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EAN : 9782848761848
284 pages
Philippe Rey (14/04/2011)
2.2/5   15 notes
Résumé :
Un écrivain africain vivant à Mexico est atteint d’un mal incroyable :
une allergie au papier… Son médecin lui conseille de voyager. Il part donc animer des ateliers d’écriture dans un village du Yucatán où, après la guerre du Guatemala des années quatre-vingts, se sont réfugiés les rescapés. Une de ses stagiaires, Teresa, lui présente son journal de guerre. Fasciné par ce texte, l’écrivain décide de l’aider
à le rédiger jusqu’au bout. Il va amener Ter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le narrateur est un écrivain allergique au papier. « Tout bien pesé, mon allergie au papier n'était peut-être qu'un syndrome parmi tant d'autres. le syndrome de l'impasse ! » (p. 257) Son médecin lui conseille de voyager, de quitter son quotidien et son confort pour combattre ses manies et ses phobies. L'écrivain part pour le Yucatan, pour animer des ateliers d'écriture. Là-bas, il rencontre Teresa qui lui présente le journal de guerre qu'elle a écrit pendant la guerre du Guatemala dans les années 1980. « Je tenais à apporter mon concours à la réécriture de son texte. » (p. 38) Il y a aussi Maria qui lui confie sa jeunesse malmenée et qui s'est jurée de ne plus se laisser faire.

Puisque le papier le repousse et peut lui être fatal, l'écrivain apprend à aligner les mots autrement. Face à lui-même et à sa voix, il dépose ses phrases dans un dictaphone, manuscrit moderne. Il décide de raconter l'histoire de Léa, une amie d'antan au destin ambigu. « J'eus l'intime conviction de ce que ni mon livre sur Léa mon amis d'enfance, ni le travail d'accompagnement que j'exerçais auprès de Teresa ne se feraient dans la sérénité d'un témoignage certes douloureux, mais inoffensif. » (p. 67) Écrire est chagrin, torture intime, crime contre soi-même. le narrateur déploie sans fatuité une réflexion complexe sur l'écriture, les personnages et la place de l'auteur. « La pause descriptive. Quand le décor est héros, l'on n'invente plus, l'on décrit simplement en faisant taire sa propre imagination. Ne pas se priver de poésie quand la nature réclame d'être peinte en vrai. Mentir vrai, c'est aussi cela l'art du poète-romancier. » (p. 59)

L'auteur est un Africain exilé en Amérique latine qui n'oublie pas sa terre d'origine, aussi violente et perturbée soit-elle. « Dans mon pays de merde que j'adore (et qui se trouve être également le pays de Léa), le vice est magnifié, la vertu ridiculisée. » (p. 135) Mais ce que l'auteur découvre ou comprend auprès de Teresa et Maria, c'est que partout, le monde n'est que guerre et brutalité. L'écriture et la littérature ne protègent pas, mais elles conservent la fierté et le libre arbitre : elles offrent à l'homme qui sait manier les mots de se dresser contre l'innommable. Mais encore faut-il respecter la parole, ne pas la galvauder et ne pas la gaspiller.

Koulsky Lamko signe un texte superbe aux accents humanistes. Mais j'ai souvent été gênée par le rythme dolent du récit. Au gré des chapitres, parfois, je me suis ennuyée, en dépit de quelques passages éblouissants. Une lecture en demi-teinte et je m'en accuse : ce texte aurait mérité une lecture au calme, mais je l'ai parcouru dans un contexte agité. Il faudra que j'y revienne.
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Un écrivain africain vivant à Mexico est atteint d'un mal incroyable : une allergie au papier ...

C'est cette première phrase de la quatrième de couverture qui m'a laissé espérer à un roman intéressant, quoique à tendance loufoque. Celui-ci retrace le voyage de cet écrivain jusqu'à un village du Yucatán, où se sont réfugiés des rescapés de la guerre du Guatemala des années 1980. Au fil du temps, les habitants se confient, racontent leurs pertes, les massacres, les horreurs, leur fuite. Les souvenirs tissent un grand canevas qui retrace ce que fut cette guerre civile.

"La vie nous éduque au détour de chaque jour qu'elle nous offre. Dans les camps de réfugiés, nous avons connu l'angoisse, la désolation, la désespérance, la maladie, la faim; mais nous avons survécu à tout cela. Afin de témoigner pour tous ceux qui ne sont plus. Et pour qu'ils ne méritent en rien une telle fin tragique, témoigner de ce que la balle de l'assassin vil et peureux qui les a fauchés ne viendra jamais à bout de la vie. le manioc, le yucca, est une plante tenace, rebelle à la destruction. Il suffit qu'une racine, une tige arrachée rencontre l'humus de la terre pour que toute la plante revive. Nous revivrons à jamais.

Fasciné par ces récits, l'écrivain décide d'aider les habitants, une femme en particulier, à donner forme à ses souvenirs, à faire son deuil. Mais ses propres démons ressurgissent.

Totalement décousu, je n'ai pas du tout apprécié ce roman. Comme si je l'avais survolé, sans me sentir concernée le moins du monde. L'auteur a tenté de porter un regard croisé entre l'histoire du Guatemala et la propre histoire de l'Afrique, confrontée aux mêmes guerres et désastres, "ce pays de merde qu'il adore". Il me semble être totalement passée à côté de son propos ce qui me fait douter de la qualité de son récit.

En effet, malgré quelques beaux passages, comme les dialogues avec les chauffeurs de taxi, dont il apprend beaucoup, ou un beau poème en anglais, le ton à la fois pesant et érudit, pourtant rempli d'expressions familières, en vrac, m'a profondément gêné. de nombreux chapitres m'ont semblé de trop, comme si l'auteur remplissait les pages, alors qu'il n'a rien à dire. D'autres se faisaient l'écho d'une violence extrême, pas forcément très utile.

Une déception donc ... il n'y a pas d'autres mots.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Avant d'entamer la critique de ce livre, je précise que je l'ai reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Je souhaite d'abord m'attarder sur l'objet en lui-même: j'aime beaucoup cette maison d'édition (Philippe Rey). le papier est de qualité, la couverture également, l'écriture ni trop serrée, ni trop épaisse, comme il faut. J'étais donc ravie de recevoir un beau livre. Soit dit en passant, le livre comportait un bandeau, sur lequel se trouvait une photo de l'auteur. Pas de phrase accrocheuse ou d'appel commercial. Mesuré.
Bref, après une approche agréable du livre, passons à l'histoire. J'avais choisi ce dernier pour ce thème surprenant: un auteur allergique au papier. Mais où cela allait-il nous mener? Verdict: bien plus loin que je ne l'imaginais! le narrateur se rend alors à Santo Domingo de Kesté où il va rencontrer des femmes et leur histoire terrible mais aussi sa propre histoire. le cheminement est long. Il est entremêlé des récits de ces femmes qui ont vécu l'horreur du temps de la guerre au Guatémala. Comment se reconstruire après de tels événements?
Le narrateur va s'égarer plusieurs fois, il emprunte différents chemins, il est une oreille attentive mais il revit aussi sa propre histoire, il puise au plus profond de lui même les mots. Mais peut-on tout mettre en mots?

J'ai aimé l'écriture poétique et vivante de l'auteur, les différents récits m'ont touchée, l'engagement de l'auteur m'a plu. Cependant, j'ai parfois perdu le fil conducteur, je me suis égarée sur les chemins. J'ai mis du temps à lire ce livre et je pense que d'ici quelques temps, une relecture me permettra de rester sur la grand-route.
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"Mon humble voeu secret était qu'au terme de sa lecture du livre, le lecteur se rende compte que j'avais écrit pour dire que cela ne servait à rien de raconter l'horreur du monde et que les mots ne suffisaient pas , n'avaient pas le dos assez large pour porter les corps et les coeurs déchirés."
L'auteur qui a vécu pendant la guerre civile au Tchad , exilé, imagine dans ce roman qu'il ne peut plus écrire son histoire du fait d'une allergie au papier. Sur les conseils de son thérapeute, il rejoint un village de mayas, exilés suite à la guerre du Guatemala des années 80 dans ce village mexicain de Kesté.
En aidant Teresa à écrire ses mémoires de réfugiée traumatisée par les horreurs de l' extermination des mayas, et en écoutant Maria, il tente d'exhumer son histoire personnelle et celle de Léa, son amie d'enfance, dont le père et le mari ont été tués sauvagement par ce guerrier qu'elle prendra ensuite comme concubin. Et reviennent sans cesse cette adulation pour son bourreau et l'image de "ce pays de merde que j'adore."
Car l'amour de sa terre est telle le lien avec la mère, l'exil est un suicide. Il est difficile de se plier à une autre culture, une autre langue et se sentir toujours traiter de nègre ou d'étranger.
Mais, après l'allergie au papier, la volonté du narrateur d'être le passeur de mémoire sera empêchée par le mauvais fonctionnement d'un magnétophone, comme si cette histoire ne devait pas être écrite pour " ne pas transgresser le silence des vies cachées".
Le style est d'une grande richesse avec un mélange d'un vocabulaire riche et de langage de la rue. Il écrit avec nostalgie, poésie, et rage. le récit est toutefois déstructuré, l'auteur se laissant souvent aller dans la description de ses cauchemars. Il insère ses impressions en tant qu'écrivain, décrit les fiches qui guident son écriture. Mais cette déconstruction reflète l'état de ses souvenirs.
Les racines de yucca est un livre difficile à aborder pour sa construction et son contexte mais il témoigne avec passion et réalisme de la douleur des exilés, des paysans torturés, des civilisations anéanties pour l'appât de la terre en vue du commerce et du profit.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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"Un écrivain allergique au papier, qui se retrouvait dans un village de quatre mille âmes, d'anciens réfugiés, dont les deux tiers constitués de femmes et de paysans ...".

Le narrateur parle à la première personne. Il est africain, écrivain, et séjourne au Mexique, "en quête de sensations neuves sur une terre de découverte, d'exotisme et d'aventure." Il s'agit pour lui non de trouver une quelconque inspiration, mais de se trouver lui-même, de renaître à soit. Ses voisins : des réfugiés guatémaltèques, des déshérités, des femmes au destin brisés mais dignes, avec lesquels son destin entre en étrange résonance ("J'eus l'impression vive d'être en terrain connu"), non sans heurts d'ailleurs.

Avec sa langue profondément originale, fondée sur une vraie réflexion, riche et colorée, très plastique, parfois déconcertante mais dotée d'une grande force poétique (voir les passages en vers vraiment séduisants), Koulsy Lamko prend pour propos les questions de la filiation, de l'enracinement, de l'exil. Mais la construction décousue, l'introspection, et le style rendent difficile une adhésion complète à ce "roman" pourtant fondé sur un parti pris d'écriture intéressant.

"Marche, le crépuscule drape ton pas de sa fine toile rouge du pays de tes rêves."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
"La vie nous éduque au détour de chaque jour qu'elle nous offre. Dans les camps de réfugiés, nous avons connu l'angoisse, la désolation, la désespérance, la maladie, la faim; mais nous avons survécu à tout cela. Afin de témoigner pour tous ceux qui ne sont plus. Et pour qu'ils ne méritent en rien une telle fin tragique, témoigner de ce que la balle de l'assassin vil et peureux qui les a fauchés ne viendra jamais à bout de la vie. Le manioc, le yucca, est une plante tenace, rebelle à la destruction. Il suffit qu'une racine, une tige arrachée rencontre l'humus de la terre pour que toute la plante revive. Nous revivrons à jamais.
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Abraham Lincoln est élu président des USA en 1860. John F. Kennedy, lui, est élu en 1960. Il y a le même nombre de lettres à leurs noms : 7. A Lincoln a succédé Johnson né en 1808. Abraham Lincoln a été assassiné par Wilkes Booth né en 1839. Kennedy, lui, l'a été par Oswald né en 1939. Lincoln et Kennedy sont assassinés tous les deux en présence de leur avocat, tous les deux un vendredi. Leurs assassins sont tués par la police alors qu'ils refusaient de se rendre. Ils se sont réfugiés soit dans un entrepôt, soit dans un théâtre après avoir tiré d'un entrepôt ou d'un théâtre. La secrétaire de Lincoln s'appelait Kennedy, celle de Kennedy s'appelait Lincoln. Lincoln a eu un enfant mort pendant son séjour à la Maison Blanche ; Kennedy de même. Enfin Kennedy est assassiné dans une voiture décapotable Lincoln. Ils sont tous les deux touchés à la nuque.
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Rien de nouveau pour moi sur la palettes des couleurs et des préjugés racistes : les nègres sont cannibales, stupides, incapables de suivre le développement, grands singes imitateurs, bénis oui-oui, phallus d'âne libidineux au point de ne se satisfaire que de plusieurs femmes à la fois, femmes à fesses excroissantes et à poitrine monstrueuse, odeur de maïs faisandée, bruyants dans les HLM, violents parce que sauvages, sans foi ni loi, nez épaté, lèvres rouges et lourdes, cheveux crépus ébouriffés, émotion et état de nature, QI inférieur à la norme, vie sans lendemain, misérables, voleurs, dépensiers, adorateurs de statues, de forêts et de lacs ; ils découpent le clitoris des femmes. 
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Crétinisé dans son être profond, vidé d'une bonne partie de sa substance, le colonisé assimilé est fin prêt à répondre à l'appel des sirènes dressées sur la plate-forme d'un énorme-paquebot-remorqueur-régie, centre de décisions, de reconnaissance, d'orientation, d'élaboration de la pensée cadre...L'assimilé devient collaborateur du système qu'il porte et dresse contre lui-même pour détruire et faire disparaitre ce qu'il a de plus profond en lui et dont il était partie: sa mère.
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L'exil nous efface de la mémoire de notre terre, lentement mais sûrement. Et le jour où l'on ose revenir au pays, y poser le pas, par hasard, pour un soleil, une lune, l'on se rend bien compte que c'est notre terre qui nous a abandonnés, nous a tourné le dos, ne nous reconnaît plus, nous a reniés.
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