La peinture de la bourgeoisie bordelaise n'est qu'un prétexte ; elle illustre tout ce qui éloigne Florence et son frère d'Augustin ; la vanité, le goût de la réussite, la soumission aux convenances ; satire féroce que "'son outrance même rend inoffensive" dira Mauriac, elle a surtout pur intérêt d'aller au-delà même de la caricature. Les "Fils" deviennent des personnages interchangeables, automates identiques, soumis à la même mécanique. Si l'influence de Proust s'exerce sur le romancier à cette époque, comme il le dit lui-même, on peut penser que la description du salon Verdurin l'a intéressé plus encore que le "côté de Guermantes". Si ridicule, si vide que soit ce milieu – et Mauriac accentue jusqu'à l'invraisemblance cet aspect – , il fascine Florence et son frère : être de ce 'monde-là' résume leur ambition à quoi ils sacrifient Augustin.
Notice, page 1096.
Cette aspiration infinie de notre cœur, dès que nous en avons frustré le Père vers qui pouvons-nous l'orienter ? Détournée de Dieu, elle nous encombre et si l'amour humain un instant l'occupe, très vite il en est accablé puis détruit. Depuis ses plus anciens poètes, l'humanité a toujours confondu la volupté et la mort pour ouvrir une issue au désir infini. Sans la mort, la volupté est restreinte : toutes ses fenêtres s'ouvrent sur la même ténèbre ...
(Éditions de la Pléiade, tome 1, notice de La Chair et le sang, page 1066).
S'il prend ainsi ses distances avec ses héros, alors même qu'il paraît s'identifier à eux - qu'il utilise la première personne ou renonce à ce "je" séduisant -, c'est qu'il se sent à la fois tout proche et déjà désaccordé d'eux lorsqu'ils naissent.
Lorsque vint vers 1930 la mode du roman-fleuve, un peu gêné, un peu inquiet, il se défendit en plaisantant de n'y pas céder : « Il a fallu beaucoup de temps pour que Balzac s'aperçût qu'il écrivait la Comédie humaine. Cet illustre exemple est bien consolant pour les auteurs méprisés des romans courts : rien ne les empêchera de consacrer leur vieillesse à retrouver les liens qui unissent entre eux tous les fils et toutes les filles de leur esprit ; et cela sans aucun artifice ; car ce qui naît de nous forme un nombreux parentage. »
(Éditions de la Pléiade, tome 1, préface page X).
Philippe Dazet-Brun vous présente son ouvrage "François Mauriac : L'inguérissable jeunesse" aux éditions Memoring.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3063784/dazet-brun-philippe-1965-francois-mauriac-l-inguerissable-jeunesse
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite