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sur 606 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Minuscules et précieuses comme des pierres brutes que l'écrin des mots et des phrases cisèle en pierres précieuses. Vies ordinaires de gens ordinaires, magnifiées par la magie de l'écriture. Histoires d'amour, de trahison, d'amitiés et de haine, de celles qui laissent des traces et forgent les destins.
C'est un sublime hommage à ses ancêtres, ces gens de peu, qui ont tracé les sillons de ce que sera son existence.
La langue est originale, unique, proustienne par la longueur et la complexité de ses phrases, mais fleurant bon le terroir par les particularités du lexique. C'est une réconciliation avec la littérature, dans ce qu'elle a de plus artistique. de celle écrite avec les tripes. de celle qui se mérite, loin des fadaises des autofictions pourtant couronnées de lauriers médiatiques.

« Il ne pensait pas vraisemblablement que ce monde fut mauvais, mais au contraire insolemment riche et prodigue, et on ne pouvait répondre à sa richesse quand lui opposant, ou lui ajoutant, une magnificence verbale épuisante et totale, dans un défi toujours recommencer et dont l'orgueil est le seul moteur ».

Tout est là : la magie du verbe, le pouvoir qu'il confère, la couleur qu'il donne à la nature, ici personnage à part entière , aux sentiments, aux histoires même banales.
Très belle expérience de lecture, exigence, mais l'effort est à hauteur de la récompense.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Comme il arrive avec les écrivains exceptionnels, je n'ai retenu de Pierre Michon que son écriture. La qualité extraordinaire de celle-ci a agi comme une lumière aveuglante.. Il me faudra lire et relire pour entendre, derrière les mots, ce qu'ils désignent. Heureuse, avec Michon je redécouvre l'éblouissement de la lecture.
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Il m'est difficile de parler de Vie minuscules sans le mettre en parallèle avec l'oeuvre de deux autres auteurs limousins.
Il s'agit de "Miette", par Pierre Bergounioux, corrèzien lui aussi, comme Bergounioux, et de "Ma vie parmi les ombres" de richard Millet.
Apparemment les trois écrivains se connaissent, mais n'appartiennent pas à une "école" ou à un mouvement littéraire plus ou moins provincial, comme l'école dite "de Brive". En tout cas, leur écriture n'a rien de "provincialiste" au sens péjoratif où ce courant est parfois considéré -à tort - en France. En tout cas, si l'on entend par provincialiste une littérature exhaltant le terroir, une France profonde dans laquelle il faudrait chercher des modèles de comportements vertueux, on est loin de ce tableau idyllique dans les trois livres en question. Non que les personnages d'origine paysanne aient des comportements amoraux ou soient corrompus, bien au contraire parfois. Mais il semblerait que le terroir, enferme plus qu'il ne libère, empêche les êtres de se réaliser, de s'épanouir. Il y a bien chez certains, une noblesse de comportement à l'intérieur de leur communauté, mais il y a aussi une résignation à être enchaîné par le lieu où ils sont nés et ont vécu.
Bergounioux est né à Brive. Comme Millet, il est rapidement monté à Paris. Il est prof de lettres modernes en banlieue et sculpteur... Sa pratique professionnelle et ses prises de position le situent à gauche.
Millet gagne sa vie de ses romans et de son travail chez Gallimard. C'est lui qui a conseillé à l'éditeur de publier les Bienveillantes, après avoir lu les 300 premières pages seulement et alors que le futur Goncourt avait été refusé par plusieurs maisons d'édition. Quelqu'un qui a un tel flair de lecteur ne peut pas être totalement nul...... Il est plutôt conservateur, passéiste, voire carrément réac diront certains. Il énerve en effet beaucoup de gens par sa posture de dandy, de dernier Mohican de la belle langue française.
Michon est originaire de la Creuse. Il fut Mao en 68. Il a fait des études à Clermont, a appartenu à une communauté qui rêvait de changer le monde en inventant un théâtre révolutionnaire, avant de sombrer dans l'alcoolisme, puis de se quasi clochardiser, selon ses propres dires. L'une de mes amies l'a connu lorsqu'elle était étudiante à Clermont......... Elle s'en souvient comme d'un garçon torturé, complexé, conscient du manque d'attraction qu'il exerçait sur les femmes......
En tout cas, les trois compères nous parlent d'une d'une époque pas si lointaine et pourtant à jamais révolue, d'un monde paysan ayant subi une rupture qualitative dans ses modes de vie , comme s'il s'agissait d'une "civilisation" disparue en moins de trente ans, englouti par les vagues modernistes des trente glorieuses.. Bergounioux fait remonter ce début de la fin à plus tôt, et le dit admirablement à propos des bouleversements sociaux et économiques qui allaient causer la première guerre mondiale: "C'est 1910. le temps monte des plaines. Il s'insinue dans les vallons, gravit les pentes comme un ruisseau remontant à la source, l'éveillant. Il infiltre l'arène pâle, esquisse les lointains. La guerre précipite son cours...."
Ce qui m'interpelle à la lecture des ces trois écrivains, c'est :
- La proximité du style. La phrase se fait (se veut diront ceux qui n'apprécient pas..) Proustienne. Par ces détours et circonvolutions, cette syntaxe tente de rendre, je crois, l'immobilité ou plutôt le caractère cyclique du temps dans lequel évoluent les personnages, avant que leur société rurale ne soit emportée par le maelstrom linéaire de l'Histoire.
- le fait que les trois auteurs s'intéressent à la vie des petites gens des hauteurs de la Marche et du plateau de Millevaches, scandée par des événements, gestes et attitudes immémoriaux, se dupliquant à l'identique, depuis toujours. Chez bergounioux, pourtant non soupçonnable de sympathie pour des thèses neo-racistes, ls types humains et les faciès semblent être façonnés par le paysage et le climat, dans le granit qui brise le soc des charrues et condamne les êtres à un sort de serf sur leur propre sol.
- le fait que les trois écrivains tentent, à leur manière, de rendre compte de la difficulté qu'ont les êtres nés dans ces "hauts" inhospitaliers, mêmes ceux qui ont fait des études, à s'arracher à la tourbe, au milieu confiné de leur naissance, qui condamne les hommes (et surtout les femmes...) à inscrire leur vie dans le rayon limité du hameau qui les a vus naître, ou à y retourner inexorablement, après leurs aventures, leurs études ou à la fin de leur vie, comme la plupart des personnages principaux, qui ne peuvent s'arracher à leur terre, ne serait-ce que par la pensée. On peut avoir l'impression, en lisant ces oeuvres parallèles, que ces contrées austères, influencent le style de ceux qui les décrivent. Pas d'envolées lyriques à la Pourrat sur les monts du Forez ou la chaîne des Puy ici. Ces sommets lumineux et majestueux , que les protagonistes aperçoivent parfois au loin, sont porteurs, eux, d'un espoir d'échapper au cercle étroit dans lequel s'inscrit leur petite vie. Les plateaux limousins ou creusois, plantés d'alignements sombres et réguliers de résineux destinés à la coupe, semblent induire une vision pessimiste du monde chez les êtres peuplant leurs écrits. (il faudrait dire les ombres, à l'instar de Millet) C'est un peu comme si le même regret nostalgique de huis-clos culturel, de cloaque familial et social étouffant, qui a pourtant opprimé les enfants et adolescents, les jeunes hommes et femmes qu'ils furent, hantait leurs souvenirs, suintait dans les détours méandreux de l'écriture..
Certains personnages arrivent bien à fuir définitvement, mais cette extraction est toujours douloureuse, jamais vraiment bénéfique, ni pour eux, ni pour leur entourage. C'est le caspour la mère du narrateur de Millet, qui fait le malheur de son fils en allant vivre à la ville, en quittant le père et en abandonnant son petit à ses tantes, le lais sant pour toujours ressasser, sa rancoeur d'enfant mal aimé. C'est aussi le cas d' Adrien dans "Miette", qui va travailler à la RATP à Paris pendant quarante ans, mais qui revient finir ses jours au village, abandonné de sa femme, sans enfants. C'est enfin le sort du personnage de la première des nouvelles du recueil de Michon (André Dufourneau), qui part en Afrique, pour devenir quelqu'un, ne plus être un paysan, une ombre parmi d'autres ombres, ou faire fortune (comme Rimbaud, le modèle inaccessible de Michon. Pour l'auteur de Vies minuscules, l'exil n'et pas géographique. Il réside dans l'écriture. de Dufourneau, qui est une sorte de Rimbaud presque illettré, on dit au village qu'il a pu être tué par les noirs dont il exploitait la sueur pour devenir un monsieur. On dirait que les autochtones, en en faisant un bouc émissaire sacrifié symboliquement par la rumeur, est coupable d'avoir déserté le village, d'avoir trahi la communauté en s'éloignant. Il en va de même parfois, pour les écrivains, qui osent partir pour mieux parler ensuite de leur terre natale, pour la peindre sans concession. Comme Rimbaud de sa ville et de son square et de ses bourgeois. On pense aussi à Pierre Jourde qui fut agressé, physiquement lui, et pas seulement symboliquement, caillassé par les gens du village du Puy de Dôme dont il est question dans son livre pays perdu, pour avoir eu la plume trop cruelle à l'égard des habitants du plateau du Cézalier..
- On retrouve la même vision tragique de la destinée chez ces trois romanciers, la même que chez un Duneton, lui aussi corrézien (tiens tiens, un autre !!). Dans ses romans (Le monument par exemple, sur la grande guerre..) et dans des écrits plus biographiques ou pédagogiques, il parle aussi très bien de sa condition d'enfant de paysan qui ne peut, malgré ses succès scolaires, se sentir en harmonie avec les citadins et les bourgeois, tous ceux qui parlaient le français à la maison, qu'il coitoiera ensuite dans sa vie d'adulte, de prof, d'écrivain...
Je me dis d'ailleurs qu'il serait peut-être intéressant d'aller voir du côté de Giraudoux (autre limousin...) pour vérifier si ces thèmes apparaissent chez lui.
Je ne me souviens pas avoir rencontré de telles problématiques chez l'auteur de Siegfried et le limousin, mais il y a si longtemps, et à l'époque, j'étais bête et peu préoccupé de la disparition des modes de vie ruraux.............et de la nostalgie qui pouvait étreindre les "croûlants" à l'idée que leur monde disparaissait........
Enfin et surtout, ces trois auteurs m'émeuvent car j'ai des aïeux creusois, j'ai vécu ces atmosphères d'après-guerre dans la campagne du centre de la France, je connais ces paysages pour les avoir parcouru avec ma famille en allant rendre visite à des parents proches ou éloignés. Quand on a passé ses vacances de toussaint dans la Creuse, dans un hameau perdu du côté d'auzances, dans une ferme glaciale habitée par un oncle veuf et sa soeur aveugle, bigote et radoteuse, on s'identifie facilement aux narrateurs des trois romans qui décrivent ce monde déclinant, en train de disparaître.


Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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Une rencontre magnifique avec les Belles Lettres.
Pierre Michon fait partie de ces auteurs qui ne font pas de bruit mais qui ont un immense talent contrairement à beaucoup de ses confrères et consoeurs qui ont réussi à passer les mailles du filet des maisons d'éditions on se demande comment, pour nous assommer de leur médiocre prose.
Il remporte plusieurs prix, Prix France Culture en 1984, il a 39 ans, Prix de la Ville de Paris pour l'ensemble de l'oeuvre, 1996, Prix Décembre 2002 pour « Abbés et Corps du roi », Grand prix de littérature de la SGDL pour l'ensemble de l'oeuvre, 2004, Petrarca-Preis (en) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2010, Grand prix Ardua (universités d'Aquitaine) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2013, Prix Marguerite-Yourcenar pour l'ensemble de l'oeuvre, 2015, Premio Internazionale Nonino 2017 pour « Vite minuscole », traduction en italien de « Vies minuscules » parue en 2016, Prix Franz-Kafka, 2019, Prix de la BnF, 2022.
Il est un auteur qui est à la littérature française, ce que Bach est à la musique classique, un remarquable assembleur de mots dont la musique raisonne longtemps en nous. Il est ce que l'on pourrait appeler un compagnon du devoir de la langue française tant il la manie avec précision, art et érudition.
Son roman « Vies minuscules » est la parfaite illustration de ce savoir, de cette maîtrise. Oeuvre biographique, l'auteur choisit de raconter l'existence de personnages périphériques et la part qu'ils ont occupée dans sa vie plutôt que de se raconter lui-même. C'est un hommage qu'il leur rend avec cette poésie qui lui est chère.
Son style fait parfois penser à Faulkner, de longs paragraphes, des parenthèses, à la différence qu'il n'a pas la lourdeur alcoolisée de son homologue américain. Son texte coule, limpide comme une eau de source.
Aussi petites soient ces vies, Pierre Michon sait les magnifier, les rendre importantes.
« Vies minuscules » est un moment rare, une rencontre avec la grande Littérature, avec un auteur majeur.
Editions Gallimard, Folio, 249 pages.
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C'est Jean-Baptiste Harang qui avait attiré mon attention sur ce livre, Vies Minuscules de Pierre Michon. Ce livre qui ne fut salué par aucun prix littéraire, est devenu mythique depuis, et il fait école, Joseph de Marie-Hélène Lafon ou le premier roman de Marien Defalvard semblent bien imprégnés du style ou d'une certaine alchimie propre à Pierre Michon, où des presque riens prennent corps au contact de la nature et de la pesanteur des souvenirs.

J'ai retrouvé les chroniques de Jean-Baptiste Harang dans son ouvrage l'Art est Difficile, que tout chroniqueur devrait lire pour le plaisir, trente rencontres d'écrivains majeurs et parmi eux, Pierre Michon.

Les vies sont-elles minuscules, quand le plus humble devient par la magie des mots un grand texte, quand une grâce passe entre les lignes, et fait miroiter une posture, un visage, qui vous imbibe de son âme, alors ce texte comme une relique, vous l'observez puis avec vos tripes vous le comprenez comme celui d'un visage connu, aimé, c'est la vie de la Petite Morte, le dernier chapitre consacré à sa soeur disparue avant ses deux ans, sa vie qui vous assaille et vous fait trembler. Pour un texte comme celui là je donnerai "de l'or et du miel".

Ces récits auront mijotés 37 ans, son parcours, son bateau ivre aura bourlingué sur des eaux troubles et des rencontres qui un jour vont le ramener aux Cards sans avoir retrouvé le père parti quand il avait 2 ans, cette errance comme une pause, un blanc avant le déclic qui va le déchirer et le ramener à l'écriture.

Les premiers chapitres se nourrissent de son enfance et de sa parentelle, de ses destins de peu, qui sous sa plume, vous hachent le coeur, de ces vies brisées, des espoirs qui se fracassent "ce lopin de terre qui le tenait debout, lui né dans ce combat mortel".

Cette longue fugue, est réveillée par les yeux du père Foucault, vieillard attaché à son mal, et refusant les soins de la médecine, ultime bras d'honneur, de celui qui veut avec opiniâtreté rester à observer le monde.
Pierre Michon admire ce rebelle, lui qui est encore imprégné de ces   "sueurs échangées" où "des grisettes prenaient des poses d'Ottomane", car " moi je n'écrivais guerre je n'osais davantage mourir ; je vivais dans la lettre imparfaite, la perfection de la mort me terrifiait".

Dans la « vie de George Bondy » et la « vie de Claudette », poudres et pages blanches, alcools multicolores, festins d'amphétamines, femmes aimantes et lascives, dérivent sur son bateau devenu fou. 
Pierre Michon se fige dans la posture de l'écrivain qui n'écrit pas " mais je rêvais que j'écrivais ". de cette époque chancelante Pierre Michon va garder le plaisir de boire, dit-il gentiment "je bois parce que mes contemporains m'ennuie, je préfère les livres quand j'ai bu ils valent les livres et je préférerai toujours un livre ennuyeux un contemporain brillant".

Livre brillantissime, porté par la grâce, par sa rage d'écrire, "changeant mon corps en mots comme l'ivresse".
Écriture charnelle frottée de terre, de pluies et de rencontres, l'enfant est là dans sa naïveté et ses égarements, écrire est vital et seuls les mots pourront le sauver.

Il faut lire ce livre incontournable récit qui vous donnera les clés pour ces quelques autres pépites qu'il nous a donné à lire.
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Un auteur que je n'avais jamais lu encore, mais j'avais noté les références de ce livre, soit parce que j'en avais lu une bonne critique, soit parce qu'on me l'avait conseillé.
Cet ouvrage, est le récit de parcelles de vies de personnages gravitant de près ou de loin dans l'univers de Pierre Michon, le plus souvent dans sa région natale, La Creuse.
- Vie d'André Dufourneau
- Vie d'Antoine Peluchet
- Vies d'Eugène et de Clara
- Vies des frères Bakroot
- Vie du père Foucault
- Vie de Georges Bandy
- Vie de Claudette
- Vie de la petite morte
Je n'ai pas été déçue par l'écriture. C'est du grand art. Un livre magistral. Un style qui me rappelle Marcel Proust à cause de la longueur de ses phrases. Un ouvrage rempli de références littéraires, où le nom de Proust revient plusieurs fois d'ailleurs. Un livre dont l'écriture est recherchée, le style fouillé, le vocabulaire savamment choisi et utilisé. Ce n'est pas une lecture "facile" d'autant que la description de ces vies minuscules a quelque chose de déprimant. L'auteur flirte aisément avec le désespoir, la dépression, l'abus d'alcool ou de médicaments, les accidents de la vie justement et la mort. A tout cela s'ajoute l'angoisse de la page blanche, pour un écrivain érudit incapable d'aligner des mots et de noircir des lignes pour donner vie à une oeuvre de qualité... qui nait finalement, peut-être tardivement, mais qui est une apothéose : un véritable chef-d'oeuvre! Une lecture qui se mérite, qui met mal à l'aise souvent et démoralise aussi, mais quelle rencontre littéraire! Un livre inoubliable.
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Vies minuscules de Pierre Michon
André Dufourneau, adopté de l'assistance publique, élevé à la campagne c'était pratique on avait besoin de bras c'était tout bénéfice il avait eu de la chance les grands-parents chez lui ils étaient gentils, ils pensaient qu'il apprenait bien alors on crût qu'il venait d'une famille importante..,
Antoine Peluchet disparu au siècle dernier qui survit par la relique d'une petite vierge à l'enfant au fond d'une boîte en fer blanc qu'Elise la grand mère ressortait de temps en temps. Antoine que certains croient en Amérique d'autres au bagne de Cayenne…
Vies d'Eugène et Clara, ses grands parents paternels lui un peu rustique elle toute en finesse. Ils se sont séparés un temps et je ne sais pas si mon père est le fils d'Eugène. Quand ils venaient à la maison Clara amenait toujours un carton plein d'affaires, assiettes ébréchées bols, Ils habitaient Mazirat, lui était ivrogne. Je n'y allais que deux fois, ne m'intéressait pas à eux quand il mourut et elle alla à l'hôpital…
Vies des frères Bakroot rencontrés en pension, issus des Flandres. le petit avait comme tête de turc un prof de latin disgracieux surnommé Achille, il l'insultait sans que l'autre répondit quoi que ce soit et Rémi avait des raisons à lui car Achille aimait son frère, Roland, qui lisait Flaubert et Jules vernes.
Vie du père Foucault rencontré à l'hôpital suite à s'être fait tabasser une nuit d'ivresse avec Marianne. L'homme était atteint d'un cancer de la gorge, refusait d'aller se faire traiter à Paris au désespoir des médecins locaux. L'homme avait un secret…
Vie de Georges Bandy. rencontré après ma cure de sommeil suite à l'alcool et aux barbituriques et la séparation d'avec Marianne, il était penché sur un homme aristocrate déchu on l'appelait Jojo pour manger on le ceinturait à la table pour ingurgiter une bouillie variable, il n'était plus coordonné. Et je reconnus l'abbé Bandy qui l'aidait et le transfigurait, l'abbé amateur de motos et de jolies femmes qui m'avait fait le catéchisme…
Vie de Claudette normande qui me fournit en amphétamines et autres produits je passais du temps avec elle à Caen avant notre séparation…
Vie de la petite morte, ma petite soeur qui est morte, moi qui étais si souvent malade, cette petite soeur qui va relier pour conclure les personnages évoqués dans mes souvenirs…

Pierre Michon revisite son enfance par une série de portraits très simples mais très évocateurs dans son style minimaliste entre biographie et essai.
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Salutations chers lecteurs et chères lectrices .
Bienvenue pour une nouvelle chronique .
Aujourd'hui , nous allons aborder un auteur discret , qui est l'une des plus belles plumes de notre belle contree ...
Pierre Michon , c'est pour votre serviteur un premier voyage , une premiere invitation dans son univers , celui d'un auteur parmi les plus discrets , mystérieux , et qui cultive ce mystère ...
Cet homme , ce dramaturge , c'est l'archétype même du génie créatif qui démontre que lorsque l'on s'impose des critères de choix exigeants , l'on se retrouve avec une perle entre les mains ...
Chers amis es , votre serviteur a eu l'une des expériences artistiques parmi les plus intenses qu'il ai connu depuis bien longtemps .
Cet opus c'est des les premieres lignes , un texte qui vous transporte , vous emporte dans un univers d'une beauté austère , minérale , d'une intensité qui transforme le lecteur , qui en fait un etre subjugue par une profondeur lexicale qui laisse exsangue devant tant de bonheur ..,
Ce texte c'est de l'intelligence à chaque mot , c'est un univers génial qui se reconstruit en permanence ...
Pierre Michon fâit d'anonymes des " heros " magnifiques , entre ces mains , Il n'y a plus de barrières entre l'être supérieur et celui plus banal , chacun est de lumière ici , porte par un texte extraordinaire , une prose géniale , belle à pleurer ...
On rencontre ici de la philosophie , de l'existentialisme , c'est aussi puissant que du Sartre chers amis es ....
Qui peut égaler Pierre Michon ??
Pour atteindre ce niveau , Il faut lire Proust , Faulkner , Joyce ...
Pierre Michon c'est peu de textes dans sa carriere , 11 livres , mais 11 oeuvres qui si elles atteignent la profondeur de cet opus , sont des oeuvres d'art...
Chers lecteurs , chères lectrices , abandonnez donc ce sordide Celine , que des esprits bien peu au fâit de la Litterature portent aux nues , précipitez vous chez votre libraire pour commander cette oeuvre essentielle , incontournable , ce summum de la Litterature qui conjugue la richesse lexicale , la profondeur réflexive , votre serviteur a les tripes nouées à l'idée de défendre une telle oeuvre d'art , la Litterature c'est cela , on vit pour lire cela , on respire pour lire cela , allez y sans tarder , car c'est un instant rare dans une vie intellectuelle ...
Merci pour votre attention , votre serviteur vous aime tous et toutes , portez vous bien ...
Lisez des livres !!!!!
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Je suis venu à ce texte par la lecture de Bobin qui en disait grand bien. Et comment avais-je pu passer à côté d'un livre et d'un auteur aussi remarquables ! A travers dix nouvelles Michon nous conte les vies (et la mort surtout) de personnages qu'il a côtoyés , humbles , pauvres entre les pauvres , enfouis dans des campagnes improbables . Mais c'est aussi sa vie qu'il nous raconte , celle d'un damné de l'écriture , sombrant par frustration dans toutes les dérives . Et le paradoxe c'est que cette descente aux enfers de la page blanche , cette litanie d'aveux d'impuissance sont exprimés dans une langue magnifique ,une précision extrême du vocabulaire , une syntaxe délicieuse et maîtrisée . Ce n'est pas gai , loin de là , on pourrait mettre en épigraphe du livre la phrase de Léo Ferré « On vit toujours avec des morts » mais le style emporte tout
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On pourrait tous écrire des « vies minuscules » qui au fond ne le sont pas. La littérature mondiale, elle même, regorge de ces vies là et il suffirait d'écouter un vieux parent pour en faire renaître beaucoup.
Mais qui écoute aujourd'hui ses vieux parents, oublieux de leurs ancestrales histoires ?

Celles de Pierre Michon comme toutes les autres ou presque s'oublieront aussi. Elle s'effacent presque ou fur et à mesure de leur lecture.

Mais ce qui marque ici, c'est la beauté du style, la rythmique secrète des phrases, leur mélopée profonde. La mémoire n'a pas de de règles de composition, elle vague, s'enrichit d'imaginaire, d'archétypes . Aussi l'écriture de Michon ou de Proust, à qui certains à cause de la longueur de quelques phrases l'ont comparé, ne supporte aucun carcan, aucune limitation.
Cela peut déconcerter, cela me charme et m'envoûte et cela m'endort très paisiblement aussi.
Sans plaisanterie, Michon est bien le dernier des dinosaures, un de nos rares et vrais écrivains français.
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