Cette nouvelle, dont l'intrigue se déroule sur les routes normandes pendant là guerre de 1870, réunit un petit monde disparate dans l'étroitesse d'une diligence, sur quelques jours d'attente qui vont exacerber la générosité de l'une et les égoïsmes des autres.
Les personnages campés avec humour en quelques mots par l'auteur sont révélateurs de la société de l'époque, qui en prend pour son grade.
Le style sonne juste, et nous émeut de quelques scènes proposées comme au théâtre.
A lire ou relire !
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« Il me tarde de vous dire que je considère Boule de suif comme un chef-d’œuvre ! [...] Ce petit conte restera, soyez-en sûr ! » écrivit Flaubert à son protégé Maupassant juste avant la sortie du recueil de textes dans lequel Boule de Suif figurait : Les soirées de Medan (1880). Ce chef-d’œuvre est un portrait collectif peint à traits rapides mais précis et incisifs, et sans exagération (d'ailleurs inspiré d'un fait divers relaté le 5 janvier 1871 dans le Journal du Havre) de ces gens de biens, bourgeois nouvellement parvenus comme héritiers ou encore aristocrates, qui, derrière le vernis des bonnes manières, dissimulent des valeurs et des âmes bien viles, de profiteurs, d'égoïstes : le portrait collectif de l'individualisme en somme.
Les meilleures amies du Christ sur terre, elles-mêmes, ne trouvent rien à redire dans cette immonde marchandisation de l'être humain. Bienvenue dans le siècle bourgeois, où ceux qui comptent le plus, leurs sous, les kilomètres, les heures, ce qu'il reste à manger, sont ceux sur qui l'on pourra le moins compter ; ceux qui ont coupé les liens avec le pays comme avec leurs compatriotes.
[Bienvenue dans le siècle des apparences, où la parure importe plus que le cœur qui bat au-dessous, et où la vérité est habillée dans l’écrin qui convient].
C'est un portrait au vitriol sur la lâcheté, la couardise, la grossièreté réelle, la mesquinerie, la bêtise encore, qui poussent à l'ombre d'une civilisation gangrénée par l'argent. Par une société de l’avoir plutôt que de l’être et où être ensemble n’a plus de sens.
C'est le portrait collectif de l'individualisme, au milieu duquel, la figure héroïque de la seule grande dame, Élisabeth Rousset, brille de mille feux et connaît le sens du mot vertu, quoiqu'on dise qu'elle en soit de petite.
Un récit touchant jusqu'aux larmes ou jusqu'aux cris de rage.
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J'avais entendu ce nom "boule de suif" de Guy de Maupassant mais ne l'avait jamais lu et croyait que cela se référait à un gamin, que nenni !
Mademoiselle Elisabeth Rousset, une de ces femmes appelées galantes, était célèbre pour son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de Suif.
(une description s'en suit que je vais noter dans une citation).
Tout d'abord, laissez moi vous dire comme cette lecture m'a plu, elle ne fait que 52 pages, mais ce qu'elle dénonce en des termes choisis m'a révolté ; d'autant plus que cette histoire fût exacte et contée à Maupassant par son oncle.
Mais Maupassant a changé le nom de celle communément appelée Boule de Suif.
D'ailleurs, Maupassant l'écrivit avant même de rencontrer Adrienne Legay qui avait ce même physique bien en chair (prisé à l'époque) était née en 1841 et avait été la maîtresse d'un officier, puis d'un négociant. Elle mourut à l'hôpital en 1892 dans la misère, après avoir tenter de se suicider.
Recueil de nouvelles De Maupassant dont celle-ci est la première et qui en compte 21 ; à découvrir et si elles sont toutes de cet ordre là cela va être un plaisir de lecture.
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Un classique, donc intemporel comme la nature humaine, facile à lire et enrichissant: il serait dommage de s'en priver.
Signé: un réfractaire aux grands classiques barbants
(Je ne donnerai pas de noms parce que vous en connaissez sûrement quelques uns et que ce ne sont peut-être pas les mêmes que les miens).
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