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sur 13063 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Bel-Ami" ou comment partir d'un Georges Duroy pour devenir un Georges du Roy de Cantel : Voilà toute l'histoire de ce roman.

Maupassant en pleine possession de son talent de conteur-né et maître de son métier d'écrivain (comme le décrit si bien Roger Martin du Gard) a cette facilité à maîtriser le rythme de la narration, à incruster une description malicieuse, une pensée fugitive d'un personnage, à varier les points de vue, et à introduire un dialogue avec à propos.

L'histoire de Georges est assez singulière. Cet homme médiocre par sa condition, pantouflard, menant un train de vie ordinaire ; comme tout fonctionnaire de bas étage, quelques jours heureux aux débuts du mois et le reste dans l'indigence. Il n'avait ni ambition, sauf, peut-être, une envie vague de changer de situation. Il n'avait jamais pensé à mettre en oeuvre ses moyens (son air de beau garçon) qu'il ignorait peut-être même. Et le voilà soudain devant l'occasion de sa vie ; son ami l'introduit dans une société intéressante et le pousse dans le monde du journalisme. Certes Georges a été opportuniste, il faut l'admettre, voilà l'une de ses bonnes qualités. A partir de là, il commence à s'accrocher, mais sans grands résultats d'abord, ensuite, son ascension se fait grâce aux femmes séduites. Chacune d'elles aura une influence différente sur son parcours. Au fur et à mesure, apparaissait le vrai caractère de Georges ; homme pusillanime (notez son comportement dans l'affaire du duel), égoïste, ingrat (envers son ami Forestier), sans scrupules ; en bref, un homme machiavélique qui apprend vite et voit juste lorsqu'il le faut. Mais, ne le fait-il que pour se venger de cette société de riches ? n'est-il après tout qu'une version réussie d'un Julien Sorel ? Regardez son comportement exemplaire envers ses parents.

Par ailleurs, ce roman nous présente les bas-fonds du métier de journaliste. Mais surtout ce type de journaliste sans principe, qui vend sa plume au plus payant, qui travaille au profit des grands, qui manipule les lecteurs et publie de fausses nouvelles pour des fins maléfiques. de plus, la plume impassible De Maupassant a mentionné quelques épisodes de l'Histoire de la France et ses relations avec l'Afrique du Nord.

Comparons maintenant la fin et le début du roman et le changement de situation de Georges : Sorti, au début, d'un restaurant de classe inférieure, avec quelques sous en poche vers la fin d'un mois, suscitant l'intérêt de quelques simples ouvrières, il sort, à la fin du roman, de l'église, glorieux et acclamé attirant les regards de tout Paris (comme le roi à la fin du "Seigneur des Anneaux").
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Maupassant dira du personnage central de « Bel-Ami », Duroy, un arriviste bel homme : " Bel-Ami, c'est moi ! " ; Duroy, journaliste un peu par hasard, mais qui ne négligera aucun des avantages que lui confère son emploi de reporter dans « La Vie Française », ajoutés à sa belle allure pour gravir les marches de l'ascension sociale en utilisant les femmes…

Publié en feuilleton dans « Gil Blas » en 1885, voilà un roman contemporain du « Mathias Sandorf » de Jules Verne, du « A rebours » de Huysmans et du « Germinal » de Zola (quelle époque !) avec qui Maupassant s'était lié d'amitié depuis 1880 et sa participation aux « Soirées de Médan ».

Non Maupassant n'est pas du sous-Zola, même si bien des thèmes consubstantiels de l'époque sont communs aux deux auteurs ; ils sont développés « à la Normande » par Maupassant

Maupassant, surtout connu pour ses nouvelles, mais on aurait tort de négliger les romans ; et parmi eux ce « Bel-Ami » que pour ma part, je considère comme un des chef-d'oeuvres de la littérature de cette fin XIX ème siècle, si riche…
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"Bel-Ami" et "Une Vie" sont des romans que j'ai souvent relus.
Le style De Maupassant est incroyablement fluide : aucune lourdeur chez lui, pas de descriptions ou de commentaires qui ralentissent le récit.
Le "héros", Georges Duroy, est un séducteur : il séduira toutes les femmes qui lui seront utiles pour son ascension fulgurante, de petit fonctionnaire besogneux à futur ministre.
La femme d'un ami, qui deviendra sa propre femme, lui apprendra à écrire des articles de journaux, notamment pour manipuler l'opinion publique.
Manipulations, collusions entre les journalistes et les hommes politiques, trafics d'influence, boursicotages... Ce roman est terriblement actuel.
Georges Duroy est un personnage sensuel, cupide, rusé, sans aucun scrupule, prêt à tous les chantages... Pourtant il fascine.
Le personnage n'est pas totalement négatif, car il est quand même capable d'aimer . J'apprécie tout particulièrement les passages qui concernent Mme de Marelle : un peu de douceur dans ce monde de brutes...
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Bel-Ami n'est pas ce que l'on croit, l'histoire d'un gigolo cynique, soulevant les femmes par sa verve, (remplacez vous-mêmes le v par un g) et sa moustache frisée. Maupassantlui-même a rendu l'équivoque possible, en parodiant avec humour Flaubert : « Bel-Ami, c'est moi. »
Car le roman, en plus du rapport, indubitable, de Georges Duroy avec les femmes, présente un long discours d'un poète sur la mort, digne de Schopenhauer : «  La mort, à votre âge, cela ne signifie rien. Au mien, c'est terrible … Il arrive un jour, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où derrière tout ce qu'on regarde c'est la mort qu'on aperçoit… Moi, maintenant, je la vois de si près que j'ai souvent envie d'étendre les bras pour la repousser. Elle couvre la terre et emplit l'espace, Je la découvre partout… Elle me gâte tout ce que je fais, tout ce que je vois, ce que je mange et ce que je bois, tout ce que j'aime. Les clairs de lune, les levers de soleil, la grande mer, les belles rivières, et l'air des soirs d'été, si doux à respirer ».

La mort, avec ces pages admirables et très connues, menace notre comédien quand il doit se battre en duel, et l'approche quand il assiste à celle de son « meilleur » ami, dont il épousera la femme, d'ailleurs.
Georges Duroy a passé deux années en Algérie, et Maupassant nous le présente, cruel et gai, occupé à rançonner les habitants, à les tuer impunément « l'Arabe étant un peu considéré comme la proie des soldats ». La mort, toujours, et la prise de position de l'auteur. Pour la justice sociale, contre les invasions coloniales.
Au retour à Paris, Georges n'a pas de quoi manger, il  ouvre une fenêtre « pour avaler un bon bol d'air ». En petit Rastignac, il s'intègre dans le monde du journalisme, de la politique et de l'argent, où de plus grandes crapules que lui font fortune.
Maupassant, sans aucune illusion, dresse une critique de ce monde parisien : «  des ministres, des concierges, des généraux, des agents de police, des princes, des souteneurs, des courtisanes, des ambassadeurs, des évêques, des proxénètes, des rastaquouères, des hommes du monde, des grecs, des cochers de fiacre, des garçons de café et bien d'autres »tous magouillent. Les journalistes jouent du bilboquet, spéculent, utilisent leurs informations pour s'enrichir. Pas un pour rattraper l'autre.
Ceci dit, passons aux femmes, car je sens parmi vous une certaine impatience. Lorsqu'il arrive, rusé, sans aucun scrupule, à séduire sans grand effort une femme mariée, il sent que toutes les autres femmes vont se précipiter dans ses bras.
Et il n'a pas tort.
Les femmes sont pour Duroy interchangeables et doivent lui servir : l'une parce qu'elle écrit ses chroniques, l'autre parce qu'elle loue l'appartement pour héberger leurs amours, et lui glisse des pièces mine de rien, je veux dire que même lui ne s'en aperçoit pas ( ??), enfin la troisième, la femme de son chef, parce qu'elle lui donne des tuyaux financiers et l'aide à être décoré et nommé baron.
En bon gigolo, il refuse une fois, deux fois, qu'on le paye, mais n'hésite pas à forcer sa femme (oui, celle de celui qui est mort et dont il est affreusement jaloux, puisqu'il vit dans le lit de « l'autre ») à partager un héritage. Un fois la chose faite, il obtient le divorce, puisqu'il y a adultère (dont il a profité ).
Les femmes sont toutes des filles, dit-il, les tromper, leur mentir, elles ne méritent que cela. Et lorsque «  l'âge dangereux où la débâcle est proche » menace une de ses conquêtes, il est impitoyable, et ne supporte plus qu'elle le touche, car les baisers dépendent de la bouche qui les donnent, pas de la personne dont les rêves et les espoirs ne correspondent pas à la réalité.
Freud avouait sa même incompréhension des femmes.
« Il sentait seulement en lui fermenter cette rancune de tous les mâles devant les caprices du désir féminin ». Et puis, il se moque de ces «  n'abusez pas de moi, en plein milieu de l'église : «  comment aurait-il abusé d'elle en ce lieu ? »
Et reste insensible aux supplications autant qu'aux affirmations de vierge effarouchée de la part d'une femme mariée (encore une autre), alors qu'il s'émeut devant une pauvre femme qui prie, « se demandant quel chagrin, quelle douleur, quel désespoir pouvaient broyer ce coeur infime. Elle crevait de misère ; c'était visible. Elle avait peut-être encore un mari qui la tuait de coups ou bien un enfant mourant ». 
Miroir (le miroir, là où on aperçoit son fantôme) du surmâle insensible et rendant sensible, et pourtant jaloux d'un mort qui lui a laissé la place, ainsi que de la société pourrie du milieu d'affaires et du journalisme, enfin la mort, la méditation dont je n'ai donné que de petits extraits : voilà ma lecture, partielle et partiale, bien entendu.
Maupassant se surpasse, et nous dessine le roman complet d'un monde qu'il exècre, à l'évidence, ce monde où les riches dépensent tant d'argent pour s'accoupler, où la corruption parait presque naturelle, sauf pour lui. Roman qui n'a pas pourtant pas donné lieu à un procès.
Prenons l'émotion de Bel-Ami devant la pauvresse qui prie comme l'émotion réelle de l'auteur, pas un panégyrique du gigolo cynique. Et surtout, surtout, avec des envolées lyriques sur la mort, sur la solitude, inoubliables.
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J'ai kiffé grââve, comme diraient les ados !
Guy de Maupassant s'est surpassé, là, et ce livre vaut, à mon avis, un bon Emile Zola !
Que penser de Georges Duroy, notre héros ?
Ahhhh, "monter à Paris", quand on est fils de bistrotiers normands, c'est le rêve, en cette période d'essor industriel ( 1885 ) !

"Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets..." ( Ferrat )

Georges Duroy a fini son temps de soldat aux colonies, où il a peut-être tiré des Maghrébins comme des lapins ! Il a de l'ambition ; il porte beau, il a fière allure... Mais à Paris, il ne connaît personne. Il tombe sur un ancien des colonies, Charles Forestier, qui est journaliste politique dans une feuille de chou de seconde zone, "La Vie Française"...
.
Bel-Ami a gagné sa quatrième étoile pendant le duel, puis sa cinquième étoile aux magouilles de l'emprunt marocain !
Maupassant met le lecteur dans la peau d'un provincial maladroit à Paris, mais qui, à force d'adaptation, de ruse, d'entregent, de finesse, de psychologie, utilise toutes les armes disponibles, y compris la manipulation des femmes ( Madeleine n'est pas en reste ! ) et d'une jeune fille ; y compris aussi le chantage, pour égoïstement réussir à se faire un nom dans la place et à gagner beaucoup d'argent !
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Mais c'est un beau salaud, ce Georges ! En même temps, dans un panier de crabes, celui qui "bouffe" les autres a les plus grosses pinces !
Cette sorte de biographie-fiction n'est pas morale, mais je ne doute pas une seconde de sa réalité très possible, sûrement très possible !
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Vous m'avez compris, je ne serais jamais Georges du Roy de Cantel dans ce livre, mais plutôt Varenne, l'observateur des requins ... mais avec de l'optimisme en plus !

RACINES :
Oui, je suis Normand, et oui j'ai grimpé la côte de Canteleu comme Duroy et Madeleine, mais pas en fiacre ; à vélo, avec les élèves ! Et ça fait du bien de "lire l'air du pays" !
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Tout comme avec les Rougon-Macquart, je me régale, et ce livre est une superbe analyse socio-psychologique du "Tout Paris" sous la Troisième République !

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Georges Duroy vivote comme fonctionnaire depuis son retour d'Algérie, où il était officier. Il pensait pourtant faire fortune à Paris.

Dans un coin de rue, il croise un copain de régiment, Forestier, journaliste à « La Vie Française », et celui-ci le fait entrer par la petite porte au journal.

Ce roman est l'histoire d'une ambition, d'un bel homme qui plaît aux femmes et qui adore séduire ; il comprend très vite que grâce à ces dames, il pourra avoir un destin.

Quatre femmes vont se succéder, quand elles ne sont pas en même temps ses maîtresses : Clothilde, Madeleine, Virginie et Suzanne et il va les utiliser sans vergogne, chacune va lui faire gravir un échelon pour atteindre la gloire et la richesse. Il épouse l'une, brise le coeur d'une autre, séduit une mère pour ensuite enlever sa fille car c'est plus bénéfique pour sa carrière.

Il n'est jamais question d'amour dans ce roman, et ce n'est pas surprenant car on sait ce que Maupassant pensait des femmes. Seuls comptent ici la séduction, le charme pour parvenir à ses fins, le plaisir de la conquête et l'opportunisme.

J'ai beaucoup aimé ce roman car l'écriture est belle, fluide, les style pétillant; l'époque est bien décrite, avec ses scandales financiers, le rôle de la presse et de l'argent dans la politique et j'ai adoré détester « Bel-Ami », personnage haut en couleurs, mais odieux, cynique qui fait penser à la fois à Rastignac et son fameux « A nous deux Paris », ou à Eugène Rougon et sa conquête du pouvoir, mais avec beaucoup plus de légèreté et, tel Narcisse, il va jusqu'à admirer son propre reflet dans le miroir dans une scène particulièrement significative…

Je suis une grande admiratrice De Maupassant, dont je connais surtout ses nouvelles, lues et même relues. Je n'avais lu que « Une vie » qui m'avait beaucoup plu, il y a fort longtemps mais qui était beaucoup plus dense, plus travaillé.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un emploi minable et mal payé, une chambre meublée dans un immeuble vétuste, des vêtements et des souliers usés mais un appétit de vivre et de réussir chevillé au corps, de belles manières et un esprit rusé. Tel est Georges Duroy lorsqu'il rencontre par hasard un ancien camarade de régiment dans une rue de Paris. Charles Forestier est arrivé, lui. Chef de la rubrique politique à La vie française, il a ses entrées dans le beau monde, est marié à la voluptueuse et futé Madeleine et se propose de trouver un emploi à son vieil ami. C'est ainsi que Duroy entame une carrière de journaliste, épaulé par Madeleine qui l'aide à rédiger ses articles. Mais le jeune homme est ambitieux, il veut se faire une place au soleil, et c'est grâce à sa belle gueule et son bagout qu'il va s'élever dans la société. Georges Duroy plaît aux femmes, à toutes les femmes, les fillettes, les dames patronnesses, les épouses fidèles, les amantes frivoles, les jeunes filles en fleurs. Et toutes sont prêtes à se damner pour un regard, un mot d'amour, une caresse de celui que dans les salons on surnomme Bel-Ami.

L'ascension fulgurante d'un provincial, fils de cabaretiers normands, qui va gravir l'échelle sociale en se servant des femmes. de celle qui l'aide dans ses chroniques journalistiques à celle qui l'introduit dans la bonne société jusqu'à celle qui lui permet de s'enrichir, il prend, il se sert, il jette, sans faire de sentiments. Car le beau Georges Duroy ne s'embarrasse pas de scrupules. Cynique, égocentrique, ambitieux, il en veut toujours plus, il vise toujours plus haut et tant pis pour celle qui croit à ses déclarations d'amour. Pour Bel-ami, toutes les femmes sont des filles et il faut les traiter comme telles. D'ailleurs Maupassant ne les épargne pas. Naïves, bêtement romantiques, elles se laissent aisément manipuler par le bellâtre aux dents longues. Même Madeleine, la plus maline, paie le prix fort son association avec cet homme sans vergogne. Elles ne sont pas les seules à subir la pointe acérée de l'écrivain. Toute la société française de la fin du XIXè siècle est la cible de ses sarcasmes. La classe politique, les journalistes et les financiers sont l'objet de ses critiques acerbes. Corruption, magouilles, collusions contre-nature entre la presse et la classe politique...en fin observateur, Maupassant décrit les vices de la Troisième République où les réputations se faisaient et se défaisaient, les gouvernement tombaient, d'un simple trait de plume. Et si on aime détester ce héros sans foi ni loi, on en vient aussi à se questionner sur l'ambition, le bonheur, la réussite à tout prix et à ''s'amuser'' des similitudes entre la société française décrite ans Bel-Ami et la France telle qu'on la connaît aujourd'hui. Jubilatoire te instructif !
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N'en déplaise aux puristes, je classe ce merveilleux "Bel-Ami" parmi les romans naturalistes et non pas réalistes car il y a du Zola dans ce roman à chaque page, dans chaque phrase. C'est un condensé de "Pot-Bouille" et surtout de "La Curée", parus quelques années plus tôt, et Georges Duroy n'est autre qu'un Aristide Saccard associé à un Octave Mouret.

Maupassant a écrit peu de romans comparativement à ses contes et nouvelles mais quel plaisir à la lecture des uns comme des autres ! Après "Pierre et Jean" l'an dernier, j'ai enfin mis mon nez dans son plus célèbre opus romanesque et la peinture que l'auteur brosse de l'arrivisme acharné et sans scrupules de Georges Duroy, ce provincial aux dents longues, est captivant de véracité, d'acuité et de génie.

Comme chez Zola, les ressorts de la réussite dans le milieu d'affaires font mouche : l'ascension par les femmes, la politique, l'argent, les magouilles. Georges Duroy est l'archétype du séducteur habile qui saura mettre de son côté hommes et femmes, tremplins vers la position sociale convoitée. Un processus crédible du point de vue narratif avec des personnages superbement travaillés, notamment les femmes - et la figure marquante de Madeleine, femme libérée avant l'heure - et convaincant du point de vue de la critique sociétale.

Bel-Ami m'a moi aussi pris dans ses filets et j'ai subi sa séduction jusqu'au bout, entre exaltation et répulsion. Un chef-d'oeuvre. Zola a bien eu raison de célébrer le génie de son confrère écrivain lors de ses funérailles, il ne pouvait que rendre hommage à son émule, dramatiquement mort fou dans la fleur de l'âge ; qu'aurait été son oeuvre s'il avait vécu plus longtemps !


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Pour faire court ce roman est vraiment à lire. Georges Duroy alias Bel-ami est le parfait exemple du fils de paysan essayant à tout prix et par tous les moyens de se faire une belle place dans la société parisienne du XIXème siècle. Au fil de la lecture on aime ou on déteste ce personnage mais il ne laisse pas indifférent. On se surprend à sourire de ses succès, de ses conquêtes et ressentir son ambition et sa colère contre le monde. Une parfaite illustration d'une société du XIXème pleine de principes et valeurs qui sont vite oubliés une fois les portes closes.
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Comment est-il possible que, jusqu'à ces jours-ci, je n'aie pas lu un livre aussi fameux que Bel-Ami ? Car ce roman a de quoi plaire à tous les publics, à commencer par les adolescents rétifs à la littérature classique. A cet âge-là, j'étais passé par une période d'addiction aux polars machos et aux best-sellers estivaux. J'aurais été enthousiasmé par Bel-Ami, autant par le roman que par le personnage ainsi surnommé ; sa réussite financière fulgurante et ses conquêtes féminines m'auraient carrément fasciné. Cerise sur le gâteau, le jeune homme que j'étais, pas trop fier de ses lectures d'alors, se serait senti valorisé par la place de l'auteur dans le panthéon des grands romanciers classiques.

A l'époque, je n'aurais probablement pas relevé le pessimisme de l'auteur ni sa vision critique de la société parisienne de la fin du dix-neuvième siècle. Dans Bel-Ami, Guy de Maupassant plonge son lecteur dans un microcosme social amalgamant politique, finance et journalisme, autour d'une même frénésie d'argent, de pouvoir et de défoulement sexuel... Certains diront que rien n'a changé depuis.

Toujours est-il que l'intrigue générale du roman est passionnante, les personnages bien campés, les péripéties virevoltantes comme des épisodes de feuilleton. Et leur développement dans des rues de Paris tout récemment transformées par Haussmann conforte le lecteur d'aujourd'hui dans sa conviction que non, rien n'a changé depuis. S'il est parisien – c'est mon cas –, il aura l'impression d'être le témoin vivant des aventures de Georges, de Madeleine, de Clotilde et de la famille Walter.

Qui est-il, ce Georges Duroi, qui prétendra se faire appeler Georges du Roy de Cantel ? Ce petit employé, fils de paysans très modestes, aura su se créer les opportunités d'accéder, marche après marche, à la direction d'un journal influent, devenant de ce fait riche et puissant. Doté d'un physique de séducteur irrésistible – à l'époque, une moustache mousseuse et une démarche de cavalier s'imposent –, totalement dépourvu de scrupules et de sens moral, il se sera servi à point nommé de son succès auprès des femmes.

En même temps, cet homme n'est pas Superman. Il est malin, mais ses capacités d'analyse sont limitées. Il le sait et s'en agace. Sa confiance en lui est fragile. Les obstacles le mettent en rage. Une femme manipulatrice peut le rendre fou de jalousie. Son désir d'accumuler toujours plus de conquêtes féminines, son besoin d'écraser et d'humilier les hommes, tous vus comme des rivaux, pourraient le conduire à l'échec. Mais il a pour lui l'audace de ceux qui réussissent. Et afin d'afficher son mépris pour la société, Maupassant, que ses frasques de jeunesse ont rendu malade et acrimonieux, lui alloue une bonne étoile persistante. Comme un pied de nez à la morale.

Un mot sur les femmes, qui font sa bonne fortune et qui auraient pu précipiter sa perte. Elles n'ont à l'époque aucun droit institutionnel, leurs moyens d'action sont bridés et elles sont dépendantes d'un mari ou d'un protecteur. Si la plupart se soumettent à ce statut passif, l'une d'elles parvient à exercer une influence invisible mais incontournable ; ses stratégies froidement élaborées peuvent s'avérer redoutables.

Toutes sans exception sont sensibles au charme de Georges, dont le mode d'abordage un peu mouillé paraîtrait toutefois ridicule de nos jours et aurait peu de chances de marcher… C'est en tout cas ce que je pense, mais j'avoue que je n'ai pas essayé.

La prose De Maupassant est limpide. Les phrases coulent de source. La construction est transparente, linéaire, sans artifice. Les péripéties sont excitantes, je le répète. Un excellent moment de lecture, même pour ceux – comme c'est mon cas – dont l'adolescence est lointaine.

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