« Il nous faut apprendre à vivre tous ensemble comme des frères, autrement nous allons périr tous ensemble comme des idiots.
Martin Luther King (1,69 mètre)
« Dieu a fait des hommes grands et d'autres petits, je les ai rendus égaux. » Samuel Colt (1,68 mètre.)
« La liberté des uns s'arrête là où commence la mienne. » Augustin Petit (taille classée secret défense)
&
Pierre Léauté.
Prodigieux, subtil, « Je n'aime pas les grands » est original. le Savoir, l'humour, les degrés sont assignés à une conférence à ciel ouvert. Il bouscule les diktats, la poussière sous le tapis. Les jeux de mots sont des éclats de rire, des sous-entendus significatifs.
« Tout ce qui est petit est gentil et mignon, tout ce qui est grand est sot et couillon ! » « La sentence définitive de ma grand-mère Ernestine résonnait encore à mes oreilles. »
Augustin Petit porte bien son nom. Petit, anti-héros, le numéro cinq d'une fratrie un peu décalée, son père le somme de s'engager : la guerre de 1914 frappe à la porte de la France.
« Augustin, la France compte sur toi. »
Ne vous attendez pas à une histoire classique, ordinaire. « Je n'aime pas les grands » est une comédie. Néanmoins, le loup est dans les bois prêt à mordre.
Le 20 septembre 1918, tout s'arrête pour lui. Blessé,
« Ah vous êtes verni vous ! cinq centimètres plus haut et c'était la caboche qui prenait ! »
Augustin apprend la capitulation de la France durant sa convalescence. Gueule cassée, la vision mutilée, notre homme est abattu.
« Une larme coule. »
Augustin Petit se métamorphose. Il devient une caricature, les reflets caustiques, l'envers du décor. le symbole déformé de toutes les affres nauséabondes des intolérances extrêmes. Bref un vrai « petit » démon ! (Suivez mon regard !).
« Galérien enchaîné à mon bureau, je commençai à griffonner frénétiquement sur mon carnet de cuir, puis mes phrases devinrent paragraphes et sans que je me l'explique, un long pamphlet naquit sous ma plume. » « Chroniques d'une victoire ».
Il se rend fébrile chez un éditeur.
« Les Boches ? Gardez vos insultes pour vous, monsieur Petit. Les Boches comme vous dites achètent beaucoup de nos livres. Que dira-t-on si je publie les folies d'un anarchiste ? » « Ce sont les ennemis de la France, rétorquai-je buté… « le propriétaire m'avait jeté à la rue comme un malpropre. Peu m'importait cependant, j'étais de la race des petits bruns. »
Augustin Petit va bousculer les codes. Changer la donne. Faire bloc avec les petits. Les Grands (tous) doivent être éliminés. La satire prend son envol.
Pierre Léauté tient les cartes en main, prouesse, prouesse, prouesse. Délectation, oeuvre : « Je n'aime pas les grands » est un pied de nez, un grand éclat de rire, la dérision exaltée. Cette richesse de ton est la preuve d'un auteur surdoué affûté aux anecdotes historiques. Ici, tout est savoureux et dans un même temps d'une gravité extrême.
Pierre Léauté tire les ficelles tel un marionnettiste. Augustin Petit va connaître une ascension faramineuse mais perfectible. Il va créer « le Parti des plus Petits. » Petit dictateur devenu fou, son parti est une parabole. Une page détournée de l'Histoire. Tout est chamboulé, chaises bousculées, la trame est majesté, si vous suivez des yeux à chaque instant
Pierre Léauté vous avez le brillant d'un passionné d'Histoire au travers des allusions, des pertinences, des inversions.
Pierre Léauté pointe du doigt là où ça fait mal. Ce récit est crissant, amusant, sérieux, jubilatoire. Plus que tout, il délivre un message : « Apprendre à toujours se méfier » comme le disait
Prosper Mérimée.
Pierre Léauté saute dans la flaque des non-dits. Il offre par son récit, de ce qui pourrait advenir subrepticement de notre contemporanéité arrogante et trop sûre d'elle face à l'arborescence des intolérances. Les nationalismes ne sont pas la normalité. La bête peut mordre toujours une deuxième fois. « Je n'aime pas les grands » est un avertissement. La double lecture est une sacrée leçon de vie : « Homo homini lupus » « L'homme est un loup pour l'homme. » « Je n'aime pas les grands » doit être lu en urgence par tous les professeurs d'Histoire puis étudié en classe. A déposer sur les frontons de la République, d'utilité publique. Haut les coeurs ! Pour tous, des enseignants d'Histoire, aux étudiants, aux êtres curieux ou endormis. Magistral. Publié par les majeures Éditions Mu.