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EAN : 9782743658434
288 pages
Payot et Rivages (08/02/2023)
3.87/5   31 notes
Résumé :
Marseille, 1962. Deux flics de "L'Evêché", comme on surnomme l'hôtel de police, sont appelés sur une scène de crime étrange en Camargue: un homme de type arabe est retrouvé vidé de son sang. A côté du cadavre, un jerrican rempli... de sang. Ce n'est que le début d'une série de meurtres qui va conduire ces deux enquêteurs que tout semble opposer sur les chemins d'un passé lourdement chargé. De la Résistance à la guerre d'Algérie, la ville de Marseille renferme bien d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Marseille, 1962. Les accords d'Evian ont mis fin à la guerre d'Algérie et la cité Phocéenne est déstabilisée par un afflux de pieds-noirs et de Harkis. Mais les règlements de compte entre membres du FLN et partisans de l'OAS démontrent que la paix entre les communautés est loin d'être acquise. La découverte de deux cadavres exsangues d'algériens intrigue la police tandis que dans le même temps, un caïd du milieu marseillais se fait dérober plus d'une tonne d'héroïne pure prête à être transformée dans les laboratoires de la French Connection.
Deux policiers que tout oppose (un jeune fils de résistants communiste et un baroudeur membre du SAC) vont devoir travailler ensemble et évoluer au sein d'une ville gangrénée par la corruption et les petits arrangements entre politiques et truands.
Cette intrigue à plusieurs tiroirs permet à Gérard Lecas d'aborder une page plutôt sombre de notre histoire récente qu'aujourd'hui encore Algériens et Français n'ont pas vraiment soldé. Exactement ce qu'on attend d'un roman noir !
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Petite et grande histoire se rejoignent.
Gérard Lecas l'auteur n'est pas un néophyte en roman policier, loin s'en faut. Déjà un polar intitulé « L'Ennemi public n°2 » adapté en série télé, puis un roman « Satanique ta mère », des scénarios de la Crim', du Commissaire Cordier, de Central Nuit, sans compter son travail d'ingénieur du son pour le ciné et la télé.
Pour cette dernière parution il s'est plongé dans le monde des pieds-noirs arrivés en masse en France, de la drogue et de sa pègre locale, ainsi que de la résistance des années soixante. Pour ce dernier thème il a matière puisque son père était résistant.
Il plante le décor à Marseille. On est en 1962, donc juste après la signature des accords d'Evian, lorsque des corps de résistants algériens sont retrouvés, jour après jour dans ces belles collines camarguaises, vidés de la totalité de leur sang : le sang est retrouvé dans un jerrican sur les lieux des crimes.
Deux enquêteurs que tout oppose, vont s'atteler à la rude tâche de la résolution de cette énigme. Rien ne leur sera épargné car ils vont devoir se mettre les mains dans le cambouis de macabres et tordues histoires de famille.
Les deux policiers de la PJ de Marseille ont des facettes intéressantes. le jeune, Louis Anthureau, est un communiste militant alors que l'ancien, Jacques Molinari, est un résistant inscrit au SAC, association au service du Général de Gaulle créée en 1960. Antagonisme total et réussi pour ce tandem de type attachant.
Moi qui ne connaissais rien de toute la politique menée lors de cette période disons post-algérienne, ni de la résistance à la guerre d'indépendance de l'Algérie, j'ai été épatée d'apprendre autant de la grande histoire.
Les petites histoires familiales des enquêteurs, de la pègre locale, des vilains petits bourgeois ont été habilement mélangées à la grande histoire.
Jusqu'au bout on est baladé et rebaladé, et c'est tout ce qu'on attend d'un ingénieux et subtil polar.
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J'ai adoré ce roman noir découvert grâce à une liste Babelio sur le thème de la guerre d'Algérie. Soyons honnête ce titre regroupe tout ce que j'attends dans un roman policier : une ambiance brossée avec gouaille et justesse, un contexte historique solidement campé et des personnages complexes; tout en cédant au plaisir de retrouver les codes du genre.

J'y retrouve aussi la ville qui me fascine depuis mon adolescence, Marseille, ce carrefour de la Méditerranée. Marseille, ses calanques et ses ruelles, son pastis, ses nervis corses, ses putes, ses politiciens corrompus, ses flics qui jouent double jeu, ses légionnaires, ses trafics en tous genres.

Autant dire que j'ai bu du petit lait et je n'ai pas lâché le roman de la journée : commencé dans le train de 7h, terminé au lit à 23h30 ! J'ai donc passé une journée bien remplie dans ce Marseille de 1962, entre pieds noirs débarquant au port, harkis déportés dans des camps, réseaux gaullistes du SAC, manoeuvres de l'OAS, communistes défendant le FLN, règlements de comptes entre anciens "amis" résistants. Une journée en compagnie de cet attachant duo contradictoire de flics dont chacun des personnages m'est devenu proche.

Un grand moment de plaisir qui m'aura également permis de découvrir des faits historiques liés à la guerre d'Algérie, et de ressentir l'ambiance électrique de cette époque, la complexité des suites de l'occupation et de la résistance, derrière le vernis des "Trente Glorieuses".
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Un sacré roman que voilà qui flirte avec l'Histoire de France entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Algérie ! Je serais sans doute passée à côté (et ça aurait été vraiment dommage !) si je n'avais lu la chronique de Flore Delain sur son blog « En lisant, en écrivant » (merci à toi !). L'intrigue principale se déroule en 1962 à Marseille. Dans le contexte de la fin de la guerre d'Algérie et des Pieds noirs qui arrivent en nombre en France, à Marseille essentiellement, deux flics viennent d'intégrer "L'Evêché" comme on appelle alors l'Hôtel de police. Ils doivent travailler en binôme alors que tout les oppose. En effet, Louis Anthureau est un jeune flic sortant de l'école, intègre, communiste presque par tradition familiale, ses deux parents, Alexandre et Jeanne, étant des légendes de la résistance et du parti communiste. A l'opposé, Jacques Molinari, la petite quarantaine au passé plus trouble, ancien résistant, barbouze à ses heures et travaillant pour le Service d'Action Civique, le fameux SAC au service du Général de Gaulle. le SAC est issu du service d'ordre du Rassemblement du peuple français (RPF), qui s'était régulièrement opposé au service d'ordre et aux militants communistes dans des affrontements violents, de 1947 à 1955. Fondé pendant la guerre d'Algérie et les troubles qui l'accompagnent en métropole (attentats du FLN puis de l'OAS), le SAC est marqué par cette ambiance originelle de violences *. Avec des passés si contraires, la collaboration entre les deux hommes ne pouvait être qu'explosive. de plus, chacun porte en lui des blessures qui les fragilisent et les rendent susceptibles surtout le jeune Louis Anthureau. Au début du roman, ils sont amenés à enquêter sur l'assassinat d'un homme retrouvé complètement exsangue. Son sang se trouve à côté de lui dans un jerricane. Scène macabre pour le moins. La victime est un Arabe. Ce crime est-il en lien avec la guerre d'Algérie et les atrocités commises par l'OAS (Organisation Armée Secrète, organisation terroriste clandestine française proche de l'extrême droite créée le 11 février 1961 pour la défense de la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle *). Ce premier crime n'est que le début d'une enquête qui va s'avérer longue et compliquée car non seulement elle a des racines dans le conflit algérien avec toute la violence qui s'y rattache, mais aussi avec le milieu marseillais composé de voyous qui s'acoquinent parfois (souvent ?) avec des politiciens véreux. Et pour brouiller encore un peu plus les choses, l'enquête touche aussi aux passés personnels des deux flics… Avec « le sang de nos ennemis » c'est comme avec le double effet Kiss Cool. Non seulement vous lisez un roman policier très efficace à l'intrigue haletante, aux personnages complexes et néanmoins attachants, mais en même temps, vous êtes immergés dans l'Histoire de France et franchement pas dans sa plus glorieuse période. Loin s'en faut. Personnellement je pense que la peur n'évite jamais le danger et jouer à l'autruche ne mène à rien. Je préfère toujours connaître, comprendre et appréhender les faits plutôt que de fermer les yeux ou détourner le regard. Et ce livre remplit à merveille cette tâche tout en divertissant via un excellent polar. J'ai beaucoup aimé et je vous le conseille vivement si vous êtes curieux de notre passé historique quel qu'il soit.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Dans un mois de février où j'ai eu bien du mal à finir un polar, le seul à avoir trouvé grâce à mes yeux est ce roman paru chez Rivages au début du mois.

Plus qu'un simple polar, "Le sang de nos ennemis" est un roman complexe, politique, implanté dans une réalité historique forte. Mais c'est aussi un récit qui repose sur un procédé éculé (mais qui fonctionne !): le duo d'enquêteurs aussi différents qu'attachants.

Une intrigue d'abord avec ces cadavres d'algériens retrouvés vidés de leur sang... Un contexte ensuite, avec un Marseille qui recueille bon gré mal gré les pieds noirs dans un sac de crotales où naviguent le SAC, la mafia locale, les anciens collabos et les cocos.

C'est un moment bien particulier pour mener une telle enquête et la voir confier à deux nouveaux inspecteurs de l'Evêché est étonnant: un jeune, Louis Anthureau, fils de résistants communistes dont le père a été dénoncé et la mère envolée... Et un ancien: Jacques Molinari, ancien résistant, membre du SAC (association au service de De Gaulle).

Le récit repose donc sur cet antagonisme, et l'intrigue est un prétexte pour plonger en immersion dans un contexte brûlant de l'histoire récente de notre pays. On y est, dans les coulisses de la mairie de Marseille où se cotoient les malfrats et les bourgeois, dans les réunions des réseaux secrets où se décide la vie ou la mort des uns et des autres... C'est glaçant.

Une histoire bien équilibrée où la vie des deux protagonistes pèse lourd et où les secrets ne se laissent pas dévoiler facilement. Ce polar historique, à placer à côté du "Marseille 73" de Dominique Manotti, est pour moi la réussite du mois.
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critiques presse (1)
Culturebox
19 juin 2023
Le passé refuse de se décomposer, il habite le présent, toujours entre la veille et le lendemain. Gérard Lecas s’est intéressé à ce qu’on appelait pudiquement les évènements d’Algérie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il était dix-sept heures quand ils parvinrent au camp de Rivesaltes, plus précisément nommé camp Joftre. Au-dessus de l'entrée, une large bannière annonçait : « Bienvenue aux harkis », « Bienvenue, tu parles », commenta Molinari. Un véhicule de gendarmerie mobile était stationné devant un bâtiment dont on devinait par les panneaux affichés sur le mur extérieur qu'il avait quelque chose à voir avec I'administration du camp. Au-delà, le regard se perdait sur des alignements de constructions basses, grises et mormes et plus loin encore, on apercevait des rangées de tentes dressées dans une toile grossière, tandis que tout au fond du décor l'horizon se refermait sur les premiers contreforts des Pyrenées. Le vent qui avait poussé leur véhicule durant toute la fin du trajet venait maintenant buter contre le front des deux flics, un étau puissant et continu, serré sur le crâne. Molinari se se passa la main sur le visage, comme pour en chasser cette sensation.
"Putain, ça doit rendre fou, ce zef."
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« Raconte-moi tout…
- J’ai besoin de te faire confiance, Georges, tu comprends ce que je veux dire ? Je sais ce que tu es devenu, tu t’es mis avec Defferre, tu traites des affaires avec la ville. Je ne te juge pas, et je ne t’oblige pas à te compromettre pour moi… »
Il l’observa quelques instants, le visage fermé, et elle eut le sentiment qu’il réfléchissait intensément, puis un sourire se posa sur ses lèvres tandis qu’il tendait la main pour prendre la sienne.
« En souvenir du bon vieux temps… les meilleures années de ma vie. »
Et des souvenirs communs, ils en avaient, la Résistance, les FTP et après les FFI quand ils s’étaient tous réunis. Avec Alexandre et Jeanne, ça avait commencé en 41, pour organiser le transit de tous ceux qui devaient quitter la France, les aviateurs anglais, les Juifs, les opposants divers… Georges Valladon avait prêté son appartement pour héberger les clandestins… Après, en 42, ils s’étaient mis à distribuer France d’abord, le journal de Tillon.
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Limongi reconnut la silhouette corpulente d’Edmond Pisanu qui pilotait l’engin, debout à l’arrière. Là encore, ils ne perdirent pas un instant en palabres ; Limongi, d’un signe, signifia que tout se déroulait comme prévu. Ils transbordèrent vingt colis, la capacité maxi du hors-bord, qui pointa aussitôt vers la plage. Là-bas, la marchandise serait débarquée, puis le hors-bord reviendrait trois fois pour se livrer à la même opération. Et c’est ainsi que les choses se passèrent, sous le regard attentif de Limongi. Il embarqua au dernier voyage après avoir glissé au capitaine une enveloppe en kraft qu’il avait conservée sous sa chemise, serrée dans sa ceinture. Le chalutier repartit aussitôt. Limongi songea qu’à l’avenir, si des opérations similaires devaient se répéter, il serait peut-être plus prudent d’investir dans leur propre moyen de transport. Il allait soumettre l’idée à monsieur Marcel…
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PORTRAIT A LA SUZANNE



" Marthe Valladon. Quarante-deux ans, un mètre soixante-trois, soixante kilos, brune, cheveux longs frisés. Nom de jeune fille Simonetta, origine Sicile. Une peau mate, lisse comme de l’ivoire. Sensuelle. Patronne de bar. Horaires : vingt-deux heures quatre heures du mat’. Le Richmond, c’était le nom du bar. Elle avait fait l’ouverture, comme d’habitude, établi la liste des boissons à remonter de la cave. Champagne, bières, cognac, whisky. Pastis, évidemment. Surveillé la tenue des filles. Entraîneuses mais pas putes. La pute, ça pourrait être elle, jupe en lamé très échancrée, décolleté en limite de territoire, lèvres rouges. Mais elle n’était pas à vendre. Ou alors très cher. De toute façon, André Valladon, son homme et propriétaire des lieux, avait mis une option à vie. "





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- Ou alors, il y a encore une autre piste, étant donné tout ce qui se passe en ce moment.
- C'est-à-dire ?
- OAS. »
II vit à l'expression d' Azzara qu'il n'avait pas envisagé I'hypothèse.
« IIs ont besoin de fric, poursuivit le policier, là-bas ils sont dans une impasse, ils doivent se réorganiser sur le continent. IIs sont clandestins, ils préparent des attentats contre le Général., il va falloir financer tout ça...
- On m'a dit que tu étais en Algérie l'année dernière, qu'est-ce que tu es allé foutre chez les barbouzes ? »
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