Avis mitigé.
C'est du belge, alors j'avais envie d'être positive et d'aimer. Mais à force d'avancer dans ma lecture, par pure objectivité, je me disais que c'était une envie purement subjective. C'est pas mal, un peu laborieux parfois, avec des rimes interrompues, un peu cassées et donc je n'ai pas trouvé le rythme, le souffle que je trouve chez Norge par exemple pour rester dans du belgo-belge.
Au-delà de l'envie de soutenir un poète, peut-être y a-t-il des vagabondages poétiques qui m'ont plus emportée.
Mais de beaux passages. A ne pas bouder !
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UN POCO LOCO
C’était une nuit de grand cynisme
La lune pleurait des marées
On avait mis des chiens à table
Des colliers de larmes de loup
Autour de la gorge des filles
Chacun voulait battre son fou
Mais les fous ne se montraient pas
Et restaient assis en silence
Dans les coulisses du paradoxe
Les enfants parlaient de me pendre
De me livrer aux fourmis rouges
Puis de me faire brûler vif
Et j’avançais à pas prudents
Dans les sillages de leurs jeux
En faisant flèche des serpents
Lovés autour des jours heureux.
– Un danseur évident
LES FAVORIS DU GENRE HUMAIN
Aux favoris du genre humain
la question du bonheur
ne se pose jamais
...
le jour les alourdit
le silence les accable
et la nuit, ils se grisent
Ils ferment d’un tour de clé
leurs vies comme leurs voitures
leurs maisons et leur cœur
et leurs mains sans effort
commandent à distance
des lendemains qui chantent
Et ça marche assez bien
et ça les tient debout
d’une semaine à l’autre
La pauvreté les choque
la maladie les glace
la mort parfois la nuit
leur effleure l’épaule
Alors ils pressent de la main
sous le drap blanc une autre main
ils caressent une autre peau
ils embrassent ils essoufflent
le désir et ses voix
ils étreignent ils étouffent
accueillent avec plaisir
toute bonne fortune
puis s’endorment sans rêves
Les favoris du genre humain
ne se posent jamais la question du bonheur,
ils l’enferment.
J'aime que chacun puisse boire
entre les lignes de ma main
l'eau du possible poème
et voir comment
au bord de mes yeux
grandit une fleur incertaine.
Dans ma chienne de vie
Il n’y a pas cent choses que j’aime avec fracas :
mes livres sont muets qui parlaient du bonheur
Il y a bien le rire d’un enfant sous la pluie
La course d’une étoile ou le flanc d’une vague
Il y a mes plaisirs domestiques, leurs revers
(puis toi mais tu t’en vas toujours)
Il y a le bien-être qui ne dit pas son nom
Et qui s’en va aussi pour d’autres, comme toi
Comme le jour avec la nuit et ses couleurs
Ce soir nous sommes deux parmi vingt : tu souris
Tourné vers les poètes j’applaudis ton profil
Et les voix et les mots et ta beauté qui filent.
C’était un sombre matin d’août…
C’était un sombre matin d’août
au réveil et sans préambule
elle m’administra sept preuves
de l’existence d’un dieu bon
qui ne tolérait pas le doute
puis une gifle sans raison.
Quand je la repris dans mes bras
elle tremblait comme la page
pénultième d’un roman noir
la lune était trop occupée
à fermer l’œil sur notre étreinte
pour voir qu’elle pleurait d’amour
amour qui sauve de la honte
notre petit monde content
en menant sa guerre oubliée
à l’ombre du mur le plus haut.
– Le séismographe
Karel Logist nous lit un extrait de son oeuvre Dés d'enfance.