"Comment s'en sortir sans sortir?" Un kaléidoscope de jeux de langage et de lapsus programmés par un magicien très à l'aise dans la langue française.....
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Je te flore, tu me faune
je te beau, je te porte et te fenêtre
tu m'os, tu m'océan
tu m'audace, tu me météorite
je te clé d'or, je t'extraordinaire
tu me paroxysme
tu me paroxysme et me paradoxe
je te clavecin, tu me silencieusement
tu me miroir et je te montre
tu me mirage, tu m'oasis
tu m'oiseau, tu m'insecte
tu me cataracte
je te lune, tu me nuage
tu me marée haute, je te transparente
tu me pénombre, tu me translucide
tu me château vide et me labyrinthe
tu me pare à l'axe et me parabole
tu me debout et couché
tu m'oblique
je t'équinoxe, je te poète
tu me danses, je te particulier
tu me perpendiculaire et sous-pente
tu me visible, tu me silhouette
tu m'infiniment, tu m'indivisible
tu m'ironie
je te fragile, je t'ardente
je te phonétiquement, tu me hiéroglyphe
tu m'espace, tu me cascade
je te cascade à mon tour
mais toi tu me fluide
tu m'étoile filante, tu me volcanique
nous nous pulvérisable
nous nous scandaleusement jour et nuit
nous nous aujourd'hui même
tu me tangente
je te concentrique, concentrique
tu me soluble, tu me soluble
en m'asphyxiant et me libératrice
tu me pulsatrice, pulsatrice
tu me vertige, tu m'extase
tu me passionnément, tu m'absolu
je t'absente
tu m'absurde
je te narine, je te chevelure
je te hanche, tu me hantes
je te poitrine, je buste ta poitrine
puis te visage, je te corsage
tu m'odeur, tu me vertige
tu glisses,je te cuisse
je te caresse
je te frissonne, tu m'enjambes
tu m'insupportable, je t'amazone
je te gorge, je te ventre
je te jupe, je te jarretelle
je te bas, je te bach
oui je te bach pour clavecin
sein et flûte
je te tremblante, tu me séduis
tu m'absorbes, je te dispute
je te risque, je te grimpe
tu me frôles
je te nage mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures, tu me cernes
tu me chair, cuir, peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu les crocodile
tu les phoque, tu les fascines
tu me couvre et je te découvre
je t'invente parfois
tu te livres
tu me lèvre humide, je te délivre
je te délire, tu me délires et passionnés
je t'épaule, je te vertèbre
je te cheville, je te scie les papilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons, même à distance
tu m'aisselle
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche, je te balai
je te dent, je te griffe
je te vulve, je te paupière
je te haleine, je t'aime
je te sens, je te cou
je te molaire, je te certitude
je te joue et te veine
je te main, je te sueur
je te langue, je te nuque
je te navigue, je t'ombre
je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris
je t'écris
tu me penses
LES CRIS VAINS
Personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à dire
et que le rien que nous nous disons
continuellement
nous nous le disons
comme si nous ne nous disions rien
comme si personne ne nous disait
même pas nous
que nous n’avons rien à dire
personne
à qui pouvoir le dire
même pas à nous
Personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à faire
et que nous ne faisons rien d’autre
continuellement
ce qui est une façon de dire
que nous ne faisons rien
une façon de ne rien faire
et de dire ce que nous faisons
Personne à qui pouvoir dire
que nous ne faisons rien
que nous ne faisons
que ce que nous disons
c’est-à-dire rien
e te lune
tu me nuage
tu me marée haute
Je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
Tu me paralaxe
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m'oblique
Son corps léger
Extrait 5
Ce n'est qu'une colombe
dans une position délimitée
là où je suis par l'orage
mais l'autre pensait :
qui respire près de la glace
est-ce la fin du monde ?
quoi qu'il en soit c'est un délice
il se passe quelque chose
c'est une erreur
glissant entre mes lèvres
son corps léger
Son corps léger
Extrait 1
Son corps léger
est-il la fin du monde ?
c'est une erreur
c'est un délice glissant
entre mes lèvres
près de la glace
mais l'autre pensait
ce n'est qu'une colombe qui respire
quoi qu'il en soi
là où je suis
il se passe quelque chose
dans une position délimitée par l'orage
…
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press.
La revue Po&sie, éditions Belin.
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