"Il ne me connaissait pas, je ne le connaissais pas". Voilà
la double méprise du titre. Une jeune femme belle, spirituelle, riche, s'ennuie. Elle est passée d'une sympathie pour son mari à un ennui et même à un dégoût physique. Il n'est pas drôle et fait même des blagues vulgaires ; alors que, jeune fille, elle rêvait de pouvoir, devenue épouse, tenir un salon spirituel, il ramène des amis du régiment. de plus, il critique la mère de sa femme et il grossit, ce n'est plus le charmant fiancé. Ce portrait est particulièrement drôle. Alors, elle rêve. Et de quoi rêve une épouse qui n'est plus amoureuse ? A l'amour... Et c'est sa méprise, elle aimerait du romanesque, de la passion, un enlèvement, des voyages, de l'exotisme, un sauveur tout simplement.
Darcy apparaît comme spirituel, il revient d'Orient et a donc des histoires, des aventures même à raconter. Il y a donc de quoi rêver pour une femme malheureuse... D'autant plus qu'il a une cicatrice, des rumeurs qui évoquent un duel pour une femme... Oui, il y a de quoi rêver... D'ailleurs, moi, lectrice qui rêve, ce nom m'évoque Monsieur Darcy d'Orgueil et Préjugés de
Jane Austen, érigé en figure romantique par excellence,
Mérimée connaissait-il ?
Sauf que... lui, est prosaïque, pas un rêveur. Il ne cherche pas la passion, mais une "liaison de vacances". En Orient, il n'a pas été sensible aux beautés du ciel, à la poésie des ruines, aux beautés des femmes ... Non, il ne rêvait pas des mystères de l'Orient tel que rêvent les Parisiens, il rêvait, lui, des cigares de Paris, des sorties au Bois...
Ce contraste est à la fois assez drôle, mais aussi très cruel, notamment à la fin.
Mérimée nous fait passer par beaucoup d'émotions en quelques paragraphes, c'est toujours un plaisir de lectures !