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EAN : 9782330060732
381 pages
Actes Sud (30/03/2016)
3.44/5   147 notes
Résumé :
Angleterre, 1954. La paranoïa engendrée par la guerre froide se généralise, en Europe comme ailleurs. Deux employés du bureau des Affaires étrangères, Burgess et Maclean, ont été démasqués comme étant des espions soviétiques et aux États-Unis la chasse aux sorcières de Joseph McCarthy contre les communistes et les homosexuels bat son plein. Un matin pluvieux de juin, le corps sans vie du mathématicien Alan Turing est découvert à son domicile de Wilmslow. À côté de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 147 notes
Depuis la sortie du film « Imitation Game » du réalisateur Morten Tyldun en 2014 tout le monde connait Alan Turing. Véritable héros de la Seconde Guerre Mondiale, Turing et son équipe ont réussi à décrypter les communications secrètes de l'état-major allemand, grâce à une machine mise au point par Alan. Obligé de tenir secret son rôle et ses travaux durant cette période, il aura fallu attendre 2009 pour qu'un Premier ministre Anglais présente ses excuses pour la manière dont Turing fut traité.
Roman ? Polar historique ? Biographie ? « Indécence Manifeste » de David Lagercrantz est un peu tout cela.
Le 7 juin 1954, Alan Turing est retrouvé mort sur son lit, à coté de lui une pomme croquée empoisonnée au cyanure. L'explication d'un suicide semble satisfaire tout le monde. Leonard Corell, jeune inspecteur chargé de l'enquête, ressent la nécessité d'investiguer plus à fond sur sa mort. Il reconstitue sa vie et découvre que Turing était homosexuel, ce qui était interdit à l'époque, et a été condamné à la castration chimique. En interrogeant son entourage, ses amis, ses collègues, il fait le portrait d'un homme seul, renfermé qui a du mal à se faire comprendre. Il découvre que Alan Turing était un génie en mathématiques et qu'il a joué un rôle essentiel - et très secret - pour les services secrets durant la guerre en fabriquant une machine qui permettait de casser les codes allemands. En reconstituant le mystère qui entoure Alan, c'est sur sa propre vie que Corell s'interroge.
Ce roman sans action ou suspense où se côtoient des personnages réels (Alan Turng, Robin Gandy, Ludwig Wittgenstein) et fictifs (Leonard Corell) arrive à nous captiver. Très bien documenté, il nous plonge dans les années 50, ces années d'après-guerre et aussi de guerre froide. La peur du communisme. L'intolérance. L'homophobie. David Lagercrantz met en lumière l'injustice qu'a subie Turing. Un bel hommage a cet homme considéré comme l'un des pères de l'informatique et de l'ordinateur. Un très bon roman historique.
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« Le mystère vaut toujours plus que la solution du mystère ».
Malgré ce que peut laisser penser le résumé, ce roman, classé dans la collection Babel noir, n'est pas vraiment un polar. Alors certes, il y a un policier qui est chargé de savoir si le décès d'Alan Turing relève d'un suicide ou d'un meurtre mais le livre est plus une enquête sur la personnalité de Turing et l'enquête du policier est le prétexte à une sorte de biographie romancée qui permet de réhabiliter la mémoire du mathématicien (le livre a été publié originellement en 2009, année où une pétition a été lancée pour revenir sur la condamnation de Turing, l'annulation de cette condamnation a été accordée par la reine d'Angleterre en 2013) et de se demander ce qu'il aurait pu apporter de plus à la science s'il n'avait pas disparu si jeune.
Si la fin est un peu précipitée à mon goût, ce roman m'a agréablement surprise, il est assez contemplatif et laisse une belle part à la réflexion (mathématique, philosophique, ..). Je vous le conseille si vous souhaitez en savoir plus sur Alan Turing et son rôle majeur pendant la deuxième guerre mondiale. Pour un peu plus d'actions, je vous conseille également le film Imitation Game, que ce livre m'a donné envie de revoir.
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Quel drôle de roman.
À ne pas savoir par où commencer. Ce titre que j'ai du mal à qualifier de polar est une énorme surprise, et des meilleures.
Polar, sans doute, puisqu'après tout il débute sur une mort mystérieuse et met en scène un inspecteur de police de Wilmslow qui ne se satisfait pas de l'évidence du suicide du mathématicien homosexuel Alan Turing dans les années 50. Un drôle de roman historique de ce Suédois qui raconte comme un Russe une histoire bien anglaise…
Surprise donc, d'abord par cet éclatement des genres et des tons. Parce que si les ficelles du polar sont bien là, le traitement que lui réserve Lagercrantz est très intellectuel et transcende le genre. Amateurs de frissons et d'action s'abstenir, il s'agit d'un ouvrage hautement littéraire, polymorphe et contemplatif, qui réfléchit plus qu'il n'avance –et quelle réflexion : mathématiques, philosophie, théorie littéraire, communisme, intelligence artificielle, poésie, l'ouvrage survole paradoxes scientifiques et remises en cause morales et académiques sur fond d'espionnage et d'évolution des moeurs sociales et sexuelles post-Seconde Guerre Mondiale, sans lourdeurs mais avec finesse.
Surprise également par la qualité de l'écriture et de la narration, avec une langue ciselée, précise, et des personnages très nuancés. Deux figures majeures, le mort et le vivant, le personnage historique et le personnage de roman, le premier qui se dessine petit à petit, fantasque, imprudent, génial, le second étonnamment humain dans sa petitesse, ses failles, sa vanité, sa faiblesse, pas de héros, pas d'antihéros non plus, tous deux tour à tour attendrissants, agaçants, pathétiques ou furieusement antipathiques. Des personnages secondaires qui ne manquent pas non plus de substance, jamais bâclés ni convenus.
Surprise enfin par la cohérence entre la forme et le fond du roman, et par les mille petits échos et clins d'oeil littéraires qui le parsèment, par sa pudeur et son intelligence, et par cet auteur que je découvre et qui ne prend le lecteur de polar ni pour un imbécile ni pour un paresseux. La fin toutefois, même si satisfaisante, est à mon sens un peu « facile », et un peu expédiée après la montée en puissance et l'exigence du reste du roman. Mais elle ne gâche rien, et "boucle la boucle" si l'on a été attentif aux premières pages de cet ovni...
Bref, il y aurait beaucoup à dire de ce polar littéraire comme on aimerait en dénicher plus souvent. Lisez-le.
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J'ai trouvé ce roman un peu déroutant au début , sachant que je m'attendais à une enquête policière .
Au final , sur les pas de l'inspecteur Leonard Corell , on enquête sur la personnalité d'Alan Turing , célèbre mathématicien sans lequel l'issue de la seconde guerre mondiale aurait pu être toute autre et que l'on retrouve mort en 1954 à son domicile , suite à ce qui semble être un suicide .
Au fur et à mesure du récit , s'affine également le portrait de Léonard Corell , à travers ses certitudes , ses doutes et ses interrogations au sujet de cette mort . Avec lui , le lecteur se plonge dans l'histoire de ce mathématicien , du cryptage /décryptage , de la machine Enigma , de l'espionnage et du sort fait aux homosexuels dans l'Angleterre des années cinquante.
Ce livre m'a donné envie de relire "Enigma" de Robert Harris , lu il y a déjà longtemps .
J'ai vraiment aimé la manière dont cette histoire , "prenante", est menée.
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À la suite du visionnement du film le Jeu de l'Imitation, j'ai voulu en savoir un peu plus sur Alan Turing et j'ai opté pour le roman dont le titre, Indécence manifeste, réfère au Code pénal britannique datant de 1885.
David Lagercrantz tente de cerner la personnalité de Turing dans ce polar historique. Au lendemain de la mort de Turing à à son domicile en juin 1954, un jeune inspecteur, Leonard Corell, est dépêché sur les lieux en vue d'une investigation approfondie. Au fil de ses recherches et au long des entretiens avec d'ex-collègues et des proches du mathématicien, Corell se sent de plus en plus impliqué et en vient à outrepasser son mandat.
La lecture d'un tel roman, à notre XXIe siècle branché, ouvert et planétaire, est une expérience fascinante et déroutante. En pleine guerre froide, espionné par les services secrets britanniques, harcelé pour son orientation sexuelle dont on craignait une potentielle faiblesse humaine, Turing n'a pas bien vécu l'après-guerre, lui qui avait réussi à décrypter la machine allemande Enigma, réduisant par cet exploit la durée du conflit. « Il demeurait la fragile araignée au centre de la toile, sur lequel on lançait sans arrêt des regards vigilants. »
J'ai beaucoup apprécié la construction du roman ainsi que l'écriture de David Lagercrantz; ses personnages sont crédibles, conséquents avec leurs actes et amènent une dimension terre-à-terre au génie d'Alan Turing, figure centrale du récit.
Turing, lui-même qualifié de « code inviolable », « fasciné par l'imitation de l'humain » dont le « grand rêve était de mécaniser la pensée, pour ainsi dire de matérialiser la logique. » J'aurais aimé qu'il vive plus longtemps…
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Les mathématiciens n’aiment pas songer à des trivialités comme l’utilité de leurs équations. Ils trouvent cela parfaitement vulgaire. Tu connais l’histoire du garçon qui étudiait chez Euclide ? Non ? Un jour, le garçon a demandé au grand mathématicien à quoi servaient ses formules. Euclide a répondu qu’on pouvait donner une pièce au gamin, pour qu’il trouve une utilité à ses calculs. Puis il a mis le gosse à la porte. Non, des idioties comme l’utilité, on ne doit pas s’en soucier. La beauté des mathématiques réside justement dans cette clôture sur soi : elles ne servent qu’à elles-mêmes.
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Au XVe siècle, un philosophe français a écrit :
"Toutes les phrases sur cette page sont fausses."
Joli, non ? Simple, clair mais éternellement contradictoire.
Si toutes les phrases de cette page sont fausses, cette phrase-là doit l'être également, mais alors elle est vraie, puisqu'elle affirme explicitement être fausse, mais en même temps, elle est sur cette page où toutes les phrases sont fausses ... Un jour, Alan a dit qu'on devrait utiliser le paradoxe du menteur pour faire sauter les robots.
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Les homosexuels font de parfaites victimes de chantage. Ils sont pour ainsi dire prêts à tout pour que leurs penchants ne soient pas étalés au grand jour. Nos amis du FBI ont aussi constaté que les Russes cherchent tout particulièrement à recruter des pédales. Mais ce n’est pas là toute la vérité, pas même l’explication première. Non, non, la raison décisive est que ceux qui se livrent à des actes pervers manquent de caractère. Ils n’ont pas la hauteur morale requise pour occuper des postes de responsabilité, et je ne dis pas cela à la légère : il y a des preuves à foison.
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“Comment disiez-vous que s’appelait votre maître ?

— Dr Alan Turing.”

Dans son carnet, Corell nota d’une part que la pomme sentait l’amande amère, et d’autre part que le nom lui disait quelque chose, ou du moins, comme bien d’autres choses dans cette maison, lui provoquait de sombres souvenirs.

“A-t-il laissé quelque chose ?

— Comment ça ?

— Une lettre, ou quelque chose qui puisse expliquer…

— Vous voulez dire qu’il…

— Je ne veux rien dire. J’ai juste posé une question”, dit-il beaucoup trop sèchement et, quand la pauvre femme, apeurée, secoua la tête, il s’efforça de prendre un ton plus aimable :

“Connaissiez-vous bien le défunt ?

— Oui, ou plutôt non. Il était toujours très gentil avec moi.

— Était-il malade ?

— Ce printemps, il souffrait d’un rhume des foins.

— Saviez-vous qu’il travaillait avec des poisons ?

— Non, non, Dieu m’en garde. Mais c’était un homme de science. Est-ce qu’ils ne…

— Ça dépend, la coupa-t-il.
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Il sortit son carnet de la poche de sa veste. L’homme est couché dans une position à peu près normale, écrivit-il en se demandant si la formulation était bonne, et elle ne l’était pas vraiment, mais d’un autre côté pas trop mauvaise non plus. À part son visage, l’homme aurait très bien pu être endormi et, après avoir jeté en hâte quelques autres lignes – dont il ne fut pas non plus satisfait –, il examina le corps. Le mort était maigre, en assez bonne forme physique, mais avec une poitrine d’une mollesse inhabituelle, presque féminine et, même si l’inspection de Corell n’était pas exagérément approfondie, il ne trouva aucun signe de violence, pas de griffures ni de bleus, juste un peu de couleur noire au bout des doigts et cette écume au coin des lèvres. Il la renifla et comprit alors pourquoi il se sentait si mal.
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