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EAN : 9782955211946
114 pages
Editions Poésis (17/02/2018)
4.72/5   9 notes
Résumé :
Depuis toujours, l'homme entretient une relation étroite avec le jardin. Espace à la fois clos et ouvert sur le territoire qui l'entoure, il nous offre la possibilité de faire un pas de côté, de tenter d'autres manières d'être au monde, loin des modèles politiques ou existentiels dominants. Aujourd'hui, il se peut que le jardin soit là pour nous rappeler que c'est poétiquement, comme le dit Hölderlin, que nous habitions autrefois cette terre, ou pour nous sortir de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Venez, oubliez le temps présent, les ombres, l'absence de lumière qui obscurcissent le monde actuel... Je vous propose une échappée, je vous invite à une envolée, à une déambulation en marge du temps, à la lisière du réel. Je vous convie à rencontrer des amoureux de la nature, dans leur antre : un jardin morceau d'irréalité devenue palpable au travers de la douceur des feuilles, du bruissement des arbres, du parfum des fleurs, du chatoiement des couleurs, à arpenter des lieux encore habités de l'âme de sages ou de fous – mais qu'importe ! - qui les ont aimés, écrits, créés, vénérés, vécus...

Sur les pas de Marco Martella, nous voici "en voyage", sans songer ni aux distances, ni à la certitude d'une chronologie, nous voici transportés d'un jardin choisi à un autre, nous voici autorisés à une rencontre, puis à une autre : autant de personnalités, de paysages, de regards posés, différents, comme on tenterait d'écrire et de repenser la définition du mot "jardin" et surtout le scintillement précieux qu'elle renferme et que nous oublions de contempler, trop pressés que nous sommes, dans nos temps affolés.


Vous pousserez la porte de jardins italiens, certains habités de sculptures effrayantes en pierre comme à Bomarzo, pour voisiner l'imaginaire et l'évidence d'une présence autant protectrice que juge des actions humaines, certains envahis du silence des hommes pour ne laisser parler que les feuilles qui murmurent ou les oiseaux qui pépient, lieux de pérégrinations songeuses et ressourçantes, de méditations enrichissantes et douces.

L'Angleterre vous mènera auprès de Vita Sackville-West et des foisonnements de couleurs inventés et créés...ou la Suisse vous attirera irrésistiblement auprès d'Hermann Hesse, de sa mélancolie et des précieux instants que le jardin lui offre, éloigné de l'agitation et de la folie qui embrase le monde...

La Vallée-aux-Loups et l'ombre de François-René de Chateaubriand qui chemine encore, diaphane sur ces sentes au milieu des cèdres qu'il aimait tant et qui témoignent encore aujourd'hui de sa présence passée...

Un jardin comme une acceptation de l'éphémère de la vie, comme celui que partage Pia Pera dans son bouleversant livre, une leçon d'acceptation de l'infinitésimalité de la durée de l'existence humaine en regard de celle des hôtes du jardin.

Une oasis fragile et bienveillante comme une offrande miraculeuse au milieu d'un désert, une méditation sur la nature même du jardin, sur la vérité du jardinier, sur la fulgurance d'un lieu, qui serait finalement le berceau de tout, l'origine première de la vie, et que l'homme dans sa folie ne saurait plus reconnaître ou a choisi délibérément d'oublier….

Et quand vous franchirez les grilles de Versailles, je gage qu'effrayé de tant de grandeur, de grandiloquence même - puisque vous le savez désormais, les jardins murmurent, chuchotent, narrent.... - vous ferez demi-tour devant cette image déformée de l'essence même du mot que vous essayez de saisir, de cette dimension immense qui échappe, vous enfuyant vers ce banc italien en pierre où seule frémit la brise, entouré du seul balancement des fleurs sauvages, où seuls les mots du vent vous accompagnent, à l'échelle de ce monde autre que vous espérez, une parcelle, un îlot, un lieu de surprise et de féerie...


Ce petit livre, c'est tout cela - et d'autres lieux aussi mais je vous laisse les découvrir tout autant que les photos en noir et blanc qu'on aimerait conserver en souvenir de cette fugue extasiée - un souffle de vent caressant, aussi bienveillant pour les tiges graciles que pour les arbres majestueux, aussi indulgent pour celui qui contemple la nature sans la voir que pour celui qui fait désormais corps avec elle comme une part de soi-même enfin retrouvée.
Le jardin, autre messager de l'imaginaire, comme les livres ou le poème, le jardin comme un lieu de survie dans un monde agité et trop bruyant, le jardin comme la main qui se tend et invite à regarder autrement, à vivre différemment, à écouter inlassablement...
Le jardin comme une parenthèse qu'il faut prolonger...

"Un monde dans un monde perdu
un petit monde, un monde parfait,
En un temps aveugle une petite chouette qui voit dans les ténèbres."
Vita Sackeville-West, The Garden.


Et je ne résiste pas à partager avec vous l'épigraphe de ce livre qui fut pour moi, par sa nature même, comme un appel pressant à pénétrer ces lieux que j'aime tant, comme l'assurée évidence d'une lecture enchantée à venir, comme la rencontre d'un livre-ami qui me parlerait d'autres amitiés choisies…

"And we've got to get ourselves
back to the garden.

Joni Mitchell, Woodstock


Alors, vous venez ? Poussons la porte et écoutons, contemplons, vivons vrais...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ainsi, même le plus humble ou le plus modeste des jardins nous apparait aujourd'hui comme une rupture dans le territoire et dans le tissu de non-lieux dont sont composés nos paysages, une zone franche, un maquis possible. Il constitue une subversion. Pas une subversion comme on l'entend couramment, à savoir un acte révolutionnaire visant à renverser le pouvoir en place et à le remplacer par un autre, mais une dissidence, une voix discordante. Davantage un bruissement qu'une voix, n'imposant rien, se limitant, comme le fait parfois le poème, à suggérer des cheminements possibles.
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Videos de Marco Martella (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marco Martella
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre 0:06 - Trieste 1:29 - le faubourg 5:27 - Lieu cher 5:57 - Une nuit 6:32 - Variations sur la rose 7:15 - Épigraphe 7:30 - Générique
Contenu suggéré : Giacomo Leopardi : https://youtu.be/osdD2h8C0uw Marco Martella : https://youtu.be/R9PPjIgdF2c Iginio Ugo Tarchetti : https://youtu.be/hnV93QZ6O1s Guido Ceronetti : https://youtu.be/mW1avxXaSKI Alberto Moravia : https://youtu.be/MgIVofYEad4 Pier Paolo Pasolini : https://youtu.be/-sWZYlXVZ-U Cesare Pavese : https://youtu.be/uapKHptadiw Dino Buzzati : https://youtu.be/ApugRpPDpeQ Sibilla Aleramo : https://youtu.be/Y24Vb0zEg7I Julius Evola : https://youtu.be/coQoIwvu7Pw Giovanni Papini : https://youtu.be/tvirKnRd7zU Alessandro Baricco : https://youtu.be/¤££¤74Giuseppe Ungaretti64¤££¤80 Giuseppe Ungaretti : https://youtu.be/_k1bTPRkZrk LES FILS DE LA LOUVE : https://youtu.be/ar3uUF-iuK0 INTRODUCTION À LA POÉSIE : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤76LES FILS DE LA LOUVE77¤££¤ AUTEURS DU MONDE (P-T) : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pPO4gzs6¤££¤39LES FILS DE LA LOUVE75¤££¤8 PÈLERINS DANS LA NUIT SOMBRE : https://youtu.be/yfv8JJcgOVM
Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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