Citations sur Gone, Baby, Gone (98)
Ce n’est pas qu’elle vive enfermée dans son propre monde, c’est plutôt qu’elle ne voit pas vraiment l’intérêt de celui-là.
Lors de mes précédentes liaisons, j'avais pu constater qu'au bout d'un certain temps, on en vient souvent à oublier la beauté de la femme dont on partage la vie. Le cerveau a beau la savoir présente, la capacité émotionnelle de se laisser submerger ou surprendre par elle diminue. Pourtant, il m'arrive encore tous les jours de sentir quelque chose se serrer douloureusement dans ma poitrine quand je regarde Angie, Tant cette vision est pour moi une douce torture.
Pour moi, ce qui nous distingue des animaux, c'est la possibilité de choisir.
Le silence des morts exprime le sentiment d’une finalité ; c’est un silence auquel il faut se résigner. Mais on ne veut pas se résigner à celui d’un enfant disparu, et comme on ne peut pas l’accepter, il vous hurle à la figure.
Le silence des morts dit : Adieu.
Le silence des absents crie : Retrouvez-moi !
C'est le caractère de mon père.
Je le connaissais avant même de savoir que j'en avais hérité. J'avais senti ses effets.
La différence cruciale entre mon père et moi – du moins, je l'espère – a toujours résidé dans le passage à l'acte. Lorsque la colère l'assaillait, il agissait en fonction d'elle, n'importe où, n'importe quand. Elle le gouvernait au même titre que l'alcool, l'orgueil ou la vanité gouvernent certains hommes.
Très tôt, exactement comme l'enfant d'un alcoolique jure qu'il ne boira jamais, je me suis juré de rester vigilant face à la progression de la bille rouge, du sang glacé, de la tendance aux chuchotements monocordes. Pour moi, ce qui nous distingue des animaux, c'est la possibilité de choisir. Une bête est incapable de maîtriser ses appétits. Contrairement à l'homme. Mon père, en certains moments effroyables, était un animal. Je m'y refuse.
Lorsqu'un enfant disparaît, l'espace qu'il occupait auparavant
est aussitôt investi par des dizaines de personnes.
Celles-ci (...) créent une atmosphère d'énergie et de bruit
dominée par l'impression d'une grande intensité collective,
d'une farouche détermination commune à remplir une tâche.
Or, au milieu de tout ce vacarme,
rien n'est plus sonore que le silence de l'enfant disparu.
Ce silence-là, haut de soixante-dix à quatre-vingt-dix centimètres,
on le perçoit à hauteur de hanche,
on l'entend s'élever des lattes du plancher,
de tous les coins et recoins,
du visage inexpressif d'une poupée abandonnée sur le sol près du lit.
Il est différent de celui qui règne lors des enterrements
et des veillées funéraires.
Le silence des morts exprime le sentiment d'une finalité ;
c'est un silence auquel il faut se résigner.
Mais on ne veut pas se résigner à celui d'un enfant disparu,
et comme on ne peut pas l'accepter,
il vous hurle à la figure.
« Jouer là où vous avez grandi, au milieu des habitants de votre quartier, a un énorme avantage. Je connaissais l’accent, les attitudes et les expressions de la région – des détails importants et très durs à assimiler quand on n’est pas du coin.[...] Le travail des détectives est souvent plutôt banal, avec beaucoup de recherches dans des bases de données. Voilà ce qui rythmait leur vie avant l’affaire Amanda.[...] Cette affaire ne ressemble en rien à celles qu’ils ont connues. Chacune de leurs découvertes est extrêmement émouvante. C’est, pour moi, ce qui rend cette histoire si unique. Les questions centrales qu’elle pose m’ont frappé dès le début : peut-on commettre le mal pour obtenir le bien, et une bonne intention peut-elle s’avérer nuisible ? »
Casey Affleck, acteur et interprète de Patrick Kenzie, natif de Boston comme les protagonistes du roman et l'auteur Dennis Lehane, résume parfaitement l'enjeu du livre
À ce stade, personne n’avait plus de nouvelles d’Amanda McCready depuis au moins soixante heures, voire soixante-dix, et je n’avais aucune envie de la découvrir abandonnée au fond d’une benne à ordures, les cheveux collés par le sang. Ni de tomber sur elle dans six mois, hagarde, transformée en zombie par une espèce de monstre armé d’une caméra vidéo et d’un fichier contenant des adresses de pédophiles. Je n’avais aucune envie de sonder les yeux d’une fillette de quatre ans pour m’apercevoir que tout ce qu’il y avait eu un jour de pur en elle était définitivement anéanti.
Je ne voulais pas me lancer sur la piste d’Amanda McCready. Je voulais que quelqu’un d’autre s’en charge.
Tôt ou tard, les motivations sont reléguées dans l'ombre par la lumière des actes qu'elles engendrent.
Dieu n'a pas son pareil pour se fermer comme une huître.