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3,97

sur 609 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman rend hommage aux vies humbles et silencieuses de huit personnages côtoyés par l'auteur, voire de sa propre famille comme Madeleine dans la « Vie de la petite morte », la soeur du narrateur, morte alors qu'elle n'a qu'un ou deux ans. Ces vies auraient pu ressembler peu ou prou à celle de l'auteur si ce dernier n'était pas sorti de l'anonymat grâce à la parution en 1984 de ces Vies minuscules, ouvrage lui ayant conféré une réputation méritée dans la littérature française. le roman est donc composé de l'histoires de personnages du milieu rural limousin, probablement mi romancées mi réelles, et magnifiées par l'écriture dense, originale et ciselée de l'auteur. Pierre Michon raconte d'ailleurs dans ses interviews la difficulté de s'extraire de ce milieu clos, la position même où se trouvait l'auteur avant la publication de ce roman, et son sentiment complexe “envers eux de pitié de de projection en eux”. Une vague d'empathie envers ces gens modestes a été le déclic ayant motivé l'auteur pour faire sortir de l'oubli ces vies minuscules, et ce, sans aucune démagogie.
L'écriture de Michon est au premier abord difficile avec de longues phrases au vocabulaire que certains pourraient trouver à tort légèrement suranné, mais cette impression s'estompe vite pour laisser place à un vrai plaisir de lecture. Pour illustrer ce plaisir je ne résiste pas à faire deux citations de ce magnifique roman :
-“comme tous ceux que l'on n'appelle parvenus que parce qu'ils ne parviennent pas davantage à faire oublier leurs origines à autrui qu'à eux-mêmes et qui sont de pauvres exilés chez les riches sans espoir de retour.”
-L'obscure, l'ensevelie, ma soeur. Mais quoi, C'était un ange aussi ? Oui la vie de l'ange était ce malheur. le miracle c'était ce malheur.
Grâce à la part de mystère que recèle la vie de ces gens humbles, le récit a aussi une dimension poétique certaine, probablement pas étrangère à la mélancolie de la langue de Pierre Michon.
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Vies minuscules de Pierre Michon
André Dufourneau, adopté de l'assistance publique, élevé à la campagne c'était pratique on avait besoin de bras c'était tout bénéfice il avait eu de la chance les grands-parents chez lui ils étaient gentils, ils pensaient qu'il apprenait bien alors on crût qu'il venait d'une famille importante..,
Antoine Peluchet disparu au siècle dernier qui survit par la relique d'une petite vierge à l'enfant au fond d'une boîte en fer blanc qu'Elise la grand mère ressortait de temps en temps. Antoine que certains croient en Amérique d'autres au bagne de Cayenne…
Vies d'Eugène et Clara, ses grands parents paternels lui un peu rustique elle toute en finesse. Ils se sont séparés un temps et je ne sais pas si mon père est le fils d'Eugène. Quand ils venaient à la maison Clara amenait toujours un carton plein d'affaires, assiettes ébréchées bols, Ils habitaient Mazirat, lui était ivrogne. Je n'y allais que deux fois, ne m'intéressait pas à eux quand il mourut et elle alla à l'hôpital…
Vies des frères Bakroot rencontrés en pension, issus des Flandres. le petit avait comme tête de turc un prof de latin disgracieux surnommé Achille, il l'insultait sans que l'autre répondit quoi que ce soit et Rémi avait des raisons à lui car Achille aimait son frère, Roland, qui lisait Flaubert et Jules vernes.
Vie du père Foucault rencontré à l'hôpital suite à s'être fait tabasser une nuit d'ivresse avec Marianne. L'homme était atteint d'un cancer de la gorge, refusait d'aller se faire traiter à Paris au désespoir des médecins locaux. L'homme avait un secret…
Vie de Georges Bandy. rencontré après ma cure de sommeil suite à l'alcool et aux barbituriques et la séparation d'avec Marianne, il était penché sur un homme aristocrate déchu on l'appelait Jojo pour manger on le ceinturait à la table pour ingurgiter une bouillie variable, il n'était plus coordonné. Et je reconnus l'abbé Bandy qui l'aidait et le transfigurait, l'abbé amateur de motos et de jolies femmes qui m'avait fait le catéchisme…
Vie de Claudette normande qui me fournit en amphétamines et autres produits je passais du temps avec elle à Caen avant notre séparation…
Vie de la petite morte, ma petite soeur qui est morte, moi qui étais si souvent malade, cette petite soeur qui va relier pour conclure les personnages évoqués dans mes souvenirs…

Pierre Michon revisite son enfance par une série de portraits très simples mais très évocateurs dans son style minimaliste entre biographie et essai.
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Roman majeur d'un écrivain majeur, sans doute le plus grand des auteurs contemporains. L'écriture est d'une précision et d'une richesse exceptionnelles ! À ériger sur le même piédestal que les Mémoires d'Hadrien. Vies Minuscules est une oeuvre d'art, sublime et immortelle.
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Un livre qui parle des vies en campagne, de sa routine, de ses paysages.
Un livre qui parle des amours et ses peines, de la dépression, la médiocrité mais aussi des bonheurs simples.
Un style cru et sans rondeurs.

Une autobiographie singulière et bouleversante de sincérité, qui raconte "les vies minusucules". Aussi grandes soient-elles.

Bravo M. Michon







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Une rencontre magnifique avec les Belles Lettres.
Pierre Michon fait partie de ces auteurs qui ne font pas de bruit mais qui ont un immense talent contrairement à beaucoup de ses confrères et consoeurs qui ont réussi à passer les mailles du filet des maisons d'éditions on se demande comment, pour nous assommer de leur médiocre prose.
Il remporte plusieurs prix, Prix France Culture en 1984, il a 39 ans, Prix de la Ville de Paris pour l'ensemble de l'oeuvre, 1996, Prix Décembre 2002 pour « Abbés et Corps du roi », Grand prix de littérature de la SGDL pour l'ensemble de l'oeuvre, 2004, Petrarca-Preis (en) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2010, Grand prix Ardua (universités d'Aquitaine) pour l'ensemble de l'oeuvre, 2013, Prix Marguerite-Yourcenar pour l'ensemble de l'oeuvre, 2015, Premio Internazionale Nonino 2017 pour « Vite minuscole », traduction en italien de « Vies minuscules » parue en 2016, Prix Franz-Kafka, 2019, Prix de la BnF, 2022.
Il est un auteur qui est à la littérature française, ce que Bach est à la musique classique, un remarquable assembleur de mots dont la musique raisonne longtemps en nous. Il est ce que l'on pourrait appeler un compagnon du devoir de la langue française tant il la manie avec précision, art et érudition.
Son roman « Vies minuscules » est la parfaite illustration de ce savoir, de cette maîtrise. Oeuvre biographique, l'auteur choisit de raconter l'existence de personnages périphériques et la part qu'ils ont occupée dans sa vie plutôt que de se raconter lui-même. C'est un hommage qu'il leur rend avec cette poésie qui lui est chère.
Son style fait parfois penser à Faulkner, de longs paragraphes, des parenthèses, à la différence qu'il n'a pas la lourdeur alcoolisée de son homologue américain. Son texte coule, limpide comme une eau de source.
Aussi petites soient ces vies, Pierre Michon sait les magnifier, les rendre importantes.
« Vies minuscules » est un moment rare, une rencontre avec la grande Littérature, avec un auteur majeur.
Editions Gallimard, Folio, 249 pages.
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Un auteur que je n'avais jamais lu encore, mais j'avais noté les références de ce livre, soit parce que j'en avais lu une bonne critique, soit parce qu'on me l'avait conseillé.
Cet ouvrage, est le récit de parcelles de vies de personnages gravitant de près ou de loin dans l'univers de Pierre Michon, le plus souvent dans sa région natale, La Creuse.
- Vie d'André Dufourneau
- Vie d'Antoine Peluchet
- Vies d'Eugène et de Clara
- Vies des frères Bakroot
- Vie du père Foucault
- Vie de Georges Bandy
- Vie de Claudette
- Vie de la petite morte
Je n'ai pas été déçue par l'écriture. C'est du grand art. Un livre magistral. Un style qui me rappelle Marcel Proust à cause de la longueur de ses phrases. Un ouvrage rempli de références littéraires, où le nom de Proust revient plusieurs fois d'ailleurs. Un livre dont l'écriture est recherchée, le style fouillé, le vocabulaire savamment choisi et utilisé. Ce n'est pas une lecture "facile" d'autant que la description de ces vies minuscules a quelque chose de déprimant. L'auteur flirte aisément avec le désespoir, la dépression, l'abus d'alcool ou de médicaments, les accidents de la vie justement et la mort. A tout cela s'ajoute l'angoisse de la page blanche, pour un écrivain érudit incapable d'aligner des mots et de noircir des lignes pour donner vie à une oeuvre de qualité... qui nait finalement, peut-être tardivement, mais qui est une apothéose : un véritable chef-d'oeuvre! Une lecture qui se mérite, qui met mal à l'aise souvent et démoralise aussi, mais quelle rencontre littéraire! Un livre inoubliable.
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Que restera-t-il de notre passage sur terre une fois que tout aura disparu, lorsque nous ne serons plus rien, quand personne ne sera plus là pour se rappeler les traits de notre visage, le son de notre voix ? Que deviendront les souvenirs des gens aussi insignifiants que nous dont nous avons croisé la route ? Pourtant chacun d'entre nous, chaque vie minuscule, forme l'humanité dont nous faisons partie.
à la manière de Microcosmos, Pierre Michon braque sa caméra sur des personnes qu'il a croisées, connues, qui font pour certains partie de sa famille et qui ont disparu comme nous disparaîtrons tous. Un livre incroyable de vérité.

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On pourrait tous écrire des « vies minuscules » qui au fond ne le sont pas. La littérature mondiale, elle même, regorge de ces vies là et il suffirait d'écouter un vieux parent pour en faire renaître beaucoup.
Mais qui écoute aujourd'hui ses vieux parents, oublieux de leurs ancestrales histoires ?

Celles de Pierre Michon comme toutes les autres ou presque s'oublieront aussi. Elle s'effacent presque ou fur et à mesure de leur lecture.

Mais ce qui marque ici, c'est la beauté du style, la rythmique secrète des phrases, leur mélopée profonde. La mémoire n'a pas de de règles de composition, elle vague, s'enrichit d'imaginaire, d'archétypes . Aussi l'écriture de Michon ou de Proust, à qui certains à cause de la longueur de quelques phrases l'ont comparé, ne supporte aucun carcan, aucune limitation.
Cela peut déconcerter, cela me charme et m'envoûte et cela m'endort très paisiblement aussi.
Sans plaisanterie, Michon est bien le dernier des dinosaures, un de nos rares et vrais écrivains français.
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La passion est grande, sombre et déchirante, dans les Vies minuscules. Des vies de détresse, et parfois, un instant de tendresse. Des fous magnifiques, des jaloux excédés, des rêveurs d'ailleurs, des prêtres en perdition. "Minuscule" était sans doute un trait d'humour de Pierre Michon... Ces vies-là ouvrent sur l'universel.
Et l'écriture, un émerveillement continuel. Comment oublier par exemple l'homme qui marche "comme la hache abat l'arbre" ?
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Je suis venu à ce texte par la lecture de Bobin qui en disait grand bien. Et comment avais-je pu passer à côté d'un livre et d'un auteur aussi remarquables ! A travers dix nouvelles Michon nous conte les vies (et la mort surtout) de personnages qu'il a côtoyés , humbles , pauvres entre les pauvres , enfouis dans des campagnes improbables . Mais c'est aussi sa vie qu'il nous raconte , celle d'un damné de l'écriture , sombrant par frustration dans toutes les dérives . Et le paradoxe c'est que cette descente aux enfers de la page blanche , cette litanie d'aveux d'impuissance sont exprimés dans une langue magnifique ,une précision extrême du vocabulaire , une syntaxe délicieuse et maîtrisée . Ce n'est pas gai , loin de là , on pourrait mettre en épigraphe du livre la phrase de Léo Ferré « On vit toujours avec des morts » mais le style emporte tout
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