Embûche de Noël

Après leur première soirée libertine au château de Berneville, Julie avait espéré qu’elle pourrait paresser au lit avec son mari et faire une sorte de débriefing sur ce qu’il avait éprouvé la veille. Ayant énormément apprécié ces débuts, elle espérait qu’il en avait été de même pour Marc. Très absorbée par ce qu’elle faisait et par ce qu’on lui faisait, elle devait reconnaître qu’elle n’avait pas porté une grande attention à son mari. Bien sûr, elle l’avait repéré à plusieurs reprises ici ou là, devant, derrière, au-dessus, au-dessous. Mais avait-il aimé ça ? Habituellement peu enthousiaste dans leurs ébats à deux, avait-il apprécié cette configuration à quatre ?

Suite au succès de leur mission d’espionnage, Julie et Marc avaient donc sauvé la dernière année universitaire de Gaëtan à l’ESTSC. Il détenait désormais le précieux diplôme. Précieux au sens de ce qu’il avait coûté à ses parents, plus que pour sa valeur intrinsèque sur le marché du travail. Néanmoins, c’était une satisfaction pour tout le monde.

De son côté, Melville, le fils de Gauthier et Martine de Berneville, cherchait toujours sa voie, à 32 ans, depuis le canapé du salon chez ses parents. Enfin, il attendait plutôt qu’une voie le trouve, par miracle ou par un heureux et improbable concours de circonstances.

Après avoir nettoyé sa voiture pendant une bonne demi-heure dans une station de lavage haut de gamme, Lucien était revenu à l’Hôtel de Police en ayant retrouvé son calme. Sybille ne fit aucun commentaire, le sujet de l’entretien de sa voiture était très sensible pour son adjoint et non un sujet de plaisanterie. Quoique, parfois, quand même…

- On fait un petit film en fin d’après-midi avec tous les résidents des gîtes. Vous en serez, j’espère.
- C’est-à-dire, nous débutons dans le libertinage, alors…
- Vous savez, on ne vise pas un César, c’est surtout pour s’amuser et pour que chacun ait un souvenir du week-end.
- Ah oui ? Et c’est quoi, le titre ?
- Scarfesses.

Ils étaient arrivés sur le parking visiteurs de Tuyox. Ils quittèrent le cocon douillet de l’Alfa Romeo et ils se dirigèrent vers la réception, courbés par la bise qui les poudrait le blanc.

Le mystère des tuyaux bouchés allait enfin être résolu.