Journal de Lawrence Passmore, scénariste de séries télévisées, qu'il a entamé sur les conseils de l'une de ses thérapeutes, pour calmer son esprit torturé. Dans un style très britannique, il entremêle des épisodes de sa vie professionnelle et des épisodes passés et présents de sa vie sentimentale. le premier tiers du livre m'a lassé, mais la suite m'a ravi !
Comme disent les psychologues, Lawrence Passmore est en souffrance, mais voyez-le plutôt comme un vieil ours bougonnant qui attirera vite votre sympathie. La psychologue qu'il consulte pour une
thérapie comportementale cognitive lui suggère de faire son propre portrait, ce qui le décide à tenir un journal qui constitue la première et la troisième partie du livre. Suite à un grave revers de sa vie conjugale, Lawrence a perdu le goût de le tenir pendant près de trois mois. Cette période correspond à la deuxième partie du roman, qui est constituée de demi dialogues de proches du scénariste. Par demi dialogue, j'entends par exemple une conversation téléphonique où seule la partie d'un des deux interlocuteurs est retranscrite. La troisième partie comporte également une longue incise, « Maureen. Une chronique », où Lawrence raconte son premier amour d'adolescent.
Ce livre, comme d'autres livres de
David Lodge, est généralement présenté comme une oeuvre d'humour anglais hilarante. Personnellement, je distingue deux styles d'humour anglais. Je vois d'une part l'humour absurde, comme celui des Monty Pythons ou de Douglas Adam, auteur du célèbre « Guide du routard galactique ». C'est un humour que je consomme sans modération et sans me lasser, c'est l'humour de mon compatriote
Philippe Geluck (ahhh... les talents belges....). Et puis, il y a cet humour de saillies pince sans rire, souvent sarcastiques ou cyniques. Cet humour-là, je l'adore comme la surprise raffinée d'une touche d'épice qui relève un plat. Mais avec trop d'épices, j'ai les yeux qui pleurent...
L'humour de
David Lodge relève plutôt de cette deuxième catégorie. Au début de la première partie, le tableau désespérant de son séjour à l'hôpital m'a bien fait rire ! Mais à la fin de cette partie, j'avais les yeux qui pleuraient. Surdose d'humour sarcastique. La même qui m'avait fait classer
David Lodge parmi les auteurs que je ne lirais plus, jusqu'à ce que quelqu'un me conseille de tout de même essayer «
Thérapie ». Et j'ai bien fait de m'accrocher car les deux parties suivantes furent un régal !
Les demi dialogues de la seconde partie sont une trouvaille bien amusante, tant pour la forme que pour le fond, car ils donnent les vues de différents personnages sur des mêmes situations.
Quant à la troisième partie, je l'ai trouvée tendre et romantique, sans être à l'eau de rose, avec juste la bonne petite dose d'humour pour la rendre joyeuse. Lawrence Passmore devient attendrissant, humain. On trouve dans ce livre de fins tableaux de relations entre une homme et une femme, à la limite entre amour et amitié.
Pour ses deux dernières parties, qui valent la peine de traverser la première, je vous recommanderai donc ce roman, amusant mais pas hilarant. L'humour anglais provoque des réactions particulièrement subjectives, qui peuvent varier fortement d'un lecteur à l'autre. Faites-vous donc votre propre avis, suivant votre sensibilité !