Une rencontre magnifique avec les
Belles Lettres.
Pierre Michon fait partie de ces auteurs qui ne font pas de bruit mais qui ont un immense talent contrairement à beaucoup de ses confrères et consoeurs qui ont réussi à passer les mailles du filet des maisons d'éditions on se demande comment, pour nous assommer de leur médiocre prose.
Il remporte plusieurs prix, Prix France Culture en 1984, il a 39 ans, Prix de
la Ville de Paris pour l'ensemble de l'oeuvre, 1996, Prix Décembre 2002 pour «
Abbés et
Corps du roi », Grand prix de littérature de la SGDL pour l'ensemble de l'oeuvre, 2004, Petrarca-Preis (en) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2010, Grand prix Ardua (universités d'Aquitaine) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2013, Prix
Marguerite-Yourcenar pour l'ensemble de l'oeuvre, 2015, Premio Internazionale Nonino 2017 pour « Vite minuscole », traduction en italien de «
Vies minuscules » parue en 2016, Prix
Franz-Kafka, 2019, Prix de la BnF, 2022.
Il est un auteur qui est à la littérature française, ce que Bach est à la musique classique, un remarquable assembleur de mots dont la musique raisonne longtemps en nous. Il est ce que l'on pourrait appeler un compagnon du devoir de la langue française tant il la manie avec précision, art et érudition.
Son roman «
Vies minuscules » est la parfaite illustration de ce savoir, de cette maîtrise. Oeuvre biographique, l'auteur choisit de raconter l'existence de personnages périphériques et la part qu'ils ont occupée dans sa vie plutôt que de se raconter lui-même. C'est un hommage qu'il leur rend avec cette poésie qui lui est chère.
Son style fait parfois penser à
Faulkner, de longs paragraphes, des parenthèses, à la différence qu'il n'a pas la lourdeur alcoolisée de son homologue américain. Son texte coule, limpide comme une eau de source.
Aussi petites soient ces vies,
Pierre Michon sait les magnifier, les rendre importantes.
«
Vies minuscules » est un moment rare, une rencontre avec la grande Littérature, avec un auteur majeur.
Editions Gallimard, Folio, 249 pages.