AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Edmond Raillard (Traducteur)
EAN : 9782742794928
171 pages
Jacqueline Chambon (01/02/2011)
2.5/5   8 notes
Résumé :

Le narrateur revient dans sa ville natale pour recueillir l’héritage de son oncle, photographe célèbre, dandy décadent et collectionneur passionné.

Mais son souvenir fait resurgir aussi le mystérieux passé du narrateur : pourquoi est-il parti et maintenant, qu’espère-t-il retrouver?
Que lire après La ville d’ambreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Je suis un homme qui revient pour retrouver la mémoire".
Le narrateur, écrivain connu dans le présent,se penche sur les traces de son passé suite à la mort de son oncle (qui l'a recueilli adolescent orphelin) dont il est le légataire universel.
Les souvenirs, tels des insectes emprisonnés dans leur gangue précieuse d'ambre se nomment-ils ingratitude ou affection? Rejet ou admiration? Doit-on toujours juger ou renier ses proches pour grandir et devenir ce que l'on est? Doit-on tout repousser en bloc ou peut-on conserver le meilleur? Ne puise-t-on pas dans son enfance la richesse de sa personnalité future? Et bien sûr des réflexions sur l'écrivain et l'écriture!
Voici les thèmes abordés dans La ville d'ambre par José Carlos Llop (auteur contemporain de talent né à Palma de Majorque récompensé en 1999 par le prix des Meilleures nouvelles).
La ville d'ambre: un livre qui s'ouvre sur les lieux par une "distorsion nerveuse des images" semblable à L'exposition d'estampes d'Escher, qui part d'un bateau dans un port aux fumées nauséabondes, introduit un personnage dans une galerie de peinture,tord les murs comme les rails vertigineux d'un grand huit, pose un personnage plus vieux en bout de couloir (de vie) et appose sa signature dans un vide central.
Pourquoi cette comparaison?
Le port aux odeurs frelaté est celui de l'oncle, Nicolas Bemberg, photographe-voyeur de renom, "alligator fumant le cigare", des bagues plein les doigts, original, persifleur aux remarques assassines,grand voyageur rapportant maintes choses "des confins du globe terrestre",esthète fortuné collectionneur de tableaux,de photos et objets d'art dans son "salon des nymphes" rococo, dandy entouré d'une bande bizzaroïde(une mystérieuse maîtresse au turban suivie d'un serviteur chinois, un modèle exhibitionniste, des libraires aux malles remplies de livres, un faux comte polonais, un homme à femmes au fort accent uruguayen....).
Vertige de vie avide d'art dont "le train s'est arrêté à Hendaye entouré d'uniformes".Les fortunes se font et se défont. Bien mal acquis ne profite jamais surtout sur le dos des Juifs lors de l'autodafé!
Les salauds sont-ils salauds en toutes circonstances?
Emilia, la jolie servante, dont la "poitrine sentait l'eau de Cologne et l'huile d'olive",qui aimait feuilleter sur des magazines"la vie dans le grand monde", qui a aimé le narrateur et l'a initié au plaisir, Emilia, avec son franc parler va lui donner une leçon... de vie!
Un roman nostalgique et fort, dont la galerie de mystérieux portraits désopilants ne fait qu'accentuer le registre émotionnel.
La ville d'ambre avait été sélectionné pour le prix des Lecteurs varois 2012 qui sera décerné à Toulon lors de la fête du livre du Var,les 18,19 et 20 novembre prochains, mais José Carlos Llop ne pouvant se déplacer,il a été retiré des quatre nominés.Dommage!
Commenter  J’apprécie          20
Traduit de l'espagnol par Edmond Raillard

Ce roman étrange baigne du début à la fin dans une atmosphère pesante qui envahit l'esprit comme un suave parfum, ambré et tenace. L'on s'y maintient tout près et avec constance, malgré le relent fétide des désillusions, les rancoeurs d'une "génération massacrée", car José Cartlos Llop l'imprègne d'une musicalité espagnole où l'on se plaît.

"Cette guerre n'avait pas été la nôtre [...]. Je l'ai déjà dit : on hérite aussi des morts". le narrateur revient dans son île natale où il fut élevé par un oncle décédé, Nicolas Bemberg, qui en a fait son héritier. le revoici dans cette ville (Palma, qui n'est jamais nommée), cette maison de souvenirs, où il vécut entre l'oncle que ternissait une réputation douteuse (la division Azul pendant la guerre) et la bonne, Emilia, qui marqua le garçon d'une présence affectueuse et d'une sensualité généreuse. Rien des rémanences – «l'ambre porte en lui la mémoire», dit-on – n'est expliqué très ouvertement, ce qui accroît l'ambiance troublante, comme s'il y pesait encore une menace latente : l'histoire espagnole affleure à la surface du marais comme une couleuvre d'eau.

Le poids du passé est un thème cher à Llop. Il le développe subtilement en plusieurs mouvements et particulièrement dans le personnage de l'Écrivain, le vieux voisin de l'oncle, qui a perdu la tête depuis la mort de sa femme. Je proposerai en complément de ces notes un extrait qui raconte le refus de l'Écrivain de voir la ville changer et oublier.
"Une manière d'éviter de perdre complètement est d'écrire", dit José Llop. Et il ajoute dans le même entretien à Libération : "L'autre sujet de mes romans, c'est l'inquiétude devant l'état d'amnésie générale de notre société. L'absence de mémoire fait de nous une société stupide. Et la stupidité mène au chaos." La responsabilité de tous qui se greffe sur un autre sujet récurrent chez Llop, la perte de l'innocence.

S'il se tient au fil conducteur de l'homme revenu sur l'île régler des histoires d'héritage, le roman ne semble pas bâti sur une structure préalable, élaborée et équilibrée, mais répond à des impulsions obsessionnelles de l'écrivain, tantôt prolixe, tantôt elliptique, comme porté par une lame de fond vigoureuse et désordonnée, entre passé et présent. Les instabilités de la narration qui en découlent ne nuisent pas a l'oeuvre, mais lui procurent une spontanéité singulière où l'atmosphère prévaut.

Une lecture réussie vaut que je la prolonge : n'ayant pu trouver en bibliothèque "Le rapport Stein", je me tourne vers "Solstice" – il m'attend sur l'étagère – laissant provisoirement de côté le plus volumineux "La cité engloutie" (regard plus concret sur Palma de Majorque, où vit aujourd'hui Llop).
J'espère donc retrouver bientôt l'univers métaphorique dont m'a enveloppé "La ville d'ambre".

Lien : http://christianwery.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
J'ai failli abandonner ce roman après les 2 premiers chapitres, je n'y comprenais rien. Mais à partir du 3e chapitre, l'histoire semblait se mettre en place. Mais franchement j'ai continué la lecture sans aucune conviction. Soit j'ai raté un truc soit mon esprit est hermétique à ce style.
Le narrateur, un écrivain reconnu, revient dans sa ville natale pour recueillir l'héritage de son oncle, collectionneur et grand photographe. On comprend que la provenance de ses biens est un peu glauque. Et bien sûr personne ne parle, ni le notaire, ni l'Ecrivain voisin. Lorsque le narrateur revient dans la maison qu'il a héritée elle est vide, mais il nous fait revivre tous ces objets par le souvenir. « Collectionner, c'est une façon de faire son autobiographie et cette maison, maintenant, est un livre sans page… »
Mais pourquoi le narrateur est-il parti et pourquoi est-il revenu ? Mystère ! Y.R.
Commenter  J’apprécie          10
Le narrateur revient dans la maison de son oncle. Cet homme excentrique l'avait recueilli quand il avait perdu ses parents suite à un accident d'avion. Nous sommes sur l'ile de Majorque, dans les années 60 : cet oncle, célibataire, vit avec une servante Emilia et reçoit quelquefois ses amis, l'Ecrivain qui habite au coin de la rue, quelques hommes louches qui trafiquent des antiquités, quelques femmes. La servante remplit un cahier avec le jeune enfant d'images glanés dans les journaux people de l'époque. L'oncle disparut de temps en temps puis revient dans cette maison étrange, peuplé de tableaux, d'antiquités, de livres. Un livre délicat plein de poésie.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
J'ai toujours aimé les femmes élégantes,au long cou et aux mouvements lents et précis,comme ceux d'un animal aux aguets.Ces femmes qui,au début,passent inaperçues en raison,précisément,de l'harmonie et de la discrétion de leurs postures et de leurs gestes,mais qui ensuite,peu à peu, s'approprient l'espace qu'elles occuppent, avec une sérénité particulière,qui embellit tous leurs traits,même si ces traits ne répondent pas aux canons classiques-ou à la mode-de la beauté.
Commenter  J’apprécie          20
Un écrivain est un homme qui se retire de la vie.Un écrivain est un homme sans vie.Un écrivain est un homme dont la seule vie est celle qu'il imagine à travers les vies écrites sur le papier;ou dont il se souvient sur le papier,ce qui revient au même parce que le souvenir n'est rien qu'une autre forme de la fiction.
Commenter  J’apprécie          10
Collectionner, c'est une façon de faire son autobiographie et cette maison,maintenant est un livre sans pages:une reliure qui contient du vide.
Commenter  J’apprécie          30
Il n'est pas vrai que les fantômes peuplent les maisons vides:on devient son propre fantôme quand on y pénètre.
Commenter  J’apprécie          20
Emilia rit d'un rire propre et frais que je n'avais jamais entendu.Et elle me dit:maintenant nous avons un secret toi et moi,un sale petit secret comme les hommes les aiment.
Commenter  J’apprécie          00

Video de José Carlos Llop (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Carlos Llop
Table ronde Littératures européennes - 38ème édition du Livre sur la place Inauguré en 2015, cette table ronde a pour ambition d’ouvrir la discussion sur ce qui fait l’Europe de la pensée, de la culture et donc de l’Humain. Cette année cap vers le sud ! Rhéa Galanakis L’ultime humiliation (Galaade), Davide Enia Sur cette terre comme au ciel (Albin Michel), José-Carlos Llop Le rapport Stein (Actes sud), Nils Ahl (Phébus) Animées par Nicolas Ehler, directeur du Goethe Institut
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}