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4,38

sur 13611 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
2 novembre 1918 : le front est calme. Soldats français et allemands attendent l'armistice. Tous ces poilus ont vu mourir et partir estropiés tant de leurs camarades! "Ceux qui pensaient que la guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps" C'est le moment que choisit un lieutenant bravache, le lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle que la guerre n'a pas encore promu capitaine, pour lancer un dernier assaut afin de conquérir quelques mètres de la côte 113. "L'idée de la fin de la guerre, le lieutenant, ça le tuait".

Dans cette attaque, le soldat Albert Maillard, enterré vivant par un obus est sauvé de la mort par le soldat Edouard Pericourt, qui arrive à l'extraire. Malheureusement ce dernier est blessé grièvement au visage. A partir de cet instant, Albert va veiller Edouard, gueule cassée à l'hôpital et dans la vie. Les deux hommes vont devenir inséparables.

La guerre finie, ils retournent à la civilisation civile, une vie qui ne les accueille pas. Ils retrouvent la pénurie alimentaire et les restrictions, la crise, le chômage, les employeurs qui ne réembauchent pas, les regards qu'on détourne pour ne pas voir ces gueules cassées, etc.

Un livre remarquable dans la description de cette société, gangrénée par ces arrivistes, ces profiteurs de guerre, souvent anciens militaires, jamais inquiétés par leurs erreurs d'officiers au front, généraux, officiers siégeant dans les commissions d'appels d'offres, s'alliant avec les politiques. Tous vont tenter d'accroitre leurs fortunes, avec des magouilles sordides, notamment dans la construction de ces immenses cimetières militaires. Heureusement certains seront rattrapé par les affaires et ruinés.

Même nos deux poilus, revenus à la vie civile, vont, pour se sortir de cette misère, mettre au point leur arnaque pour faire fortune rapidement sur le dos des familles des défunts et des mairies. Ces deux héros qu'on n'arrive malgré tout pas à mépriser, sans doute parce que c'est cette société qui est responsable, cette société qui n'a pas su accueillir ceux qui ont souffert pour la défendre, ceux qui ont survécu à cette boucherie en étant amputés, estropiés, défigurés. Cette société qui a glorifié les morts, dans des monuments, souvent risibles de médiocrité, et qui a oublié les survivants.

Un passé peu glorieux, un passé qui malheureusement reste d'actualité lors de chaque conflit, de chaque catastrophe, qui voit naître ses profiteurs du malheur des autres

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Deux destins chamboulés par « la grande guerre »
vont être unis dans la douleur au cours de ce qu'on appellerait de nos jours leur réinsertion… de cette union contre nature va donner lieu à une vengeance hors normes, à la fois cynique, délirante de pleine de fantaisie. Et comme il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas, une suite de hasards va faire que l'un des héros va pénétrer l'univers de l'autre, pour le plus grand plaisir des lecteurs.

L'auteur délaisse ici les thrillers, pour ce roman que l'on peut qualifier d'historique, tant il est documenté et nous plonge dans la France des années 1918 à 1920, avec les douleurs et les deuils, malmenés par quelques financiers qui ont vu là le moyens de se faire encore plus d'argent. Heureusement qu'il nous rassure en citant ses sources : tout n'est pas vrai ! Ouf pour nous et merci pour la claque ! le prix Goncourt était largement mérité. Ce roman est pour moi le coup de coeur de mes lectures de l'été, certes pas polar mais tout aussi palpitant que la trilogie Verhoeven par son suspens inattendu.

Il semble qu'Albert Dupontel soit en train de préparer une
adaptation cinématographique en collaboration étroite avec Pierre Lemaître… les paris sont ouverts pour le casting … Sortie annoncée pour 2016. Gros projet,
gros budget … grosse attente !
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Après 400 et quelques critiques...que dire ? 1ere guerre mondiale qui se termine. Un chaos administratif monstre pour le rapatriement des poilus. Deux soldats, un aristo et un petit comptable, après s'être mutuellement sauvé la vie, formeront un couple improbable. Pas un couple amoureux s'entend, un couple de rescapés. Edouard, le grand bourgeois, défiguré à jamais avec ce trou au milieu de la figure, sera à la charge d'Albert qui ne parvient pas (plus? ) à trouver sa place et une place dans cette société d'après-guerre, d'après cette Grande Guerre. Les magouilles de toutes sortes, les collusions, les corruptions, les cupidités, se mettront en oeuvre pour la gloire de nos soldats, au nom du patriotisme. Nos deux comparses mettront aussi au point une escroquerie à la grandeur du pays, de ce pays qui veut honorer ses morts. J'ai adoré le ton de Pierre lemaître. Je n'oserais parler d'humour. Peut-être de dérision, d'ironie, de raillerie et aussi de tristesse. Un terrible constat en tout cas. Surtout que certains faits racontés se sont avérés. Un pan d'histoire peu relaté, il est vrai que ce n'est pas très noble. Un portrait sans grande concession d'une certaine forme d'ingratitude de l'État envers ses héros de guerre. La description d'une société peu reluisante mais une lecture oh combien instructive, enrichissante et des plus plaisantes ! Vraiment, il ne faut pas passer à côté de ce Goncourt.
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Quelques jours avant la fin de la guerre 14/18. le lieutenant Aulnay-Pradelle envoit ses hommes à la mort pour gagner quelques galons…Albert, qui a quelques soupçons, va manquer d'être enterré vivant et Edouard qui se porte à son secours va avoir le visage arraché par un éclat d'obus.
Après la guerre. Nos deux héros soudés par l'épreuve survivent péniblement pendant que le capitaine Pradelle fait un mariage avantageux. Les premiers décident alors de se lancer dans une arnaque aux monuments aux morts pendant que le deuxième, qui a conclu un marché avec l'Etat pour l'enterrement des soldats morts au combat, calcule quel bénéfice il peut se faire par tombe en rognant sur le prix des cercueils et le coût de la main d'oeuvre …
Tout cela est raconté avec un humour très noir servi par un remarquable talent. L'atmosphère de l'après-guerre y est très bien décrit, le difficile retour à la vie civile des survivants, le désarroi des familles, le drame des gueules cassées, les souffrances des grands blessés soignés avec les moyens de l'époque, les champs de bataille jonchés de cadavres enterrés à la va-vite, les profiteurs de tous poils. Et un impératif : enterrer les morts, ériger des monuments à leur mémoire et transformer cette guerre en souvenir.
Un très bon roman qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Et nous fait beaucoup sourire, voir rire, malgré la noirceur du sujet. Un livre qui donne envie de découvrir l'oeuvre de Pierre Lemaitre sans tarder.
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Bien bien… que penser du dernier Lauréat du Goncourt ? Peut-on affirmer que Pierre Lemaitre a parfaitement réussi sa reconversion vers la littérature blanche, lui qui m'a fait frissonner d'angoisse avec son roman noir, Alex ? Verdict : sans partager l'enthousiasme débordant d'un grand nombre de lecteurs (non Au revoir là haut ne figure pas en tête de mes coups de coeur 2013), je ne peux pas nier que j'ai quand même beaucoup apprécié ce roman.
Dénoncer l'absurdité de la première guerre mondiale et ses horreurs (et de toutes les guerres en général) a déjà été traité moult fois dans la littérature. Et pour ça je salue le talent et l'audace de Pierre Lemaitre qui a comme survolé cet axe pour ne se concentrer que sur l'après, les lendemains désenchantés de ce conflit qui a raflé tant de vies, brisé tant de foyers. L'histoire est culottée : Albert et Edouard sont deux compères des derniers jours des tranchés, l'un ayant sauvé la vie de l'autre en y laissant une partie de son visage : Edouard devient ce qu'on appellera une gueule cassée. Devenus compagnons d'infortune - mélange détonnant de culpabilité, de dépendance financière et affective - Albert, l'employé de bureau craintif et Edouard, le grand bourgeois fantasque devenu morphinomane, montent une arnaque censée leur rapporter des millions sur les décombres encore fumants de la Grande guerre.
Pierre Lemaitre a relevé un défi de taille : décrire sans aucun scrupule cette France de l'après-guerre sur laquelle certains se sont tant engraissés et profité : hommes d'affaires, politiciens véreux…Toute trace d'une victoire « glorieuse » s'efface pour laisser place à l'absurdité, à la bêtise et l'opportunisme ; il fallait oser. A travers l'itinéraire chaotique de ces deux rescapés de la guerre, profondément attachants à leur manière, Pierre Lemaitre désacralise, bouscule, surprend tout à la fois et nous emporte dans un tourbillon littéraire, un style épique, certes un peu longuet et maladroit parfois (mais bon on lui pardonne car sa prose enlevée nous maintient sur le qui-vive). Alors, allons-y gaiement, c'est à lire !
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Pierre Lemaître délaisse le roman policier pour un roman historique noir qui se déroule à la fin de la première guerre mondiale. Nous suivons Albert et Edouard, deux soldats rescapés que tout oppose mais dont le destin est désormais lié. L'écriture ironique fait mouche et la lecture de ce pavé est un vrai plaisir. A noter une très bonne adaptation d'Albert Dupontel (2017) avec Nahuel Pérez Biscayart et Laurent Lafitte.
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Tout commence dans les tranchés, c'est la Grande Guerre, une dernière bataille inutile. Deux hommes voient leurs destins profondément bouleversés à quelques jours de l'armistice. Suivra un difficile retour à la vie civile d'autant plus que l'un d'eux a été horriblement mutilé au visage. Je m'attendais à une grande histoire de vengeance mais non, pas du tout ! On parle ici des traumatismes de la guerre et de l'accueil réservés aux poilus après le conflit. Au revoir là-haut ce sont des personnages puissants, une plongée dans la France de 1918 et une dimension sociale qui ajoute encore à l'intérêt de ce roman bouleversant que je n'ai pas lâché jusqu'à la dernière page. Une incontestable réussite couronnée par le Goncourt 2013.
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Ce récit est divisé en trois parties. La première se déroule pendant la guerre 14-18 puis à la fin de celle ci. On y découvre des détails de l'histoire aujourd'hui oubliés. Pierre LEMAITRE y mêle le destin de deux hommes, rescapés et anéantis par ce conflit. Leur survie et l'histoire des différents acteurs de cette histoire nous mènent ensuite vers un fait divers particulièrement astucieux.
L'auteur décrit des personnages attachants ou vils, mercantis ou généreux dans cette France meurtrie.
J'ai nettement préféré la première moitié du livre, un peu déçu par la fin, mais le style est là.
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Prix Goncourt 2013

Lors d'une lecture d'extraits de livres à voix haute aux Sables d'Olonne, sur la monstruosité du corps, vue par les autres ou par soi, j'ai découvert un extrait de ce roman qui m'a profondément marqué par la précision de l'écriture, du choix des mots, sa concision dans les descriptions.

Je me suis empressée de le trouver (et là il y a un sentiment d'urgence) afin de le lire et surtout avant la sortie cette semaine de sa version cinématographique réalisée par Albert Dupontel et dont je vous parlerai la semaine prochaine car je veux découvrir son adaptation maintenant que je l'ai lu....

Et bien oui, ce roman m'appelait, m'invitait à un voyage dans le temps, les années 1918/1920, la fin de la première guerre mondiale et l'après guerre.

Il était longtemps resté interdit, tendu dans une attitude de résistance aveugle, comme d'autres soldats, à ce qu'on disait, demeuraient figés dans la position dans laquelle on les avait retrouvés, pliés, recroquevillés, tordus, c'est fou ce que cette guerre avait pu inventer (p214)
L'histoire : Albert  Maillard, homme simple et bon, à 9 jours de l'armistice, se trouve être témoin d'un acte ignoble dans les tranchées, de la part d'un officier français, Henri d'Aulnay-Pradelle. Il ne devra la vie qu'à Edouard Péricourt, jeune homme artiste, qui sera défiguré lors de ce sauvetage.

La vie d'Edouard s'effondrait parce qu'elle n'avait même plus la haine pour se soutenir (p217)
Les trois destins se trouvent désormais liés bien au-delà de la guerre. 

Je n'en dirai pas plus sur l'histoire sinon qu'il y est question d'escroquerie, d'argent, de magouilles, d'ambition, d'amour, de deuil, de chagrin, d'argent, d'intérêts enfin tout ce qui fait, malheureusement notre monde. 

Le dénuement est pire encore que la misère parce qu'il y a moyen de rester grand dans la ruine, mais le manque vous conduit à la petitesse, à la mesquinerie, vous devenez bas, pingre ; il vous avilit parce que, face à lui, vous ne pouvez pas demeurer intact, garder votre fierté, votre dignité.
Les événements s'enchaînent très vite, on ne lâche pas ce pavé de 560 pages et l'on en redemande car on est pris dans un tourbillon. Tous les personnages sont  importants, rien n'ai laissé au hasard et y a-t-il un hasard ? Ils sont bien décrits, situés : ils sont devant nos yeux, entre les lignes, entre les phrases. A la différence d'Edouard, gueule cassée  immonde comme il y en eut tant, mais à l'intelligence vive et fougueuse, les protagonistes ont un visage, un passé, une conscience et un devenir jamais rien n'est figé ni ne dure.

Il est question de la première guerre mondiale, une des plus meurtrières, de ses enjeux avant, pendant et après pour certains hommes, qui tirent toujours profit de tout, des différences de classe mais aussi d'entraide, de solidarité, de secrets de famille. Mais aussi l'absence après un deuil, une perte, les regrets de ne pas avoir su voir, dire, se contenter de juger..... Tout cela était-il le plus important ? S'apercevoir du manque de l'autre alors qu'on l'avait renié, écarté, ignoré. 

Et puis cette guerre, sanglante et dont les enjeux vont bien au-delà des batailles. Il y a l'après-guerre et ce que l'on pourra encore exploiter, en tirer comme bénéfices quitte à exploiter la mort et la tristesse des familles.

C'est très bien écrit, construit, plausible. Tout s'imbrique parfaitement. C'est une histoire de la démesure, comme la guerre peut l'être, des excès, des bassesses, et du pouvoir.

La femme y est ramenée à un rôle subalterne car la guerre est une affaire d'hommes dit-on, mais ce sont les femmes qui ont parfois à faire certaines besognes. Mais Madeleine, cette femme qui s'est construite et forgée auprès d'hommes de pouvoir et qui observé, appris à leur contact, rétablit l'équilibre avec brio.

C'est riche de rebondissements, d'action mais aussi de sentiments, d'amour, de tendresse, d'épouvante.

Comment survivre quand on a plus de visage, d'identité, quand la douleur est physique et mentale ? N'y a-t-il pas une revanche à prendre ?

Louise, une enfant, à la personnalité à la fois forte et douce, ne pose pas de jugement face à ce monstre et soutiendra l'homme meurtri dans sa folie.

Vous l'avez compris, j'ai adoré ce roman : je n'en avais jamais entendu parler auparavant (il y a des romans qui parfois sont placés sur votre chemin, vous l'ouvrez et c'est un véritable voyage), je ne connaissais pas l'auteur (mais je ne suis pas une fan de polars et apparemment les siens sont particulièrement durs).

Pour celui-ci voyage dans l'histoire mais aussi chez les hommes, leurs espoirs, leurs survies, leurs ambitions et comme souvent comme pour les guerres on finit par comprendre, trop tard parfois, que tout cela n'a servi à rien.
http://mumudanslebocage.wordpress.com
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Aucu ! Aucu ! Aucune hésitation !

Et oui ! Décidez-vous ! Il reste précisément un mois et demi si vous voulez lire Au Revoir Là-Haut avant que son adaptation par Albert Dupontel n'envahisse les écrans le 25 octobre 2017.

Le livre de Pierre Lemaitre était pressenti pour plusieurs prix littéraires. Il a obtenu le Goncourt 2013. Il se déroule à la fin de la première guerre mondiale autour de deux escroqueries : un recueil de fonds pour construire des monuments aux morts ; un trafic de cercueils pour les poilus tombés au combat.

Au revoir là-haut, c'est un style narratif décalé et efficace, une galerie de personnages savoureuse, une histoire à l'intérêt certain. Les six-cents pages sont très vite avalées.

Sur 709 lecteurs, 571 lui attribuent à ce jour au moins 4 étoiles sur l'échelle Babelio.

Alors n'hésitez plus : il l'a pas volé, son Goncourt, Lemaitre !
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