Au revoir là-haut

Ils ont tenu ...Dans quelques jours, chacun retournera chez soi, tentant d'oublier ces mois passés à survivre sous les Schrapnels, dans la boue, hanté par des visions d'horreur.... surtout pas d'héroïsme...
Mais ce n'est pas du tout ce que pense Henri Pradelle, jeune officier ambitieux ; il entraîne avec lui ses hommes, dont Édouard et Albert, dans une attaque inutile mais devant lui permettre d'initier son ascension sociale.
Pierre Lemaitre nous invite à suivre les trajectoires de ces 3 soldats depuis un trou d'obus jusqu'à l'été 1920 ; l'union sacrée, qui unifiait la France derrière son Armée, se fend. le pays veut bien de ses soldats héros, mais à condition qu'ils ne fassent pas de bruit, ne revendiquent rien ... A la limite, on les préfère morts. D'ailleurs, on va construire des monuments aux soldats morts, plutôt avec l'argent des familles...
Solder le passé, vite... Cela crée des opportunités pour des ambitieux sans trop de scrupules, comme Henri, mais cela fragilise encore plus Édouard et Albert...
Mais les caves se rebiffent. Délaissés, ils veulent leur place au soleil, au début de ces années folles, où l'argent, rapidement gagnée, apparaît facile aux audacieux.
Et tout va se compliquer pour Henri....
Pierre LEMAITRE écrit ici son premier roman, "normal", tout en reniant pas son savoir faire acquis lors de l'écriture de ses romans policiers plus anciens ; l'intrigue est solide, le rythme soutenu.
Ce roman est une réussite, notamment grâce au premier chapitre, de 50 pages ; il met le lecteur au plus près des combattants, simples jouets au service d'ambitions personnelles et simples victimes collatérales d'une guerre mécanisée, d'acier. L'auteur avoue s'être documenté longuement, et ce travail nous permet de vivre au plus près cette époque ; les problèmes logistiques compliqués par les logiques bureaucratiques sont décrits avec précision, l'absence totale de traitement post-traumatique, la réinsertion difficile des anciens combattants (malgré le poids évoqué de ces derniers dans la politique de l'entre 2 guerres), l'abîme entre les combattants et l'arrière sont évoquées et constituent la toile de fond de ce roman.

Les personnages se révèlent avec peu de nuances psychologiques. Hormis pour le père d'un des héros, qui montrera de l'intérêt pour ce dernier un peu tardivement.

Silence ...
de mortS,
VIOLENTES,
ATROCES,
étouffées.

Corps
démembrés,
disloqués,
dispersés,
TOUS POURRIS

Saloperie
finie ????
La guerre
Naguère,
APRES ....et ...
Aujourd'hui !

Albert et Edouard reviennent de la première guerre mondiale avec des souvenirs douloureux et des expériences traumatisantes : tandis qu'Albert a failli mourir enterré vivant dans un trou d'obus, Edouard a quant à lui perdu sa mâchoire inférieure en lui venant en aide. Lorsque la guerre s'arrête, le premier met sa vie entre parenthèses pour s'occuper du second : lui trouver de la morphine, lui administrer sa dose chaque jour et faire en sorte que sa famille ne le retrouve pas l'accaparent tout entier. Henri d'Aulney-Pradelle est quant à lui un lieutenant qui a profité de la guerre pour faire fortune et assouvir son ambition : « Il en était certain, cette guerre n'était pas destinée à le tuer, mais à lui offrir des opportunités » : voilà comment il voit la guerre de 14-18. Dirigeant de l'affront qui a failli tuer Albert, il voue une haine assez féroce à ce dernier et à Edouard.

Lorsqu'ils reviennent tous trois à Paris après l'armistice, on découvre avec eux ce qu'est devenue la France de l'après-guerre : un défilé de gueules cassées, de trafic de tombes et d'enterrements sauvages, un terrain de chasse pour les opportunistes. Alors qu'Albert et Edouard se démènent tant qu'ils peuvent de leur côté pour survivre, Pradelle mène de son côté sa petite ascension - si son chemin a pris une direction toute différente de celui des deux anciens soldats, on comprend petit à petit que leurs trois destins continuent d'être en fait étroitement liés.

Pierre Lemaitre nous raconte avec Au revoir là-haut une histoire étonnante dans un style que j'ai trouvé tout à fait inédit. Avec un humour décapant, cynique sans être amer, il nous décrit la réalité de la période d'après-guerre, les problématiques morales, humaines, matérielles et financières avec lesquelles doivent composer les gueules-cassés et anciens militaires, la mentalité de chacune des parties. Outre de nous procurer un bon moment de divertissement et de plaisir -ce qui est quand même selon moi un élément essentiel pendant la lecture-, Pierre Lemaitre parvient à nous interroger sur des sujets passionnants : l'enterrement des corps après la guerre, l'administration et la gestion des cimetières, les thèmes de la mémoire nationale, de la commémoration, du devoir et du sens patriotique. Autant d'éléments que j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'étudier en cours et qui prennent ici une dimension beaucoup plus forte. Plus chargé d'émotion, ça en devient aussitôt beaucoup plus percutant.

Et pourtant, le style de Pierre Lemaitre contrebalance parfaitement le sérieux du sujet. de petites touches d'humour sont semées ici et là, elles s'insinuent dans la personnalité ridicule et grotesque des personnages, dans l'absurdité d'une situation. Omniscient, le lecteur voit toute l'histoire se dérouler devant ses yeux et les éléments s'assembler ensemble sans que les personnages n'en soient conscients. Mais si on jubile d'être dans la position de celui qui sait, on ne saisit aussi que plus le côté tragique d'un événement.

Au revoir là-haut s'impose ainsi, par son style et la façon dont il aborde la période d'après-guerre, comme un roman très surprenant et absolument génial à lire. C'est donc un excellent roman que je vous recommande sans hésiter, et quelque soit la période. Ne vous fiez pas à ses 600 pages, il se dévore à une vitesse incroyable !
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..

Eh bé, j'm'attendais pas à ça !!!

J'attendais du poignant, j'ai trouvé du burlesque. J'attendais la guerre, j'ai trouvé l'après-guerre. J'attendais des héros, j'ai trouvé des losers !!! Mais je n'ai pas été déçue (même si je pense que ce roman ne mérite pas les critiques dithyrambiques dont il fait l'objet), j'ai passé un bon moment de lecture.
Si le style n'a rien d'extraordinaire, il est fluide et agréable. Les destins se croisent et s'entremêlent comme dans un bon polar. Une dizaine de pages avant la fin, je ne voyais toujours pas comment l'auteur allait se sortir de ce bourbier, et je dois admettre qu'il ne s'en est pas trop mal tiré, même si j'aurais aimé une fin un peu moins morale. Je l'aimais bien moi, l'horrible Pradelle, peut-être même plus que je gentil Albert ! Je suis sûre qu'en grattant un peu (bon OK, il aurait peut-être fallut aller jusqu'à l'écorcher vif) on aurait pu lui trouver de bons côtés ! Je trouve dommage de traiter en noir et blanc un sujet se prêtant si bien aux nuances de gris. Mais comme chacun sait (ou pas) je n'aime pas tellement le manichéisme !

Pour résumer, je dirais qu'« Au revoir là-haut » est un livre qui, s'il mérite d'être lu, ne marquera pas l'histoire de la littérature. Mais à la réflexion, n'est-ce pas le cas de bon nombre de prix Goncourt ?

Remarquable ! Un livre qui me réconcilie avec les Prix.
J'ai eu l'impression de ne pas respirer pendant les 50 premières pages, tellement j'étais ensevelie dans l'histoire.
Une écriture efficace, en parfaite adéquation avec les événements . Une sacrée galerie de portraits, tous uniques, des caractère très étudiés, un ton caustique ... Bref un livre qu'on ne lâche pas avant la dernière page, même si la fin se devine.
Violence, noirceur, arnaques mais hommage à nos soldats. Il fallait oser, bravo monsieur Lemaitre.

Une écriture précise, fluide, agréable sert cette histoire d'une grande originalité. Les personnages sont ciselés à tel point qu'on ressent pour eux attachement, empathie, admiration ou dégoût. Un très beau roman sur l'après Première guerre mondiale et les gueules cassées.

C'est indéniable, Pierre Lemaitre, que je découvre avec ce roman, a un véritable talent de conteur, capable de mettre en scène une histoire avec le dosage parfait pour prendre dans ses filets le lecteur : un peu d'action et de péripéties par ci, un peu d'analyse psychologique, souvent caustique, de ses personnages, par là, le tout saupoudré d'un véritable souci de réalisme pour raconter l'après 14-18, dans toute sa noirceur et son cynisme, à travers le quotidien de deux anciens soldats, Albert et Edouard, et de tous ceux qui gravitent plus ou moins directement autour d'eux. Rythmé, vivant, ponctué d'accents romanesques du XIXème comme je les aime, Au revoir là-haut a été un moment plus que plaisant de lecture.

Malgré tout, je n'ai pas été entièrement charmée : il m'a en effet manqué un petit je ne sais quoi dans ce mélange pour que ce soit un complet enchantement ; comme si une sensation d'inachevé s'était insinuée à la fin de ma lecture…

Ce léger bémol mis à part, je lirai donc bien volontiers Couleurs de l'incendie sous peu – enfin, tellement sous peu que je l'ai déjà lu, mais j'ai pris un tel retard dans la rédaction de mes avis de lecture que cela fait un moment que ce premier volet a été dévoré. C'est donc mon avis sur le deuxième volet qui arrivera sous peu finalement !
Lien : https://lartetletreblog.com/..

Habituellement, je ne suis fan des romans historiques. Je me suis laissée tentée par celui-ci car j'aime beaucoup Pierre Lemaitre et je savais que je ne serais pas déçue.
Son style fait que ses livres se lisent toujours très vite.
Ici, nous sommes parfaitement immergés dans les années 20, ce qui m'a permis de découvrir cette époque que je connais peu.
Les personnages sont très bien travaillés, attachants et émouvants. Les décors et les scènes sont parfaitement détaillés et j'ai vraiment eu l'impression de regarder un film tout au long de ma lecture. D'ailleurs, pour la 1ère fois, le livre m'a donné envie de voir le film !
Sur les plus de 600 pages, il y a quelques longueurs il faut bien l'avouer mais cela n'entache en rien la qualité du roman.
Le tome 2 est déjà dans ma PAL. Je vous en parlerai certainement bientôt.
Il se murmure également qu'un tome 3 est en préparation ... Affaire à suivre ...

Avant de rédiger mes 3 mots sur ma dernière lecture, j'ai toujours plaisir à lire les critiques de ceux qui n'ont pas aimé du tout. Serais-je passé à côté de quelque chose ? Aurais-je zappé sans le savoir ?
Pour ce "Au revoir là-haut" ils sont peu nombreux et n'ont guère d'arguments. Ils n'ont pas accroché... et cela m'étonne tant le récit est bien construit: le déroulé s'enchaîne, la montée en puissance des 2 impostures nous entraîne, je retiens mon souffle pour faire durer mon plaisir encore quelques pages !
Et c'est là que ma réflexion m'emmène car moi aussi il m'est arrivé de faire partie de ces "déçus" cherchant avidement ce qui avait pu séduire tant d'autres ?
J'en arrive à croire qu'il existe un moment, une humeur, un seuil comme pour les humains avec l'importance des 3 premières secondes puis des 3 premières minutes qui vont conditionner une rencontre, une bonne ou mauvaise impression, un coup de foudre...

J'ai d'abord vu le film puis j'ai lu le livre.
J'ai largement préféré le livre car on ressent les émotions des deux anciens soldats.
De plus, dans le livre l'histoire des cimetières militaires qui est d'ailleurs inspirée de faits réels est beaucoup plus réaliste que dans le film
On suit un duo de poilus après la guerre dont l'un fantasque a la gueule cassée et l'autre est un grand angoissé ont un projet pour se venger de l'état et de la guerre.