Non, non pas
au revoir là-haut, ou ailleurs, mais à bientôt
Pierre Lemaître ! à votre prochain bouquin, à notre prochaine jubilation en lisant vos sublimes élucubrations.
En prenant comme point de départ les charniers de la der des der, orchestrés par des officiers imbéciles et irresponsables, ou pire comme ici, où l'officier Pradelle s'avère une ordure de choix, en continuant sur l'après-guerre et ses excès - ah oui, que c'est bon la guerre, et que les suites en sont juteuses ! -
Pierre Lemaître concocte pour la joie de ses lecteurs, que dis-je, joie, non, délectation, un ouvrage absolument remarquable, sinistre comme la guerre et les profiteurs de guerre, désespéré comme ceux qui y ont laissé leur jeunesse et leurs rêves et en même temps drôle et déjanté !
Comment concilier tout cela me direz-vous ? Et bien, lisez et vous saurez.
Vous avez un Albert Maillard, plutôt naïf, voire benêt, et un Edouard Péricourt brillant et anéanti, prêt à se lancer dans la plus ahurissante mystification, pour se sentir exister à nouveau, tirer fastueusement sa révérence et exorciser les atrocités qu'il a subies.... Ces deux là n'ont rien en commun, sinon un vécu épouvantable qui, à la toute fin de la guerre, a définitivement chamboulé leur futur, à la suite de quoi Albert se sent indissolublement lié à son camarade.
Vous avez un Henri d'Aulnay Pradelle, parfait en être abject, dénué de tout sens moral, prêt à accomplir n'importe quelle saloperie pour asseoir sa fortune et reconstruire son château. le pire, dans cela, c'est que l'auteur lui attribue la paternité d'une affaire réelle, "déterrée" pour les besoins de l'intrigue, ayant fait scandale au début des années vingt !
Vous avez une galerie de personnages, campés en quelques traits stupéfiants de vérité, croqués en quelques lignes avec une maestria, à laquelle nul doute,
La Bruyère aurait applaudi !
Enfin, vous avez un
Pierre Lemaître magistral pour lier tous ces ingrédients avec l'art de bien raconter une bonne histoire et celui d'évoquer les absurdités criminelles de la guerre de 14-18 (l'attaque de la cote 113 étant un parfait exemple de ces turpitudes) ainsi que l'abandon scélérat des malheureux pioupious rescapés, revenus paumés des tranchées et rejetés de la vie civile à laquelle ils ont du mal à se réadapter.
A lire, de toute urgence.