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Les souris du Dr Ley » de
Erich Loest (2006, Ginkgo ed, 288 p.), Waldemar Nass, un industriel allemand, y raconte ses mémoires. En tant que sosie du Dr Ley, alcoolique notoire et haut cadre nazi, (Reichsorganizationsleiter ou ROL), il remplace celui ci quand, ivre mort, il commence à voir apparaître des souris. Tout est faux, bien sur dans cette histoire. Mais il reste une classification essentielle des femmes entre celles à tétins rose, à distinguer de celles à tétins brun. Bien sur les atrocités commises par les nazis sont ignorées par le très opportuniste Waldemar Nass. le reste du livre est tout aussi cynique et caustique –une spécialité des éditions Ginkgo. Voilà c'était le bonus de la soirée).
Donc, retournons à ces histoires des rives du Bosphore. On y trouve les premières relations entre garçons et filles, en l'occurrence Musa et Gül. Tout a commencé « le jour de [sa] circoncision » lorsqu' « elle [lui] demanda, très sérieusement de lui montrer [son] organe. En échange, elle était prête à [lui] montrer sa mystérieuse fente – que personne n'avait vue, à part son frère Naim ». Et cette surprenante conclusion : « On dit que les zobs circoncis sont supérieurs aux autres. Et que, par conséquent, les chrétiennes sont toujours désavantagées. C'est vrai, ça ? »
Ne pas en déduire qu'il s'agit d'un livre plus ou moins salace, invitant au tourisme sexuel en Turquie (ou autre part comme certains ouvrages ministériels récents). On découvre très vite les inquiétudes des familles juives à propos de leur famille en Grèce pendant la Seconde Guerre. A travers ces exemples, le livre glorifie le mélange et le multiculturalisme comme garant de l'équilibre des nations, de l'avenir de l'humanité (on retrouve les idées d'Atatürk). En ce sens « Jeunes Turcs » est en quelque sorte une ode à la mixité, au respect des différences. C'est aussi l'occasion de découvrir les répercutions de la tragédie nazie dans un pays où juifs, musulmans et chrétiens vivaient dans une rare harmonie. (La Turquie est restée neutre très longtemps dans le conflit, jusqu'en février 45, avant de déclarer la guerre à l'Allemagne, condition pour intégrer la formation de l'ONU). A l'heure où l'Europe s'interroge plus que jamais sur l'opportunité d'ouvrir ses portes à la Turquie, ce livre invite à une réflexion d'ouverture et non de repli. (en contrepoint l'oeuvre d'
Orhan Pamuk pointe les difficultés à y intégrer et gérer le fanatisme).