Les mots sont des pierres : Voyages en Sicile

Carlo Levi a rassemblé ici les récits écrits en 1951 et 1952 de plusieurs voyages en Sicile.
Nous assistons au retour du maire de New-york, Monsieur Impellitteri, dans son village natal, Isnello, dont il est parti il y a cinquante ans à l'âge de un an. Cet évènement de deux jours est l'occasion de festivités dans lesquelles se déploient toute l'imagination et la tradition siciliennes.
Carlo Lévi évoque avec poésie les paysages du bord de l'Etna. Sa langue est picturale, il s'attache particulièrement à restituer les couleurs de la terre et celles de la lave pétrifiée dispensatrice de richesses. Nous l'accompagnons dans la célèbre la Crypte des capucins à la tombée de la nuit, dans le charmant village d'Açi Trezza où Luchino Visconti tourna «La terre tremble». Il nous introduit dans la mine de souffre de Lercara qui connaît sa première grève ouvrière à la suite de la mort horrible d'un mineur de 17 ans : nous faisons à cette occasion connaissance de Monsieur N (comme Néron), patron de la mine, personnage immonde protégé par ses sbires. Enfin nous est narrée par la voix de la mère, personnage formidable «dont les mots sont des pierres» la lutte socialiste et la mort de son fils unique pour la cause paysanne contre les latifundiaires. Carlo Levi n'oublie pas de nous enseigner les origines et le rôle d'un des fléaux du pays : la mafia, née du vide laissé par la classe moyenne inexistante, et dont le rôle est de permettre aux puissants, politiques, seigneurs, industriels, de prélever sur le peuple les diverses impositions ; quitte, par un mouvement de balancier, à prêter main forte ponctuellement à quelques révoltes populaires pour faire monter ses prix auprès des dominants.
Ce récit poétique est une mine pour comprendre le mezzogiorno. Il est complété dans la même collection NOUS par «Tout le miel est fini : voyages en Sardaigne».