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EAN : 9782021476149
560 pages
Seuil (07/04/2023)
4.64/5   7 notes
Résumé :
Célèbre parmi tous les apôtres, saint Paul est aussi le plus mal connu. On le dit colérique, doctrinaire, antiféministe, hostile au judaïsme. Après le message simple de Jésus, il serait venu tout compliquer avec une théorie obscure du péché... Mais qui a vraiment lu ses lettres ? Qui a deviné l'homme derrière les propos de Paul de Tarse ?
L'originalité du livre de Daniel Marguerat est d'immerger ses écrits dans la vie tumultueuse et passionnée de l'apôtre. C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Saül, alias Paul de Tarse s'est trouvé un excellent avocat en la personne de Daniel Marguerat, l'auteur de cet essai touffu et brillant, mêlant biographie et histoire des premières années de la chrétienté.

En ce qui me concerne c'était un terrain quasi vierge. Il m'est bien sûr arrivé d'entendre ou de lire des extraits de ses fameuses épîtres. Après tout elles font partie du corpus du Nouveau Testament… Pour tout dire je n'apprécie pas beaucoup ces textes souvent difficultueux, empreints d'un esprit qu'on peut aujourd'hui juger légitimement archaïque et doloriste.

Ce qui m'a d'abord fasciné c'est l'ancienneté. Par les sept épîtres (sur treize) attribuées réellement à Paul, toutes ont été rédigées (probablement par un collectif de fidèles, car écrire supposait alors un lourd travail de groupe, sans parler de la diffusion) autour des années 50, soit vingt ans avant le premier des quatre évangiles.

Daniel Marguerat détaille le contenu de ces textes, qu'il commente en fonction des plus récentes découvertes historiques. Pour la biographie de Paul, il ne manque pas de souligner tout ce qui nous est resté inconnu ou douteux de ses voyages incessants à travers la Méditerranée, à commencer par la date de sa mort, probablement autour de 62 à Rome. Mais là aussi, les certitudes manquent.

Enfin les six épîtres rédigées en son nom bien après sa mort ont aussi bien des choses à révéler. de même que l'utilisation qui a été faites de la pensée de Paul par de nombreux auteurs et groupes religieux hérésiarques, soit pour le dénigrer soit pour l'encenser. Visiblement Paul était clivant, comme on dirait aujourd'hui !

Ce terrain des études pauliniennes, comme on les appelle, est travaillé de manière incessante depuis au moins la Réforme. Les spécialistes ne manquent pas et c'est tout le mérite de cet ouvrage que de mentionner leurs travaux, qu'ils aillent ou pas dans le sens que privilégie l'auteur.

Loin d'être aride ce livre est accessible à tout un chacun tant l'auteur est emporté par son sujet. Son intérêt il n'a aucun mal à le partager avec son lecteur.
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S'est-on jamais demandé ce qu'il serait advenu du monde si Jésus n'avait fait des disciples que parmi les Judéens ? Formulée autrement, cette question revient pratiquement à chercher à apprécier dans quelle mesure Paul, juif lui aussi, a contribué tout à la fois à la définition et à la diffusion du christianisme tout nouveau-né. On sait, en effet, qu'après la mort de Jésus, certains de ses disciples (notamment son frère ou cousin Jacques) considéraient que le message de Jésus ne concernait que le peuple juif.

L'auteur rappelle d'abord que Paul a écrit ses épîtres quinze à vingt ans avant que les quatre évangiles retenus dans le canon l'aient été eux-mêmes. Il avance également que, d'une part, les épîtres attribuées à Paul n'ont pas toutes été écrites par lui seul et que, d'autre part, certaines ont été rédigées après sa mort par ses compagnons.

L'intérêt principal de ce livre (écrit par un protestant) est de faire mieux sentir et comprendre l'extrême fragilité à son origine de ce qui deviendra la religion chrétienne. En effet, pendant la courte période qui suit la mort de Jésus et précède la démolition du temple de Jérusalem, les assises de la chrétienté n'étaient pas encore solidement établies et plusieurs courants d'interprétation divergeaient, voire se combattaient. Il faudra d'ailleurs plusieurs siècles avant qu'un seul des surgeons issus de la souche s'affirme comme l'arbre dominant. L'ouvrage montre comment les discussions et querelles entre groupes partisans de Jésus ont en quelque sorte forcé Paul à préciser, par touches progressives et parfois contradictoires, l'interprétation qui deviendra prépondérante.

Contrairement à ce que pourrait croire a priori le lecteur, croyant ou non, ce livre, fondé sur une connaissance quasi encyclopédique de la littérature consacrée à Paul, est d'une grande actualité, ne serait-ce que lorsqu'il oppose à la hiérarchie exclusivement masculine de l'Église catholique le rôle que Paul a fait jouer aux femmes. Historiquement, on sait en effet qu'à cette époque "il ne serait venu à l'idée de personne, ni en Israël, ni en Grèce, ni à Rome, que des femmes puissent enseigner, prophétiser lors du culte ou être envoyées en mission comme apôtres. Or c'est ce que Paul a systématiquement mis en place (...)."

Vous me demanderez pourquoi ce livre se lit si facilement. C'est qu'il entremêle le récit de la vie de l'apôtre et de son oeuvre. Nous ne sommes ni en face d'un essai théologique, ni d'une biographie, mais d'un ouvrage où l'un et l'autre sont mis au service d'une meilleure compréhension (par une excellente contextualisation) des premiers pas de la religion chrétienne.
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Lu après une conférence de l'auteur proposée par Le Monde de la Bible.
À la croisée de l'histoire et de l'exégèse, un passionnant récit autour de Paul, sa vie, son oeuvre, sa théologie, et sa postérité.
Sous la plume de Daniel Marguerat, les lettres de Paul prennent vie, et Paul devient un être de chair et de sang, avec ses intuitions, ses fulgurances, sa puissance de raisonnement, l'originalité et la liberté de sa réflexion, mais aussi ses sentiments successifs, voire ses excès et par moment sa mauvaise foi.
On découvre également les premières communautés chrétiennes, les tensions et les rivalités au sein de l'église naissante, et notamment le conflit violent de Paul avec l'église de Jérusalem qui se terminera par son arrestation et sa mort. Bien que la volonté de Paul, éduqué dans une double culture, juive et grecque, ait été de rassembler juifs et non juifs dans le corps du Christ, les chrétiens se sont ainsi peu à peu séparés des juifs, et l'église judéo-chrétienne n'a pas eu de postérité.
Un livre qui donne à réfléchir sur les conflits au sein de l'Eglise aujourd'hui (dès le premier siècle, l'Eglise a été traversée par les guerres intestines, les rivalités et les trahisons) et propose quelques pistes pastorales pour le futur.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous, comme une mère choie ses propres enfants".
(Épitre de Paul aux Théssaloniciens)
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"Douce nourrice, douce mère, quels fils enfantes-tu et nourris-tu sinon ceux que tu engendres et enseignes en les instruisant dans la foi du Christ ?"
(Anselme de Cantorbury, Oratio ad sanctum Paulum)
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Il est amusant d'observer la réaction des commentateurs à cette maternité de Paul et de ses collaborateurs. Elle va de la répugnance (d'hommes) à l'enthousiasme (de femmes). Force est de constater : il fallait la provocation que représente le choix de cette métaphore maternelle pour porter à l'inouï le langage du don apostolique de soi.
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John Scheid, l'historien de l'Antiquité, a écrit un livre au titre signifiant : "Quand faire c'est croire". Il veut dire par là que pour manifester socialement l'identité du groupe religieux, le bien-faire est plus décisif que le bien-penser.
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Une tradition figée est une tradition morte. Lui assurer sa pertinence, défendre sa vérité, c’est lui donner un avenir en l’adaptant au présent.
L’école paulinienne s’est donc attachée à faire mémoire du maître de deux façons. D’une part, elle lui a été fidèle en préservant et en éditant sa correspondance (héritage documentaire). D’autre part elle lui a été fidèle en réinterprétant sa pensée dans les conditions changées des décennies qui ont suivi sa mort (héritage doctoral). Si elle n’avait fait que figer son texte, elle l’aurait momifié. Si elle avait actualisé sa pensée en négligeant ses écrits originaux, elle aurait fait de l’actualisme en camouflant la source. L’Eglise ancienne l’a bien compris, elle qui a accueilli dans le canon du Nouveau Testament les treize épîtres (7+6) de la tradition paulinienne.
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L'option de Dieu pour la faiblesse fait voler en éclats les valeurs d'excellence que se donne la société romaine : prestance, richesse, pouvoir. Dès lors, nul ne peut s'en prévaloir en l'Église.
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Dans l'histoire des origines du christianisme, on ne soulignera jamais assez le rôle crucial joué par l'Eglise d'Abtioche-sur-l'Oronte. C'est dans ce milieu helléniste qu'eut lieu la première inculturation, la première réélaboration du message chrétien hors Jérusalem. C'est là que se trouvent les prémices d'un universalisme, dont Paul sera le magistral communicateur.
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Vidéo de Daniel Marguerat
https://www.laprocure.com/product/1289911/marguerat-daniel-paul-de-tarse-l-enfant-terrible-du-christianisme

Paul de Tarse : l'enfant terrible du christianisme Daniel Marguerat Éditions du Seuil
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