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sur 612 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsque l'on veut atteindre une telle beauté d'écriture, on comprend la difficulté que Pierre Michon a rencontrée pour se lancer en littérature. Dans plusieurs des nouvelles qu'il consacre à des personnes de son entourage, où qu'il a connues, qui pour la plus part ont vécus des vies simples, enfin disons des " vies minuscules ", il revient sur la maudite page blanche, qu'il peine à noircir du moins au niveau de l'exigence qui est la sienne. Cette forme poétique, éblouissante, demande beaucoup d'attention au lecteur, a tel point que l'on en oublie parfois le fond. Il retrace ces vies avec des souvenirs anodins, des gestes, des sons, des lumières, des instants qu'il décrit avec une grande richesse de vocabulaire, d'images, et de métaphores. Derrière chaque personnage il y a des joies, des peines, des aventures, une profondeur qu'il réussit à mettre en valeur admirablement, mais aussi des objets simples qui gardent la trace de ceux à qui ils ont appartenu. Il montre que ce sont ces gens qui ont contribué à forger sa personnalité d'homme et aussi d'écrivain. Enfin... avec Pierre Michon, sa force de persuasion est telle, que l'on est sûr de rien, parle-t-il vraiment de lui? de ces huit vies, j'ai particulièrement aimé celle de Eugène et Clara, ses grands-parents, tant il est vrai que les petits-enfants ressentent une préférence, pour l'un ou pour l'autre entre la grand-mère et le grand-père, et aussi souvent, plus tard, de l'indifférence pour leurs anciens au moment de leur décès. Celle des frères Bakroot est à la fois émouvante, car il évoque sa scolarité au lycée, et révélatrice des différences de personnalités qui peuvent exister entre deux frères. Avec le père Foucault il traite de l'isolement de l'illettrisme avec beaucoup empathie. Dans les vies d'André Dufourneau et d'Antoine Peluchet, il aborde la fiction que l'on se fait sur la vie de ceux qui vont vivre ailleurs, mais aussi la disparition des noms propres. Dans celle sur le prêtre Georges Bandy, il ne fait pas de cadeaux à ces curés de campagne qui, étant jeune, arrivent en conquérant dans les villages, conquérant des âmes, et conquérant des femmes et finissent âgés, en alcoolique désabusé. Il aborde ses amours, souvent avec sensualité, notamment celle de Marianne. Il ne cache pas que l'alcool et les substances illicites sont souvent le refuge de ses moments de déprime littéraire, qui le conduisent d'ailleurs en hôpital psychiatrique. On peut se poser la question: pour être un grand écrivain faut-il fréquenter des aliénés, des dérangés? J'ai beaucoup aimé ce livre, même si je ne sais pas en montrer toute la philosophie.
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Il nous semble nous souvenir soudain qu'il y a pour les choses mieux à attendre que la considération d'un article de presse, d'un relevé statistique ou d'une enquête sociologique, et que nos vieilles sociétés avaient conçu pour elles une certaine sorte d'opération où elles étaient appelées à revenir, élucidées, et pour ainsi dire ennoblies, et que de même que les choses de 1830, les choses, les personnes, eurent pour elles Balzac ou Stendhal, celles de 1960, et d'autres encore, eurent les Vies minuscules de Pierre Michon, peut-être notre dernier monument.
Lien : https://une-phrase.blogspot...
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Une plume magnifique. Toutes les vies ne se valent pas mais certaines vous laissent KO.
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Magnifique langue, merveilleuses tranches de vies... Merci Pierre Michon !
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( …) dans l'agonie du passé qui toujours commence, l'avenir se lève et aussitôt se met à courir.
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Minuscules et précieuses comme des pierres brutes que l'écrin des mots et des phrases cisèle en pierres précieuses. Vies ordinaires de gens ordinaires, magnifiées par la magie de l'écriture. Histoires d'amour, de trahison, d'amitiés et de haine, de celles qui laissent des traces et forgent les destins.
C'est un sublime hommage à ses ancêtres, ces gens de peu, qui ont tracé les sillons de ce que sera son existence.
La langue est originale, unique, proustienne par la longueur et la complexité de ses phrases, mais fleurant bon le terroir par les particularités du lexique. C'est une réconciliation avec la littérature, dans ce qu'elle a de plus artistique. de celle écrite avec les tripes. de celle qui se mérite, loin des fadaises des autofictions pourtant couronnées de lauriers médiatiques.

« Il ne pensait pas vraisemblablement que ce monde fut mauvais, mais au contraire insolemment riche et prodigue, et on ne pouvait répondre à sa richesse quand lui opposant, ou lui ajoutant, une magnificence verbale épuisante et totale, dans un défi toujours recommencer et dont l'orgueil est le seul moteur ».

Tout est là : la magie du verbe, le pouvoir qu'il confère, la couleur qu'il donne à la nature, ici personnage à part entière , aux sentiments, aux histoires même banales.
Très belle expérience de lecture, exigence, mais l'effort est à hauteur de la récompense.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Il est des "petits livres" qui sont de grands livres.
En voici un.

Un signe : j'ai l'habitude d'errer de ci de là à travers les livres pour y dénicher une citation. C'est parfois difficile.
Ici, le style aidant, tout était citation.
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C'est Jean-Baptiste Harang qui avait attiré mon attention sur ce livre, Vies Minuscules de Pierre Michon. Ce livre qui ne fut salué par aucun prix littéraire, est devenu mythique depuis, et il fait école, Joseph de Marie-Hélène Lafon ou le premier roman de Marien Defalvard semblent bien imprégnés du style ou d'une certaine alchimie propre à Pierre Michon, où des presque riens prennent corps au contact de la nature et de la pesanteur des souvenirs.

J'ai retrouvé les chroniques de Jean-Baptiste Harang dans son ouvrage l'Art est Difficile, que tout chroniqueur devrait lire pour le plaisir, trente rencontres d'écrivains majeurs et parmi eux, Pierre Michon.

Les vies sont-elles minuscules, quand le plus humble devient par la magie des mots un grand texte, quand une grâce passe entre les lignes, et fait miroiter une posture, un visage, qui vous imbibe de son âme, alors ce texte comme une relique, vous l'observez puis avec vos tripes vous le comprenez comme celui d'un visage connu, aimé, c'est la vie de la Petite Morte, le dernier chapitre consacré à sa soeur disparue avant ses deux ans, sa vie qui vous assaille et vous fait trembler. Pour un texte comme celui là je donnerai "de l'or et du miel".

Ces récits auront mijotés 37 ans, son parcours, son bateau ivre aura bourlingué sur des eaux troubles et des rencontres qui un jour vont le ramener aux Cards sans avoir retrouvé le père parti quand il avait 2 ans, cette errance comme une pause, un blanc avant le déclic qui va le déchirer et le ramener à l'écriture.

Les premiers chapitres se nourrissent de son enfance et de sa parentelle, de ses destins de peu, qui sous sa plume, vous hachent le coeur, de ces vies brisées, des espoirs qui se fracassent "ce lopin de terre qui le tenait debout, lui né dans ce combat mortel".

Cette longue fugue, est réveillée par les yeux du père Foucault, vieillard attaché à son mal, et refusant les soins de la médecine, ultime bras d'honneur, de celui qui veut avec opiniâtreté rester à observer le monde.
Pierre Michon admire ce rebelle, lui qui est encore imprégné de ces   "sueurs échangées" où "des grisettes prenaient des poses d'Ottomane", car " moi je n'écrivais guerre je n'osais davantage mourir ; je vivais dans la lettre imparfaite, la perfection de la mort me terrifiait".

Dans la « vie de George Bondy » et la « vie de Claudette », poudres et pages blanches, alcools multicolores, festins d'amphétamines, femmes aimantes et lascives, dérivent sur son bateau devenu fou. 
Pierre Michon se fige dans la posture de l'écrivain qui n'écrit pas " mais je rêvais que j'écrivais ". de cette époque chancelante Pierre Michon va garder le plaisir de boire, dit-il gentiment "je bois parce que mes contemporains m'ennuie, je préfère les livres quand j'ai bu ils valent les livres et je préférerai toujours un livre ennuyeux un contemporain brillant".

Livre brillantissime, porté par la grâce, par sa rage d'écrire, "changeant mon corps en mots comme l'ivresse".
Écriture charnelle frottée de terre, de pluies et de rencontres, l'enfant est là dans sa naïveté et ses égarements, écrire est vital et seuls les mots pourront le sauver.

Il faut lire ce livre incontournable récit qui vous donnera les clés pour ces quelques autres pépites qu'il nous a donné à lire.
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Vies minuscules de Pierre Michon est un roman intimiste perçant le coeur solitaire de l'écriture au détour de la vie perdue de ces êtres constituants sa famille, ces personnes rayonnants illusoirement l'espace transitoire d'un moment figé, prisonnier d'une mémoire où notre auteur n'oublie pas, anime littérairement ces Vies minuscules flottant dans la virtualité de ces pages, une forme de prolongement naturel invisible de notre écrivain, cette boite de pandore ruisselle la culture intime absorbée au fil du temps, une vie lointaine égarée dans des objets futiles pour la plupart mais témoin malgré eux d'une aventure humaine, celle imaginée comme une épopée fantastique, une fissure familiale, un héritage abscons, filigrane génétique d'une vie passée.
Ce roman comme ode du passé respire avec force la biographie de Pierre Michon sous la forme de huit nouvelles absorbantes, huit vies différentes, huit moments de Vies minuscules. Ce titre Vies minuscules tempête les paysages lointains du passé peint dans l'âme de Pierre Michon, vampire de ces aïeux, Pierre Michon enflamme notre passion des mots avec emphase, ces mots gravés à la force du poignet, saigne ce lien indéfectible de l'hérédité, ce pouvoir hypnotique de la langue vous happe dans un chant, cette chanson mélancolique berce ce jeune Rimbaud avec Les lettres du voyant, puis le Gilles de Rais dans un Clermont-Ferrand de jeunesse et ces autres textes chers à notre écrivain.
Chaque nouvelles creusent un passage sinueux vers l'être secret des Vies minuscules, de ces lointains descendants, camarades de pensions, rencontres éphémères dans la recherche de l'écrit, des amantes généreuses impuissantes à la folie destructrice de notre saltimbanque de l'écriture, puis les fantômes utérines.
Cette quête de l'écrit oscille l'esprit vers des artifices Baudelairiens Les paradis artificiels pour glisser lentement dans la folie des êtres faibles, ces personnes esseulées abandonnées dans des asiles comme des repris de justice, voyageant dans la parole de Dieu.
L'écriture est une force sanas limite, Pierre Michon l'use sans modération, un artiste funambule des adjectifs, des sujets, des verbes, des adverbes, des noms propres, venez écouter vos yeux se nourrir de ce nectar, jouir de cette mélodie explosive.
Un beau moment de vérité
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Salutations chers lecteurs et chères lectrices .
Bienvenue pour une nouvelle chronique .
Aujourd'hui , nous allons aborder un auteur discret , qui est l'une des plus belles plumes de notre belle contree ...
Pierre Michon , c'est pour votre serviteur un premier voyage , une premiere invitation dans son univers , celui d'un auteur parmi les plus discrets , mystérieux , et qui cultive ce mystère ...
Cet homme , ce dramaturge , c'est l'archétype même du génie créatif qui démontre que lorsque l'on s'impose des critères de choix exigeants , l'on se retrouve avec une perle entre les mains ...
Chers amis es , votre serviteur a eu l'une des expériences artistiques parmi les plus intenses qu'il ai connu depuis bien longtemps .
Cet opus c'est des les premieres lignes , un texte qui vous transporte , vous emporte dans un univers d'une beauté austère , minérale , d'une intensité qui transforme le lecteur , qui en fait un etre subjugue par une profondeur lexicale qui laisse exsangue devant tant de bonheur ..,
Ce texte c'est de l'intelligence à chaque mot , c'est un univers génial qui se reconstruit en permanence ...
Pierre Michon fâit d'anonymes des " heros " magnifiques , entre ces mains , Il n'y a plus de barrières entre l'être supérieur et celui plus banal , chacun est de lumière ici , porte par un texte extraordinaire , une prose géniale , belle à pleurer ...
On rencontre ici de la philosophie , de l'existentialisme , c'est aussi puissant que du Sartre chers amis es ....
Qui peut égaler Pierre Michon ??
Pour atteindre ce niveau , Il faut lire Proust , Faulkner , Joyce ...
Pierre Michon c'est peu de textes dans sa carriere , 11 livres , mais 11 oeuvres qui si elles atteignent la profondeur de cet opus , sont des oeuvres d'art...
Chers lecteurs , chères lectrices , abandonnez donc ce sordide Celine , que des esprits bien peu au fâit de la Litterature portent aux nues , précipitez vous chez votre libraire pour commander cette oeuvre essentielle , incontournable , ce summum de la Litterature qui conjugue la richesse lexicale , la profondeur réflexive , votre serviteur a les tripes nouées à l'idée de défendre une telle oeuvre d'art , la Litterature c'est cela , on vit pour lire cela , on respire pour lire cela , allez y sans tarder , car c'est un instant rare dans une vie intellectuelle ...
Merci pour votre attention , votre serviteur vous aime tous et toutes , portez vous bien ...
Lisez des livres !!!!!
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