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Sarah Lombardi (Autre)
EAN : 9788874399697
168 pages
5 continents (14/01/2022)
2.75/5   2 notes
Résumé :
La 5e Biennale de l’Art Brut proposera une nouvelle facette des fonds de la Collection de l’Art Brut. Consacrée au thème des croyances, elle révélera autant le lien particulier que les auteurs d’Art Brut entretiennent avec la religion que les sciences occultes. Plusieurs créateurs illustrent des sujets mystiques en les réinterprétant ou en s’appropriant des rites religieux. D’autres inventent une doctrine toute personnelle pour leur propre usage et, tels des démiurg... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un catalogue d'exposition que j'attendais avec impatience. Alors que je n'achète en règle générale que des livres d'occasion, j'ai fait une exception, commandant en librairie ce livre que je n'avais pas pu feuilleter et payant le prix fort. C'est dire à quel point je faisais confiance à la Collection de l'Art Brut (on ne m'y reprendra plus !) Et c'est dur d'avouer à quel point j'ai été déçue. Me refusant cependant à admettre que j'avais jeté l'argent du ménage par les fenêtres (ce type de réaction porte un nom en psychologie sociale, je me souviens que c'est lié à une histoire de coût, mais comme j'ai soit jeté, soit égaré mes vieilles notes de cours, je serai reconnaissante à toute personne capable de m'éclairer sur ce point), j'avais donné un 3/5 à ce catalogue sur Babelio, me persuadant que je devais bien ça aux artistes représentés dans le catalogue. Or c'est parfaitement idiot, ce n'est comme ça que je note un catalogue d'expo et il est donc, je le répète, parfaitement idiot de ma part de surévaluer un livre sous prétexte que j'ai dépensé 32 euros et que je suis déçue (ça peut paraître paradoxal, mais si je l'avais acheté d'occasion, j'aurais direct eu l'idée de me plaindre). Regardons par conséquent la réalité en face : la Collection de l'Art Brut ne s'est pas trop foulée sur ce coup-là.


Je sais pas pour les autres, mais en ce qui me concerne, j'attends au minimum deux choses d'un catalogue d'expo. Premièrement, qu'il y soit reproduit TOUTES les oeuvres de l'exposition. Il est impossible de se souvenir de tout ce qu'on a vu lors d'une expo, donc un des avantages des catalogues (chèrement payé, vu les prix souvent autour de 50 euros), c'est de permettre au lecteur de pouvoir conserver le souvenir d'oeuvres qu'il oublierait avec le temps. C'est aussi le moyen, pour ceux qui ne verront jamais l'expo, d'en avoir un aperçu intéressant et de se consoler d'avoir raté l'évènement. Mais, il y a un deuxièmement, qui est loin d'être anodin pour moi : ce sont les textes. Un catalogue se doit, selon moi, d'être accompagné de textes éclairant l'oeuvre d'un artiste, la thématique, etc., selon le sujet de l'expo. J'aurais tendance à trouver que les musées belges proposent des catalogues mieux foutus que ceux des musées français (pas trop de textes, et pas trop chiants tout en restant éclairants, plus de cohésion), mais je n'ai pas assez de recul sur ce point.


Qu'en est-il de notre catalogue "Croyances", co-publié par la Collection de l'Art Brut ? Il nous faut revenir à la Collection de l'Art Brut et à l'exposition elles-mêmes, et tout simplement à l'Art Brut. La Collection de l'Art Brut est une institution muséale suisse située à Lausanne possédant beaucoup d'oeuvres données par Jean Dubuffet, le créateur du concept d'Art Brut. Pour rappel, l'Art Brut est un art marginal, que Dubuffet avait d'abord défini comme un ensemble de créations d'artistes exempts d'influences culturelles, ce sur quoi il est revenu ensuite. Évidemment, il est impossible de ne pas subir d'influences culturelles (à moins de vivre toute sa vie complètement isolé des autres humains, et encore...) Quand Dubuffet pense à la culture, il pense à une culture dominante, et notamment à un art officiel et officialisé, en particulier dans les musées. D'où la définition de l'Art Brut comme art des marges.


La Collection de l'Art Brut, après avoir ouvert dans les années 70 avec le fonds que lui avait "légué" Jean Dubuffet, a continué à s'enrichir de nouvelles oeuvres et continue encore de nos jours. Elle présente à ses visiteurs une partie de sa collection permanente, ainsi que des expositions thématiques, qui sont l'occasion de montrer des oeuvres non visibles le reste du temps. "Croyances" est le dernier évènement en date de ce type, censé aborder le thème ô combien vaste des croyances (évidemment) chez les artistes bruts de la Collection. Si l'on en croit les présentations de l'expo et du catalogue, trois axes ont été retenus pour créer un parcours cohérent : l'axe des religions officielles, l'axe du spiritisme et l'axe des mythologies personnelles. On s'attendrait à ce que le catalogue présente les oeuvres de l'expo selon ces axes. Or il n'en est absolument rien. Je vous défie donc de comprendre quoique ce soit aux oeuvres du catalogue qui aurait un rapport avec le sujet des croyances si vous n'y retrouvez pas des motifs évidents tels que des croix, des Vierges Marie et des mots comme "Jésus", "Dieu" ou "Saint". Allez donc comprendre en quoi les têtes tourbillonnantes de Fernand Desmoulin, les poissons-végétaux de Marie Bouttier, les personnages de Michel Nedjar ou encore les formes organico-végétales de Guo Fengyi ont un quelconque lien avec une ou des croyances, quelles qu'elle soient !


Donc déjà, la présentation générale ne suit pas le parcours de l'exposition, et on se demande bien pourquoi. On notera ensuite que l'expo compte 43 artistes et environ 300 oeuvres - c'est énorme, mais c'est devenu une triste habitude des musées que de donner dans l'accumulation. Dans ce catalogue, si le compte y est pour les artistes, ce n'est carrément pas le cas pour le nombre d'oeuvres, il doit en manquer pas loin d'une centaine. En revanche, si vous allez sur le site de la Collection de l'Art Brut, en cherchant bien dans les pages consacrées à cette expo, c'est-à-dire en passant par la section "Biographies" (cherchez la logique), vous pourrez voir toutes les oeuvres (ou presque, c'est pas clair). Pourquoi n'est-ce pas le cas du catalogue ? Problème de coût et de rentabilité ? Autre raison ? On ne sait pas.


Quant aux textes censés éclairer la thématique de l'expo, bon... Tout n'est pas mauvais, mais ça n'éclaire pas grand-chose. La préface explicite le choix de la thématique et des oeuvres. Bien. Ensuite, 7 pages (c'est peu, pour un catalogue) d'Anic Zanzi, conservatrice et commissaire de l'expo. Elle explique bien quelques trucs sur quelques artistes, mais certainement pas sur l'ensemble, et, en fait, très peu sur ce qu'on appelle les "mythologies personnelles", qui sont pourtant plus que souvent au coeur de l'Art Brut - j'irai même jusqu'à affirmer que c'est le grand sujet de l'Art Brut. Bref. On est aussi est en droit de s'interroger sur l'intérêt de se lancer dans un début d'analyse genrée des oeuvres d'artistes dits spirites. Les femmes et les hommes n'utiliseraient pas les mêmes formes. Bon. En effet, si on compare Augustin Lesage, Fleury-Joseph Crépin, Victor Simon et Joseph Moindre (chez qui les motifs architecturaux dominent) à Laure Pigeon, Jeanne Tripier, Jeanne Ruffié et Madge Gill, c'est pas la même chose. Cela dit, qu'est-ce que c'est censé prouver exactement ? On pourrait tout aussi bien faire la remarque que les femmes artistes dans leur ensemble ont plus utilisé le tissu que les hommes, et inversement que les hommes ont plus utilisé le bois, ce qui s'explique sans mal sociologiquement. Par conséquent, est-il raisonnable de poser ce jugement, en sus mal assumé : "Les femmes auraient-elles une plus grande faculté à abandonner le contrôle pour accueillir des vibrations venues d'ailleurs ?"


Il m'aurait semblé plus intéressant de s'épancher davantage sur la question du spiritisme en tant que potentiel moyen (et je crois que Dubuffet le disait déjà en son temps) de faire accepter à la société qu'on choisisse d'être artiste (officiellement au service d'un esprit, d'un dieu, etc.) plutôt que mineur, par exemple. Certes, il est question de cela dans l'essai d'Anic Zanzi, mais trop peu à mon goût. Je passe très vite sur l'essai suivant, signé par Emmanuel Grimaud, anthropologue et chercheur au CNRS. Je ne sais même pas de quoi ça parle. Vaguement - mais alors très vaguement - de la question des croyances en anthropologie, encore plus vaguement de la question de la création, et patati, et patata. C'est verbeux, prétentieux, creux et, pour tout dire, pénible. Pourquoi, mais pourquoi s'empresse-t-on dans le milieu de l'Art Brut de se jeter au cou des discoureurs de tout poil qui n'ayant soit pas grand-chose, soit strictement rien à dire sur le sujet ??? Malheureusement, on atteint là une des limites de la question de l'Art Brut, qui finit par appartenir aux collectionneurs, aux institutions muséales, aux chercheurs et à tout un petit monde très content de lui-même, faisant son beurre de l'Art Brut au détriment des artistes. Misère.


Bon, ben sinon, allez regardez le site de l'expo si, comme moi, vous ne pouvez pas aller à Lausanne et que vous êtes intéressés (n'oubliez surtout pas la page des biographies, qui existe aussi dans le catalogue, mais qui est mieux pensée sur le site). Il me semble que ce sera bien suffisant. Ne dépensez 32 euros pour le catalogue - qui reste agréable à feuilleter grâce aux artistes présentés, heureusement ! - que si vous avez tout plein d'argent et tout plein de place pour ranger vos livres.
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