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sur 1501 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand ai-je lu pour la première fois "La Mort à Venise" et quel auteur me l'a fait lire ?...
Je n'en suis plus très sûre, je me rappelle une mention d'Henry Miller parmi les oeuvres les plus chères au coeur d'une de ses amies, dans l'un de ses livres... Mais je l'avais déjà lu (et j'éprouvais alors le plaisir particulier de "ceux qui savent", des initiés...)
Je ne sais plus.
Cette fois, je pensais continuellement au film de Visconti (que je ne connaissais pas encore en découvrant le texte).
Revisitant l'oeuvre exquise de Thomas Mann, le film gagne encore en profondeur à mes yeux (si cela est possible..) tant Visconti "imagine" la nouvelle, la réalise au sens littéral..

le profil de Tadzio, son découpage sur un horizon absent, la bouffonnerie lugubre des masques et l'atmosphère... si particulière que la qualifier de mélancolique et mortifère n'est pas assez pour en dire la singulière beauté.
Thomas Mann fait une oeuvre classique (polie, soutenue, distinguée et précise) à l'âme baroque (trouble et mouvementée, dérangeante..)

Peut-être parvient-il à trouver l'équilibre rêvé par son personnage de poète ? Celui qui n'est pas altéré par l'exigence de l'idéal esthétique (de la beauté), de l'impression que procure la beauté...mais mystérieusement guidé par elle, parvient encore à émerger du tumulte des sens pour en proposer une définition.
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La mort à Venise/Thomas Mann/Prix Nobel 1929
Thomas Mann est né en 1875 en Allemagne et mort en 1955 en Suisse. Très grand écrivain allemand, il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1929.
Cette nouvelle met en scène Gustav Aschenbach, écrivain au faîte de sa renommée, riche et estimé de tous, personnage tourmenté et indécis, animé d'une sérénité apollinienne qui tente de résister à des pulsions dionysiaques, mais pas toujours avec succès. Il connaît alors une tentation pédérastique à la vue d'un jeune éphèbe polonais, une passion muette confinant à l'extase, une sorte de transe anagogique qui le ruine intérieurement et va bouleverser sa vie.
Dans sa jeunesse, « il s'était montré purement, servilement cérébral, avait exagérément exploité la connaissance, avait coupé le blé en herbe, profané des mystères, suspecté le talent, trahi l'art, et tandis que ses imaginations entretenaient, animaient, édifiaient des lecteurs qui aimaient son oeuvre d'un amour naïf, un défaut de maturité lui avait fait tenir à la jeunesse suspendue à ses lèvres de cyniques propos sur la nature équivoque de l'art et des artistes. »
De nombreuses digressions philosophiques émaillent cette nouvelle au style romantique, subtil, précis, raffiné et très descriptif. La grande culture hellénique de Thomas Mann transparaît constamment et les références à la mythologie grecque sont nombreuses. Une réflexion sur l'art et la beauté émane tout naturellement de ces lignes somptueuses. D'une lecture assez difficile, cette nouvelle ravira les esthètes et les amateurs du style recherché de Thomas Mann. La portée autobiographique de ce texte est indéniable.
Il m'a semblé que la traduction était par moment un peu laborieuse et alourdissait le phrasé.
Cette nouvelle a été portée à l'écran par Visconti en 1970, mais sans grande fidélité au texte et surtout aux intentions de Thomas Mann.
Dans la nouvelle suivante, « Tristan », l'auteur, avec ironie, mais sans dérision, souligne la relativité des choses et l'incertitude des jugements humains. D'une lecture plus aisée que la précédente, cette nouvelle doit se déchiffrer au second degré. On y décèle une satire de la mentalité bourgeoise. L'action se passe dans un sanatorium où des personnages assez caricaturaux évoluent de façon souvent grotesque. Un sentiment de décadence morale et artistique émane de ce récit assez cocasse.
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Mourir d'amour, mourir par amour- quelle différence quand plus rien ne compte, y compris sa propre vie, que celui dont on est tombé éperdument amoureux jusqu'à en oublier toute forme de convenance, de limites, jusqu'à se négliger soi-même, hypnotisé par la présence de celui qui occupe tout l'espace dans notre esprit.
C'est l'histoire de Gustav Aschenbach, écrivain reconnu, qui jusqu'alors s'est imposé une vie d'acète et qui comme Thomas Mann (dont il est en grande partie le double) pense que la contrainte et la discipline sont les meilleurs alliés pour l'écrivain. C'était sans compter sur la fatalité…
Au détour d'une rencontre fortuite, d'un regard, il est soudain épris de liberté, d'une sensation exaltante qui le domine et le pousse à partir et l'emmène jusqu'à la sérénissime Venise.
Ce besoin soudain de fuir, se libérer du joug trop longtemps serré de la création, Aschenbach pense y puiser un nouveau souffle. Mais le titre explicite nous laisse comprendre qu'il s'agira d'un point de non-retour (pas de spoil, soyez rassurés, la préface- à ne pas lire avant- en dit bien plus et bien trop !).
Ce court roman est la quintessence même de l'écriture romantique : belle, précise, élégante, lyrique et profonde, en plus de porter une intrigue qui permet à Thomas Mann d'y déployer sa pensée sur la recherche de la beauté éternelle.
Acshenbach, cet écrivain solitaire et taciturne croise un jeune polonais de bonne famille dans son hôtel, la perfection est là et il ne pourra dès lors plus jamais s'en passer.
S'en suivent des descriptions du jeune homme dans lesquels Thomas Mann excelle. Les termes mélioratifs s'accumulent, le portrait atteint le sublime, faisant de lui un éphèbe à la beauté parfaite. Fasciné par cette apparition il se fait la promesse définitive et fatale de ne plus le quitter : « je resterai ici, tant que tu resteras ».
Une rencontre qui se limitera entre les deux hommes à un jeu de regards, mais pour Aschenbach le trouble est trop grand, il renonce progressivement à la raison, à toute forme de dignité, dominé par sa passion pour cet Adonis dont il est prisonnier. Si la situation est ensorcelante pour lui, elle l'est aussi pour le lecteur, car finalement si Aschenbach est fasciné par ce jeune homme, le lecteur trouve lui aussi l'exaltation dans la beauté des mots, dans le lyrisme et les descriptions sublimes cherchant à fixer la beauté pour l'éternité mais en vain selon Thomas Mann car « le langage peut bien célébrer la beauté, mais n'est pas capable de la restituer ».
Un texte fort et profond, une histoire enivrante d'un amour interdit, finissant par faire de Venise un véritable personnage devenant le geôlier de cet écrivain solitaire luttant contre sa peur de vieillir.
C'est triste, beau et romantique.
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LA MORT À VENISE de THOMAS MANN
Mai 19.., Gustav Aschenbach quitte son appartement de Munich et en se promenant décide de faire un court voyage, son travail actuel étant bloqué. C'est un homme fragile, malade depuis l'enfance, écrivain reconnu dont certaines oeuvres sont au programme des écoles. Il se décide pour Venise qu'il aborde en gondole. Dans son hôtel il croise un groupe de polonais, trois filles de 13/17 ans et un garçon de 14 ans avec leur gouvernante. Il est fasciné par sa beauté, « sa tête d'Eros », mais le temps est pluvieux et il décide de partir pour Trieste, malgré l'attirance ressentie. le hasard fait que ses malles soient mal dirigées et qu'il doive rester à Venise dans cet hôtel. de retour il croise Tadzio, s'abandonne à l'ivresse de l'amour et au dégoût du travail, envisage de ne plus rentrer à Munich. Mais une rumeur bruisse le long des canaux vénitiens, et tout va changer…
Un livre d'une grande beauté à l'écriture qui fascine, un chef d'oeuvre pour moi bien au delà du , pourtant, très beau film de Visconti. le crépuscule de la vie d'un homme malade dans une ville aux charmes vénéneux. Un livre éminemment romantique.
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Gustav Aschenbach (Gustav comme Gustav Mahler qu'admirait Thomas Mann) écrivain écouté, annobli lors de son cinquantième anniversaire, ressent l'envie irrépressible, fougueuse, imaginative de voyager.

Après un passage près de la côte d'Istrie, il rejoint la Sérénissime en côtoyant quelques êtres d'une essence particulière tantôt du domaine de l'exacerbation (le vieil homme) tantôt du domaine matérialiste (le gondolier).

L'arrivée à l'hôtel et les ronds de jambe dont il n'est pas dupe : un monde dans le monde, un monde de privilégiés qui s'ignore entre eux.

Petit à petit, Aschenbach se distancie physiquement de ce qui l'entoure tout en observant attentivement l'atmosphère, les êtres, les lieux. Perception des uns et des autres, de lui-même, de l'oeuvre divine.
Il y a LA rencontre.
Un mélange du corps du David de Donatello et des traits à la Botticelli (image personnelle) en la personne du jeune Tadzio, d'une beauté androgyne et d'une pureté dangereuse pour l'homme vieillissant.

Aschenbach, homme de traditions et d'éducation, masque composé par la notoriété, tombe progressivement dans l'abîme de la passion et de la Beauté jusqu'à perdre ce qui le constituait et se découvrir autre.

Il se brûle sans oser, il aime jusqu'à la douleur.
Mélange d'art, de sublime et de désir.

De nombreuses références à certains textes antiques dont « Erotikos » de Plutarque (les explications en bas de page aident à la compréhension) nous éclairent sur les propos développés dans le texte.

Livre à peine refermé que l'on se doit de relire tant les subtilités ne se donnent pas toutes à la première lecture.
Un style qui parle aux sens en décrivant lieux, sons des rues, attentes, regards, poses corporelles, émois intérieurs, délicatesses …
Une vision réaliste de la Venise fascinante et trouble accompagne la lucidité d'Aschenbach lors de ses déambulations.

Une descente au tréfonds de l'amour impossible, l'amour parfait où art et beauté fusionnent étouffant l'artiste et l'homme en recherche infinie, plus loin que le quotidien banal et réducteur.

Un livre dont on sait que (sauf la filature de Tadzio dans Venise) l'auteur s'est inspiré d'un vécu et a osé mettre en mots ce qu'il avait de plus intime en lui.

Un chef d'oeuvre de finesse racontant la démesure du héros.
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Cette nouvelle très célèbre de Thomas Mann met en scène un écrivain, Gustav von Aschenbach, qui, en villégiature à Venise, rencontre la beauté en la personne de Tadzio, un adolescent polonais, et s'en éprend au point d'y brûler toutes ses forces. D'inspiration nietzschéenne, ce texte tend à montre que la beauté, dans sa forme la plus pure, est au-delà du supportable pour un artiste et entraîne fatalement la mort. En arrière-plan, il y a bien entendu le déclin de l'Europe en ce début de vingtième siècle. le choléra qui ravage Venise n'est qu'une manifestation physique d'un mal d'ordre spirituel. Germanistes de formation, j'ai la chance de pouvoir lire la nouvelle en allemand, pouvant ainsi savourer les finesses et les subtilités de la langue de Thomas Mann.
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Depuis le temps que je voulais lire Mort à Venise! Tellement, en fait, qu'en ouvrant le recueil, j'avais un peu peur d'être déçue. Peur infondée! le style, l'ambiance, tout est parfait, moite à souhait, pas un mot en trop dans une nouvelle qui repose uniquement sur l'ambiance et la plume extraordinaire de Thomas Mann. Je comprends bien qu'elle soit aussi célèbre, et à vrai dire elle écrase même un peu les deux autres textes du recueil, intéressants mais ne sachant pas se hisser à sa hauteur.
Dans une Venise crépusculaire, un artiste au crépuscule de sa vie tombe fou d'un jeune éphèbe, et le suit dans les rues sans jamais lui parler...Dis comme ça, ça parait étrange, non? Et c'est tellement prenant!
A lire, pour vous réconcilier avec les classiques.
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Der Tod in Venedig. Quelle histoire ! L'admiration d'un vieil homme pour un jeune garçon (clin d'oeil aux amateurs de Régis Franc : Tadzio), l'épidémie de peste, la ville de Venise… et l'écriture de T. Mann. Et le spectre de Mahler.
NB : quand j'ai vu le film, en 1976, l'opérateur avait interverti les bobines et Aschenbach est mort avant d'arriver à Venise. un grand souvenir !

mise à jour ; cet été, en août 2022 donc, je suis allé à Davos. j'ai pris le funiculaire pour monter au sanatorium, grand bâtiment parallélépipèdique sans charme, nanti d'une pelouse, d'où l'on jouit d'une belle vue sur les montagnes alentour.

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Lors d'un séjour dans la lagune de Venise en 1911, Thomas Mann comme beaucoup d'allemands s'inquiétait de la santé de Gustav Mahler qui, après un voyage à New York, rentrait malade à Vienne pour y mourir. Par association d'idée cela le fit penser à Richard Wagner qui finit sa vie à Venise en 1883.
Pensant à lui-même, il créa le personnage de Gustav von Aschenbach, écrivain munichois comme lui. Sauf que Thomas Mann n'avait alors que 35 ans ! Voilà quelles sont les sources d'inspiration de ses réflexions sur la peur de vieillir, sur le travail de la création littéraire, sur la mort, sur le rapport que l'on a à la vie en vieillissant. Tous ces thèmes il les aborde avec des références à d'autres oeuvres et toujours avec comme idéal à atteindre, la beauté. Mais le personnage d'Aschenbach est loin d'être un sympathique vieillard, il est bourré de principes, pétri de certitudes, fier de ce qu'il est devenu et se prenant très au sérieux. Pour lui qui se sent vieux, la vieillesse est incompatible avec la beauté, il critique un « vieux beau » et s'éprend d'un jeune adolescent qui répond mieux à ses critères. Il est aigri, n'est pas loin de se réjouir de constater que cet adolescent est fragile, peut-être malade, il est envieux de ce qu'il n'a plus, au moins de sa jeunesse. le jeune éphèbe devient une obsession inavouable, au point qu'il renonce à son départ de l'hôtel alors qu'il était prêt de s'enfuir. Cette obsession apporte le désordre dans l'ordre et la routine de l'écrivain. Ce qui va doublement entraîner sa mort, mort de l'écrivain qui n'arrive plus à écrire tellement il est obsédé par le charme du jeune adolescent, et mort de l'homme, rattrapé par l'épidémie qui sévit à Venise. Cette épidémie n'est pas nommée, on ne peut que supposer qu'il s'agit du choléra. La ville de Venise, la Sérénissime, est un merveilleux décor pour ce drame, avec ces deux faces : son éclat, la beauté des lieux, de l'architecture, les arts d'un côté, et les miasmes putrides porteurs de maladie de l'autre. La description de Venise est magnifique.
Le texte est exigeant, dense tant dans son style que dans ses idées. L'écriture est splendide, très fine, précise dans le vocabulaire employé et compliquée par la structure des phrases. Ce court récit est un petit bijou, magnifiquement adapté au cinéma par Luchino Visconti.
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C'est l'histoire d'une rencontre muette, extasiée, entre von Aschenbach et un adolescent polonais, Tadzio, une rencontre qui n'en est pas vraiment une.
C'est l'histoire d'un regard et d'un sourire qui vont bouleverser une vie.
C'est l'histoire de Dyonisos et d'Apollon, du frisson esthétique qui se fait tremblement de terre et ravage tout, des certitudes à la routine d'une vie bien huilée.
C'est l'histoire de la source même du Verbe chez l'auteur.
Une histoire d'Amour?
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