autour de photos dans la collection « poursuite et ricochets ». Elle avait à ce moment-là rassemblé les photos de son père dans une enveloppe. Bref les planètes étaient alignées et c'est fort bien pour poursuivre ma #lafonmania !
Elle partage ainsi 8 photos de son père lors de son service militaire à Casablanca de 1957 à 1959. Sur ces clichés, elle le voit sourire, alors qu'elle ne l'a pas connu souriant. Elle interroge ces souvenirs, essaie de comprendre l'homme qu'il a été pendant ces quelques mois, jeune, insouciant, heureux. Une autre vie...
Elle nous livre ici quelques clés supplémentaires pour comprendre son oeuvre, intimement liée à sa famille et sa région natale. Dans chaque texte on ressent l'écriture et l'intonation de Marie-Hélène Lafon, comme dans ses romans. Elle cherche toujours le mot juste et précis. Essai ou roman, je reste admirative de cette autrice. Je crois que je pourrais lire n'importe quoi écrit par elle, pas la peine de lire le résumé, je précommande d'office !
Merci à VLEEL pour cette belle découverte de maisons d'édition litté-photo. J'ai un deuxième titre de cette collection dans ma pile à lire, et il me reste ensuite à faire connaissance avec Light Motiv et les deux livres de la collection « Singulières » que j'ai sélectionnés.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
Elle partage ainsi 8 photos de son père lors de son service militaire à Casablanca de 1957 à 1959. Sur ces clichés, elle le voit sourire, alors qu'elle ne l'a pas connu souriant. Elle interroge ces souvenirs, essaie de comprendre l'homme qu'il a été pendant ces quelques mois, jeune, insouciant, heureux. Une autre vie...
Elle nous livre ici quelques clés supplémentaires pour comprendre son oeuvre, intimement liée à sa famille et sa région natale. Dans chaque texte on ressent l'écriture et l'intonation de Marie-Hélène Lafon, comme dans ses romans. Elle cherche toujours le mot juste et précis. Essai ou roman, je reste admirative de cette autrice. Je crois que je pourrais lire n'importe quoi écrit par elle, pas la peine de lire le résumé, je précommande d'office !
Merci à VLEEL pour cette belle découverte de maisons d'édition litté-photo. J'ai un deuxième titre de cette collection dans ma pile à lire, et il me reste ensuite à faire connaissance avec Light Motiv et les deux livres de la collection « Singulières » que j'ai sélectionnés.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
Citations et extraits (11)
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La photo du sourire de mon père
La photo du sourire de mon père est aussi celle du palmier ; enfin, je crois que c’est un palmier, je suis nulle en palmiers. Je suis meilleure en frênes, en hêtres, en noisetiers, en érables, en peupliers, voire en bouleaux, en chênes, ou même en platanes. Je suis comme mon père qui n’avait jamais vu de palmier avant 1957 et n’en revit plus après 1959. Le palmier, le maillot de bain, le parasol, la plage de mon père sont d’un exotisme radical, ils ouvrent dans sa vie une parenthèse, peut-être enchantée, probablement douce, joyeuse, capiteuse, charnelle et cicatricielle ; je tâte de l’adjectif, j’avance à tâtons sur les traces du personnage que devient mon père dans une autre vie que la sienne.
La photo du sourire de mon père est aussi celle du palmier ; enfin, je crois que c’est un palmier, je suis nulle en palmiers. Je suis meilleure en frênes, en hêtres, en noisetiers, en érables, en peupliers, voire en bouleaux, en chênes, ou même en platanes. Je suis comme mon père qui n’avait jamais vu de palmier avant 1957 et n’en revit plus après 1959. Le palmier, le maillot de bain, le parasol, la plage de mon père sont d’un exotisme radical, ils ouvrent dans sa vie une parenthèse, peut-être enchantée, probablement douce, joyeuse, capiteuse, charnelle et cicatricielle ; je tâte de l’adjectif, j’avance à tâtons sur les traces du personnage que devient mon père dans une autre vie que la sienne.
Le sourire de mon père
Le sourire de mon père me saute à la gueule.
Toujours les traces des corps, des gestes, des voix, des intonations des ascendants dans les corps, les gestes, les voix, les intonations des descendants émeuvent, bouleversent, retournent, me retournent. Ces sont des résurgences, elles me traversent, me travaillent, travaillent les textes que j’écris depuis plus d’un quart de siècle ; elles strient les textes, les scarifient, les secouent, les caressent, frémissent dans leurs silences.
…
Le sourire de mon père me saute à la gueule.
Toujours les traces des corps, des gestes, des voix, des intonations des ascendants dans les corps, les gestes, les voix, les intonations des descendants émeuvent, bouleversent, retournent, me retournent. Ces sont des résurgences, elles me traversent, me travaillent, travaillent les textes que j’écris depuis plus d’un quart de siècle ; elles strient les textes, les scarifient, les secouent, les caressent, frémissent dans leurs silences.
…
Sur la photo, donc, il sourit, d’un sourire d’éclatante jeunesse que je ne lui connaîtrai pas. Il aura deux-petits fils qui naîtront en 1995 et en 1997, et après sa mort, en mai 2021, je reconnaîtrai sur cette photo, la photo du palmier, le beau sourire charnu de l’aîné de mes neveux.
Le sourire de mon père me saute à la gueule.
Toujours les traces des corps, des gestes, des voix, des intonations des ascendants dans les corps, les gestes, les voix, les intonations des descendants émeuvent, bouleversent, retournent, me retournent. Ce sont des résurgences, elles me traversent, me travaillent, travaillent les textes que j’écris depuis plus d’un quart de siècle ; elles strient les textes, les scarifient, les secouent, les caressent, frémissent dans leurs silences.
La photo du sourire de mon père est aussi celle du palmier ; enfin, je crois que c’est un palmier, je suis nulle en palmiers. Je suis meilleure en frênes, en hêtres, en noisetiers, en érables, en peupliers, voire en bouleaux, en chênes, ou même en platanes. Je suis comme mon père qui n’avait jamais vu de palmier avant 1957 et n’en revit plus après 1959. Le palmier, le maillot de bain, le parasol, la plage de mon père sont d’un exotisme radical, ils ouvrent sans sa vie une parenthèse, peut-être enchantée, probablement douce, joyeuse, capiteuse, charnelle et cicatricielle ; je tâte de l’adjectif, j’avance à tâtons sur les traces du personnage que devient mon père dans une autre vie que la sienne.
Le sourire de mon père me saute à la gueule.
Toujours les traces des corps, des gestes, des voix, des intonations des ascendants dans les corps, les gestes, les voix, les intonations des descendants émeuvent, bouleversent, retournent, me retournent. Ce sont des résurgences, elles me traversent, me travaillent, travaillent les textes que j’écris depuis plus d’un quart de siècle ; elles strient les textes, les scarifient, les secouent, les caressent, frémissent dans leurs silences.
La photo du sourire de mon père est aussi celle du palmier ; enfin, je crois que c’est un palmier, je suis nulle en palmiers. Je suis meilleure en frênes, en hêtres, en noisetiers, en érables, en peupliers, voire en bouleaux, en chênes, ou même en platanes. Je suis comme mon père qui n’avait jamais vu de palmier avant 1957 et n’en revit plus après 1959. Le palmier, le maillot de bain, le parasol, la plage de mon père sont d’un exotisme radical, ils ouvrent sans sa vie une parenthèse, peut-être enchantée, probablement douce, joyeuse, capiteuse, charnelle et cicatricielle ; je tâte de l’adjectif, j’avance à tâtons sur les traces du personnage que devient mon père dans une autre vie que la sienne.
Dans l'orbe de la robe de mon père s'impose le verbe arborer. Mon père arbore une robe. L'attelage est inédit et je renâcle, ça me racle le gosier, ça pourrait ne pas passer et ça passe, ça va passer. Je vais gratter cette phrase, la cracher., je l'ai crachée.
La mécanique a accéléré les vies
en a modifié pour toujours et en profondeur
les rythmes les plus intimes.
en a modifié pour toujours et en profondeur
les rythmes les plus intimes.
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