Mozart était une femme

"Etre musicienne ? C'est être fée." Françoise Dumoulin Tessier.
Auparavant, pourtant pour les hommes, une femme n'a pas assez de poitrine... euh de souffle pour être une musicienne.:
"...exclues de l'apprentissage des instruments à cordes et à vents, elles doivent se contenter d'apprendre le chant, le clavecin et le solfège."

La femme n'est pas une mélomane, ne pas en faire un mélodrame?
Alors, lisez ce livre, vous allez "la do ré"!
Dans le film "Amadeus", Mozart est seul. Mais, " Maria Anna Mozart existait à ses côtés. Elle fut louée pour ses talents musicaux, avant de disparaître de la scène", en se mariant pour notre plus grand Mahler...

Wolfgang deviendra Amadeus Mozart grâce à sa soeur!
Elle avait alors plusieurs cordes à son arc. " Prodige, génie, virtuose, selon les critiques entre juillet 1763 et novembre 1766."

Derrière les "Mendelssohnn , Schumann et Mahler se cachent d'extraordinaires musiciennes : Fanny , Clara et Alma..."
"Le sacre du Printemps, avec une femme, devient le Massacre des tympans!" C'est du pipeau, mettez y une sourdine. Et envoyez donc "Boulez" tous ces beaux messieurs...

Parler des femmes musiciennes, il faut le faire à bon Messian! C'est réglé comme du papier à musique...
Car la voix des femmes, comme celles des Sirènes, peut être dangereuse (les laisser parler, ce sera les laisser voter! Pardon, qui aime bien Satie bien?) Une dernière anecdote et au Liszt?

Mon coeur bat ....la chamade quand j'entends chanter La Callas. Ce fut la fin des castrats et l'avènement des divas, mais ne coupez pas ...la baguette du maestro: "Sur 5000 garçons castrés par an en IIalie, au XVIIe siècle, seuls 10% font carrière dans la musique", comme Farinelli .
Mais, vous connaissiez la musique, ou je vais me faire sonner ...les cloches!

Dès sa sortie en librairie, ce livre m'a tapé dans l'oeil. Aussitôt acheté, aussitôt lu ! Un gros coup de coeur. J'avais déjà fait un premier repérage du sujet en réalisant une liste :
https://www.babelio.com/liste/20720/La-musique-classique-au-feminin
à laquelle j'ai, au fil de ma lecture, ajouté quelques titres.

J'ai l'impression d'avoir lu plusieurs livres, tellement j'ai appris de choses. Et en même temps l'auteure m'a donné envie d'en lire tellement d'autres…

Voici un livre passionnant sur l'histoire de la musique classique au féminin de l'Antiquité à nos jours. Chaque chapitre est suivi par des suggestions d'oeuvres à écouter, je ne m'en suis pas privée. La bibliographie est essentielle pour aller plus loin, je regrette seulement l'absence d'un index (en compensation les post-it débordent de partout).

Ce qui m'a le plus marquée (entre-autres) :

* Il a fallu attendre plus de 1400 ans pour que soit levée l'interdiction pour les femmes de chanter dans un choeur d'église (2ème synode d'Auxerre en 578).

* Les Six suites pour violoncelle seul de Bach auraient, selon les recherches de Martin Jarvis, été écrites par sa deuxième épouse, Magdalena Bach.

* La pratique de la castration a perduré jusqu'en 1902 et ce pour remplacer les femmes dans les parties les plus aiguës des opéras (notamment).

* le destin de Lise Cristiani (1827-1853), une violoncelliste française qui a succombé au choléra en revenant d'une tournée en Sibérie.

J'ai été impressionnée par le nombre de compositrices. J'ai écouté Elisabeth Jacquet de la Guerre, Hélène de Montgeroult, Louise Farrenc, Augusta Holmès, Charlotte Sohy, … Je suis loin d'en avoir fait le tour. L'auteure évoque aussi les chanteuses lyriques, les instrumentistes, les pédagogues et les cheffes d'orchestre en racontant un peu leur histoire, leurs luttes.

J'ai dans ma bibliothèque le livre ‘Les 1001 oeuvres classiques qu'il faut avoir écouté dans sa vie' et j'ai compté seulement 4 références à des compositrices. C'est effarant. J'ai aussi l'Histoire de la musique d'Émile Vuillermoz (édition mise à jour en 1996), il cite quelques femmes mais dans sa chronologie générale des compositeurs il n'y en a aucune.

« Mon dernier espoir se tourne vers vous, lecteurs et lectrices de ce livre. (…) si vous refermez ce livre avec l'envie d'écouter une oeuvre de compositrice, de lire un autre livre sur le sujet, de découvrir l'interprétation d'une musicienne ou d'entendre la voix d'une chanteuse, ce sera déjà un pas dans l'écriture de cette nouvelle histoire de la musique classique. »





Challenge plumes féminines 2022
Lien : https://www.babelio.com/list..

Un livre salutaire qui fait le point de façon militante sur les compositrices dans la musique. Depuis Hildegarde de Bingen à Charlotte Sohy en passant par la grande Germaine Tailleferre et la « Malibran », ce livre présente un point de vue intéressant sur les compositrices. Quel dommage cependant qu'il n'y ait aucun index des noms et des oeuvres cités, ce qui empêche un vrai travail d'approfondissement des propos, malgré quelques playlist à la fin de chaque chapitre.

Je me permets d'ajouter d'ailleurs que l'on trouvait le même défaut (absence d'index) dans l'ouvrage « une histoire vivante de la musique » de Mélanie Levy-Thiebaut comme si ces ouvrages n'étaient pas « suffisamment » sérieux pour « mériter » un index. Alors que par exemple le dernier Giesbert, qui est un bouquin d'opinions pas vraiment érudit, bénéficie lui d'un index…les combats du féminisme se nichent donc partout…(et je suis un homme pas spécialement militant en la matière mais là c'est flagrant).

Aliette de Laleu ressort de l'ombre des compositrices et des musiciennes tombées dans l'oubli. Les mêmes mécanismes que pour des femmes artistes peintre ou écrivaines se sont appliquées aux musiciennes. Pendant des siècles les femmes n'ont pas eu accès aux études ou aux carrières musicales, car on leur empêchait de se professionnaliser. Les rares qui ont pu développer leur talent et composer ont vu leurs oeuvres rabaissées ou appropriées par des hommes. L'autrice évoque notamment des cas où des oeuvres furent acclamées tant que le sexe de leur auteur restaient inconnu... puis décriées dès le sexe dévoilée. A chaque génération, les femmes qui avaient un don pour composer de la musique ou devenir instrumentiste eurent l'impression d'être des pionnières, car leur prédécesseures étaient régulièrement reléguées dans l'oubli.

La spécificité de la musique par rapport aux autres formes d'art était que la pratique d'un instrument était tout de même un agrément pour les femmes de la haute société, de sorte que l'accès à l'apprentissage de certains instruments (ceux jugés décents pour les femmes) fut tout de même possible.

Le grand "plus du livre" réside dans les sélections de morceaux en fin de chaque chapitre.

Alors que je parcourais le rayon musique de ma librairie, je suis tombée sur ce livre : Mozart était une femme. Un titre assez accrocheur et un résumé qui m'a donné envie d'en savoir plus. Je n'ai pas été déçue, j'ai découvert énormément de femmes compositrices, interprètes et cheffes d'orchestre. Tellement qu'on se demande comment l'histoire a pu les effacer presque complètement de ses livres sur la musique.
Les playlists à la fin de chaque chapitre sont un vrai plus. Il ne manquent plus qu'un lien vers une playlist encore plus étendue sur Spotify ou autre.
Un livre à mettre entre toutes les mains de ceux qui apprécient la musique et peut-être même à inclure dans les lectures scolaires.