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sur 4207 notes
Décidément, Guy de Maupassant est un auteur talentueux et l'un des plus grands de son siècle ! Boule de Suif en est la preuve. Cette nouvelle nous dépeint la France, ou plutôt la ville de Rouen, en pleine occupation prussienne. Alors que certains habitants acceptent cette règle, d'autres décident de quitter la ville : ainsi, un matin d'hiver où la neige frappe Rouen, dix personnes prennent la diligence qui doit les conduire à Dieppe. Nous rencontrons donc M. et Mme Loiseau, des commerçants enrichis ; M. et Mme. Carré-Lamadon, des bourgeois ; le comte et la comtesse de Bréville, des nobles ; deux religieuses ; Cornudet, un démocrate et enfin Boule de Suif, une jeune femme dont l'embonpoint lui a valu ce surnom. Lorsqu'ils arrivent à Tôtes où se trouve l'auberge qui doit les héberger durant une nuit, ils tombent malheureusement sur un commandant prussien qui les regarde de haut et dont la puissance effraie les plus riches.
Nous assistons alors à un vrai carnage, un gâchis de la race humaine, par le simple personnage d'Elizabeth Rousset - Boule de Suif, qui doit affronter la vanité, l'égoïsme, la méchanceté, la malveillance et la jalousie de ses voisins pour qui elle accomplira un acte charitable, puisqu'elle va devoir coucher avec l'officier prussien. Gênée, honteuse et pleine de haine envers ses soldats, elle refuse d'abord mais finalement, à force d'être condamnée et réprimandée par les autres voyageurs, elle acceptera.

J'ai passé un agréable moment en lisant cette nouvelle, dont la morale est touchante, et qui condamne fortement les hommes, ce qui bien évidemment est légitime. Une très jolie histoire !

A lire !
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Quel cynisme dans cette nouvelle! Personne n'est épargné, et j'aurais bien aimé être là lors de la parution des récits De Maupassant!
Boule de Suif, jeune femme de petite vertu, comme on dit, se trouve parmi d'autres personnes dans un fiacre fuyant Rouen. Bien en chair, légère, elle n'en est pas moins séduisante par sa fraîcheur et, comme on le découvrira bientôt, sa naïveté et sa franchise. Il suffira qu'elle sorte un panier repas après quelques heures de route devant les couples affamés n'ayant pas été aussi prévoyants pour que tout le monde se détende à sa vue. Bientôt, ça papote, ça rit, ça partage anecdotes et blagues.
L'arrêt imposé dans une auberge par un soldat prusse sonnera malgré tout le glas de cette entente de pacotille: l'isolement forcé dans lequel se trouve la troupe révèlera les bas instincts de chacun. Y-a-t-il vraiment une morale dans cette nouvelle? Je ne pense pas, mais elle force à se demander qui on aurait été parmi ces voyageurs face au dilemme (dont je ne parlerai pas) qui se présente.
C'est une nouvelle cruelle et concise que je n'oublierai pas de sitôt.
Parmi les autres nouvelles, j'ai relu la Parure que j'aime beaucoup aussi, toujours pour sa cruauté également. Les autres brossent avec toujours autant de justesse des portraits de l'époque qui pourraient facilement être la nôtre après quelques petits changements. Plus je lis Maupassant, plus je suis fan.
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Quelques nouvelles que j'ai lu au compte-gouttes le matin, dans le bus. Avec en vedette le fameux récit "Boule de Suif". J'ai retrouvé avec délectation la plume De Maupassant, qui est l'un de mes auteurs préférés. Ces nouvelles sont toujours incroyablement justes, parfois drôles, parfois amères et souvent les deux à la fois. Les histoires sont d'une redoutable efficacité et font apparaître les défauts des hommes (et des femmes) : infidèles, égoïstes, hypocrites et souvent méprisables.
J'ai beaucoup aimé la simplicité des récits, l'épure, c'est d'ailleurs l'une des choses que je préfère chez cet auteur. On ne s'embarrasse pas de fioritures, on va à l'essentiel. le ton est acerbe, mordant sans paraître y toucher, et j'adore ça. Des petites saynètes de vie, des instantanés qui auraient dû rester secrets, intimes. J'ai passé un très agréable moment avec chacune de ces nouvelles et c'est bien là le plus important. Chapeau M. Maupassant !
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Cette nouvelle est sans doute l'une des plus connues De Maupassant. Réaliste ? Oui. Nous sommes dans la Normandie de 1870, avec ses notables si propres sur eux et si lâches. En contrepoint, une armée de fantôche qui ne combat pas. Et si Boule-de-suif, brave fille, était la seule et véritable patriote de ce récit ? Poser la question est déjà y répondre.
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Il y a dans "Boule de Suif et autres nouvelles" une fraîcheur et une intelligence rare ! Avec beaucoup de talent, Maupassant y décrit de petites historiettes, parfois presque anecdotiques, mais toujours avec l'art de raconter, la fraîcheur et la maîtrise littéraire, qui caractérise un bon Maupassant.
L'imagination de l'auteur de Pierre et Jean y fait des merveilles !
Que d'intelligence, que d'art de raconter, que de fraîcheur !
Une merveille de style et d'imagination.

[...]

Boule de Suif est une excellente, une brillante nouvelle ; si, elle avait été seule, j'aurais mis cinq étoiles, à ce livre. C'est un livre d'une fraîcheur, un chef-d'oeuvre de construction, avec de superbes personnages. Mais pourrais-je mieux le dire que Flaubert ? "C'est un chef-d'oeuvre de composition, de comique, d'observation", affirmait l'auteur de Madame Bovary, dans une lettre envoyée à Maupassant. Boule de Suif est une grande réussite, une réussite totale, une oeuvre magnifique. Superbe oeuvre, grande réussite naturaliste ! Cependant, Boule de Suif n'est pas seul. Elle est accompagné d'une petite nouvelle nommée Mademoiselle Fifi. Et là, mon avis devient mitigé. Mademoiselle Fifi n'est pas "un chef d'oeuvre de composition, de comique, d'observation". Après un début confus et hasardeux, cette nouvelle continue sur une peu convaincante scène de plaisirs sexuels, avent de finir sur un happy end maladroit. Non que cette nouvelle n'eut quelques qualités : une histoire qui n'est pas totalement sans intérêt, quelques bonnes idées permettent à la nouvelle de rester dans le cercle du certainement acceptable. Mais il y a de graves problèmes : il eut fallu finir sur cette chute, sans s'embarrasser de détails supplémentaires : "C'est qu'une pauvre fille vivait là-haut, dans l'angoisse et la solitude, nourrie en secret par ces deux hommes. " Il eut fallu prendre plus de temps, pour mettre en place le début. Il eut fallu y ajouter des détails, qui y ajoute vivacité et qui permette l'ordre. Peut-être Mademoiselle Fifi eut-elle été, si Maupassant avait fait ça, un "chef-d'oeuvre de composition, de comique, d'observation". Hélas, elle ne le fut pas.

Seconde critique collée par un administrateur.
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De la honte sociale! Une histoire très bouleversante, c'est vraiment un volte-face des moeurs que nous présente Guy de Maupassant dans cette Boule de suif, On se demande à la fin de la lecture qu'est ce que le bien? qu'est ce que le mal finalement? Qu'appelle-t-on bonnes moeurs ou mauvaises moeurs? C'est vraiment du Maupassant... Une vendeuse de sexe qui, sensée prêter sa marchandise où que le besoin se fait sentir, refuse de s'en servir comme droit de passage en période de guerre, alors c'est la grande surprise, et pour ses compagnons de route et pour le lecteur aussi.

En effet, Boule de suif se trouve confronter à un dilemme, malgré son statut de prostituée, elle refuse de se donner à l'officier prussien qui semble être le chef de l'auberge où elle a fait escale, elle et ses compagnons en prévenance de Rouen et voulant se rendre à Dieppe. Ce refus condamne tout le monde car l'officier prussien les retient un peu comme des otages tant que Boule de suif n'accepterait pas de baisses ses jupons. Dans un premier temps, Boule de suif est soutenue dans sa position. Mais quand l'affaire reste stagner pendant deux jours, alors toutes les consciences convergent à dissuader Boule de suif à accepter cette contrainte afin de les délivrer tous, sacrifier son sexe pour le bien de tous. Cela est apparu en un temps record comme un acte héroïque...erreur monumental!!! le lendemain de ce soi-disant sacrifice, Boule de suif se trouve rejetée, traitée plutôt de souillure sociale...elle ne mérite même pas qu'on lui tende un bout de pain alors qu'elle leur avait servi à tous, tout le contenu de son panier dans la première partie de leur voyage... Un humanisme souillé pourraient-ils affirmer mais non un humanisme complètement ignoré! A côté de ses pleurs, il n'a plus manqué que de l'évanouissement!

Très beau texte!!!

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Qu'elle est jolie cette petite Boule de suif, toute fraîche et toute ronde, quand elle prend place dans la voiture avec son panier gorgé de victuailles tout aussi appétissantes qu'elle!
Et quand elle se met à les offrir autour d'elle à ses compagnons de voyage affamés, gageons qu'elle s'attirera immédiatement et pour toujours leur sympathie et leur respect. Oui? Eh bien non.
Car Boule de suif est péripatéticienne de son état, une femme de petite vie tandis que les bénéficiaires de ses largesses sont commerçants, nonnes, des gens établis. Des gens bien, qui n'auront de cesse de juger la donzelle tout en la dépouillant sans scrupule à leur profit.
Tout au long de ce périple hasardeux et vaguement dangereux, Maupassant trempe sa plume dans l'acide pour nous dire tout le bien qu'il pense de ces bourgeois : méprisants, sots, hypocrites, avares, égoïstes, pleutres... tout y passe, tant et si bien que, toute avilie que soit notre mignonne Boule de suif au sortir du récit, c'est bien eux qui auront pris le plus cher en nous faisant bien rire et grincer des dents à leurs dépens.

Cette nouvelle est une petite merveille d'allégorie sociale, d'étude de caractères et de critique féroce de la bourgeoisie provinciale!

J'ai également savouré dans toutes les autres nouvelles de ce recueil l'acuité ironique de l'analyse autant que l'empathie du regard sur les sans-dents de ce coin de France de l'après-guerre de 1870.
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Comme les hommes(homme et femme) sont hypocrites!
Tout court, dans ce livre, l'hypocrisie est chez soi et le seul personnage qui a des principes est le personnage principal, Boule de suif qui (quoiqu'une prostituée à les en croire, les autres), se sacrifie pour le bien de l'autre, mais a-t-il valu la peine? Ce n'est qu'elle qui puisse nous répondre, voilà pourquoi il est dommage que le livre soit si court, mais je trouve qu'un grand écrivain est celui qui s'exprime en peu de mots, qui dit beaucoup, qui dit tout en quelques mots. Trouver le 'mot juste' (G. Flaubert), c'est ça la mission sacrée de l'écrivain, quoique l'idée en soi reste très souvent innomable et le sens de l'idée caché.
'Puisque c'est son métier, à cette gueuse, de faire ça avec tous les hommes, je trouve qu'elle n'a pas le droit de refuser l'un plutôt que l'autre.' (Mme Loiseau, c'est une hypocrite parce qu'elle connaissait l'histoire de cette 'gueuse' et la raison pour laquelle cette grosse fille détestait les Prussiens)
'-Alors, ma soeur, vous pensez que Dieu accepte toutes les voies, et pardonne le fait quand le motif est pur?
-Qui pourrait en douter, madame? Une action blâmable en soi devient souvent méritoire par la pensée qui l'inspire.' (répond la bonne et la naïve religieuse ou l'astuce religieuse? On ne dévoile pas son intention, on ne la dit pas, on la suggère)
Alors, je vous demande, 'la fin justifie les moyens', surtout quand la soufrance attaque et bouleverse l'esprit?!!! Qu'a-t-elle fait cette fille pour mériter un pareil traitement? Elle a partagé la nourriture de son panier avec ses compagnons de voyage, et qu' a t-elle reçu en échange? Rien. Seulement la condamnation des autres et la honte qu'elle lave avec ses larmes!
'On n'attendait plus que Boule de suif. Elle parut. Elle semblait un peu troublée, honteuse, et elle s'avança timidement vers ses compagnons, qui tous, d'un même mouvement, se detournèrent comme s'ils ne l'avaient pas aperçue. le comte prit avec DIGNITÉ le bras de sa femme et l'éloigna de CE CONTACT IMPUR.'
'Mme Loiseau eut un rire muet de triomphe, et murmura: -Elle pleure sa honte.'
Donc, c'est ça ce qu'elle a perdue, la dignité, mais par ses larmes elle l'emporte sur les autres et elle devient par ne fût-elle qu'une seule larme invincible et immortelle, car ce n'est qu'elle qui attire et mérite notre attention et notre empathie: 'Et Boule de suif pleurait toujours; et parfois UN SANGLOT, QU'ELLE N'AVAIT PU RETENIR( voilà la vraie dignité: elle essayait de retenir ses sanglots), passait entre deux couplets, dans les ténèbres.'
Bonne lecture!
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Rouen est occupée par les Prussiens. Dans une diligence, une dizaine de personnes, hommes et femmes, tentent de fuir la ville. Parmi elles, Boule de Suif. Si tout le monde connaît sa situation, personne ne fait cas de cette prostituée. Elle dérange, elle met mal à l'aise mais pourtant elle va servir de passe droit à l'ensemble de ces bourgeois.
Une nouvelle très dure De Maupassant, sur la lâcheté et la méchanceté humaine. Des riches prêts à sacrifier une femme pour pouvoir fuir l'invasion prussienne, qui n'attirent que le mépris qu'eux-memes portent à Elisabeth Rousset...
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"Boule de Suif" est une nouvelle assez connue de Guy de Maupassant que je n'avais jamais lue. Heureusement je me suis rattrapée ; j'aurais été déçue d'être passée à côté de cette lecture qui m'a profondément émue. Il faut dire que dans ce texte court Maupassant se met dans la peau d'une femme et n'hésite pas à parler de la prostitution, de la guerre, des privations et surtout de l'hypocrisie de la haute société et du clergé au 19ème siècle.

Durant l'hiver 1870, l'armée française en guerre est vaincue par les prussiens qui envahissent la ville de Rouen. Une diligence fuit l'ennemi vers Dieppe avec dix occupants : un patriote, deux religieuses, trois couples de notables et Boule de Suif, une prostituée au grand coeur. D'ailleurs, elle va partager son repas avec les passagers tourmentés par la faim, la voiture avançant lentement dans la neige. Pourtant, sa générosité ne sera pas récompensée.
Quant à la nuit tombée la diligence fait étape dans un village occupé par les prussiens, un officier retient les voyageurs en otage tant que Boule de Suif ne couchera pas avec lui (Maupassant utilise bien ce mot choc). Alors que la jeune femme s'y refuse, les pressions pour qu'elle accepte sont si fortes qu'elle sauvera ses compagnons de voyage figures de vertu qui se moquent bien de la dignité de Boule de Suif.

Je trouve que le huis clos exacerbe la cruauté de cette histoire racontée avec lucidité par Maupassant. La proximité physique des personnages dans la diligence lui permet de dresser un portrait impitoyable de la société de l'époque à travers ses différentes classes et représentants. Malheureusement, ce sont les aspects les plus vils qui ressortent.


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