Créées, respectivement en 2004 et en 2006, au Festival d'Avignon dans une mise en scène de
Jan Lauwers avec la "Needcompagny",
La Chambre d'Isabella suivi de le Bazar du Homard sont deux pièces de théâtre que je qualifierais de rocambolesque pour la première et de surréaliste pour la suivante.
Isabella, vieille aveugle, participant à une expérience scientifique (avec "projection d'images dans son cerveau") dialogue avec les principaux personnages de sa vie pour raconter son abandon à la naissance,ses parents adoptifs gardiens de phare, qui, entre deux verres de trop, lui ont seriné qu'elle était la fille "d'un prince du désert", son amant Alexander lâche père de famille nombreuse, son secret de famille... Comment démêler le vrai du faux, lorsque le père ivre mort (dans les deux sens du terme) parle de sa chambre d'étudiante parisienne décorée d'objets archéologiques (allant du masque-oiseau au pénis de baleine momifié), lorsqu'Isabelle sans "grands états d'âme" conte la balle de son futur amant reçue par inadvertance, sa propre émancipation féminine, sa déchéance à lui suite aux traumatismes de guerre. le bonheur, basé sur des mensonges n'est-il qu'une illusion? semble interroger
Jan Lauwers.
Le Bazar du Homard est encore plus farfelu, et même délirant. A partir de la maladresse renouvelée (le plat de homard à l'armoricaine renversé sur son client) d'un serveur dans un restaurant, déclenchant hystérie collective et accident de camion provoqué par un chauffeur-chauffard "russe pur sang", cinq histoires s'enclenchent autour de la perte d'un fils Jef que son père Axel (généticien) désire cloner.
Où est là encore la vérité? Vladimir le Russe est-il un violeur d'enfants comme le laisse supposer la rumeur? le ver noir géant qu'il voit est-il pur délire? La "saucisse mise dans le coffre" est-elle une métaphore?
C'est un peu dérangeant, je l'avoue, mais intéressant! Je pense qu'il vaut mieux voir ces pièces que les lire de par le côté théâtral des personnages. (ex: lorsque Vladimir voit les corps disposés en forme de croix, il hurle "c'est un signe de Dieu")
Jan Lauwers, plasticien de formation, metteur en scène dont le théâtre international a été couronné de lauriers à plusieurs reprises, a l'air dans ces deux pièces avant-gardistes (sous le signe du festival "off") de bien s'amuser de mots en images!