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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le léopard ne change pas ses taches.
Ce n'est pas de l'ODP31 après une insomnie passée en compagnie d'un reportage animalier au milieu de la Savane à attendre le trépas d'un gnou, innocent mais un peu trop lent, ce n'est pas davantage une pub pour de la lessive, mais la citation d'un petit auteur confidentiel inspiré mais expiré, Shakespeare. Il y a pire.
Les deux principales leçons retenues du pavé de 650 pages de Ian McEwan c'est primo, que l'individu ne change pas malgré les épreuves, que les traumas de l'enfance sont plus tenaces qu'un tatouage raté avec le prénom d'une ex, et deuxio, que le destin n'est pas qu'une affaire de volonté. Autant dire que le célèbre auteur britannique ne va pas abandonner la littérature pour se lancer dans une carrière de coach de vie.
Roland Baines, pas dénué de talent mais souffrant d'une grosse carence en combativité, est quitté sans préavis par son épouse après la naissance de leur fils car elle veut consacrer sa vie entière à la littérature. Cette rupture, qui intervient au moment du passage du nuage de Tchernobyl, gentil petit amas de vapeur condensée d'iode et de césium parti faire de la Tyrolienne jusqu'à nos thyroïdes, va faire refluer un destin abimé. Celui d'une enfance en carence d'affection avec un père militaire et autoritaire, une mère en expiation. Celui d'une adolescence abandonnée sans petits cailloux dans un pensionnat austère et d'une innocence abusée par une prof de piano, qui ne jouait pas que du piano debout, mais couchée sur son élève. Tout était écrit.
Ian McEwan vient donc de publier son « homme sans qualité », il fait muMusil avec le destin d'un antihéros qui traverse l'histoire, sa vie et les grands évènements de ce monde comme un chroniqueur désabusé par lui-même. Plus spectateur de sa vie que supporter de ses rêves. Etudes ratées, petits boulots, pianiste de bar, poète de slogans publicitaires, amant quitté, le lecteur a tantôt envie de sortir Roland Baines de ses eaux stagnantes pour l'aider, tantôt le désir de l'y noyer.
Le planté de drapeau se mérite à la dernière page mais j'ai apprécié la construction du roman qui joue avec la chronologie de souvenirs désordonnés.
L'auteur entremêle biographie et fiction puisqu'il partage avec son personnage les mêmes années et lieu de naissance et ses parents lui avaient également caché certaines boutures généalogiques.
Comme Jonathan Coe, Ian McEwan excelle également dans la rencontre de ses personnages avec l'histoire récente. Les passages consacrés à la chute du Mur de Berlin son parmi les plus réussis du livre. La petite histoire dans la grande histoire sans faire trop d'histoires.
Je ne rangerai pas ce titre dans les classiques de Macaniche McEwan car un petit régime minceur aurait pu l'alléger d'une bonne centaine de pages sans nuire à son IMC (Indice à mots couverts) mais « Leçons » fait bien ses devoirs avec des personnages aussi complexes que tordus. Les suivre toute une vie permet de voir comment chacun s'arrange avec sa conscience, quitte à réécrire l'histoire.
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Comme Jonathan Coe dans le royaume désuni , ce récit mêle habilement petite histoire et grande histoire. La petite histoire, c'est celle de Roland Baines, poète, pianiste, professeur de tennis, touche à tout désinvolte et perpétuel rêveur. La grande histoire, c'est bien sûr celle de la Grande Bretagne, pays natif de Roland, double fictionnel de Ian McEwan, mais également celle de l'Allemagne de ces 80 dernières années, avec quelques épisodes incontournables : la rose blanche, la RFA et la RDA, la chute du mur de Berlin.
Quelques faits marquent la vie de Roland et façonnent son caractère : un père rigide, une agression enfant, un secret de famille, le départ de sa femme pour se réaliser en tant qu'écrivaine. Des faits qui vont le construire, et construire ses relations avec les autres. Et qui font de ce anti-héros un personnage attachant et émouvant, presque un ami, que l'on quitte avec regrets.
Enfin, comme toujours avec Ian McEwan, c'est écrit brillamment et comme l'évoque le titre de ce roman passionnant, c'est une belle leçon sur la complexité du monde, des êtres et le sens de la vie. le bilan doucement mélancolique d'une existence…
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La vie d'un homme, dans sa quasi-totalité, ainsi que les décennies d'histoire d'un continent ; l'auteur des "Leçons" n'a pas emprunté les sentiers littéraires les plus faciles. J'en termine avec un goût légèrement amer de n'avoir pas réussi à le suivre, comme si j'avais manqué son itinéraire dès les premiers embranchements.
L'écriture est délicieuse, l'auteur sait parfaitement choisir les mots pour décrire les petites et grandes choses de la vie. Je perçois la magnificence du travail et le génie littéraire, mais bien que j'aie accroché à maintes reprises et aie été entraîné au fil de nombreux chapitres, je suis néanmoins passé à côté de l'essentiel, et ce en toute conscience.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Roland Baines (trente-sept ans) vient de prévenir la police que sa femme (Alissa) a quitté brusquement le domicile conjugual, en lui laissant leur petit bébé de sept mois (Lawrence) Simple formalité en cas de disparition soudaine. D'ailleurs, il a reçu cinq cartes postales d'Europe. Toutefois, l'inspecteur Douglas Browne va enquêter, afin de vérifier si il ne l'aurait pas fait disparaitre … Nous sommes à Londres, peu de temps après la terrible catastrophe de Tchernobyl (qui a eu lieu le 26 avril 1986 …)

Roland Baines se remémore souvent ses premières années vécues en Lybie avec ses deux parents. Puis son adolescence au pensionnat anglais, où une professeure de piano, (Miriam Cornell) portée sur les très jeunes garçons, l'a marqué à jamais, à l'âge de onze ans (et en l'initiant à la sexualité, dès ses quatorze ans, alors qu'elle en avait vingt-cinq …) Roland Baines se souvient également de la rencontre marquante avec ses beaux-parents (Jane, l'anglaise et Henrich, l'allemand) lors d'une visite à Munich.

Ainsi, de la fin des années quarante à nos jours, nous allons suivre (au cours de ce pavé) les diverses sentiments de notre héros, les leçons multiples qui ont tracées sa route (leçons de vie, leçons de piano …) tout en traversant les périodes majeures de notre époque.

Mais, finalement, qu'apprenons-nous vraiment lors de notre passage sur cette terre ? … Nos expériences ou divers traumatismes nous font-ils avancer ou stagner ? …

Un bon roman, bien écrit, que je n'ai toutefois pas trouvé égal (au niveau de son intérêt …) dans la longueur …
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Dans ce pavé qu'est “Leçons” d'Ian McEwan📕 on y suit la vie de Roland Baines, de son enfance en Libye avec un père militaire violent et une mère au foyer effacée, au pensionnat anglais où ses parents l'envoient dès l'âge de 11 ans et où son initiation au piano par une prof stricte et manipulatrice va basculer en quelques années vers une relation sexuelle secrète et abusive qui le marquera à vie.
Une mosaïque de moments qui croise la grande Histoire, de la crise des missiles de Cuba qui, par la peur de la fin du monde, lui fera prendre une décision lourde de conséquences, la chute du mur de Berlin qui au milieu de la liesse et la marée humaine ivre de joie et de liberté lui fera retrouver miraculeusement sa femme, partie du jour au lendemain en abandonnant mari et enfant pour devenir écrivain.
De guerres en crises, de désillusions politiques au Brexit, en passant par le Covid, une vie au milieu du tumulte d'un entre deux siècles et des leçons de vie.
Extrait:
“You think of your child as your dependant.Then,as it starts to pull away, you discover that you are a dependent too. It has always cut both ways.”

Qu'est-ce qui fait une vie réussie?
Est-on défini par une décision prise dans l'enfance et par ce qu'aurait été notre vie si nous n'avions pas pris cette décision?
Peut-on créer entièrement et librement sans se délester de tout bagage domestique et émotionnel?
A-t-on le droit de tout écrire et de piller l'intimité de son entourage sans se préoccuper des conséquences, proches sacrifiés sur l'autel de la création artistique littéraire?
Peut-on juger ou préjuger d'une vie?
réflexion sur les regrets, les responsabilités individuelles, la passion, le désir, la perte, la maladie, l'absolution, la créativité, l'engagement politique, la famille, la transmission, la maladie, les non-dits et les remords que l'on traîne comme des cailloux dans la chaussure sur le long chemin de la vie.
Et si finalement la seule leçon était la chance d'être en vie.
Un roman intéressant,même si je me suis un peu par moment quelque peu perdue dans les longueurs des méandres de cette longue vie
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Un roman britannique comme je les aime...
Qui m'a fait penser au génial Royaume désuni de Jonathan Coe.
Une vie. La vie de Roland Baines. le cours d'une vie dans toute sa banalité et son exception.
Avec la grande Histoire en toile de fond. Né en 1950, Roland Baines connaîtra la guerre froide, la chute du communisme à l'Est, l'effondrement du mur de Berlin, Tchernobyl, le libéralisme, le Covid.....
Quant à sa propre histoire, elle sera marquée par des cours de piano sulfureux à 14 ans, deux mariages, un enfant, une carrière éclectique entre cours de tennis et pianiste de bar entre autres....

Le livre est dense, foisonnant.
Les personnages marquants ( la prof de piano !) .
McEwan a pris son temps pour dérouler, sur 650 pages, le sel et les méandres de toute une existence.
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Ce roman, qui est en partie autobiographique ( l'auteur a vécu, du fait de la carrière de son père militaire, en Lybie, en Allemagne,..) débute en 1986,  dans un climat  tendu car les retombées de Tchernobyl menacent l'Europe.
A Londres, Roland Baines vient de se faire quitter par Alissa, sa femme,  et se retrouve seul avec Lawrence, leur bébé de sept mois.
C'est le point de départ d'une exploration minutieuse de sa vie, mais  aussi celle de son entourage, parents, beaux-parents.... on remonte à travers les décennies, puis on avancera jusqu'au confinement dû au Covid, et on cerne peu à peu ce qui les a construit, à travers des secrets de famille, idéologies politiques, rêves de carrière, aspirations artistiques...
L'adolescence de Roland, elle, a été affectée par une professeure de piano abusive, et la liaison malsaine qui s'ensuit pèsera tout au long de sa vie sur sa capacité à prendre des décisions ou à s'engager sentimentalement.
J'aurais apprécié un héros un peu plus combatif,  mais une des forces du récit c'est la fine analyse des sentiments humains de cet anti-héros, plutôt spectateur de sa vie.
La construction chronologique chaotique, peu datée, mais toujours identifiable grâce aux événements d'actualité, est une passionnante reconstitution historique, qui dessine pour le héros, au fil des événements, l'espoir d'un avenir meilleur. Mon époque préférée reste sans conteste les passages autour de la chute du Mur de Berlin.
Une lecture qui fait partie de la sélection pour le #prixbookstagram.
Lien : https://instagram.com/danygi..
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Si le titre est court, la longueur de ce roman, (650 pages) vraisemblablement inspiré de la bio de son auteur, ravit autant par le plaisir de lecture qu'il offre que par la joie d'être happé par un roman, un vrai de vrai ! comme on en écrivait avant l'ère contemporaine des volumes sans volume, des livres étiques.
Ce récit de la vie de Roland, écrit à la troisième personne, s'étend sur plus de 70 années, partant de 1948 et couvrant la période d'une époque qui va jusqu'en 2021, si bien qu'il aurait pu s'intituler « le roman d'un babyboomer ».
Leçons débute en 1986, quand l'Europe est placée sous la menace de Tchernobyl. Dès le deuxième chapitre on remonte à l'été 1959 puis ainsi de suite puisque cette narration est tout sauf linéaire, ce qui contribue à éviter toute monotonie et, au fil des réminiscences ou des pensées du héros, à suivre les heurs et malheurs de Roland, un homme « sans qualité » qu'on qualifierait aujourd'hui de « looser » mais qui fait preuve d'intelligence, de finesse d'analyse et d'une grande délicatesse. Cet homme de gauche (parti travailliste) n'est pas, à proprement parler, un raté dans la mesure où il va élever seul, en bon père célibataire, son fils Lawrence.
L'existence du héros est scandée par ses rencontres et attachements qui s'ensuivent, par ses liens amoureux avec trois femmes, en particulier. À l'adolescence (première rencontre à 11 ans, relation de couple à 14 ans), Roland connaît une histoire d'amour torride avec sa très lubrique professeure de piano, Miriam. Il est si jeune qu'on peut se demander si son consentement est bien éclairé ! Puis vient Alissa, son épouse et mère de Lawrence, qui décide de les abandonner alors que l'enfant est encore un nourrisson, pour se consacrer à l'écriture et qui connaîtra un immense succès littéraire. Daphné, enfin, l'épouse de la maturité meurt d'un cancer fulgurant… Y a-t-il un message féministe à travers ces personnages ? Roland, en tout cas, a affaire à des « femmes puissantes ».
Sur le plan professionnel et malgré ses aspirations à la poésie, il se contente de vivre de petits boulots (pianiste de bar, rédacteur occasionnel…) tout en élevant son fils, en l'absence de mère au foyer. Pour résumer cette trajectoire de vie – « une leçon de piano, une histoire d'amour prématurée, des études ratées, une femme disparue… », écrit Ian McEwan – et, plus généralement, un sentiment d'inaccomplissement, voire d'échec, qui l'incite à explorer minutieusement son passé afin de mieux comprendre ce qui lui est arrivé comme d'en tirer les tardives leçons si, toutefois, elles existent.
Si Roland souffre de ses rêves perdus, le monde autour de lui n'est pas en reste et, d'une crise à l'autre (Tchernobyl, l'affaire des missiles cubains, la guerre froide, etc.), l'oppresse insidieusement de son ambiance délétère. « de temps à autre, lorsqu'il se sentait d'humeur durablement introspective, Roland réfléchissait aux événements et accidents, personnels et mondiaux, minuscules et capitaux qui avaient façonné et déterminé son existence. Son cas n'avait rien de particulier – tous les destins se constituent de la sorte. » C'est ainsi que les événements du monde, l'actualité avant de devenir l'Histoire, s'articulent à la vie personnelle du héros dans ce récit tellement vivant, qui brille par une lucidité sans faille : « Une chance inouïe que d'être né en 1948 dans le paisible Hampshire plutôt qu'en Ukraine ou en Pologne en 1928, de ne pas avoir été traîné sur les marches d'une synagogue en 1941 et amené là (siège de la Gestapo). »
Pourquoi l'histoire de cette vie un peu chaotique, racontée essentiellement sous l'angle de l'amour et de la politique, nous captive-elle autant ? Sans doute parce qu'elle nous éclaire sur nous-mêmes et nous délivre aussi de l'illusion que chacun de nous est l'unique auteur de sa propre vie. Mais également parce que c'est un récit plein de chaleur humaine et de tendresse d'autant qu'à la fin, seront abordés avec une grande délicatesse les thèmes du vieillissement, des relations grand-parentales avec les petits-enfants et de la mort. La richesse du roman tient au fait que Ian McEwan ne raconte pas une histoire mais donne vie à un homme que le lecteur pourrait avoir rencontré, qui pourrait être son ami ou peut-être lui-même jusqu'à se surprendre à partager quelques-uns de ses goûts, quelques-unes de ses opinions… Un livre éblouissant que l'on quitte à regret comme s'il fallait se défaire d'une personne avec qui on partage tant de choses et que l'on comprend si bien !

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