Voilà bien un format auquel
Deon Meyer ne nous a pas habitués ! 185 pages, une misère pour cet auteur de polars dans lesquels il met généralement en avant la société afrikaner, ses particularités et ses disfonctionnements. Rien de tout ça, ou si peu, dans cette brève enquête où l'auteur reprend ses héros récurrents : Benny Griesel et Vaughn Cupido. Les deux collègues appartiennent à l'élite de la DPCI, les Hawks. On apprendra en cours de lecture que le quartier général des Hawks se trouve à Cap Town, bien sûr, mais dans le quartier de Bellville ! Ça ne s'invente pas… Un matin, on retrouve bien en vue, dans un site touristique, le cadavre d'une femme blanche dont le corps a soigneusement été lavé à l'eau de Javel. On apprendra bientôt qu'il s'agit d'une Américaine, ce qui laisse présager de nombreux ennuis et une couverture médiatique dont la police criminelle se serait volontiers passée. Mais qu'est-ce que cette spécialiste de la peinture hollandaise est venue faire au Cap ?
***
Il est difficile de parler du livre sans trop en dire sur la trame, et comme souvent, la quatrième de couverture révèle déjà trop de détails !
Retrouver ici, dans ce roman si court, un clin d'oeil à l'ample roman de Donna Tart, le Chardonneret, m'a beaucoup amusée, je l'avoue. Notre cadavre, une experte en maîtres hollandais, pense avoir trouvé la trace d'un tableau de Carel Fabricius à Cap Town ou dans ses environs. Précisons que le tableau « La Femme au manteau bleu » est une oeuvre imaginaire… Il sera quand même question, ici ou là, de quelques particularités sociétales dont traitent les autres romans de
Deon Meyer : la fragilité de l'afrikans, l'attachement des Sud-Africains à leur patrimoine, la prudence des relations entre personnes de différentes couleurs de peau par exemple. J'ai eu l'impression que, par moment, le professeur Marius Wilke pourrait être, dans une certaine mesure, le porte-parole de
Deon Meyer, entre autres dans les pages 177-178 où le professeur se désole des oeuvres d'art brûlées et des statues brisées « au nom de la décolonisation » rapporte l'auteur. Un roman assez bien ficelé, vite lu et vite oublié, je crois. Dommage ! Vivement le mois de mai 2022 : The Last Hunt, le dernier roman très politique de
Deon Meyer devrait paraître en français.