Que l'on parle de l'oeuvre (littéraire) de
Thomas Mann ou de celle (cinématographique) de Visconti lorsque l'on évoque "
La mort à Venise", il s'agit incontestablement d'un chef d'oeuvre.
Néanmoins, je vais limiter ma critique à l'oeuvre littéraire. Chef d'oeuvre c'est certain mais je dois reconnaître que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire parce que le style employé par l'auteur m'a assez dérangé. C'est certes bien écrit mais les phrases sont longues, le texte peu aéré, souvent contemplatif, et contenant de longues digressions qui font perdre le fil d'un récit en réalité assez court en terme de pages.
"
La Mort à Venise" est donc le récit sinon la chronique d'une mort annoncée d'une part dans le titre mais également, d'autre part, dans le dessein de l'artiste et principal protagoniste qui semble entièrement se vouer à elle, mais qui n'est pas sans de nombreuses contradictions ou noeuds gordiens. Par exemple, la mort est souhaitée et dans le même temps il y a une volonté réelle de la fuir.
Ce qui est certain, c'est que la Mort apparaît comme un personnage à part entière dans cette oeuvre : aussi bien officielle que masquée (à l'image du gondolier qui apparaît comme un passeur d'âmes, ou encore de l'aveuglement d'Aschenbach pour un jeune garçon qui peut s'entendre de la violation d'un interdit, le Mal incarné par l'épidémie de choléra qui sévit, etc.).
Avec cette oeuvre magistrale,
Thomas Mann raconte ainsi par le biais d'un récit en lieu clos (un hôtel dans la cité de Venise), une passion amoureuse soudaine d'un artiste en villégiature pour un jeune éphèbe, et à travers ceci, la décadence du début du 20ième siècle, brisée par un fléau, le choléra. Il souligne également l'attrait qu'exerce la beauté physique réelle d'un jeune garçon sur le héros qui, concevant, dés lors que la beauté rêvée peut donc être dépassée s'avoue vaincu et constate que la mort est pour lui inéluctable.
Au final, un récit court, triste mais cependant intense qui mérite d'être lu, bien que délicat d'accès à première vue.