Ce livre, c'est du très lourd : 2,2 kg de beauté, d'humanité, de cultures et modes de vie divers, de superbes photos et de portraits magnifiques de vie…
Cinquante-quatre femmes de toutes origines, de tous les continents, de tous âges, de toutes conditions, rencontrées par hasard ou recommandées par quelqu'un à l'auteur-voyageur. Pour chacune : des photos illustrant ses conditions de vie, un ou plusieurs portraits à la gouache, sa perception de sa vie et de la vie en une ou deux pages, les circonstances détaillées de la rencontre avec l'auteur et quelques éléments sur le pays et/ou la région quelquefois sous forme de pages manuscrites des
carnets de voyages de l'auteur (sympa…)
Il y a :
- les réalistes : « Il y a trois sortes d'hommes : ceux qui veillent sur leur famille, ceux qui tuent et ceux qui ne foutent rien (Muhbo, réfugiée depuis 1977 dans un camp HCR en Ethiopie après avoir fui la guerre en Ogaden)
- les optimistes : « J'ai toujours été allergique au malheur » (Janine, polynésienne)
- les résignées : « C'est tellement dur de vivre ici. Est-ce humain de vivre de cette façon ? Les gens riches ne nous regardent pas comme des êtres humains, pour la plupart. Plus personne ne se soucie des pauvres aujourd'hui » (Kabary, gipsy = vit sur un bateau de pêche avec toute sa famille au Bengladesh)
- celles qui espèrent : « J'espère qu'un jour je pourrai sortir seule de la maison et que je pourrai filmer librement sans avoir peur tout le temps » (Shakiba, camerawoman afghane à Kaboul)
- les dures-à-cuire : « C'est un travail vraiment très dur ! Mais, au moins, avec les hommes, une fois la dispute passée on n'en parle plus. le boulot reprend ses droits. Avec les femmes, la rancune peut durer des mois, des années… » (Siti, docker à Jakarta)
- les altruistes : « Mes potes meurent jeunes. J'aide mes petits à comprendre qu'il n'y a pas de fatalité. Si ça continue comme ça, comme actuellement, tu verras ce qu'il adviendra du Brésil » (Tiana, brésilienne enseignant la capoeira aux enfants d'une favela de Rio)
- celles qui s'interrogent : « En ce moment je me remets sérieusement en question. C'est vrai qu'il y a une vraie mentalité de machos ici ! C'est vrai aussi que le mecs dans l'ensemble évoluent plutôt bien, mais quand on part en ‘'opex'', ils n'aiment pas avoir des nanas avec eux. Ça les dévalorise… » (Déborah, bretonne, caporal dans l'armée française ayant participé aux campagnes du Kosovo et du Tchad)
- etc…
Quinze ans plus tard, on est très loin des souhaits de Shakiba l'afghane, les prédictions de Tiana la brésilienne se vérifient, le sort des roms relaté par Cristina la roumaine a empiré, etc…etc…
Le sort des femmes est loin de s'être amélioré et leurs droits ont tendance à régresser dans un nombre grandissant de pays.