AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782080601469
Flammarion (07/01/1999)
3.82/5   59 notes
Résumé :
La guerre contraint Cesira, la belle et robuste paysanne émigrée à Rome et veuve d’un commerçant de la capitale à chercher un abri sûr pour elle et pour sa fille dans ses montagnes natales, entre Rome et Naples. Avec les paysans de l’endroit et un petit groupe de réfugiés, elle passe neuf mois à attendre que la guerre se termine, entre l’automne 1943 et le printemps 1944. Ils seront suffisants pour qu’au travers des souffrances, des privations et des misères de la v... >Voir plus
Que lire après La CiociaraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Césira est la Ciociara, nom donné aux paysannes habitant les montagnes non loin de Rome. Suite à son mariage, elle a emménagé à Rome. A la mort de son mari, elle tient seule leur petit commerce d'alimentation et ne ressent pas les premières années de la guerre. Les choses changent après l'arrestation de Mussolini et les progrès des alliés. Césira décide de partir à la campagne avec sa fille Rosetta pour éviter la guerre. Les choses hélas ne se présentent pas comme espérées : son village est déserté, elles trouvent asile auprès de montagnards, pour enfin le drame :le viol de Rosetta par des éléments du Corps expéditionnaire français en Italie.
Alberto Moravia a vécu la guerre dans ces montagnes durant la guerre, et décrit bien les réactions des habitants : l'attente des alliés qui tardent à arriver et le fameux épisode des "Marocchinate" en Italie, peu connu chez nous mais bien tristement célèbre dans ce pays, le Corps français y a commis de nombreux débordements, surtout des viols.
J'ai aimé le personnage de Cesira et son caractère fort, qui ne se laisse jamais décourager, elle trouve toujours la force de réagir, de survivre et d'encourager sa fille à regarder avec confiance l'avenir.
J'ai aimé la description des gens simples durant la guerre, leur évolution politique au fur et à mesure des événements, le roman aborde la guerre, la pauvreté, la violence, les transgressions des règles que le conflit entraîne.
Tout est raconté par la principale protagoniste, nous suivons sans cesse ses réflexions et ses digressions.


Commenter  J’apprécie          411
‘Ciociara' est le nom donné aux paysannes des montagnes non loin de Rome et c'est de là que vient Cesira. Elle s'est mariée avec un épicier romain et se retrouve veuve quelque temps avant que la guerre n'éclate. Après l'arrestation de Mussolini en 1943, en attendant l'arrivée des alliés et le départ des allemands, Cesira décide de quitter son commerce et de se réfugier à la campagne avec sa fille Rosetta âgée de 18 ans. C'est cet exil à la campagne que raconte Cesira, ces mois passés avec des paysans frustres, plus ou moins honnêtes, souvent assez pauvres et aussi âpres au gain, qui profitent de l'aubaine que représente Cesira et ses économies.

Ce sont des mois d'attente, d'ennui, d'inconfort et de peur aussi car les allemands font des rafles de victuailles, d'hommes valides pour les envoyer au front, ou bien alors tuent sans vraiment de raison alors qu'ils se retirent en débâcle et que les bombardements éclatent. Et il y a aussi la faim à mesure que les vivres se raréfient, que les alliés se font attendre et que le chaos règne. Cesira comprend alors que la guerre a effacé les lois, que ce sera chacun pour soi, que la pitié et la commisération ont disparu ou presque, seule la survie prime.

Au retour sur Rome, ce sont deux femmes qu'on pourrait croire brisées, abîmées par les épreuves terribles qu'elles ont traversées, mais bien qu'elles soient désillusionnées, ce sont aussi des femmes plus fortes bien décidées à construire l'avenir sur les ruines qu'elles traversent.

C'est un beau roman sur cette partie de la guerre en Italie, et plus largement sur ses effets pervers sur les civils toujours pris entre deux feux ; ici ce sont d'abord les fascistes qui profitent et règnent en maîtres, ensuite les allemands et enfin les alliés, pas toujours les sauveurs qu'on attendait, car ils ont été aussi les auteurs d'exactions, en particuliers de viols par milliers. Moravia a lui aussi été se réfugier dans ces montagnes près de Fondi, en 1943, pendant près de neuf mois alors qu'il fuyait les fascistes ce qui donne une impression de vécu au récit. le roman se déroule de façon linéaire dans un style assez simple sans fioritures, parce que Moravia a choisi Cesira comme narratrice, et que Cesira est une femme simple, une paysanne analphabète. C'est ainsi qu'il donne d'autant plus de force au récit, grâce à cette femme qui comprend obscurément les tenants et les aboutissants du conflit, mais qui en ressent les effets au plus profond de son être et qui n'aspire qu'à protéger sa fille au mieux, de tous les dangers et des privations engendrées par la guerre. Un bien beau roman.
Commenter  J’apprécie          210
Cesira est née à la campagne. Mais cette ciociara, cette paysanne, marche la tête haute. « J'ai toujours été fière et il m'en faut peu pour que le sang me monte à la tête. » (p. 7) Après son mariage, elle suit son époux à Rome et s'occupe avec lui de leur magasin. Voilà toute sa fierté : son petit commerce, la propreté de sa maison et la beauté de sa fille Rosetta. La belle Cesira devient veuve assez tôt, mais l'amour ne l'intéresse pas : elle se consacre exclusivement à sa fille. Hélas, la Seconde Guerre mondiale fait éclater le quotidien tranquille des deux femmes. Pour se mettre en sécurité, elles quittent Rome pour la campagne, ne sachant pas alors qu'elles vont tout perdre et même ce qui n'a pas de prix. « Nous étions comme ces montres arrêtées depuis longtemps qu'on n'en finit plus de remonter, car le ressort est tout à fait détendu et n'a plus la force de se remettre en mouvement. » (p. 306)

Les malheurs de la ciociara et de sa fille ne m'ont pas vraiment intéressée. C'est très certainement dû au style et à la narration : le récit fait par Cesira semble ininterrompu et se déroule au fil de ses pensées, ce qui en fait parfois un ensemble indigeste. Quant à lire un autre roman au sujet de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci ne me marquera pas bien longtemps.
Commenter  J’apprécie          110
Le roman débute sur un ton ingénu. "Ah! quel beau jour que celui de mes noces lorsque je quittai mon pays pour m'installer à Rome" s'écrie la Ciociara; paysanne du Latium toute vibrante de projets d'avenir. La Ciociara nous livre tout son coeur, nous exprime tous les sentiments qui l'agitent, sans fard et avec sincérité. Sa saine vitalité fleure bon la robuste paysannerie vivant auprès de la terre, sa mère. A Rome, la Ciociara s'établit commerçante et devient mère de Rosetta, tendrement soumise à sa mère. Puis vint les années 40, elles doivent quitter Rome où tout manque. Voici la Ciociara de retour dans le cadre de sa jeunesse paysanne. le récit de cet exode constitue la teneur de l'ouvrage qui abonde en détails vrais, pittoresques, originaux.
Commenter  J’apprécie          50
Livre intéressant, il déroule l'itinéraire d'une femme et de sa fille dans la Ciociara,une région d'Italie, pendant la seconde guerre mondiale.
Elles quittent Rome et se réfugient dans la Ciociara où elles connaissent heurts et malheurs.
En un sens c'est un roman d'apprentissage. Mais c'est un temps de guerre où il n'y a plus de lois…
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il y a en effet deux catégories de gens dans ce bas monde : les niais et les malins et, que je sache, personne n'a envie d'appartenir à la première catégorie. Le tout est de savoir certaines choses et d'avoir l'œil bien ouvert. Les gobe-mouches sont ceux qui croient aux balivernes des journaux, qui paient leurs impôts et qui vont à la guerre, voire même y laissent leur peau. Les malins, eh bien ! les malins...sont tout le contraire, voilà tout. Or, nous vivons dans un temps où le gobe-mouches court à sa perte , mais où le malin s'en tire; où le niais ne peut manquer d'être plus roulé qu'à l'ordinaire et où le malin doit devenir plus malin de jour en jour. Vous connaissez le proverbe : " mieux vaut un âne vivant qu'un professeur mort" et cet autre : "plutôt l'œuf aujourd'hui que la poule demain", et cet autre encore : " c'est d'un homme veule de promettre et de tenir". Moi, je dirai plus encore : dorénavant, il n'y aura plus de place en ce monde que pour les malins, la niaiserie sera un luxe qu'on ne pourra plus se permettre, et il faudra devenir encore plus malin, extrêmement malin, car notre époque est dangereuse : à qui donne un doigt, on prend le bras....
Commenter  J’apprécie          90
Malheureusement, celui qui a volé et tué, fût-ce à cause de la guerre, ne peut espérer redevenir l'homme qu'il était auparavant; de cela, je suis certaine.
Ce serait, pour donner un exemple, comme une femme qui ayant perdu sa virginité, se persuade qu'elle pourra redevenir vierge par on ne sait quel miracle qui ne s'est jamais produit.
Les voleurs et les assassins, même sous l'uniforme et la poitrine couverte de décorations, resteront à jamais des voleurs et des assassins.
Commenter  J’apprécie          121
L'avocat, sans parler, fit un mouvement des épaules qui signifiait: Qui puis-je ?
Le lieutenant nota le geste et saisissant l'occasion : - Non... non, ne vous défiez pas... la chose vous regarde comme elle regarde tous les autres, avocats, ingénieurs, médecins, professeurs, intellectuels... Nous autres, Allemands, nous avons été indignés de constater les différences énormes qui existent entre officiers et soldats italiens... les officiers couverts de galon, avec des tenues de beau tissu, mangent une nourriture spéciale, jouissent d'un traitement spécial, privilégié tandis que vos soldats, mal et grossièrement vêtus, mangent une nourriture de bêtes et sont traités comme du bétail...
Commenter  J’apprécie          50
Je fis allusion au fromage; l'homme alla fouiller sous le chaume du toit et en retira deux petits fromages de brebis, tout jaunes, qu'il nous vendit en disant que c'était tant, si nous voulions. Je sursautai, jamais, même en ce temps de famine, on ne m'avait fait de tels prix. - Mais, dis-moi, c'est de l'or, ton fromage ? -Mieux que de l'or, répondit-il gravement, c'est du fromage... l'or, tu ne le manges pas, tandis que le fromage...
Commenter  J’apprécie          80
1940, 1941, 1942, 1943 furent pour moi, dit-elle, les plus heureuses de mon existence, qu'ils se tuassent autant qu'ils voulaient, il me suffisait pour être heureuse, de posséder ma fille, mon commerce, ma maison.
Commenter  J’apprécie          53

Videos de Alberto Moravia (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alberto Moravia
15 mai 2023 Rencontre avec l'écrivain italien Alberto Moravia (1907-1990), auteur entre autres du roman «Le Mépris». Il est question des notions de curiosité et d'ennui dans sa vie; des débuts de sa carrière d'écrivain romancier; de la place à la morale et les valeurs sur lesquelles il se base pour réaliser son œuvre littéraire; de sa conviction athéiste; de son engagement dans la cause nucléaire dans le monde, etc. Source : Rencontres, 29 janvier 1985 Animatrice : Denise Bombardier
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Romans, contes, nouvelles (653)
autres livres classés : littérature italienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (192) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Mépris

Pour quel film le producteur a-t-il besoin de l'aide du scénariste ?

Tristan et Ysoelt
L'Ôde Hissée
L'Odyssée
Antigone
Dom Juan

10 questions
21 lecteurs ont répondu
Thème : Le Mépris de Alberto MoraviaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..