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Karen Merran (Autre)
EAN : 9782212574999
432 pages
Eyrolles (04/03/2021)
4.32/5   79 notes
Résumé :
Jacob a huit ans et vit à Safi, une petite ville côtière du Maroc qui sent bon les épices et la sardine. Son meilleur ami, Brahim, est musulman. Ensemble, ils partagent tout et jouent aux osselets. Ils sont juifs et musulmans, mais se vivent d'abord comme des Marocains. Pourtant, à la veille de la guerre des Six Jours, les relations entre Israël et les pays arabes se tendent. Le climat entre les communautés juive et musulmane se dégrade aussi à Safi. L'amitié de Bra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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- Mon coeur serré comme une sardine - ou - Je ne veux pas partir - est un véritable petit trésor littéraire, à côté duquel je serais vraisemblablement passé sans la proposition qui m'a été faite par Babelio de le découvrir.
Je crains un peu les romans dans lesquels la narration se fait à travers le regard et les mots d'un enfant. Pour l'auteur, cet exercice est un périlleux acte de funambulisme effectué sur une ligne de crête où se joue, presque à chaque mot, la crédibilité de l'histoire. le secret, s'il en est un outre le talent, c'est de garder à l'esprit "que la différence entre l'enfant et l'adulte, c'est la taille de son jouet." Et il m'a fallu convenir passées ces premières lignes, que Karen Merran avait non seulement réussi à garder l'équilibre, mais que l'artiste écrivaine avait réalisé un brillant numéro de haute voltige.
Nous sommes au printemps 1967 à Safi, ville portuaire de l'ouest marocain, située juste au-dessus d'Essaouira sur la côte atlantique et de Marrakech à l'intérieur des terres. C'est le pays de la sardine ( mais pas que) et c'est aussi le pays des potiers ( son argile rouge est, dit-on, la meilleure du monde ). C'est là que vivent Jacob, le narrateur, Juif marocain de huit ans et son meilleur ami Brahim, du même âge, Marocain musulman.
Ces deux enfants vivent dans la parfaite harmonie qui peut habiter l'âme et le coeur de deux enfants de cet âge dans un petit coin pas très éloigné de ce qui pourrait ressembler au paradis sur terre.
Jacob a un père qui travaille dans le commerce céréalier, une mère qui est à elle seule la Gault et Millau surétoilée de cette localité ; sa dafina fait saliver d'envie tous les Safiotes.
Il a six soeurs toutes plus âgées que lui, et chacune d'elles est "un échantillon représentatif" de ce à quoi peut ressembler cette jeunesse féminine juive marocaine de la fin des années 60.
Il a des oncles, des tantes, des cousins et un papi qui " collectionne des collections".
La famille est très soudée autour des valeurs familiales et religieuses ancestrales où le judaïsme est une bible de vie ( formulation maladroite mais ni blasphématoire ni irrespectueuse).
Brahim est le fils d'un potier. de condition plus modeste, il ne va pas à l'école et aide son père, essentiellement en livrant les fruits de son travail. Il a des frères, dont l'un est policier.
Les familles se connaissent, se rencontrent en de rares occasions et s'entendent.
Leurs vies s'écoulent au rythme de l'école pour l'un, des livraisons pour l'autre, de leurs jeux, des repas familiaux, de la synagogue et de la mosquée.
Entre les osselets, les baignades, les glaces, les rêveries et les quelques bêtises suggérées par leurs imaginaires enfantins, aucune "poutre aux lourdes tonnes de fer ne semble vouloir venir murer l'horizon."
C'est sans compter avec la rudesse d'un monde qui, sans se préoccuper de préserver les rêves des enfants, s'emploie à perpétuer des cauchemars qui, "à chaque génération, font retomber l'humanité en enfance."
Le 5 juin 1967 éclate la guerre des Six jours entre Israël, l'Égypte, la Syrie et la Jordanie.
S'exacerbe alors le nationalisme arabe, d'autant que l'agresseur est Israël qui a lancé une offensive préventive. le Maroc qui est signataire et a rejoint la Ligue Arabe depuis 1958 entame une campagne de presse anti israélienne et antijuive.
Deux des soeurs de Jacob sont emprisonnées et "malmenées". Elles doivent confesser appartenir à des organisations aidant les Juifs marocains à gagner clandestinement Israël et avoir célébré par des chants la victoire de l'État hébreu.
C'est au frère de Brahim, le policier, qu'elles vont devoir leur "salut".
Pour beaucoup de Juifs marocains, c'est le début d'un nouvel exode.
Jacob pressent la menace et s'efforce de l'exorciser par la pensée magique dont il est un fervent adepte et un pratiquant assidu.
Prétextant de courtes vacances d'été en France, la famille quitte le Maroc pour s'installer à Paris.
Jacob, qui n'en a rien su avant d'être sur le bateau qui l'éloigne de son pays perdu, est malheureux comme les pierres. Il n'a pas pu dire au revoir à Brahim. Il n'a qu'une idée en tête : retourner à Safi.
L'installation et l'intégration vont être une épreuve que chacun tentera de surmonter "à sa façon" ; les racines et la culture ont besoin d'un long et quelquefois douloureux apprentissage pour que prennent les greffes.
Grâce à la visite de son papi, il va pouvoir rétablir un contact épistolaire avec Brahim... jusqu'au jour où il apprend que la maison familiale de son ami a été ravagée par les flammes...
À vous de terminer l'histoire !
C'est un roman qui fleure bon avec une époque et qui ne la trahit pas. J'avais quatorze ans au moment de la guerre des Six jours... je m'en souviens comme si c'était hier.
J'ai par ailleurs habité au Maroc, y suis retourné à plusieurs reprises, et il est bien tel que Karen Murran nous le raconte.
Dans l'épilogue de son roman, qui est, si j'ai bien compris, un peu beaucoup l'histoire de son papa, mais aussi l'histoire de ces Juifs chassés d'Espagne par Isabelle la Catholique en 1492, elle nous montre et si besoin nous démontre que cette civilisation juive qui avait trouvé refuge, pour beaucoup d'entre eux, dans les pays arabes, était installée dans ces pays depuis presque cinq siècles, avait contribué à leur essor, à leur prospérité et que le voisinage y était bon.
Seuls l'idéologie et les excès que celle-ci engendre ont conduit plus de 600 000 Juifs à s'expatrier, depuis 1948, qui vers Israël qui vers la France ou le Canada pour l'essentiel.
Récit nous est fait des rôles de Mohamed V, de Hassan II, du Sionisme, de De Gaulle dans cette crise géopolitique.
De plus, en s'interrogeant sur le pourquoi de cet exil marocain, sa seule réponse est "la peur".
La guerre des Six jours fut une première semonce, celle du Kippour en octobre 73 une seconde plus inquiétante encore.
En retrouvant la famille Benshimon à Paris entre septembre 67 et janvier 68, j'ai revécu ce que j'avais vécu moi aussi de mon côté à Paris. Et je me suis dit que j'ai peut-être croisé Jacob... quelque part dans la capitale en défilant avec la Ligue Communiste révolutionnaire.
Un livre hommage, un livre témoignage, un livre amour. Un livre bien écrit, avec un gros coeur, beaucoup de talent et de tendresse.
Un livre qui prouve une fois de plus que si "la discorde est le plus grand mal du genre humain, la tolérance en est le seul remède.” ( Voltaire )
Un très beau livre, qui vous serre le coeur comme une sardine !
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Une belle découverte, je remercie Babelio et les éditions Eyrolles pour ce livre. le narrateur est un jeune garçon de 8 ans qui vit au Maroc, il est juif ( nous sommes en 1967). Son meilleur ami est musulman, a cet âge quelle importance ? Pourtant les évènements internationaux vont en décider autrement pour cette famille juive parfaitement intégrée et patriotique. J'ai particulièrement aimé le style, ce petit garçon ose dire ce qu'un adulte ne dirait pas. son analyse est fine, directe et sans compromis. Pourtant ce n'est qu'un enfant, donc la vie va décider pour lui. Il est mature sans pour autant perdre son charme enfantin, son monde est encore celui des jeux et des copains même si l'inquiétude des adultes, toute légitime, lui gâché la vie. Ce livre a un double intérêt, on y découvre la vie de la communauté juive marocaine en pleine guerre des six jours et le point de vue d'un enfant qui est parfaitement conscient des dangers, des gaines et surtout des mensonges des adultes. Les répercussions sont dramatiques pour cette famille, l'antisémitisme grimpant et la confusion entre judéité et sionisme auront raison de leur amour pour le Maroc. le coeur lourd ils devront partir. Ce livre est un petit bijou psychologique, où se trouve la responsabilité d'une communauté religieuse face à un pays qu'elle considère comme le sien. Quel est le poids des relations internationales dans la vie quotidienne de si nombreuses familles si loin d'Israël. Je suis heureuse de participer à la rencontre avec son auteure, quel talent ! le contexte est vraiment passionnant, c'est celui d'une société en mutation au Maroc comme en rance( a la veille de mai 68). Les mentalités changent, l'adaptation est parfois rude voir désespérante. le mal être des déracinés , s'integrer malgre tout ? Un problème toujours d'actualité a notre époque. Un livre plein de tendresse, entre roman et autobiographie familiale, ce petit garçon n'est autre que le père de l'auteur pour beaucoup.
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1967, Safi, Maroc. Jacob est un petit garçon de huit ans. Il est juif et marocain. Lorsqu'il revient de l'école, son grand plaisir est de retrouver son meilleur ami, Brahim, qui lui est musulman. Ce dernier ne va pas en classe, il fait des livraisons pour son père, le potier de la ville. Il est très maladroit, aussi, il se produit souvent de la casse. Quand les deux petits se retrouvent, ils aiment jouer aux osselets et au lancer de noyaux d'abricots. Malgré leur jeune âge, ils ont conscience de la valeur inestimable de leur amitié. Cependant, le climat, dans les pays arabes, se tend en juin 1967 : la guerre des Six Jours oppose la communauté juive et la communauté musulmane.


L'histoire est racontée par la voix de Jacob. Il écoute souvent aux portes et il livre sa compréhension de ce qu'il entend ou de ce qu'il vit. Son analyse est à hauteur d'enfant, aussi, sa vision innocente des situations mène à des malentendus. Il ne s'aperçoit pas que ses paroles, parfois, créent de gros dégâts et mettent sa famille en danger. Sa naïveté est attendrissante, car il est persuadé qu'en se parlant, tous les conflits peuvent se régler. Alors que la tension et la méfiance montent à Safi, il est certain qu'il peut empêcher les Juifs de quitter le Maroc. Il a appris qu'ils avaient peur et qu'ils pensaient que les musulmans ne les aimaient pas. Il veut leur prouver qu'ils se trompent. Lui, il ne veut pas quitter son beau pays. Dans sa ville, il aime presque tout le monde. Aussi, Brahim et lui sont déterminés à empêcher leur séparation. Hélas, sa famille est touchée par des évènements tragiques.


Dans ce roman, nous connaissons tous les proches des deux garçons. J'ai adoré le grand-père de Jacob, qui « collectionne les collections ». Il est un repère pour son petit-fils, même si parfois, il le fatigue lorsqu'il lui montre tous ses trésors. Mais sa plus grande richesse est dans son coeur et dans sa philosophie de vie. Jacob a eu une famille nombreuse et des relations différentes, avec chacune de ses six soeurs. Il admire Simone, qui est une révolutionnaire. Il est proche d'Odette, qui s'est beaucoup occupée de lui. Il aime la douceur de Messodi. Anna, qui n'a qu'un an et quatre mois de plus que lui, aussi elle l'agace beaucoup. Il est le seul garçon et fait la fierté de ses parents, même s'il est souvent puni, en raison de ses bêtises. Très espiègle, il a beaucoup d'imagination. Il est surtout adorable. Il a été élevé avec amour et ses parents lui ont inculqué des valeurs.


Au fil des chagrins, Jacob et Brahim renforcent les liens indéfectibles qui les unissent. Même s'ils se disputent, parfois, ils se donnent des preuves de leur amitié très forte. Rien ne les sépare, pas même la mer. Ils prennent soin l'un de l'autre et sont prêts à beaucoup de sacrifices pour le bonheur de leur copain. Alors que les kilomètres les éloignent, dans la seconde partie, ils bénéficient de l'aide des adultes pour correspondre. Leur plus grande peur s'est produite et les mots de Jacob, pour décrire son désarroi, sont extrêmement touchants, mais aussi amusants. Les perceptions et les mots sont ceux d'un enfant, cela m'a énormément émue.


Sans la proposition de Babelio de recevoir ce livre et de participer à une rencontre virtuelle avec Karen Merran, ce soir, je pense que je serais passée à côté de Mon coeur serré comme une sardine. Cela aurait dommage, car j'ai eu un énorme coup de coeur pour ce roman. J'ai eu le coeur serré, il a été inondé d'amour pour ces familles, j'ai été attendrie, j'ai ri, lors de certains passages, j'ai été captivée par les évènements historiques. J'ai aimé lire les mots des adultes retranscrits par les enfants et découvrir l'interprétation qu'ils en ont. Dramatisé, amoindri ou contraire : le sens n'est, parfois, plus le même.


Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Eyrolles pour cette magnifique découverte.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Merci et bravo à Karen Merran pour ce délicieux roman qui se savoure, coeur serré, sourires émus.
Ambiance de douceur et profondeur d'une pâtisserie orientale et d'un thé à la menthe.

- "Quand il y a des sardines, il n'y a pas de pain. Quand il y a du pain, il n'y a pas de sardines."
"C'est la volonté du Bon Dieu. Les années où la mer donne beaucoup de sardines, les récoltes de céréales sont moins bonnes et le pain est cher. Et inversement." -

Maroc 1967, Jacob, du haut de ses huit ans vit à Safi avec ses parents son grand-père et ses soeurs, il partage amitié, jeux et connivence avec son meilleur ami Brahim.

- " Il n'y a aucune guerre entre les juifs et les musulmans à Safi. Avec eux, comme avec les français, on s'entend bien et on s'est toujours entendus. On est là depuis des siècles ! " -

A l'aube de la guerre des Six-Jours, le malaise couve et la tension monte entre Israël et les pays arabes, la belle amitié entre Jacob et Brahim, juif et musulman mais avant tout marocains, dépassera t'elle ces mésententes entre communautés juive et musulmane, les conflits à venir...

Une période d'évènements géopolitiques et de changements sociétaux se profile...et continue...

Le récit, depuis le regard porté par Jacob, est tendre, émouvant -- l'innocence de l'enfance, la vision sans fard des choses, leur interprétation à hauteur d'enfant -- teinté par l'inquiétude grandissante des adultes.

C'est un roman lumineux plein de couleurs, de senteurs, de chaleur, de traditions, ressentis émotionnels, empreint d'une sincère sensibilité pour conter une histoire familiale, la guerre et l'exil, l'amitié, la loyauté, la nostalgie, l'espoir.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Eyrolles pour cette très belle découverte vraiment touchante qui m'a enchantée !
Un coup de coeur !
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Livre reçu pour une rencontre virtuelle à venir le 9 mars 2021 avec l'auteure Karen Merran.
Un grand merci aux éditions Eyrolles et à Babelio.

Ce livre a reçu le prix Amazone Plume du Jury 2019 (sous sa première version avec uniquement la première partie au Maroc, sous le titre de "Je ne veux pas partir").

1967 : Jacob Benshimon est un jeune juif marocain vivant à Safi avec sa famille : ses parents Max et Ruby, ses soeurs, son grand-père.
Il s'est lié d'amitié avec Brahim al Drissi, un jeune marocain musulman. Sur le papier, la religion est donc censée être un frein à leur amitié. Mais pour ces garçons de 8 ans, un marocain est un marocain, peu importe ses croyances. Ils évoquent même librement et avec leur naïveté d'enfants leurs religions respectives.
Leur amitié est forte, malgré les tempêtes politiques entre le peuple juif et le peuple musulman, notamment entre Israël et Palestine, et malgré les différences entre leurs religions. La guerre des Six-Jours, la montée du sionisme et l'actualité politique en général auront-elles raison de leur amitié ?

L'originalité de cette histoire est qu'elle est contée par Jacob lui-même, avec ses mots d'enfants, et son innocence.
Le binôme est attachant et drôle, on a l'impression de vivre avec eux à Safi et de partager leurs aventures et mésaventures.
Malgré son jeune âge, Jacob comprend des choses que les grands veulent lui cacher, ne cessant de lui répéter qu'il est trop petit ; ce qui a le chic de l'agacer.
Les histoires de famille, la politique, la religion, le travail, l'école, l'exil, la liberté, l'antisémitisme, les amours interdits, la nostalgie, le deuil, ... ; ces différents thèmes sont amenés tout au long de ce roman.

En toute honnêteté, si je n'avais pas eu l'opportunité de participer à la rencontre virtuelle avec l'auteure et de découvrir au préalable ce livre, ma curiosité ne se serait peut-être pas penchée dessus.
Babelio permet de très belles découvertes et celle-ci en fait partie : les 422 pages, réparties en chapitres courts, se dévorent comme une chouchouka préparée par la mère de Jacob. Un délice...

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EDIT 09/03/31 suite rencontre virtuelle avec l'auteure :
L'auteure a évoqué lors de la rencontre Babelio son travail de recherche, d'entretiens avec les habitants de Safi, du passage de l'auto-édition vers l'édition à compte d'éditeur, le déclic à l'origine de l'écriture de ce livre...
L'épilogue permettait déjà d'en savoir un peu plus sur les origines de ce livre et les motivations de l'auteure, mais cette rencontre a permis d'en découvrir davantage à la fois sur le roman mais aussi sur Karen Merran.
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
-Et toi, Jacob ? Que veux-tu faire quand tu seras grand ?
-Musulman, je réponds en mettant un morceau de poulet au citron à la peau croustillante dans ma bouche.
Je n'ai pas le temps d'esquiver la main de mon père qui claque sur ma joue avec l'intention de me faire recracher ce que je viens de dire.
-Wouliwouliwouli ! s'écrie ma mère. Man hdars ! Que Dieu préserve !
Mauvaise réponse ! Ma mère et mes soeurs me regardent comme si j'étais devenu fou. J'ai huit ans presque et demi et, même si ça a l'air clair pour tout le monde, personne n'a pris le temps de m'expliquer qu'on ne dit pas qu'on veut devenir musulman, ni à table ni jamais. Pire, on n'a même pas le droit d'y penser. Quand on naît dans une famille juive, on peut devenir grand, gros, fort, riche, pauvre, chauve, boulanger, coiffeur, épicier, garagiste, mais pas musulman. C'est comme ça. C'est impossible.
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Paris est une grande ville, je pourrais me perdre. Et a entendre les parents, il y a des voyous partout. Et dire qu'on est partis parce qu'ici pensaient que le Maroc était dangereux !
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Vous connaissez la chouchouka ? C'est une salade avec des poivrons verts, des poivrons rouges, des tomates et plein de bonnes choses. Eh ben, Safi, c'est un peu comme la chouchouka. C'est un mélange de pleins de gens : des juifs, des musulmans, des catholiques. Quand on enlève un ingrédient, ça enlève le goût.
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- Et toi, Jacob ? Que veux-tu faire quand tu seras plus grand ?
- Musulman, je réponds en mettant un morceau de poulet au citron à la peau croustillante dans ma bouche.
Je n'ai pas eu le temps d'esquiver la main de mon père qui claque sur ma joue avec l'intention de me faire recracher ce que je viens de dire.
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Je ne sais pas très bien quand ça a commencé exactement, mais, maintenant, ça se voit : les juifs quittent Safi. Le coiffeur de la rue du Rbat a fermé. Ensuite, c’était le marchand de chaussures. Puis la boulangerie, puis le garagiste. Du jour au lendemain, des copains de classe ne viennent plus à l’école, sans raison, sans prévenir. David et sa famille sont partis au Canada, d’après ce que m’a raconté Sami. Je ne lui ai même pas dit au revoir...
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Karen Merran présente chez Babelio son nouveau roman Cornichon therapy publié aux Éditions Eyrolles.
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