Un recueil de Jean Mambrino que j'avait beaucoup apprécié en son temps et redécouvre avec grand plaisir ! (inscrit depuis peu sur Babelio, je redécouvre et "revisite" ainsi, avec un plaisir non dissimulé, ma bibliothèque accumulée depuis nombre d'années... ! ... )
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Petit par sa taille et son épaisseur (68 pages), ce recueil renferme cinq chapitres de 10 poèmes.
De recueil en recueil, l'oeuvre de Jean Mambrino est multiforme, mais renferme toujours la même voix (voie) qui poursuit inlassablement un chemin de vérité, tachant de décrypter l'invisible à travers le visible...
Ici, ce sont des poèmes en prose jetés comme de petit pavés de signes noirs sur le blanc de la page...
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De page en page, le poète nous livre de façon étonnamment concise, concrète, lumineuse aussi et savoureuse, sa manière de contempler le monde, la vie, toute chose qui se donne au regard, aux mouvements de l'être profond, ces routes de l'invisible que le poète sait nous rendre si perceptibles, ces sentiers printaniers récapitulant, dans un toucher de l'âme, ce qui nous importe de vivre jour après jour.
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Qu'il est puissant, Jean Mambrino, dans sa façon d'appréhender, par des allers et retours continuels, l'univers des mots et celui-là même qui nous entoure de ses feuillages, de ses cimes, de ses fenêtres ouvertes sur des chants d'oiseaux, là où "celui qui dort, la tête posée sur le tonnerre, entends le silence des sources, les flammes des papillons qui dansent sur les pierres, quand la montagne chevauche le vent, et que le temps abonde autour de ce frêne en gloire."
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Entre le 'paysage intérieur' de l'auteur et celui extérieur qui l'embrasse et se livre à sa voix, le regard se découvre médiateur, spectateur émerveillé en même temps qu'il participe à cet enfantement réciproque ! ...
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Une poésie qui vivifie et sème le baume des commencements "là où les choses se défont, pour reparaître dans un ciel nouveau-né", et l'auteur d'ajouter : "Il y a une odeur écolière au seuil de l'aube. le bleu doré de l'air réveille le corps du monde que recouvre encore un pollen d'étoiles. La terre est nue, offerte au futur."....
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Que ces quelques impressions vous donnent l'envie - je l'espère - d'aller plus avant dans ce livre dont l'alchimie des mots renferme des pépites !
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LA PROMESSE DE L'ADIEU
Le visage, puis tout le corps, baigne dans la brise fraîche de l'aurore, au fond des plis de la rose du monde. La rougeur gagne les veines, s'insinue dans les alvéoles, vole à travers les crevasses des nuages, sur les plages de l'horizon. Un parfum brûle dans les poumons tous les souffles du passé, et la flamme odorante qui sort des yeux communie à la montagne, embrasée par le même incendie de douceur et de perfection. Cette floraison du feu de l'origine transmet un secret que la chair reconnaît jusqu'au fond de ses cellules, à l'instant où la rose universelle recule, se défait, et peu à peu s'éteint, ne faisant plus qu'un avec son souvenir - qui projette cette aurore vers sa fin.
(p.47)
Dans le laboratoire de Poésie Pratique, Jean Mambrino