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Michel Bounan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782911188251
Allia (28/08/1996)
3.68/5   92 notes
Résumé :
Si l'addition qu'on vous donne à faire produit le nombre 69, ne vous roulez pas de rire comme une petite imbécile."
Parodie des rigoureux ouvrages d'éducation de la Belle Epoque, ce manuel de civilité n'épargne rien ni personne... L'humour le plus noir y donne le ton. L'obscénité y est la règle.

D'un trait vif, en quelques mots outranciers, Pierre Louÿs y dynamite toutes les institutions et fait exploser le savant édifice de l'hypocrisie purita... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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En attendant que son pote Johan revienne du village des Schtroumpfs, on va discuter le bout de gras avec Pierre Louÿs et se pencher sur son Manuel de civilité. Enfin, pas trop quand même, le risque est grand de se manger une surprise entre les grands glutéaux.


J'adore Pierre Louÿs. Parce que ce n'est pas tous les jours qu'on peut caser un y tréma. Parce que le bonhomme fournit une caution à la fois morale, amorale et immorale aux citations les plus licencieuses. Parce qu'enfin il a pensé aux bananes dans son traité de bienséance.
“Quand vous vous êtes servie d'une banane pour vous amuser toute seule ou pour faire jouir la femme de chambre, ne remettez pas la banane dans la jatte sans l'avoir soigneusement essuyée.”
Ou encore “ne prenez pas deux mandarines pour faire des couilles à une banane” (alors que ça fait toujours marrer un siècle et quelques plus tard).


Avant d'incarner l'homme de goût et de bon conseil que l'on connaît, l'ami Pierrot est d'abord helléniste et – l'info risque de te surprendre – poète. Oui, oui, oui. Il sort quelques recueils dans les années 1890, grenouille avec des gus comme Leconte de Lisle, publie dans sa revue La Conque (tout un programme…) Mallarmé, Valéry et tutti quanti.
Pour le reste, je ne vais détailler la bio intégrale du loustic. Prie la déesse Wikipedia, elle t'enverra un ange au braquemart flamboyant, de la sapience plein la musette. Les épées qui brillent font toujours leur petit effet (parce qu'un braquemart, à la base, c'est un glaive, et si tu as pensé à autre chose, tu as l'esprit mal tourné – les anges n'ont pas de sexe, c'est bien connu).


Or donc, revenons à nos moutons et nos bananes.
Poète mais pas que(ue), le bonhomme se distingue par son penchant pour la marrade. Ainsi, sa traduction des Chansons de Bilitis – textes érotiques d'une poétesse grecque du VIe siècle avant Djizeus – ben c'est du flanc. Mystification littéraire mais de haut vol, hein, attention, pas de la fake news pondue à l'arrache qui ne résiste pas à deux secondes d'examen. Jo le rigolo maîtrise si bien la poésie antique et l'art d'enfumer le monde que l'oeuvre passe dans un premier temps pour authentique.
Le faussaire se double d'un coquinou de première. Une bonne partie de son oeuvre dégouline d'amour, de sensualité, d'érotisme, de pornographie, un vrai touche-à-tout en matière de pétard.


Au confluent de ces deux tendances, le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation. Un vrai faux livre de maintien destiné aux jeunes femmes. Une parodie où il sera question de “con, fente, moniche, motte, pine, queue, bitte, couille, foutre (verbe), foutre (subst.), bander, branler, sucer, lécher, pomper, baiser, piner, enfiler, enconner, enculer, décharger, godmiché, gougnotte, gousse, soixante-neuf, minette, mimi, putain, bordel”. C'est lui, Louÿs, qui l'annonce dès la première page. Ce sera comme ça tout du long (et dur).
Explicite (merci La Palice) et cru (thanks, Captain Obvious), donc. Mais avec classe. Ouaip, on ne dirait pas comme ça. Je suppose que tu te demandes où se situe l'élégance là-dedans. DTC ! Si, là, j'ai le droit, la vanne est de circonstance. Bref… Louÿs a le sens de la formule.
Chacun des conseils qu'il prodigue est charpenté selon les codes de cette littérature éducative de l'époque, entre généralités morales et exemples pratiques. le tout chapitré en fonction des lieux et des situations (à l'église, au théâtre, à la maison…), du rang des uns et des autres (parents, domestiques, amies…), avec en bonus de clôture les “ne dites pas.. dites…” (“Ne dites pas « J'aime mieux la langue que la queue. » Dites : « Je n'aime que les plaisirs délicats. »”).
L'humour naît, tu t'en doutes, du décalage : situations mondaines versus lubricité débridée. A ma droite, le sérieux apparent des conseils, le ton pince-sans-rire, l'air propre sur soi, et, à ma gauche, le registre pipi-caca-bite-couilles-nichons (qui n'empêche pas une certaine finesse d'esprit de se déployer). Pour te donner, au sens le plus littéral, une idée parlante de l'ambiance, jette un oeil sur les sketches “jamais au grand jamais” de Monsieur Manatane (Le prout au jus ou Comprendre la jeunesse et son fameux “j'ai envie de te bouffer la cramouille, Carole”). On se situe grosso modo dans le même écart entre bourgeoisie péteuse et humour pétomane.


Louÿs a encore moins de limites que Poelvoorde. Toutes les pratiques y passent, personne n'est oublié. A ce titre, on peut parler d'un Louÿs réglo (ça tombe bien, je suis fan des Charlots). Masturbation, tribadisme, fellation, sodomie, double pénétration, partouze, sex toys, ondinisme, bukkake, inceste… Il faut faire la queue, mais il y en aura pour tout le monde. Fête du slip à tous les étages !
En clair, tout ce que la morale bourgeoise de l'époque réprouvait (et réprouve encore).
Il serait anachronique de voir en Pierre Louÿs un partisan de la révolution sexuelle. N'empêche, son manuel bat en brèche le puritanisme de la Belle Epoque (belle, on se demande pour qui…). Les valeurs étriquées de la bourgeoisie guindée en prennent pour leur grade. “L'hypocrisie humaine que l'on nomme vertu”, cible première de ces civilités.
Parce que c'est bien beau d'éduquer les petiots et les petiotes à grand coups de rigueur morale, mais faudrait voir à rester raccord avec la réalité des faits. Sauf que Monsieur culbute la bonne de chambre, qu'elle soit d'accord ou pas, et Madame s'envoie la liqueur du majordome. Et vas-y que je te bourre le crâne des jeunes filles d'éducation religieuse, de vertus mariales, de commandements, de règles plus strictes que dans un couvent, pendant que papa bourre d'une autre façon, se perd dans l'adultère et le péché de luxure avec madame de Méchoses.
Le Manuel reste avant tout un opuscule potache, outrancier au dernier degré pour le plaisir de choquer le bourgeois. Sans être un manifeste de la libération des moeurs, il égratigne aussi bien les ultra-puritains, niant de toutes leurs forces sensualité et sexualité (celles des femmes surtout), que les hypocrites, ces donneurs de leçons bien-pensants incapables de garder leur pétoire dans leur froc.
Lien : https://unkapart.fr/manuel-d..
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Classique de la littérature érotique, Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation parodie les stricts manuels d'éducation de l'époque, et consiste en une longue série de conseils d'une phrase ou deux, qui apprend aux jeunes filles à dissimuler qu'elles en savent bien plus sur la sexualité que les personnes qui les éduquent.

Le livre est une attaque en règle contre l'hypocrisie des conventions sociales, l'auteur n'hésite pas à se jouer de tous les interdits. le ton est volontairement cru et outrancier. Une fois la surprise des premières pages passée, la lecture de ce manuel est irrésistiblement drôle.
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Nous ne serions pas tous névrosés si nous avions lu ce livre avant nos huit ans. Peut-être même qu'on s'amuserait !
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J'avais lu il y a quelque temps ce texte. Ce n'est vraiment pas ce que je préfère de l'auteur et je ne partage pas toujours, loin de là, l'enthousiasme d'autres lecteurs babeliotes. Cette litanie pornographique finit très vite par me lasser. J'en apprécie évidemment la provocation et le non conformisme. Tout ce qui outrage la morale du brave bourgeois est toujours à prendre. Cependant, de l'auteur, je préfère nettement les récits plus poétiques et plus construits, comme "Aphrodite". La langue est ici assez pauvre (même si elle s'aventure souvent dans des lieux intimes et ouvre la voie a des plaisirs illicites) et les situations pour le moins répétitives. On a compris dès le début que Pierre Louÿs fustige la morale bien-pensante de la majorité de ses contemporains.
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Comme on dit: "à lire d'une main"... La perversion et l'humour mêlés (car c'est souvent très drôle). Une curiosité pour public averti et peu farouche, à faire figurer dans l'Enfer de vos bibliothèques !
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
C’est le mari de votre mère que vous devez appeler papa. Et même, si vous êtes certaine de ne pas lui être unie par les liens du sang, ne lui dites pas à l’oreille : « Je peux bien te sucer, tu n’es pas mon père ! » La fin de la phrase détruirait tout ce que les premiers mots auraient de vraiment aimable.
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AVEC L’AMANT DE SA MÈRE
Quand une petite fille a deviné quel est le bon ami de sa maman, elle ne doit, sous aucun prétexte, aller le dire à son papa.

Ne désignez jamais à l’amant de votre mère une jeune fille qui se branle pour lui, surtout si cette jeune fille, c’est vous.

Si l’amant arrive en avance et madame votre mère vous prie de faire attendre, faites-le bander, mais ne le sucez pas.

Elle ne doit pas non plus, à l’heure où sa mère revient du rendez-vous, lui demander si c’était bon, combien de fois elle l’a fait, si le monsieur bandait bien, etc. Ces questions ne mériteraient que le fouet.

Il lui est également interdit de prendre à part le bien-aimé pour lui demander : « Déchargez-vous dedans ? Est-elle bien cochonne ? Suce-t-elle gentiment ? Avale-t-elle le foutre ? Se fait-elle enculer ? », etc.

Ni surtout pour lui dire : « Papa a baisé maman la nuit dernière. C’est ma bonne qui me l’a dit. » Cette information ne serait pas accueillie avec plaisir.

Si vous savez que votre mère attend son amant chez elle, ne vous cachez pas sous le lit, surtout pour sortir en faisant : « Boum ! c’est moi ! » pendant qu’on jouit dans sa bouche. Vous seriez capable de la faire étrangler.

Ne choisissez pas non plus cet instant pour entrer brusquement dans la chambre en criant : « Voilà papa ! » lorsque vous savez très bien que monsieur votre père est en voyage.

Si monsieur votre père est absent pour six mois ou un an, ne vous hasardez pas, un jour d’adultère, à cacher l’injecteur de votre maman, de telle sorte qu’elle s’en aperçoive plus tard. Les plus graves conséquences pourraient s’ensuivre, et la farce ne serait pas goûtée.

Si vous découvrez que vous êtes la fille de l’amant et non du mari, n’appelez pas ce monsieur « papa » devant vingt-cinq personnes.

C’est le mari de votre mère que vous devez appeler papa. Et même, si vous êtes certaine de ne pas lui être unie par les liens du sang, ne lui dites pas à l’oreille : « Je peux bien te sucer, tu n’es pas mon père ! » La fin de la phrase détruirait tout ce que les premiers mots auraient de vraiment aimable.

Si une visite se présente quand votre mère fait l’amour et si l’on vous charge d’aller répondre : « Maman est souffrante », ne donnez pas de détails sur sa maladie. Si l’on vous demande : « Qu’est-ce qu’elle a ? » ne répondez pas : « Une pine dans le cul. »
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Ne crayonnez pas des boucles noires sur le pubis des Vénus nues. Si l’artiste représente la déesse sans poils, c’est que Vénus se rasait la motte.
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DEVOIRS ENVERS VOTRE SŒUR
Les jours où mademoiselle votre sœur ne voit ni son amant ni sa tribade, mettez-lui poliment la main sous les jupes et demandez-lui si elle veut bien se contenter de vous.

Si elle répond qu’elle aime mieux se branler toute seule, retirez-vous discrètement.

Quand mademoiselle votre sœur est en train de pisser, ne lui retirez pas le pot pour la faire pisser par terre ; ce serait une farce de mauvais goût.

Lorsqu’elle est à genoux dans sa chemise de nuit et dit ses prières du soir, ne lui fourrez la langue dans le cul que si elle en exprime le désir.

Si vous trouvez un monsieur tout nu dans le lit de mademoiselle votre sœur, n’allez pas le dire tout bas à monsieur votre père. La visite n’est pas pour lui.

Si mademoiselle votre sœur a des poils sur la motte avant que vous n’en ayez vous-même, ne les lui arrachez pas sous prétexte que c’est injuste.

Quand mademoiselle votre sœur part pour le bal, n’écrivez pas derrière sa robe blanche : « Enculez-moi messieurs, s.v.p. » Abstenez-vous de toute inscription de ce genre.

Pendant les fiançailles, ne dites pas à votre futur beau-frère qu’elle a beaucoup de talent pour sucer la queue. Quoiqu’il doive profiter de ce talent intime, le fiancé ne l’apprendrait pas sans quelque mouvement d’humeur.

Si l’on vous demande ce que fait votre sœur dans sa chambre, ne répondez pas qu’elle se branle, même si vous êtes sûre de ce que vous dites.

Ne racontez à personne que mademoiselle votre sœur met son traversin entre ses cuisses, se frotte contre lui et l’appelle Gaston.

Si mademoiselle votre sœur se sert plusieurs fois de suite de votre godmiché sans vouloir vous le rendre, n’allez pas vous plaindre à vos parents. Ne comptez pas non plus sur leur esprit de justice, les jours où elle refuse de vous faire minette. Dans les deux cas, vous seriez fouettée.

Ne vous moquez pas de mademoiselle votre sœur, si elle ne veut pas se faire enculer. Une jeune fille du monde est absolument libre de ne donner qu’un trou à ses amoureux.

Quand votre grande sœur en chemise est à genoux sur le prie-Dieu, ne lui faites pas minette par-derrière, cela lui donnerait des distractions.
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Au catéchisme, si le jeune vicaire vous demande ce que c’est que la luxure, ne lui répondez pas en rigolant : « Nous le savons mieux que vous ! »
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Vidéo de Pierre Louÿs
Pierre LOUŸS – Le prince irrésolu : Relecture de l'œuvre poétique (France Culture, 1978) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 3 février 1978 sur France Culture. Présence : Robert Fleury, Paul Dumont, Alain Kahn Sriber et Jean Louis Meunier.
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