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Shmuel-Thierry Meyer (Autre)
EAN : 9782883402034
444 pages
Métropolis (11/03/2021)
3.67/5   3 notes
Résumé :
« Les Grands Express Européens, Kibboutz et The Great American Disaster. Trois recueils de nouvelles, trois continents dans ce livre-coffret d’une même itinérance, d’une même errance au travers des ruines d’un monde dévasté par les guerres. L’œil incrédule parfois mais la vision toujours percutante. Et dans une langue poétique, tranchante et lucide. Après les guerres de 40, de l’indépendance d’Israël ou de Corée, les personnages que l’on croise au fil des pages, cer... >Voir plus
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"Et la guerre est finie" est une trilogie constituée de trois recueils de nouvelles qui nous emmènent, au gré de textes souvent très courts (pas plus de deux, trois pages pour la plupart), de l'Europe aux Etats-Unis, en passant par Israël.


"Les grands express Européens" se présente comme les différents motifs d'une fresque dont les détails du décor importent autant que le thème central. Au fil des textes, nous croisons une multitude de protagonistes dont plusieurs ont pris le même train de luxe traversant l'Europe, au cours d'un trajet rendu macabrement mémorable par le suicide d'une femme qui s'est jetée sur les rails, puis de manière plus anecdotique par l'évanouissement conséquent de la star de cinéma présente à bord.
Les liens entre quelques protagonistes se tissent peu à peu, tout en restant parfois ténus ; l'évocation régulière de certaines personnalités ou de certains objets – tel ce roman intitulé "La petite mort d'Aristide"- jalonnent le recueil d'échos, de repères qui donnent l'impression de suivre un jeu de piste.

De couloirs d'hôtel où l'occasion nous est parfois donnée de croiser Albert Cossery ou Albert Camus, des rues de Londres à la gare de Venise, des Alpes suisses à Lourmarin, en passant par Paris, Rome ou l'Allemagne, nous traversons une Europe où, si la guerre est en effet finie, ses répercussions n'en finissent pas de hanter ses citoyens, faisant peser sur le monde une incurable mélancolie.

Survivants des camps, blessés de guerre, nazis ou fascistes vaincus, simples spectateurs, chacun a réintégré une paix qui dissimule sa dépression sous un vernis de normalité et d'effervescence illusoirement thérapeutique. Mais pour beaucoup, il n'y a pas de remède, seulement le renoncement, pour certains la concrétisation d'une vengeance nécessaire mais qui ne réparera pas, pour d'autres l'adhésion à de nouvelles luttes qui réenclenche le cercle de la haine et de la violence.

L'évidence, dès ce premier volume, est la force d'évocation de la plume de Shmuel T. Meyer. Sa capacité, en quelques mots, à planter un décor, à évoquer une action ou un visage, et surtout à saisir l'essence d'un moment, à lier anecdotique et profondeur, à introduire en une allusion le fracas du désespoir dans l'apparente insignifiance du quotidien, est remarquable.


"Kibboutz" est, toujours en une succession de textes très brefs, la chronique de la vie d'un narrateur au sein du kibboutz de Kfar Avraham, en même temps que le récit de "l'apogée et déliquescence d'une des plus belles expériences socialistes de l'histoire humaine".
Telles des miniatures aux couleurs vives, les nouvelles de ce recueil animent tout un monde, avec son décor caractéristique et sa galerie de personnages haut en couleur, tout en diffusant un sentiment de mélancolie croissant.

On y fait quelques incursions dans l'enfance du héros, celle d'un « sandales-short » au contact permanent de la nature. Car le kibboutz est avant tout un univers agricole, de réveils avant l'aube et de journées laborieuses, où l'on aime la terre autant qu'on la travaille, où la beauté paisible des cultures au petit matin cohabite avec des carcasses de Massey-Ferguson rouillées.

Des épisodes souvent cocasses, pimentés d'un humour tendrement moqueur, évoquent la vie et les principes de la communauté, ses traditions et ses contraintes, la manière dont ses membres cohabitent, dialoguent, se disputent…

On réalise aussi l'intolérance et la dureté qu'induit l'idéologie du kibboutz, et une certaine idée de la virilité exigeant des hommes forts, guerriers, comme l'illustre la nouvelle qui met en scène le frère cadet du narrateur, devenu muet en réaction à une violence qu'il ne supportait plus, et notoirement considéré comme un lâche parce qu'il « n'atteignait (pas) la hauteur des espérances communautaires et militaires de cette institution socialiste qui se revendiquait alors comme le "sel de la Terre".

Mais l'individualisme, le triomphe du consumérisme, l'envie d'aller voir ailleurs pour les plus jeunes, ont eu raison de l'idéologie. Les ambitions, les jalousies et les bassesses que l'on mettait au service d'un idéal sont dorénavant vouées à des futilités matérielles. Il en résulte une fracture générationnelle, et la disparition de l'esprit de communauté : les réfectoires restent vide -les jeunes mangeant dorénavant chez leurs parents-, le nombre de divorces explose…

Et puis il y a l'instant tragique de la "brisure", qui sonne définitivement pour le narrateur le glas du rêve, l'effondrement des croyances et des certitudes, et l'avènement de la haine et de la fureur : l'assassinat d'Yitzhak Rabin.


"The Great American Disaster" clôt la trilogie en nous transportant aux Etats-Unis, avec treize nouvelles balayant une période circonscrite entre la guerre de Corée et l'inauguration du World Trade Center, avec pour fil rouge le lieutenant Saul Gantz.
Là aussi, la guerre est finie mais tout aussi omniprésente. Saul Gantz est un vétéran de la guerre de Corée, un traumatisé du "Périmètre de Busan", où il a perdu ses "convictions sur la promesse de l'humanité et les temps messianiques". Sa solitude et ses désillusions transparaissent dans son allure négligée, ou au travers des insomnies qu'il soigne à coups de consommation médicale de marijuana. Ses collègues le considèrent comme "un type bien, incorruptible mais qui sent l'ennui et la poisse, un abonné au mauvais numéro de la vie".

On le suit dans le New-York des quartiers populaires et des logements insalubres, dans la puanteur de ses étés poisseux, témoin d'un désespoir qu'il constate, annonce, subit, devenu incapable d'aimer, comme le constatera Thelma, mère de la jeune fille dont le cadavre est repêché dans l'Esat River, scène sur laquelle ouvre le premier texte du recueil.

Les stigmates de la guerre font qu'elle résonne encore, à des milliers de kilomètres de son théâtre et des années après son déroulement, sous la forme de vétérans alcoolisés qui battent leurs femmes, de fils amputés d'un père qui les aurait peut-être empêchés de tomber dans la délinquance…

L'air ambiant est également lourd de racisme et d'un antisémitisme dont plusieurs textes illustrent l'imbécile cruauté.

En musique de fond, le jazz de Miles Davis ou de John Coltrane, que l'on surprendra à se faire un rail dans les toilettes du studio van Gelder, où nous introduit un autre personnage récurrent du recueil, jeune pigiste pour un magazine musical, dont le sens de l'autodérision permet au lecteur de souffler un peu…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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En mai 2021, le Goncourt de la nouvelle a été décerné à l'écrivain Shmuel T. Meyer pour « Et la guerre est finie ». Trois volumes le composent : Kibboutz, Les grands express européens et The Great american disaster.

Kfar Avraham est un kibboutz fondé en 1932, devenu vingt ans après Petah Tikva.
Shmuel T. Meyer y situe l'action des 15 nouvelles qui constituent Kibboutz. Dans des textes très courts, il évoque des personnages et décrit les lieux par petites touches. Les récits ne conduisent pas forcément à une chute spectaculaire, et la retenue caractérise ces textes. Parmi ces personnages, on trouve l'Oncle Yona, chargé de faire un emploi du temps équitable afin que les gens de la communauté puissent utiliser les quinze voitures à disposition ; Guidi rêve de partir en Amérique, mais sa mère s'y oppose ; HaOzen Hashlishit (Trois zoreilles) est un chat, un mauvais garçon qui s'invite chez le narrateur ; il y a aussi l'écrivain Dani, qui a ôté le « -el » de son prénom, se détachant ainsi de sa part divine et peut-être aussi de ses origines.

En racontant ces histoires individuelles, Shmuel T. Meyer dit aussi la naissance d'Israël et le rêve sioniste. Dans « Nous allons vers l'effroi », qui clôt le recueil, il exprime son désarroi, son désespoir suite à l'assassinat de Rabin, comme si le sionisme avait dévié de ce qu'il voulait être. Delphine Horvilleur dit la même chose dans Vivre avec nos morts (2021), quand elle raconte le moment où, auprès de son amoureux de l'époque, dans une voiture, en revenant de la « place des Rois » qui ne portait pas encore son nom d'aujourd'hui, et pour cause, elle apprend l'attentat contre Yitshak Rabin, défenseur de la paix. Fallait-il y croire, en cette paix ?

(...)

Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Vidéo de Shmuel T. Meyer
Shmuel T. Meyer vous présente son ouvrage "Et la guerre est finie... : trilogie" aux éditions Métropolis.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2508200/shmuel-t-meyer-et-la-guerre-est-finie-trilogie
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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