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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qu'est-ce qui fait une vie ? Tous les destins sont le produit de circonstances, « événements et accidents, personnels et mondiaux, minuscules et capitaux » , qui nous lancent sur un chemin plutôt qu'un autre. « le monde se divise à chaque instant concevable en une infinitude de possibilités invisibles. » Et si, « tous ces itinéraires qui n'[ont] pas été empruntés », l'on jouait le temps d'un livre à les imaginer « encore présents et praticables » ?


C'est un peu l'aventure dans laquelle, avec génie et humour, Ian McEwan s'est lancé en imaginant une sorte d'envers, à la fois à sa propre histoire et au point de vue habituel de la société, au travers des mémoires d'un homme, non seulement passé à côté de sa vocation artistique, mais aussi abusé par une femme pendant l'adolescence, puis abandonné avec un bébé sur les bras par une autre, prête à tous les sacrifices pour le bien de sa carrière littéraire. Et toujours, infléchissant le destin de ses doubles de fiction, le poids de l'Histoire, avec ses hauts et ses bas plus ou moins visibles sur l'instant, mais qui n'en tissent pas moins l'inextricable toile d'araignée dans laquelle tous tentent avec plus ou moins de bonheur de tracer leur chemin.


Lorsque s'ouvre le récit, Roland Baines, trente-sept ans et vivotant de ses petits métiers, se retrouve seul avec Lawrence, son fils âgé de six mois. Alissa vient de les abandonner tous deux, avec pour seule explication qu'elle s'était trompée de vie. Pour Roland commence une longue rumination de ses échecs, lui dont l'existence, sautée brutalement, comme celle de l'auteur, de Tripoli où son père, officier écossais de l'armée britannique, était en poste, à un pensionnat britannique, fut comme « reprogrammée » à partir de ses onze ans par l'influence d'un professeur. Si, dans la vie réelle, ce « professeur extraordinaire » transmit à Ian McEwan le feu sacré de la littérature, geste essentiel dans le parcours du futur écrivain, le rôle est tenu dans le roman par une professeur de piano, autoritaire et possessive, qui, éprise de l'adolescent plus encore que de ses réels talents musicaux, le tiendra sous son emprise sexuelle entre ses quatorze et seize ans. Une expérience – en ces années 1970 où d'aucuns défendaient la pédophilie au nom de la liberté sexuelle – qui devait secrètement, mais irrémédiablement, bouleverser sa future vie sentimentale, lui interdisant longtemps le bonheur, mais aussi mettre un terme à ses études et gâcher son avenir artistique. Ainsi réduit à la précarité, seul et sans formation, c'est lui qui, plus tard, se retrouvera empêché, comme les filles-mères autrefois, par une paternité célibataire dans des conditions économiques difficiles.


On le voit, l'ironie n'est pas exempte de ce récit d'une réalité parallèle, produit d'événements aussi fortuits que celle vécue en vrai par l'auteur, que la narration s'emploie à malaxer avec les mêmes ingrédients historiques. Fait des mille riens – et pourtant – d'une existence anonyme, ce récit de toute une vie est aussi, avec un naturel incroyable d'aisance, de précision et de clairvoyance, une fresque, ample et ambitieuse, retraçant cent ans d'évolution de la société britannique en particulier, du monde en général. Des étudiants antinazis de la Rose Blanche éliminés par le régime hitlérien au temps du père allemand d'Alissa à la chute du mur de Berlin en passant par la crise des missiles à Cuba ou encore par le nuage de Tchernobyl, des excès du libéralisme thatchérien au Brexit mais aussi, plus largement, à la prise de conscience de la vulnérabilité de la planète, tous les baby-boomers retrouveront en ces pages l'écrin historique de leur propre parcours de vie.


S'il est ici question de leçons, ce n'est sûrement pas de vie, alors que, balle dans le flipper de la vie, chacun pourra, comme l'auteur et ses personnages, entre ironie, tendresse et nostalgie, calquer son propre itinéraire sur la vitre de l'Histoire, mais, sans conteste, de génie littéraire, confirmant, s'il en était besoin, la place de choix occupée par Ian McEwan dans le paysage littéraire britannique et mondial. Coup de coeur.

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Il approche, mais pas de la même façon selon qu 'on soit Allemand,Français ou Britannique. le nuage de Tchernobyl va croiser la vie de Roland Baines dans une période compliquée : Tout juste papa, sa femme l'a plaqué, essaimant derrière elle quelques cartes postales la menant en Allemagne.

C'est le point de départ de ce magnifique roman qui va nous faire traverser l'existence de Roland de sa naissance à la fin des années 40 jusqu'au début des années 2020.
Bien sur on croise L Histoire britannique , miss Maggie, Gordon Brown ou John Major, les excités du Brexit mais aussi celle de l'Allemagne où se passe une bonne partie du roman. Et l'on peut se demander , comme le fait Roland inconsciemment si la politique , le nuage , le mur qui tombe influencent notre vie ? Oui, non , peut être ? sans doute.

On va tenir la main de Roland , que ce soit lors de sa rencontre avec la folle du cul qui lui apprend le piano , avec ses conquêtes , en papa touchant, en mari aimant après la soixantaine, en homme avec ses fragilités , ses certitudes, on va le regarder travailler en free lance , un peu de piano , quelques poèmes . Et on va s'attacher, on a le temps en 650 pages.
On va naviguer entre les époques , mais Ian McEwan est un formidable capitaine , il ne nous perd pas et nous pousse à nous questionner sur l'existence et particulièrement sur ce qu'est une existence réussie.
Il nous livre ici deux chemins qu s'éloignent, recueillant postérité ou bonheur familial.
Tous les personnages sont travaillés, tout est magnifiquement amené et développé.
Ce livre est à l'image de son auteur , brillantissime .
Un gars qui a pu me captiver sur la plage de Chesil où il ne s'est rien passé ne pouvait pas me décevoir dans le roman d'une vie , sans doute , un peu la sienne , en tous les cas celle qu'il aurait eu s'il n'avait pas écrit, comme il le répète dans ses interviews.
J'ai oublié de vous parler de tellement de choses que je ne vais même pas chercher , d'autres l'auront sans doute fait pour moi.
Putain , ça fait du bien de lire de tels romans.
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Avec tendresse mais objectivité, l'auteur raconte une vie. Les souvenirs entrecoupant le présent permettent de l'éclairer sous un autre jour. de son enfance à sa vieillesse, Roland avance dans ces pages au même rythme que L Histoire dont les bouleversements accompagnent les tragédies intimes qui fracturent son existence. L'absence de linéarité ne nuit pas à la fluidité du texte et lui permet, au contraire, de gagner en amplitude tout en le délestant de toute monotonie (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/10/24/lecons-ian-mcewan/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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C'est simple, tout ce que j'aime dans la littérature est contenu dans les 650 pages de ce roman. Pour ceux qui connaissent un peu l'oeuvre de Ian McEwan, ce dernier opus peut être classé dans la lignée du génial Expiation, en encore plus ample, plus dense, plus universel. Si l'auteur a montré qu'il maîtrisait tous les formats, c'est bien dans cette ampleur que je le préfère. Ce roman c'est un peu la master class d'un écrivain au sommet de son art.

Leçons embrasse environ soixante-dix ans de la vie de Roland Baines et autant de l'Histoire récente de l'Europe. Lorsque nous faisons sa connaissance, Roland est au beau milieu de la trentaine, sans véritable métier, la catastrophe de Tchernobyl crée un climat de peur jusqu'à Londres et surtout Alissa, sa femme, vient de l'abandonner avec leur fils de quelques mois. Au cours des 650 pages à venir nous allons être invités dans l'intimité d'un homme à la vie empêchée par la marque indélébile d'une relation malsaine entretenue avec une professeure de piano pendant ses années de collège ; mais également aux côtés de ce même homme si attentionné envers son fils et déterminé à faire de son mieux malgré sa piètre opinion de lui-même. Je n'ai pas envie d'en dire plus sur l'histoire de Roland Baines, elle est prétexte pour Ian McEwan à explorer les relations familiales (secrets inclus) et surtout à s'interroger avec une certaine mélancolie sur le poids d'une vie à travers l'étude de la génération de l'après-guerre. En unissant l'anglais Roland Baines à l'allemande Alissa Eberhardt, McEwan peut étudier l'influence du vécu de leurs parents pendant la seconde guerre mondiale et surtout poursuivre son exploration jusqu'aux secousses géopolitiques qui ont conduit au Brexit, en passant par la chute du mur de Berlin. Il s'appuie sur une très riche galerie de personnages, et c'est grâce à celui d'Alissa devenue une écrivaine d'envergure mondiale qu'il développe ses considérations sur l'écriture et le processus de création que j'aime tellement retrouver au fil de ses écrits.

Comme d'habitude c'est intelligent, brillant. Mais il y a aussi un supplément d'âme qui m'a profondément touchée. Des pages superbes sur une relation amoureuse au moment de sa fin dramatique. le questionnement mélancolique d'un homme âgé qui se retourne sur sa vie avec la sagesse de l'apaisement. le désarroi face à un monde pris dans la tourmente, immédiatement atténué par la main d'un enfant qui se glisse dans la sienne. J'étais habituée à ce que Ian McEwan me fasse frétiller les neurones, j'ai découvert qu'il pouvait aussi me faire pleurer.

Que dire d'autre sinon que ce roman est sublime.
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Oui, c'est vrai, il est trop long ce roman.

Mais bon sang, c'est une sacrée bonne histoire qu'il nous raconte là, un de nos auteurs britanniques préférés … Alors oui, c'est vrai, on aurait pu en enlever une centaine de pages. Pour garder la quintessence du sujet. Mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir : l'histoire de Roland Baines, pendant ses quelques soixante-dix ans, est bien attachante.

Et cette histoire elle commence au milieu de la vie de ce narrateur qui a alors 36 ans et un bébé de six mois sur les bras. Ici c'est une histoire inversée par rapport à celles qu'on connaît habituellement, de ses femmes délaissées alors qu'elles sont enceintes, et qui connaissent une vie précaire en élevant seule leurs enfants. Roland est désemparé. Sa femme Alissia vient de lui laisser un mot sur la table de la cuisine : elle part, définitivement, parce qu'elle ne veut pas de ce type de vie (qui lui fait penser à sa mère plus jeune) et va s'adonner à la lecture, sans mari, et sans enfant. C'est sans espoir, comme ce nuage de Tchernobyl qui s'annonce et qui devrait faire un demi-tour et ne pas se propager par-delà la Manche …

Roland est très attachant. C'est un père attendrissant, qui consacre toute son énergie, et ses maigres ressources d'assisté social au départ, à son fils Lawrence. On est presque chez Ken Loach.

Mais tout n'a pas toujours été comme ça. Petit, Roland a vécu en Libye à Tripoli – balloté au gré des affectations de son père militaire – et auprès d'une femme aimante mais soumise à son mari brutal. Pour son bien, il est ramené en Angleterre et intègre un pensionnat pour jeunes gens défavorisés où il va faire l'apprentissage des moeurs de la société anglaise. Roland est doué. Pas tellement pour les études, où il ne brille dans aucune matière, mais pour écrire des vers et surtout pour jouer du piano.

Hélas … il va connaître une aventure déconcertante, alors qu'il va tomber sous l'emprise d'une curieuse professeure de piano, qui … ne s'intéresse pas qu'à son doigté derrière les touches blanches et noires. Mais celle-là, on la reverra plus tard dans le roman.

Passé cette histoire rocambolesque, qu'on a plus l'habitude de lire dans l'actualité en miroir inversé – un homme protecteur mais nourri de mauvaises intentions et une adolescente naïve et manipulée – on va suivre le parcours chaotique de notre héros. Lorsqu'il quittera le collège (on saura à la fin dans quelles conditions) il va courir de petits boulots en petits boulots, en dilettante, sans jamais vraiment trouver sa voie, hormis la part qu'il consacre à l'éducation de son fils Lawrence à qui il accorde toute son attention.

L'histoire d'Alissia n'est pas banale non plus : d'origine allemande on saura tout sur l'histoire de sa mère Jane, et de son enquête auprès des témoins d'un mouvement anti nazi lors de la seconde guerre mondiale. Pendant ce temps Alissia entamera une carrière d'écrivain : débarrassée de mari et d'enfant elle pourra se consacrer totalement à son oeuvre en négligeant les lettres que lui adresse son fils de dix ans.

Qu'aurait pu devenir Roland ? Un musicien de jazz dans le prolongement d'un Thelonius Monk ? un poète reconnu bravant l'adversité (alors qu'il utilisera son talent littéraire pour une start up qui surfe sur la vague libérale en vendant des slogans pour des cartes de voeux à deux sous) ? ou bien le mari de Carol, jeune femme avec qui il pourrait fonder un foyer recomposé ? ou enfin arracher la belle Daphné aux griffes de son mari politicien qui va basculer dans le camp des UKIP ?

Et puis il y a la petite histoire dans la grande histoire. En partant de Tchernobyl, on suivra Roland à Berlin à l'occasion de la chute du mur, auparavant on aura suivi l'existence d'un couple en RDA, victimes du régime est-allemand, et on entendra parler de Margaret Tchatcher, de Gordon Brown ou de John Major, de Boris Johnson, du Brexit et du COVID.

Ian McEwan a-t-il pioché dans son histoire personnelle pour élaborer le portrait de cet homme – sans qualité ? – qui aura manifestement du mal à trouver sa voie ? On s'en moque en fait.

Avec beaucoup de tendresse pour son personnage, notamment pour ce père attentionné pour son fils, on s'attache à Roland Baines et à son destin d'homme « reprogrammé » par une femme qui l'a abusé et qui hésite toujours à s'engager. On songe aussi à un Jonathan Coe du « Royaume Désuni » notamment. Mais avec toujours ce brio et cette intelligence qui sont la marque de fabrique de McEwan.

Pas de « leçons » dans ces « Leçons » donc, juste une attention aux petits détails qui plantent le décor de nos dernières soixante dix dernières années et on se régale.

C'est tout.
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Quel magnifique nouvel exemple du grand talent de conteur de Ian MacEwan ! Difficile de ne pas être enthousiaste en tournant la dernière page de ce roman, qui a beaucoup d'épaisseur, au propre comme au figuré.

Son personnage principal, Roland Baines, pourrait être une sorte d'alter ego de l'auteur. S'il lui a donné une année de naissance identique à la sienne, 1948, c'est sûrement pour mieux évoquer le passage du temps qui nous ruine tous peu à peu.

Souvent Ian McEwan s'est attaché à décrire des histoires d'amour qui tournent mal ("Délire d'amour" qui était écrit du point de vue d'un homme objet de l'amour irrationnel (et cas psychiatrique) d'une femme, "Sur la plage de Chesil" et l'explosion d'un couple le jour même de son mariage). Disons seulement qu'ici le tout jeune Roland sera la victime d'une prédatrice sexuelle (sa professeure de piano). Des années durant il sera à sa merci. Et dès que son corps y sera disposé, c'est avec elle qu'il connaîtra sa première expérience. Evidemment tout cela va laisser des traces dans son mental.

Au-delà de ses années d'enfance, passées dans l'internat d'un établissement privé que sa qualité d'enfant de militaire permettait de fréquenter à peu de frais, nous parcourrons en sa compagnie toutes les années qui suivent, jusqu'en 2020.

J'ai trouvé un côté "à la manière" de Jonathan Coe dans ce roman. Comme lui Ian McEwan y mêle vies privées et événements politiques. Les seconds influent sur les premiers sans même parfois qu'on s'en rende compte.

Beaucoup d'autres personnages y sont inoubliables, en commençant peut-être par Alissa, sa première épouse. Elle deviendra une romancière majeure. Mais pour cela elle quittera définitivement Roland et son tout jeune fils, encore bébé. Les autres personnages, malgré leurs défauts, sont aussi dans des zones grises, ni bons ni intentionnellement mauvais.

Le constat de cette vie n'est pas brillant. Les erreurs commises sont souvent irréparables. le paysage politique et environnemental est devenu bien sombre. Pourtant il faut bien aller de l'avant.
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Leçons ou le regard d'un homme sur sa vie.
Les leçons que, ce chemin des années 50 à aujourd'hui, ont enseigné au vieil homme.
Avec des va-et-vient dans les époques, Ian McEwan esquisse l'après-guerre, le pensionnat, la montée du communisme, les petits boulots, le bloc de l'est, la chute du mur de Berlin, l'ère Thatcher, l'arrivée des travaillistes, la littérature, le capitalisme et puis le Covid.
Un roman dense, magnifiquement écrit, parsemés de réflexions.
L'honnêteté d'un homme dont la vie est semées de nostalgie, de regrets, de déceptions, d'un traumatisme d'enfance, d'un secret de famille, de solitude, de difficultés dans les relations mais d'amitiés et d'un peu de bonheur.
C'est l'histoire d'un amour paternel aussi.
Je me suis attachée à Roland, Laurewnce et à la lumineuse Daphnée.
Un livre, intense, émouvant et intelligent.
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Un livre que j'ai lu lentement, très lentement, forçant d'ailleurs ma nature, pour en profiter pleinement et pour prendre la mesure d'un roman d'une richesse proprement incroyable.
Il y a tout d'abord, si l'on adopte une vue d'ensemble, la capacité incroyable de McEwan à restituer la vie, ses imprévus, ses retournements...On suit la vie de Roland sur plusieurs dizaines d'années et le livre nous donne l'impression que le temps s'écoule avec lui.
Il y a ensuite une infinité (bon j'exagère un peu) d'éléments particuliers, de séquences diverses et le livre nous parle ainsi de la guerre, de musique, de l'emprise, du Lake District, des familles recomposées, de musique , de tennis, de solitude, du rideau de fer...
Un livre-somme donc qui m'est apparu d'une richesse très peu commune. Il m'a aussi touché pour des raisons personnelles, par des points communs anecdotiques ou pas avec le personnage principal. Ce n'est pas souvent que l'on peut dire cela, mais j'ai vraiment eu l'impression, lisant ce livre, de partager l'expérience d'un ami.
Bref, pour moi, magnifique !
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La vie de Roland Baines, né en 1948, est marquée par deux femmes hors du commun: Miriam et Alissa. Miriam, sa professeure de piano l'attouchera à quatorze ans avant d'entamer avec lui, quelques années plus tard, une relation plus sexuelle qu'amoureuse où elle le dominera entièrement. Alissa, la professeure d'allemand de ses vingt ans, l'épousera et lui donnera un fils avant de le quitter pour réaliser une carrière de romancière à succès. À côté de ces deux femmes, une multitude de personnages secondaires engendre une fresque complexe de l'après seconde guerre mondiale jusqu'à l'épidémie covid autour de Roland Baines, cet anti-héros frustré à la recherche d'un épilogue heureux à ses histoires d'amour-haine.

Si l'histoire commence en 1986 avec Tchernobyl, et un Roland Baines anxieux de retombées radioactives, elle se projette rapidement dans le passé: celui où Roland quittait la Lybie de son enfance dans une base militaire britanique et commençait d'une part sa vie dans un internat de l'Angleterre rurale et d'autre part les cours de Miriam Connell. Un inspecteur de police le sort alors de sa rêverie pour lui demander des détails sur la disparition d'Alissa. Cette disparition n'est pas sans rappeler le voyage de Jane, la mère d'Alissa, en 1946 sur les trace de la Rose Blanche, un des rares mouvements d'opposition au Nazisme...

La petite histoire se mèle à la grande, l'intime se marie à l'universel, en n'épargnant au lecteur aucun détour, ni par les Malouines, la baie des Cochons, le financement du Brexit, l'avènement de l'intelligence artificielle, les théories de l'entropie, du chat de Schrödinger ou du multivers. Personellement, j'ai trouvé ça amusant, bien écrit et je l'ai lu très vite. Un livre dans l'air du temps qui n'est pas sans rappeler le livre que j'avais lu juste avant sur à peu près le même sujet le Colibri de Sandro Veronesi qui lui aussi s'attache à la vie d'un anti-héros parcourant notre siècle poursuivi par ses amours dominatrices.
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A 75 ans Ian McEwan n'a certainement pas terminé son oeuvre (pour notre grand bonheur) et pourtant ce roman de 650p semble tellement abouti, avec quelques épisodes autobiographiques certainement, qu'il paraît difficile d'en attendre plus encore.
Roland Baines, poète qui « se cherche » vient d'avoir un bébé, Lawrence avec sa compagne Alissa, à première vue tout va bien , sinon qu'Alissa abandonneRoland seul avec le bébé , un court mot d'adieu à jamais…
D'où le moment pour Roland de dérouler sa vie à l'envers et d'essayer de comprendre le pourquoi d'un tel abandon,d' un tel échec aussi soudain !
Et là, en remontant l'histoire du XX siècle en passant par le mur de Berlin, la catastrophe de Tchernobyl et tous ces accrocs qui ont marqué nos propres vies, il se demande si les dysfonctionnements du monde ont pu irriguer nos propres dysfonctionnements.
Roland est un anti héros, il commence beaucoup de choses, études, boulots , amours et abandonne vite, ce n'est pas un « raté », mais quelque chose l'empêche définitivement de se construire.
Et si alors qu'il avait 14 ans, une professeur de piano abusive avait saccagé ses rêves et lui avait coupé les ailes ? C'est le fil rouge de cette quête complexe des souvenirs enfouis.
C'est une superbe leçon de vie , mais je dois avouer que le début de lecture m'a laissée perplexe jusqu'à ce que je plonge complètement dans ce roman psychologique à l'humour anglais ravageur même et surtout dans des situations sordides.
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