Cet abîme d’inconscience journalière soudainement découvert, confondant et tel que je n'allais plus pouvoir jamais l'oublier, m'avertissait de la rechercher ailleurs, elle aussi omniprésente, au point que l'on pourrait presque dire que le penser est inconscient. Il l'est sans doute à 99 %. Un centième de conscient doit suffire.
Microphénomène par excellence, le penser, ses multiples prises, ses multiples micro-opérations silencieuses de déboîtements, d'alignements, de parallélismes, de déplacements, de substitutions (avant d'aboutir à une macropensée, une pensée panoramique) échappent et doivent échapper. Elles ne peuvent se suivre qu'exceptionnellement sous le microscope d'une attention forcenée, lorsque l'esprit monstrueusement surexcité, par exemple sous l'effet de la mescaline à haute dose, son champ modifié, voit ses pensées comme des particules, apparaissant et disparaissant à des vitesses prodigieuses. Il saisit alors son « saisir », état tout à fait hors de l'ordinaire, spectacle unique, aubaine dont, toutefois, pris par d'autres merveilles et par des goûts nouveaux, par des jeux de l'esprit dont auparavant il eût été incapable, le drogué songe peu à profiter.
Sans être dans un état contemplatif (expérimenté en d'autres cas et que ma préoccupation actuelle, mon problème eussent suffi à empêcher) j'en remplissais une des conditions, mais de mauvais gré, ouvrier, son outil perdu, qui y songe sans arrêt. Je m'en rendais compte une fois de plus, contrairement au contemplatif l'homme pensant a du sans-gêne avec les idées. Il les conduit, les éconduit, les traduit, les va chercher, les reprend, fait des reports (que de reports!), les modifie, les définit (autre traitement). Que j'étais loin de ce travailleur-là !
Le langage paraissait une grande machine prétentieuse, maladroite qui ne faisait que tout fausser, qui d'ailleurs allait s'éloignant dans une grande distanciation, dans l'indifférence.
Au point qu'il était tenté de s'enfermer dans un mutisme absolu.
Dans cet état, en effet, c'est faire preuve d'intelligence que de lâcher les mots, et de bêtise que de s'y accrocher (en manquant ainsi l'occasion du dépassement).
Ne sera-t-il pas un instant tranquille?
Mécontent, se voyant toujours trompé, mené, il se retire et se replie en lui-même.
Le calme n'est pas revenu.
Son être -il le sent ainsi- son être est chiffonné.
Il entend des sortes de fous rires étouffés.
Impression de traces partout, de traces et de "restes".
Des essoufflements traversent, tapissent l'espace. Traces.
Réalité grignotée.
Danger surtout de l'excès de maîtrise, de la trop grande utilisation du pouvoir directeur de la pensée qui fait la bêtise particulière des "grands cerveaux studieux", qui ne connaissent plus que le penser dirigé (volontaire, objectif, calculateur), et le savoir, négligeant de laisser de l'intelligence en liberté, et de rester en contact avec l'inconscient, l'inconnu, le mystère.
Sacha Guitry, Victor Hugo, Henri Michaux, Raymond Devos... Tous ces noms furent les auteurs de textes illustres, qu'André Dussollier convoque et ressuscite sur la scène des Bouffes parisiens depuis le 18 janvier. Rencontre avec cet acteur à trois césars et récompensé du Molière du comédien.
#theatre #cinema #andredussollier
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