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EAN : 9782743639815
250 pages
Payot et Rivages (19/04/2017)
3.41/5   32 notes
Résumé :
À la manière de Camille Laurens dans Celle que vous croyez, Sara Mesa s'empare d'un sujet dans l'air du temps : les relations amoureuses à l'ère des réseaux sociaux. Avec une dose de malice et une implacable cruauté, elle dissèque le jeu, la part de mise en scène, le pouvoir sans limites du fantasme. Comparée à Michel Houellebecq en Espagne, elle est la jeune romancière la plus en vue de la littérature hispanophone, cumulant les prix et les succès auprès de la criti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Trouvé en solde dans ma librairie préférée, avec les romans belges et allemands dont j'ai déjà parlé. Pour une fois, les éditions Acte Sud ou Babel sont abordables. Les écrivains étrangers ne semblent pas avoir autant la côte que les Français, pour se retrouver ainsi dans les bacs soldés. Et c'est bien dommage car la littérature reste un très bon moyen de connaître un pays. Mais, passons. C'est donc complètement par hasard que je suis tombé sur cette petite pépite espagnole. Sara Mesa est une jeune auteure dont la plupart des livres sont traduits mais reste encore largement méconnue en France. Dans ce roman, elle nous parle de Sonia, une jeune trentenaire, qui s'ennuie prodigieusement dans son travail de bureau et chatte sur Internet où elle fait la connaissance de Knut Hamsun, pseudo d'un homme avec qui, s'en sans douter, elle va commencer une relation pour le moins étrange. Knut, sous couvert de lui faire découvrir la littérature, va lui envoyer des colis de livres qu'il dit réussir à voler dans les grands magasins. Puis, aux livres vont se succéder rapidement des articles de lingerie, des parfums que Sonia, un peu gênée, va tout de même accepter, ravie d'avoir un admirateur. Au fils des années de cette relation, l'homme va se révéler un véritable cleptomane fétichiste. Elle acceptera de lui envoyer des photos d'elle dans les sous-vêtements de luxe qu'il lui envoie. Ils vont même se rencontrer le temps d'une journée. L'homme ne manifestera aucun désir de coucher avec elle, juste de l'admirer. Mais bien évidemment, ce qui va s'apparenter à du harcèlement va finir, au bout de plusieurs années, par fatiguer Sonia qui va mettre un terme à cette relation. L'ultime fin est assez surprenante, et amène le récit sur un terrain auquel je ne m'attendais pas, et m'a fortement ému. On prend conscience que ce qui apparaissait comme une relation sommes toutes pas très saine, va se charger d'une forte émotion amoureuse de la part du jeune homme, on le sait déjà, mais surtout de Sonia. Avec l'idée d'un ratage sous-jacent. Comme le dit un journaliste de El Pais en quatrième de couverture : "Toute notre époque est dans Cicatrice : obsessionnelle, voyeuriste, déchirante." Sara Mesa est parfois comparée à Houellebecq dans les média espagnols. Je vois ce qui peut faire penser à cette comparaison. le côté assez malsain, fétichiste et obsessionnel d'une relation virtuelle, témoin de notre époque déshumanisée. Mais, comme chez Houellebecq d'ailleurs, l'amour parvient à s'insinuer, par où on ne l'attend pas. Je vous laisse découvrir ce roman que pour ma part, je ne suis pas près d'oublier.
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J'envisageais de lire Un amour de Sara Mesa et je suis tombée par hasard sur Cicatrice, son deuxième roman.
Cicatrice débute - je passe sur le chapitre 0 qui relate le seul contact physique entre les deux personnages - par la rencontre, sur un forum littéraire, de Sonia, jeune stagiaire qui s'ennuie dans une administration, avec un homme qui a pris pour pseudonyme Knut Hamsun, Nobel norvégien accusé de soutien au régime nazi. Très rapidement, se noue entre eux, une correspondance quotidienne, sous forme de messages, qui va durer longtemps.
Sonia mènera une vie "normale" en parallèle -travail, mariage, enfant, divorce- mais, malgré différentes tentatives, ne parviendra à mettre fin à cette relation que bien des années plus tard.
Et pourtant on ne peut pas dire que cette relation soit épanouissante. Elle est même plutôt glauque et déprimante. Bien sûr, il y a de nombreux échanges littéraires, mais il y a surtout une emprise malsaine de la part de Knut qui ensevelit Sonia sous une montagne de colis composés de produits volés par ses soins, des livres toujours, puis des cadeaux plus personnels, comme des parfums ou de la lingerie et des vêtements luxueux.
Les deux protagonistes jouent et se cachent derrière des personnages mais la relation virtuelle parait déséquilibrée. Knut, garçon sans charme et névrosé, manipule Sonia, la fantasme et projette sur elle ses désirs. Il lui voue un amour désincarné, la fétichise, et étend son pouvoir sur elle par le biais de présents dérobés. Mais les cadeaux en sont-ils quand on ne les a pas payés ?
Les motivations de Sonia sont plus difficiles à cerner. Elle oscille entre répulsion et attraction, entre passivité et culpabilité. Une citation de l'écrivaine espagnole Maria Sanz placée en exergue prévient le lecteur que les cicatrices sont le produit de la culpabilité et que cette dernière est une façon insipide d'affronter le monde.
Que peut-elle retirer de ce jeu pervers ? Une forme de dépendance qui la rassure, une troublante double vie sans risques, une façon de donner du sens à sa vie bien terne, un plaisir masochiste, une quête narcissique ?
Elle n'est pas attirée par l'argent, refuse de se faire acheter en acceptant les somptueux cadeaux de Knut. Elle les revend d'ailleurs sur Internet, pour s'en débarrasser et se venger.
Sous les coups et les perfidies de son étrange correspondant, elle semble pourtant se construire, nourrir son ambition littéraire et elle pourrait bien parvenir à se rendre maître du jeu.
Critique acerbe des dérives de la consommation et des réseaux sociaux, Cicatrice, roman froid, sans chair et sans émotion, sur une drôle d'histoire de rapport de force, me laissera une trace indélébile.





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Entre Knut et Sonia, ça aurait pu n'être que ça : ils se rencontrent sur un "chat" consacré à la littérature et leurs échanges deviennent rapidement passionnants, notamment parce que celui dont le pseudonyme est Knut Hamsun, du nom d'un célèbre écrivain norvégien, est très cultivé, et qu'il a mille et un conseils de lecture à donner à Sonia (que j'ai moi aussi noté en passant 😅). Elle, elle travaille dans un bureau et s'ennuie ferme. Alors ses discussions avec Knut lui permettent de passer le temps, éveillent son intérêt, et puis les attentions de cet homme lui font tellement plaisir.
Sauf que rapidement, ça devient beaucoup plus que ça: en échange d'une petite photo d'elle bien innocente, Knut propose de voler pour elle tous les livres qu'elles souhaiteraient lire, et de les lui envoyer. Et Sonia accepte.
Alors se met en place entre ces deux-là une relation troublante, complètement pervertie, au rythme de l'escalade de cadeaux les uns plus chers que les autres que Knut se délecte à voler pour Sonia. Il est froid, calculateur et obsessionnel, mais il donne à Sonia l'impression d'être spéciale, unique et intéressante. Dans le même temps, elle le trouve révoltant, dégoûtant et surtout envahissant. Mais comment se détacher quand on nous donne tout ce qu'on désire ?
Cette dépendance réciproque et absolue de deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés, ce marchandage de sentiments qui régit leur relation, la soumission et l'obsession qu'il exige, #SaraMesa les analyse avec acuité. le lecteur se retrouve lui aussi pris au piège de cette relation et d'une ambiance toxique et malsaine qui croit au fil des pages.
Ça colle, c'est repoussant mais on a envie d'en savoir plus, de voir jusqu'où cette histoire virtuelle peut aller, en espérant toujours que la vraie vie, celle que Sonia tente de se construire avec mari et enfant, reprendra le dessus.
Un roman marquant, par son ambiance glauque au possible et les questionnements très actuels qu'il suscite. Une autrice à suivre assurément.
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"Elle ne voulait tromper personne, pense-t-elle à présent. Seulement vivre d'autres vies. Sa curiosité était -est-trop grande pour se contenter d'une seule existence. "

À l'occasion d'un forum littéraire, Sonia fait la connaissance de Knut. Ce mec un peu trop sûr de lui, monsieur je sais tout, j'ai tout vu, tout lu, l'intrigue. S'en suit une relation à distance assez étrange.

En un clic c'est le déclic...

Knut offre à Sonia des livres et autres babioles, le tout issu de ses larcins dont il ne se cache pas, bien au contraire.

"Pour acheter, il suffit d'avoir de l'argent. Voler dit- il, exige d'autres qualités. "

Ce qui au départ était un échange amical se transforme en véritable harcèlement.

" Alors voilà je te persécute maintenant, à la limite du harcèlement ! C'est vraiment ce que tu crois ? "

Un jeu pervers, des échanges malsains, une culpabilité qui ronge, des fantasmes inavouables, de multiples manipulations, mais qui est coupable ? Qui manipule l'autre dans cette relation diabolique ?

" A quel moment tout a commencé à mal tourner ? "

Sara Mesa disséque les travers de notre société. le virtuel a pris une place phénomènale dans la vie de nos contemporains. Se croyant protéger par une barrière invisible, personne ne se méfie suffisamment. Et pourtant le virtuel peut laisser de bien pire Cicatrices, bien plus difficiles à soigner.

Ce roman nous parle d'obsessions, de harcèlement, de rencontres et de relations virtuelles. Un récit qui dérange, interpelle. Une histoire troublante, diabolique, perverse qu'il serait bon de ne pas rencontrer dans la vraie vie.

Une lecture un peu mitigée, pas complètement inintéressante de part l'écriture et le style qui m'a conquise mais pas complètement appréciée, une légère impression d'avoir joué les voyeuses sans pouvoir intervenir quand ça ne me plaisait pas...

Malgré tout, une lecture nécessaire pour mettre en garde contre le danger du harcèlement.

Grand succès en Espagne, Cicatrice paraîtra bientôt en Amérique, en Hollande et en Italie.


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Lorsque Sonia reçoit un message de Knut sur le forum consacré à la littérature qu'ils fréquentent tous les deux, elle est rapidement émerveillée par l'étendue de ses connaissances et de sa culture. Un jour, Knut demande une photo d'elle à Sonia, juste une. En échange, il lui enverra tous les livres qu'elle souhaite, sans exception. Commence alors entre eux un échange épistolaire en ligne, oscillant entre jeu intellectuel et littéraire et relation faite d'attraction et de répulsion. Petit à petit, leur relation à distance évolue et les fantasmes de chacun s'immiscent dans leur quotidien, laissant entrevoir toute la complexité de leur relation, ainsi que le rapport dominant-dominé qui semble régir leurs échanges. Rapidement, c'est l'escalade et Knut semble refermer son emprise sur Sonia qui, bien qu'elle ne soit pas à son aise, n'apparaît pas décidée à couper les ponts. Comment y parvenir quand prendre une telle décision signifie également, pour elle, dire adieu à ces cadeaux incessants et ce sentiment, prégnant, d'être le centre du monde d'un autre que soi ?

Après mon coup de coeur absolu pour le dernier roman de Sara Mesa (Un amour, Éditions Grasset, mai 2022), je me suis jetée à corps perdu dans ce roman-ci et je n'ai pas été déçue. A nouveau, Sara Mesa analyse comme personne les relations entre les individus sous le prisme de notre monde actuel. Au fil des pages, la tension monte et devient malsaine, gangrène tous leurs échanges jusqu'à mettre en danger leurs réalités respectives… mais quand on a tout ce que l'on souhaite à portée d'un clic de souris, la réalité vaut-elle encore la peine d'être vécue ?

Bienvenue dans le métaverse version Sara Mesa, qui signe ici un roman aussi addictif que glauque dont les pages vous collent à la peau encore longtemps après les avoir tournées. J'ai adoré.
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critiques presse (2)
Liberation
17 août 2017
Partant d’échanges virtuels, le roman de l’Espagnole Sara Mesa se mue en un thriller amoureux autour de sentiments ambigus.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
09 juin 2017
Dans « Cicatrice », récit à l’atmosphère angoissante, la romancière espagnole explore les rapports de domination et de culpabilisation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Les jours de manifestation, les McDonald's, les Burger King et les Starbucks sont plus bondés que jamais. Ceux qui clament que ces mutinationales représentent le capitalisme le plus atroce sont les mêmes qui s'y empiffrent de hamburgers et de cappuccinos dans des gobelets en carton et recommencent immédiatement à vociférer des slogans pacifistes.
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Mais je te le dis sincèrement : le voir ou non ne comptait pas. Un visage, ou un corps, quelle importance ? J'ai du mal à lui attribuer la consistance d'une personne réelle. Je le percevais plus comme un personnage, et j'agissais moi-même comme un personnage. Je croyais en ce qu'il me racontait comme on croit en ce que raconte un personnage, sur un autre plan, en dehors de la vraie vie... Et je préférais qu'il en soit ainsi. Le voir aurait anéanti une bonne part de la fascination. Je ne pense pas que tu puisses comprendre....
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Tu avances vers moi avec le blazer blanc Armani, boutonné , sans rien dessous, pas même un soutien-gorge. Tes seins oscillent légèrement pendant que tu marches. Tes tétons pointent. Tu portes aussi la jupe noire, la même que l'autre fois, mais sans culotte. Juste un porte-jarretelles, des bas et de splendides chaussures à talons. La soie de la jupe adhère délicatement au pubis. Le triangle qui se forme est on ne peut plus excitant. Tu ne montres rien mais n'importe qui peut remarquer que, sous la veste et la jupe, tu es complètement nue.
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À Cárdenas, lui dit-il, les jours de manifestation, les McDonald's, les Burger King et les Starbucks sont plus bondés que jamais. Ceux qui clament que ces multinationales représentent le capitalisme le plus atroce sont les mêmes qui s'y empiffrent de hamburgers et de cappuccinos dans des gobelets en carton, puis sortent et recommencent immédiatement à vociférer des slogans pacifistes. N'importe lequel d'entre eux, si tu lui voles son portable, trouvera tout à fait justifié qu'on te torture au commissariat. Écrase le pied d'un autre, et tu verras comme la douleur lui fera oublier tous les enfants du monde mutilés par les bombes à fragmentation. Il admet lui-même être beaucoup plus contrarié par la saleté des rues que par l'existence des armes nucléaires.
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Oui, elle s'amuse. Bien sûr qu'elle s'amuse. Elle a toujours aimé porter des masques. Enfant, elle avait l'habitude de raconter à l'école qu'elle était danseuse, que son père était mort à la guerre, que chez elle il y avait un piano à queue, que leur voiture était munie de vitres pare-balles, que sa mère était russe, que son animal de compagnie était un perroquet capable de réciter la Bible par cœur. Menteuse ? On le lui avait souvent dit, et elle se sentait mal à l'aise, contrariée, avec un sentiment de culpabilité pesant qui la rongeait pendant plusieurs jours. Elle ne voulait tromper personne, pense-t-elle à présent. Seulement vivre d'autres vies. Sa curiosité était - est - trop grande pour se contenter d'une seule existence.
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