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Qui dit Portugal, dit souvent beau temps, ciel bleu, chaleur…Grosses chaleurs, d'ailleurs. Tellement, que les forêts de mon petit pays sont dévastées chaque été, au gré des envies et des besoins de certaines grandes sociétés, de certains gros bonnets de la finance et de la politique. Oui-oui, détrompez-vous, chers amis, les incendies de forêt portugais ne sont jamais accidentels et servent à grossir les portefeuilles de beaucoup de gens, gouvernement inclus. Quand, comme l'an dernier, ça tourne au drame et ça résulte en presque 70 victimes mortelles, tout le monde crie au scandale, tout le monde s'accuse mutuellement et les promesses de « Plus Jamais Ça » font légion…Les victimes innocentes ne reviendront plus et leurs familles respectives survivront, désormais, dévastées. Les coupables, eux, que rien n'inquiètera, continueront leurs joyeuses affaires, leur petit boulot de gagneur de fric et leur vie de riches. Jusqu'à l'été suivant. Froidement.
Comme beaucoup d'entre nous, j'ai lu quelques livres, romans ou témoignages, se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des plus connus aux pas-tant-que-ça, des romanesques aux histoires vraies. Tous présentaient le point de vue des victimes, des « gentils », de ceux qui ont souffert. Tous m'ont touchée, bien sûr.
Le livre de Robert Merle, premier roman « Seconde Guerre Mondiale » qui me présente le point de vue d'un « méchant », l'un des plus grands bourreaux de l'Histoire, prenait depuis longtemps la poussière sur l'étagère du salon. Face au résumé et aux critiques lus sur Babelio, je n'osais pas mais je me suis lancée. Mes livres papiers sont mes trésors et ne peuvent briller que si je les lis. J'hésitais aussi à en donner mon humble ressenti…Une critique me sert soit à partager mon enthousiasme sur un texte, soit à m'amuser un peu quand un livre ne me plait pas outre mesure (je me dis que, puisque je me suis ennuyée à sa lecture, je rigole en écrivant une critique que j'espère, sinon déjantée, du moins farfelue ou grotesque. Même si elle ne fait rire que moi). « La mort est mon métier » est loin d'être enthousiasmant mais pourtant, je lui mets cinq étoiles.
Comment étoile-t-on un texte ? Pourquoi aime-t-on ou pas un roman ? Pour le talent d'écriture de l'auteur, pour l'histoire qui nous plait ? Parce qu'on s'identifie avec le(s) protagoniste(s) ? Pour s'enrichir culturellement ou émotionnellement ?
Dans ce cas, j'écris ce petit billet juste pour partager et pour essayer de me comprendre. Vous m'aiderez sûrement.
Pour moi, ce roman a été une épreuve et un défi. Il m'en a coûté de me plonger dans son atmosphère, soir après soir, avant de faire dodo. Mais j'y allais, avide de savoir, de saisir. Malgré la chaleur des nuits d'août, j'ai eu très froid à sa lecture. le talent de l'auteur est indéniable. Il a cerné l'odieux personnage, qui m'a glacé le coeur et les os, à la perfection. Il lui a donné un visage et un esprit humains. Il en a fait un être qui respire, qui ressent, qui projette, qui organise et qui prévoit. Cependant, un homme qui a eu mal, qui a eu peur de faillir, qui s'est inquiété. Et c'est ce qui est glaçant.
Moi, je respire pour vivre. Je ressens de l'amour, de la joie et du plaisir. Je projette mes lectures, j'organise les vacances en famille. Je prévois le dîner et le cadeau d'anniversaire de ma Princesse. J'ai mal quand je la gronde. J'ai peur qu'elle soit malade. Je m'inquiète si elle est triste. Je trouve ça normal, pas vous ?
Le monstre respirait pour tuer. Il a ressenti de l'amour pour un père odieux. Il a eu la joie d'être papa. Ila eu le plaisir de bien faire… en projetant la mort de milliers d'êtres humains. Il a organisé et prévu des méthodes efficaces et infaillibles…de tuer. Il a eu mal de ne pas se sentir aimé et de cesser de l'être. Il a eu peur de faillir à sa mission. Il s'est inquiété du jugement de son supérieur. Il a anéanti des milliers de vies. Et il a trouvé ça normal….
Et vous ?
La « froideur » des incendies de forêt portugais est odieusement malhonnête. L'ambition de l'argent meut les monstres qui détruisent notre patrimoine naturel. Les morts de l'an dernier n'étaient pas prévues. Les monstres ne cessent pas d'être des assassins.
La froideur du personnage de « La mort est mon métier » est odieusement honnête. le bourreau n'a eu qu'une aspiration : faire son métier. L'extermination de milliers d'êtres humains était son objectif. Sans aucune autre ambition…Même pas d'être un assassin.
J'ai froid….

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Le narrateur de ce roman est Rudolf Lang, personnage qui incarne Rudolf Hoess commandant du camp d'Auschwitz.

Une enfance rigoureuse, la froideur d'un père, une éducation ultra catholique, la soumission d'une mère, forgent son caractère dénué de sentiments. Il ne connaît que la valeur des ordres, le bien et le mal importent peu.

Il renie sa foi catholique. Son église s'appelle l'Allemagne.

Remarqué très tôt pour son application à obéir aux ordres, son manque glaçant de conscience, sa profonde inhumanité, il sera choisi par le Reichsführer Himmler pour mettre au point l'Usine de la mort d'Auschwitz.

Pas plus que la vie, la mort n'a d'importance pour lui, pas même la sienne. Les Juifs ne sont que des statistiques, des marchandises à détruire, le plus efficacement possible, avec le moins d'encombrement possible. Sa seule raison d'exister est d'obéir aux ordres, sans prendre d'initiative, sans émettre la moindre critique, "consciencieux sans conscience". Tout est moral si cela contribue à la victoire du nazisme. "Moraux à l'intérieur de l'immoralité"

Un roman effrayant car, si c'est un homme, comment peut-il être à ce point monstrueux ?




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C'est l'histoire de Rudolf Lang (alias Rudolf Hoess), officier SS qui dirigea le camp de Auschwitz et mit au point le gazage de juifs, les fours crématoires… officier zélé qui n'a fait « qu'obéir aux ordres ».

Robert Merle reconstitue son enfance, à partir de ce que Rudolf Lang a raconté au psychologue qui l'a interrogé pour le procès de Nuremberg.

On retrouve une violence familiale édifiante avec un père ultrareligieux, avec les prières assidues, à genoux, (on est plus dans l'autoflagellation que dans la foi), fou à lier qui veut faire de son fils en prêtre. Il l'oblige à se mettre au garde à vous en sa présence, à marcher au pas.

Il s'engage à l'âge de seize ans, alors qu'il n'y est pas autorisé car trop jeune, mais l'armée, la guerre le fascinent et aussi l'amour de son pays. Il va combattre en Turquie et sa bravoure sera reconnue.

De retour à la vie civile, il participe à la mise en place des chemises brunes et adopte les idées nazies.

Robert Merle reconstitue ensuite tout son parcours, notamment à Auschwitz et la manière dont il a accepté la mission que Himmler lui a confiée. Fonctionnaire zélé, il a mis en place le processus d'extermination des juifs comme il aurait conçu la mise ne place d'une chaîne automobile : le gazage, les ascenseurs pour acheminer les corps vers les fours crématoires…

Cet homme était marié et avait des enfants ! et si Himmler le lui avait demandé qui sait s'il n'aurait pas été capable de les tuer ? Seule comptait la mission qui lui avait été confiée et dans le meilleur délai : si Himmler le voulait, c'est qu'il avait raison !

Au procès, il répètera « je n'ai fait qu'obéir aux ordres » et n'aura jamais l'ombre d'un regret, il ne considérait pas que les juifs qu'il envoyait à la mort étaient des humains, pour lui c'était des « unités » qu'il envoyait à la chambre à gaz.

Cet homme est glaçant, déshumanisé, rien ne le touche, c'est un exécutant ! lorsqu'on lui demande comment il trouvait son travail à Auschwitz, il répond « ennuyeux » !

Je connaissais l'histoire de cet homme, avant d'ouvrir le livre, car j'ai vu un film il y a longtemps, et cette phrase « je n'ai fait qu'obéir aux ordres » m'a hantée à l'époque !

J'ai beaucoup aimé ce livre, il permet de réfléchir et de ne pas oublier surtout à une époque où l'antisémitisme a fait un retour en force.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Obéir aux ordres, fussent-ils les plus fous, les plus inconcevables, les plus atroces, c'est la défense des criminels de guerre nazis, ils ont obéi aux ordres. Quand on est militaire cela fait partie des règles de base, et quand on est allemand cela fait partie des gènes dit-on. Seulement là, ce n'est pas recevable, le crime est trop horrible, trop grand, ils sont impardonnables et responsables du sentiment de culpabilité des générations suivantes.

Rudolf Höss (Rudolph Lang dans le roman), le commandant du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, fait partie de ces hommes, un militaire à qui Himmler a ordonné d'appliquer la solution finale aux Juifs et qui s'est acquitté de sa tâche avec « soin », sans affect pour les victimes quelles qu'elles soient, il dira d'ailleurs face à ces juges : " vous comprenez, je pensais aux Juifs en termes d'unités, jamais en termes d'êtres humains. Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche ".

La Mort est mon métier est remarquable dans ce qu'il illustre parfaitement cette attitude qui conduit à la banalité du mal dont parle la philosophe Hannah Arendt. Envoyée spéciale du New Yorker en Israël au procès d'Adolf Eichmann, elle a estimé que l'homme était tristement banal, un petit fonctionnaire ambitieux et zélé, entièrement soumis à l'autorité, incapable de distinguer le bien du mal.

Eichmann comme Rudolf Höss ont cru accomplir un devoir, ils ont suivi les consignes et cessé de penser. Et le seul moyen d'échapper à l'inhumain qui se loge en chacun n'est-il pas bien de penser, de réfléchir à nos actes en dehors de toute pression extérieure ?
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Les nazis voulaient se débarrasser des juifs et créer grâce à l'eugénisme l'aryen parfait. Avec Rudolf Lang, le commandant d'Auschwitz, double littéraire de Rudolf Hoess, ils ont surtout créé l'homme désincarné...

Sans coeur, sans émotions, sans désirs, sans rêves, sans conscience et probablement sans âme, Rudolf Lang voit les juifs à tuer comme des unités à traiter, les chambres à gaz et les fours crématoires comme des problèmes industriels et l'odeur de chair brulée comme l'inconvénient principal...

C'est glaçant, digne des pires scénarios de science-fiction, et pourtant c'est vrai, puisque Robert Merle s'est apparemment basé sur les transcriptions d'entretien de Rudolf Hoess pour écrire ce récit.

C'est le côté désincarné de l'homme qui m'a le plus frappée, au-delà de son obéissance aveugle aux ordres ou de son enfance et sa jeunesse effectivement propres à faire de lui un psychopathe. Il ne ressent rien, alors même qu'il est confronté à l'horreur pure. On dirait qu'il est anesthésié ou hypnotisé.

C'est d'autant plus frappant que le récit est écrit à la première personne et qu'on est donc dans sa tête. Pas dans son coeur puisqu'il n'en a plus depuis longtemps apparemment. Mais dans sa tête, qui raisonne comme celle de tout un chacun, même peut-être mieux, sauf qu'il l'utilise pour exécuter un génocide. Parce que la mort est son métier...
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Ce qui, entre autres, fait la force de ce livre est la manière dont Robert Merle s'est effacé pour entrer dans la peau de Rudolf Lang (Hoess).
Ce n'est pas une grosse prise de risque que de se faire le porte-parole de victimes mais il faut du cran pour décider que l'on va décrire l'effroyable par la voix d'un bourreau. Et, qui plus est, d'un bourreau qui ne s'est jamais repenti.

En effet, inconsciemment, nous avons tendance à considérer les S.S. comme une sorte d'humanoïdes, programmés pour l'extermination et parachutés sur Terre à une période donnée allant de 1941 à 1945, prolongée pour certains jusqu'au Procès de Nuremberg en 1947.
Par cette audacieuse prise de position, Robert Merle leur redonne la dimension "humaine" d'individus lambda qui, en d'autres circonstances, auraient suivi, avec la même discipline, un parcours banal : enfant, adolescent, adulte, mari, père...
Je n'irais pas jusqu'à supputer que nous croisons certainement chaque jour des Rudolf Hoess en puissance mais, finalement, au lu de "La Mort est mon métier", je ne vois pas ce qui me permettrait de penser le contraire.

Aucun livre sur cette période tragique ne m'aura atteinte comme celui de Robert Merle.
Aucun voyeurisme, aucun pathos, aucun sentiment, dans sa narration. De la méthode, rien que de la méthode... à l'image de Rudolf Lang (Hoess).

Lang (Hoess) est dangereux car il n'a pas de faille, ne traduit aucune émotion, ne reconnaît pas celles des autres. Il ne boit que très modérément et à des occasions spéciales, dort très peu, ne mange que pour se nourrir, ne baise que sans plaisir et par nécessité. Il est incapable d'explosions de joie ou de passions dévorantes, est inapte à tout sentiment, même celui de haine.
Rudolf Lang est un exécutant au sens le plus complet du terme.

Je terminerais mon commentaire en reprenant les mots de la préface de Robert Merle :
"Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir ; et c'est en cela justement qu'il est monstrueux."
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Il s'agit, ici, de la biographie de l'homme qui devint commandant du camp d'extermination d'Auschwitz.
L'auteur le nomme Lang, Rudolf Lang mais de fait son véritable nom est Hoess, Rudolf Hoess.

Alors c'est un livre épouvantable, comme on en a déjà connu, dans le même registre, mais une vie passée dans l'horreur, dans la vénération de l'absolument détestable, c'est indigeste mais nécessaire parce qu'historique, pour la mémoire et pouvoir transmettre cette période noire de l'histoire, encore, contemporaine.

Merle est un écrivain de renom qui a déjà traité le sujet, différemment, mais de cette époque. C'est quelqu'un qui sait écrire et dont l'écriture est reconnue, de moi également. On peut, normalement, se poser la question de savoir quelle mouche l'a piqué pour écrire cette histoire. C'est bien écrit, comme pour ses autres sujets mais c'est un coup de marteau, chapitre après chapitre pour enfoncer le clou de l'horreur.

La fascination horrible et tout autant étrange que pouvait avoir ce "Fuehrer" que je ne nommerai pas, sur beaucoup et notamment sur cet homme, ce mari, ce père qui, à la question posée par son épouse de savoir s'il sacrifierait ses enfants à la demande du Monstre, ne répond pas et, c'est bien connu, qui ne dit mot consent. Raisonnablement la mère part avec ses enfants et quitte cet homme devant l'impossibilité d'acceptation de la situation. Elle a, bien sûr, raison.

On connaît la suite et la fin : pendaison!
Robert Merle signe, ici, un grand livre historique.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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J'ai découvert La mort est mon métier de Robert Merle lors du cycle Littérature et nazisme pendant les cours de francais de Terminale. Inscrite en Bac A2 (dernière fournée avant qu'il devienne L), j'avais poursuivi cette matière bien que l'épreuve fut derrière moi. Grand bien m'en a pris car ce cycle fut des plus passionnant et présenté par une prof passionnée. Ça n'est pas toujours le cas...

Revenons à Robert Merle et à son livre aussi formidable que terrifiant. L'auteur prend aux tripes dès le titre qui annonce la couleur avec froideur. Par le biais d'une docufiction, il retrace la vie et le parcours de Rudolf Lang, avatar fictionnel du tristement célèbre Rudolf Hoess. On le suit depuis son enfance jusqu'à ses fonctions à la tête du camp d'Auschwitz où il mit son efficacité et sa rigueur au service de la "solution finale", vaste système d'extermination industrialisée du "problème juif". Où l'on remarque le goût prononcé des dirigeants nazis pour les euphémismes...

Robert Merle est un écrivain dont les qualités ne sont plus à démontrer. Touche à tout littéraire, il livre ici un des romans les plus noirs, durs et terrifiants qu'il m'ait été donné de lire. Et de relire d'ailleurs à quelques années d'écart. Il met en scène la banalité administrative du génocide instauré par les hiérarques du IIIème Reich. Rudolf Lang est un être froid, comme déshumanisé, dont les seules questions qui le préoccupent sont celles de la rationalisation et du perfectionnement du massacre de masse. le système concentrationnaire devient pour lui une équation mathématique à résoudre.

Difficile de ne pas penser, en lisant ce livre, à ce que la philosophe Hanna Arendt appela la banalité du mal, lors du procès de Eichmann à Jérusalem.
Et en effet, plus qu'un monstre, Robert Merle montre un homme obéissant aux ordres, consciencieux dans son travail et à l'esprit de qui ne viendrait pas l'idée de s'opposer aux instances hiérarchiques. C'est cet aspect qui rend la lecture de cet ouvrage - et d'autres traitant du même sujet - si bouleversante, dérangeante et terrifiante.
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Quel livre troublant ! D'autant plus troublant qu'on en ressort avec un avis très nuancé sur ce Rudolf Hoess. Cela aurait été beaucoup plus simple que seul le côté abject ressorte de cet homme. Or, retraçant son enfance Robert Merle nous fait comprendre comment ce petit Rudolf s'est construit. On en arrive, non pas à excuser et encore moins à admettre mais à comprendre d'où vient cette monstruosité. Ce n'est en aucun cas une excuse car tous les enfants ayant vécu auprès d'un père tyran et névrosé ne deviennent pas des monstres mais cela permet d'en comprendre la genèse.
Cette phrase qu'il ne cesse de répéter et qu'il dira encore lors de son procès de Nuremberg " je n'ai fait qu'obéir aux ordres" fait froid dans le dos car on comprend bien qu'il est pris dans un mécanisme psychique dans lequel il ne peut s'extraire.
Oui, comme il lui sera signifié lors de son procès il est déshumanisé et c'est ce qui met à mal le lecteur car cette distanciation, cette dichotomie entre l'homme et les faits peut avoir pour effet d'atténuer la haine qu'on pourrait avoir pour cet homme. Il n'y a aucun doute les actes sont condamnables et d'une monstruosité sans nom mais l'homme ? le fait de se poser la question trouble et met vraiment mal à l'aise car on ne peut et ne veut pas cautionner ce qu'il est mais son histoire interpelle.
Très intéressant, cette biographie romancée est à lire !
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Encore un livre délicat, difficile, en tous cas pour moi. J'ai vraiment eu beaucoup de mal à le terminer et je dois avouer avoir lu la dernière partie en diagonale tant cela était insoutenable.

Je me pose encore la question de pourquoi je l'ai terminé, pourquoi me suis-je forcée à le lire jusqu'au bout quand mon coeur se soulevait à chaque page ? Je ne sais pas répondre à cette question, ce dont je suis sûre c'est que ce n'est pas une contemplation malsaine mais plutôt la volonté de ne pas céder à l'hypocrisie car comme le dit Robert Merle dans sa préface "(…), je savais que de 1941 à 1945, cinq millions de juifs avaient été gazés à Auschwitz. Mais autre chose est de le savoir abstraitement et autre chose de toucher du doigt, dans des textes officiels, l'organisation matérielle de l'effroyable génocide."
Et effectivement, dans ce livre il faut affronter la réalité de plein fouet. Lorsque des êtres humains deviennent des "unités", lorsque leur éradication ne se résume plus qu'à une entreprise dont le principal soucis est le "rendement", on descend tellement bas dans les tréfonds de l'âme humaine que plus rien ne paraît avoir de sens.

Quand Rudolf Lang (qui est en fait Rudolf Hoess, commandant du camp d'Auschwitz) commence à imaginer l'organisation de son "Usine de Mort", j'ai pensé qu'il pourrait presque s'agir d'un roman d'anticipation où des êtres NON Humains réfléchiraient au moyens d'éliminer des êtres Humains ; mais non, c'est un livre d'Histoire ! Ce ne sont pas des "aliens" qui ont mis au point cette entreprise meurtrière, ce sont des Hommes qui ont fait ça à d'autres Hommes. Et pour moi c'est bien là le pire.
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