Il n'est de vraie coercition que celle qui rencontre l'assentiment de celui sur lequel elle s'exerce.
Gouverner ne consiste en rien d'autre qu'à épouser les désirs des hommes pour les faire travailler à son profit tout en leur faisant croire qu'ils contribuent à la satisfaction de leur intérêts égoïstes. Chen Tao, un penseur contemporain de Tchouang tseu a cru pouvoir fonder la machine administrative sur ce principe. La méthode sera reprise par Han Fei. Il en fera l'un des piliers de l'ordre totalitaire.
Une autre fois, un ambitieux qui croyait l'humilier par le spectacle de son équipage gagné au Ts'in se serait attiré cette répartie :
Le roi de Ts'in a l'habitude d'offrir un char au médecin qui lui a crevé un abcès et cinq à celui qui lui a léché les hémorroïdes. Plus c'est bas mieux c'est rétribué ! Que lui as-tu donc sucé pour te pavaner dans un train pareil ?
Le jeu de lieou-po est un jeu combinant hasard et stratégie. Il est entouré d'un halo de violence et de hâblerie où la foudre, les hiboux et les outres tiennent la vedette. Les enjeux semblent en avoir été considérable. L'échiquier est une représentation de l'univers. Quiconque est parvenu à loger ses pions au centre, où se trouve l’Étang céleste, s'assure la maîtrise du monde.
— Où se trouve le Tao ? demanda un jour le Maître du Mur de l’Est à Tchouang-tseu.
— Partout, répondit Tchouang-tseu.
— Sois plus précis !
— Alors dans une fourmi.
— Plus bas !
— Dans un brin d’herbe.
— Plus bas
— Dans cette tuile.
— Encore plus bas !
— Dans ma pisse et ma merde !
Comme son interlocuteur restait bouche bée Tchouang-tseu reprit :
— Ce n’est pas avec tes questions que tu pourras en atteindre la substance.
Tchouang-tseu se sert alors d’une de ces métaphores saugrenues dont il a le secret :
— Cette façon de procéder me fait penser, dit-il, à cette réponse
que fit l’employé de l’abattoir à l’inspecteur du marché qui lui demandait comment il choisissait ses porcs : « plus on descend bas sur le pied plus c’est concluant ! »
À le presser ainsi sur le Tao en lui demandant « plus bas », afin de s’assurer que le Tao est bien partout dans les choses, son interlocuteur ne procède pas autrement qu’un boucher tâtant le pied du cochon pour vérifier l’épaisseur de sa graisse.
Ce n’est pas ainsi que l’on peut saisir la nature du Tao.
Tout simplement parce que le Tao ne participe pas de l’être et ne peut donc être compris dans sa totalité, si l’on s’en tient purement et simplement au monde phénoménal. En d’autres termes le Tao est partout parce qu’il n’est nulle part.
Et Tchouang-tseu d’expliquer :
Ce qui donne forme aux choses n’est pas compris dans les limites des choses. Car tous les êtres ont des limites, ce sont même elles qui les déterminent comme êtres.
Pressenti par le roi de Tch'ou pour remplir une haute fonction à la cour, le philosophe aurait répondu qu'il préférait être une tortue vivante traînant sa queue dans la boue plutôt qu'une carapace sacrée remisée dans un coffret de laque.
Sun Tzu :
L'art de la guerreAujourd'hui,
Olivier BARROT présente l'édition de "
L'art de la guerre" de
Sun TZU ", aux éditions Nouveau Monde, traduit du
chinois et commenté par
Jean LEVI,
illustrations choisies et commentées par
Alain THOTE.